Miséricorde
La miséricorde de l'Eglise et du Pape n'a pas commencé le 13 mars. Une réflexion et un dossier de Raffaella (24/9/2013)
Miséricorde est le mot que les médias, les fidèles et les autres, associent le plus volontiers au nouveau Pape. Le dernier billet de Messori (cf. François, mes doutes et mes certitudes ) a été publié sur son site sous le titre "François: la miséricorde du pape qui accepte le monde comme il est".
Comme si l'Eglise avait attendu le 13 mars 2013, passant miraculeusement de l'ombre à la lumière, pour parler de la miséricorde, et la pratiquer.
Je voulais écrire une réflexion personnelle sur ce sujet, mais je m'aperçois - et cela ne me surprend pas -que Raffa a eu la même idée, et elle a déjà fait le travail. Je vais donc me contenter de traduire le très beau billet qu'elle a écrit, et ce n'est évidemment pas un hasard s'il apparaît aussi non pas comme un plaidoyer pour, mais un acte de justice envers Benoît XVI.
Texte original ici: ilblogdiraffaella.blogspot.it/2013/09/benedetto-xvi-la-misericordia...
Lundi 23 septembre 2013
Raffaella
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Je me sens obligée d'écrire ce post afin qu'il puisse rester dans la mémoire future comme un exemple de la mémoire sélective des médias et de l'Églis elle- même. Il ne s'agit pas ici de vouloir démontrer à tout prix la continuité entre les pontificats (ou du moins ce n'est pas mon intention), mais de ramener la vérité à la lumière, la faisant émerger des ombres que des personnes plus ou moins interessées voudraient mettre sous nos yeux.
Parlons donc du concept de miséricorde.
Comme il est beau, ce mot, comme il est important! Comme il peut aussi être «vide» si l'on n'explique pas bien que la miséricorde de Dieu ne peut jamais être à bon marché car le prix en est le sang du Christ .
Cela dit, il faut crier haut et fort que l'Église n'a pas commencé à parler de la miséricorde le 13 Mars 2013. Avant aussi, les Papes ont utilisé et expliqué le sens de ce vocable extraordinaire , même si tous, depuis les médias jusqu'à l'Eglise elle-même, ont préféré mettre en lumière d'autres mots , d'autres concepts , d'autres arguments. Nous allons voir comment même les médias catholiques ne se sont pas soustraits à ce peti jeu.
Mais relisons certains documents.
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Benoît XVI et Jean-Paul II ont parlé de la miséricorde envers les femmes qui ont avorté.
>>> Aux participants à l'audience de l'Académie pontificale pour la vie (26 Février 2011) [http://benoit-et-moi.fr/2011-I]:
(cliquez sur chaque titre pour "déplier/replier" l'onglet correspondant)
Il est nécessaire que toute la société choisisse de défendre le droit à la vie de l’enfant conçu, et du vrai bien de la femme, qui ne pourra jamais, en aucune circonstance, se réaliser dans le choix de l'avortement. Il sera de même nécessaire — comme l’indiquent vos travaux — de ne pas faire manquer les aides nécessaires aux femmes qui, en ayant hélas déjà eu recours à l'avortement, font maintenant l'expérience de tout ce drame moral et existentiel. Nombreuses sont les initiatives, au niveau diocésain ou de la part d'organismes de bénévolat, qui offrent un soutien psychologique et spirituel, pour une récupération humaine complète. La solidarité de la communauté chrétienne ne peut pas renoncer à ce type de coresponsabilité. Je voudrais rappeler à ce propos l'invitation adressée par le vénérable Jean-Paul II aux femmes qui ont eu recours à l'avortement: «L'Eglise sait combien de conditionnements ont pu peser sur votre décision, et elle ne doute pas que, dans bien des cas, cette décision a été douloureuse, et même dramatique. Il est probable que la blessure de votre âme n'est pas encore refermée. En réalité, ce qui s'est produit a été et demeure profondément injuste. Mais ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l'espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s'est passé et interprétez-le en vérité. Si vous ne l'avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir: le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation. C'est à ce même Père et à sa miséricorde qu'avec espérance vous pouvez confier votre enfant. Avec l'aide des conseils et de la présence de personnes amies compétentes, vous pourrez faire partie des défenseurs les plus convaincants du droit de tous à la vie par votre témoignage douloureux» (Enc. Evangelium vitae, n. 99).
