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Prier le rosaire

Les confidences du cardinal Ratzinger à Peter Seewald. Reprise (11/10/2013)

>>> D'autres images du rosaire de Benoît XVI ici: benoit-et-moi.fr/2012(III)/articles/loreto-vatican-ii-et-la-piete-populaire

Dans “Voici quel est notre Dieu”, le livre d’entretiens qu’il a publié avec le journaliste bavarois Peter Seewald, Joseph Ratzinger nous explique lui-même la signification de cette prière, et les souvenirs personnels auxquels elle se rattache pour lui.

Peter Seewald: Avez-vous une manière particulière de prier le rosaire ?
Joseph Ratzinger: Je le fais tout simplement, exactement comme mes parents ont prié. Ils aimaient tous deux cette prière. Et, plus ils avançaient en âge, plus ils l'aimaient. En vieillissant, moins on devient capable de grands efforts intellectuels plus on a besoin alors de se réfugier dans la prière de l'Église.
Voilà: je prie comme ils ont prié.

PS: Comment s'y prend-on ? Priez-vous un chapelet ou tous les trois à la file?
JR: Non, trois, c'est trop. Je suis trop remuant et je me tromperais beaucoup. Je n'en prends qu'un, et souvent seulement deux ou trois dizaines, parce que je peux alors intercaler un temps de pause qui me permet de quitter le travail pour m'en libérer, me calmer et me vider la tête. De ce fait, un rosaire entier serait trop long pour moi.

* * *

L'origine historique du rosaire remonte au Moyen Âge. C'est une époque où les Psaumes constituent la prière normale. Mais beaucoup d'illettrés ne pouvaient participer à la prière des Psaumes bibliques. On cherche alors un psautier pour eux ; on trouve la prière mariale, liée aux mystères de la vie du Christ ordonnés comme les perles enfilées sur une ficelle. Cette médiation touche le coeur et, par son caractère répétitif, apporte le calme dans l'âme. Se tenir à la parole de l'Évangile, avant tout à la figure de Marie et aux images de Jésus qui ne cessent ainsi Je défiler, tranquillise l'âme et libère l'esprit pour Dieu.
Effectivement, le rosaire nous rappelle cette donnée originelle que la répétition fait partie de la prière et de la méditation, et que cette répétition est une façon d'entrer dans le rythme du repos. Ce qui importe, ce n'est pas que je m'efforce de suivre rationnellement chaque parole dite, mais, au contraire, que je me laisse porter par le calme que procura la répétition et la régularité. D'autant plus que cette parole n'est pals sans contenu. Elle me présente de grandes images et visions et avant tout la figure de Marie, et par elle celle de Jésus, et m'en pénètre.
Ces gens ont travaillé durement. Ils sont incapables, lorsqu'ils prient de prouesses intellectuelles. Au contraire, ils ont besoin d'une prière qui les calme, qui les détourne et les sorte de leurs soucis, leur présente qui console et guérit. Je pense que cette expérience originelle de l'histoire des religions, de la répétition, du rythme, de la parole commune, du choeur, qui