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À propos de cette audience, il faut signaler l'attitude singulière même des médias catholiques .
>>> Voici comment est résumé le discours de Benoît XVI (ndt: en italien):
Aucune mention de la miséricorde envers les femmes qui ont avorté. L'accent est au contraire mis uniquement sur la condamnation de l'avortement. N'est-ce pas bizarre?
Racontant François, la miséricorde pour le pécheur est toujours mise au premier plan, et fait même le titre (la condamnation du péché finit par être occultée), avec Benoît c'était l'inverse : seule comptait la condamnation, jamais la miséricorde. Et dans ce cas, nous ne parlons pas des médias «laïcs».
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>>> Voici un titre du Corriere della Sera à l'occasion des JMJ à Madrid en 2011 :
« Indulgence pour les femmes et les médecins de l'interruption de grossesse». «Madrid, l'Eglise accorde le pardon pour les avortements». (archiviostorico.corriere.it/2011)
>>> Dans un bulletin de l'Église de Milan, daté du 10 Février 2013, la veille de la démission de Benoît XVI, il est question de l'indulgence plénière accordée par le pape Benoît XVI pour l' Année de la Foi (aujourd'hui tombée dans l'oubli !) avec référence à la confession pour les femmes qui ont avorté et demandent l'absolution.
Autre point abordé: attention cordiale à ceux qui se sont remariés .
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>>> Toujours à propos du concept de miséricorde et de la distinction entre le péché et le pécheur, nous devrions tous relire le très beau texte de l'Angelus du 21 Mars 2010. Benoît XVI y disait, entre autres choses : «Chers amis, apprenons du Seigneur Jésus à ne pas juger et à ne pas condamner notre prochain. Apprenons à être intransigeants avec le péché - le nôtre - et indulgent avec les gens!» .
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Venons-en à présent à la miséricorde envers les divorcés remariés .
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>>> Il faudrait relire la merveilleuse conversation de Benoît XVI avec les curés du diocèse d'Aoste, le 25 Juillet 2005 (ndt: dont nous avons parlé récemment ici: Le Pasteur bavarde familièrement avec ses prêtres).
Comme cardinal, Joseph Ratzinger avait essayé de trouver une solution pour alléger les souffrances de ces fidèles, mais il laisse entendre qu'il avait été en quelque sorte «freiné» par les «collègues».
Même pendant le Synode 2005 sur la Eucharistie, on avait parlé «d'ouvertures possibles du pape mais ce sont les évêques eux-mêmes qui ont réitéré l'interdiction de s'approcher de l'Eucharistie par les divorcés remariés .
Nous savons tous que cela est un problème particulièrement douloureux pour les personnes qui vivent dans des situations où elles sont exclues de la communion eucharistique ainsi que, naturellement, pour les prêtres qui veulent aider ces personnes à aimer l'Eglise et à aimer le Christ. Cela pose un problème.
Aucun de nous n'a de solution toute faite, notamment parce que les situations sont toujours différentes. Je pense que la situation est particulièrement douloureuse pour les personnes qui se sont mariées à l'Eglise; mais qui ne sont pas vraiment croyantes et qui l'ont fait par tradition, puis ayant contracté un nouveau mariage non valide, se convertissent, trouvent la foi et se sentent exclues du Sacrement. Cela est réellement une grande souffrance, et lorsque j'étais Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, j'ai invité plusieurs Conférences épiscopales et spécialistes à étudier ce problème: un sacrement célébré sans foi. Je n'ose pas m'avancer en affirmant que l'on puisse trouver ici réellement un motif d'invalidité parce qu'il manquait une dimension fondamentale au mariage. Je le pensais personnellement, mais à la suite des discussions que nous avons eues, j'ai compris que le problème est très difficile et doit être encore approfondi. Mais étant donné la situation de souffrance de ces personnes, il doit vraiment être approfondi.
Je n'ose pas apporter une réponse immédiate; quoi qu'il en soit, deux aspects me semblent très importants. Le premier: même si elles ne peuvent avoir accès à la communion sacramentelle, ces personnes ne sont pas exclues de l'amour de l'Eglise et de l'amour du Christ. Une Eucharistie sans la communion sacramentelle immédiate n'est certainement pas complète, il manque une chose essentielle. Toutefois, il est également vrai que participer à l'Eucharistie sans communion eucharistique n'est pas égal à rien, cela signifie toujours participer au mystère de la Croix et de la résurrection du Christ. Il s'agit toujours d'une participation au grand Sacrement dans la dimension spirituelle et pneumatique; dans la dimension également ecclésiale, sinon strictement sacramentelle.
Et étant donné qu'il s'agit du sacrement de la Passion du Christ, le Christ souffrant embrasse de façon particulière ces personnes et dialogue avec elles d'une autre façon. Elles peuvent donc se sentir embrassées par le Seigneur crucifié qui tombe à terre et meurt et souffre pour elles, avec elles. Il faut donc faire comprendre que même si, malheureusement, il manque une dimension fondamentale, elles ne sont toutefois pas exclues du grand mystère de l'Eucharistie, de l'amour du Christ ici présent. Cela me semble important, tout comme il me semble important que le curé et la communauté paroissiale fassent sentir à ces personnes que, d'une part, nous devons respecter le caractère indissoluble du Sacrement et, de l'autre, que nous aimons ces personnes qui souffrent également pour nous. Et nous devons aussi souffrir avec elles, car elles apportent un témoignage important, parce que nous savons qu'à partir du moment où l'on cède par amour, on porte préjudice au Sacrement lui-même et son indissolubilité apparaît toujours moins vraie.
Nous connaissons le problème non seulement des Communautés protestantes, mais également des Eglises orthodoxes qui sont souvent présentées comme un modèle dans lequel il est possible de se remarier. Mais seul le premier mariage est sacramentel: eux aussi reconnaissent que les autres ne sont pas un Sacrement, il s'agit de mariages dans une mesure réduite, redimensionnée, dans des conditions de pénitence; d'une certaine façon, ils peuvent s'approcher de la Communion, mais en sachant que celle-ci est accordée "dans l'économie" - comme ils disent - en vertu d'une miséricorde qui, toutefois, n'ôte rien au fait que leur mariage n'est pas un Sacrement. L'autre point dans les Eglises orientales est que pour ces mariages, on a accordé la possibilité de divorcer avec une grande légèreté et que le principe de l'indissolubilité, et du véritable aspect sacramentel du mariage est gravement lésé.
Il y donc d'une part le bien de la communauté et le bien du Sacrement que nous devons respecter, et, de l'autre, la souffrance des personnes que nous devons aider.
Le second point que nous devons enseigner et rendre crédible également pour notre propre vie est que la souffrance, sous ses diverses formes, fait nécessairement partie de notre vie. Et il s'agit là d'une souffrance noble, je serais tenté de dire. Il faut à nouveau faire comprendre que le plaisir n'est pas tout. Que le christianisme nous donne la joie, comme l'amour donne la joie. Mais l'amour signifie également toujours renoncer à soi-même. Le Seigneur lui-même nous a donné la formule de ce qu'est l'amour: celui qui se perd se retrouve; celui qui gagne et se conserve soi-même se perd.
Il s'agit toujours d'un exode et donc également d'une souffrance. La véritable joie est une chose différente du plaisir, la joie croît, mûrit toujours dans la souffrance en communion avec la Croix du Christ. Ce n'est que de là que naît la véritable joie de la foi, dont ces personnes non plus ne sont pas exclues si elles apprennent à accepter leur souffrance en communion avec celle du Christ.
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Aux prêtres qui demandaient des éclaircissements sur l'adinistration du Sacrement du Baptême dans des situations particulières et sur le Compendium de l'Eglise catholique, le Saint-Père a apporté la réponse suivante:
La première question est très difficile et j'ai déjà eu l'occasion de l'étudier lorsque j'étais Archevêque de Munich, car nous avons été confrontés à ces cas.
Tout d'abord, il faut étudier chaque cas: soit l'obstacle contre le baptême est tel qu'il est impossible de conférer le sacrement sans lui porter préjudice, soit la situation permet de dire, même dans un contexte présentant des difficultés: cet homme s'est réellement converti, il a toute la foi, il veut vivre la foi dans le Christ, il veut être baptisé. Je pense que donner maintenant une formule générale ne répondrait pas à la diversité des situations réelles: nous tentons naturellement de faire tout notre possible pour conférer le Baptême à une personne qui le demande avec toute sa foi, mais disons que les détails doivent être étudiés au cas par cas.
Le désir de l'Eglise doit être, dans le cas où une personne démontre sa véritable conversion et veut accéder au Baptême et se laisser incorporer dans la communion du Christ et de l'Eglise, de la soutenir. L'Eglise devrait être ouverte s'il n'existe pas d'obstacles réels qui s'opposent au Baptême. Il faut donc rechercher la voie possible et si la personne est réellement convaincue, croit de tout son coeur, car nous ne sommes pas dans le relativisme.
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>>> De miséricorde pour ces fidèles Benoît XVI a aussi parlé à Milan en réponse à une question lors de la veillée pour la Rencontre Mondiale de la Famille (2 Juin 2012.)
En réalité, ce problème des divorcés remariés est une des grandes souffrances de l’Église d’aujourd’hui. Et nous n’avons pas de recettes simples. La souffrance est grande et nous pouvons seulement aider les paroisses, chacun à aider ces personnes à supporter la souffrance de ce divorce. Je dirais que naturellement, la prévention est très importante, c’est-à-dire approfondir dès le début le fait d’être amoureux en une décision profonde, mûre ; et aussi, l’accompagnement pendant le mariage afin que les familles ne soient jamais seules mais soient vraiment accompagnées sur leur chemin. Et nous devons dire à ces personnes, – comme vous avez dit – que l’Église les aime, mais elles-mêmes doivent voir et sentir cet amour. Cela m’apparaît être une grand tâche d’une paroisse, d’une communauté catholique, de faire réellement tout ce qu’il y a de possible pour qu’elles se sentent aimées, acceptées ; qu’elles ne sont pas « en dehors » même si elles ne peuvent recevoir l’absolution et l’Eucharistie : elles doivent voir que même ainsi, elles vivent pleinement dans l’Église. Même si l’absolution dans la Confession n’est pas possible, un contact permanent avec un prêtre, avec un guide de l’âme, est très important pour qu’elles puissent voir qu’elles sont accompagnées et guidées. Et puis, il est aussi très important qu’elles sentent que l’Eucharistie est vraie et qu’elles y participent si elles entrent vraiment en communion avec le Corps du Christ. Même sans la réception « corporelle » du sacrement, nous pouvons être spirituellement unis au Christ dans son Corps. Et faire comprendre cela est important. Que réellement elles trouvent la possibilité de vivre une vie de foi, avec la Parole de Dieu, avec la communion de l’Église et puissent voir que leur souffrance est un don pour l’Église, parce qu’elles servent ainsi à tous pour défendre aussi la stabilité de l’amour, du mariage ; et que cette souffrance n’est pas seulement un tourment physique et psychique, mais qu’elle est aussi une souffrance dans la communauté de l’Église pour les grandes valeurs de notre foi. Je pense que leur souffrance, si elle est réellement intérieurement acceptée, est un don pour l’Église. Elles doivent le savoir, qu’ainsi elles servent l’Église, elles sont dans le cœur de l’Église. Merci pour votre engagement. .
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>>> L'Exhortation «Sacramentum Caritatis» elle-même fait à plusieurs reprises référence à la miséricorde envers les fidèles qui vivent cet état de souffrance.
§29.
Si l'Eucharistie exprime le caractère irréversible de l'amour de Dieu pour son Église dans le Christ, on comprend pourquoi elle implique, en relation au sacrement de Mariage, l'indissolubilité à laquelle tout véritable amour ne peut qu'aspirer. L'attention pastorale que le Synode a réservée aux situations douloureuses dans lesquelles se trouvent de nombreux fidèles qui, après avoir célébré le sacrement de Mariage, ont divorcé et contracté une nouvelle union, est donc plus que justifiée. Il s'agit d'un problème pastoral épineux et complexe, une vraie plaie du contexte social actuel, qui touche de manière croissante les milieux catholiques eux-mêmes. Par amour de la vérité, les Pasteurs sont obligés de bien discerner les diverses situations, pour aider spirituellement de la façon la plus appropriée les fidèles concernés.
Le Synode des Évêques a confirmé la pratique de l'Église, fondée sur la Sainte Écriture (cf. Mc 10, 2-12), de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l'union d'amour entre le Christ et l'Église, qui est signifiée et mise en œuvre dans l'Eucharistie. Toutefois, les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent d'appartenir à l'Église, qui les suit avec une attention spéciale, désirant qu'ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la participation à la Messe, mais sans recevoir la Communion, par l'écoute de la Parole de Dieu, par l'adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les œuvres de pénitence, par l'engagement dans l'éducation de leurs enfants.
Là où surgissent des doutes légitimes sur la validité du Mariage sacramentel qui a été contracté, il convient d'entreprendre ce qui est nécessaire pour en vérifier le bien-fondé. Il faut aussi s'assurer, dans le plein respect du droit canonique, de la présence sur le territoire de tribunaux ecclésiastiques, de leur caractère pastoral, de leur fonctionnement correct et rapide. Il importe qu'il y ait, dans chaque diocèse, un nombre suffisant de personnes préparées pour le bon fonctionnement des tribunaux ecclésiastiques. Je rappelle que « c'est une obligation grave que le travail institutionnel de l'Église réalisé dans les tribunaux soit rendu toujours plus proche des fidèles ». Il est cependant nécessaire d'éviter de comprendre la préoccupation pastorale comme si elle était en opposition avec le droit. On doit plutôt partir du présupposé que le point fondamental de rencontre entre le droit et la pastorale est l'amour de la vérité: cette dernière en effet n'est jamais abstraite, mais « elle s'intègre dans l'itinéraire humain et chrétien de tout fidèle ». Enfin, là où la nullité du lien matrimonial n'est pas reconnue et où des conditions objectives rendent de fait la vie commune irréversible, l'Église encourage ces fidèles à s'engager à vivre leur relation selon les exigences de la Loi de Dieu, comme amis, comme frère et sœur; ils pourront ainsi s'approcher de la table eucharistique, avec les attentions prévues par la pratique éprouvée de l'Église. Un tel chemin, pour qu'il soit possible et qu'il porte du fruit, doit être soutenu par l'aide des pasteurs et par des initiatives ecclésiales appropriées, en évitant, dans tous les cas, de bénir ces relations, pour que ne surgissent pas chez les fidèles des confusions autour de la valeur du Mariage.
Vu la complexité du contexte culturel dans lequel vit l'Église dans beaucoup de pays, le Synode a aussi recommandé d'avoir le plus grand soin pastoral pour la formation des fiancés et pour la vérification attentive de leurs convictions concernant les engagements prescrits pour la validité du sacrement de Mariage. Un sérieux discernement à ce sujet pourra éviter que des élans émotifs ou des raisons superficielles conduisent les deux jeunes à assumer des responsabilités qu'ils ne sauront ensuite honorer. Le bien que l'Église et la société tout entière attendent du mariage et de la famille fondée sur lui est trop grand pour qu'on ne s'engage pas totalement dans ce domaine pastoral spécifique. Mariage et famille sont des institutions qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure pour la convivialité humaine comme telle.
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Comme nous venons de le voir, la miséricorde envers les pécheurs n'a pas surgi comme un champignon le 13 Mars 2013, mais elle a ses racines dans l'ensemble du Magistère des Papes .
Bien sûr ! Il est commode de présenter Benoît XVI comme le «mauvais» et François comme le «bon», mais les gens qui savent se servir de leur tête devraient mettre un terme à ce jeu, qui fait du mal à tout le monde.
Entre mars et aujourd'hui, la perception de l'Église et de ses enseignements a sans aucun doute changé .
Avant, l'Église était marâtre, laide et renfrognée, aujourd'hui, elle est mère, belle et miséricordieuse.
Il en a vraiment fallu très peu pour convaincre les médias de tout oublier de ce qui a été versé sur Benoît XVI en huit ans.
Attention: je ne donne pas toute la responsabilité aux médias. Disons plutôt que, selon moi, il y a un ajustement parfait, un but commun, entre l'Église et le monde de la communication.
Mais c'est peut-être bien ainsi... qui sait! Ce n'est certes pas à nous de juger ce qui est juste et ce qui ne l'est pas . J'espère seulement qu'à l'avenir, aucun Pape n'aura à endurer la souffrance du pape Benoît XVI. Parfois je me demande à quoi aura servi sa peine et, au fond, aussi la nôtre.
Raffaella, 23/9/2013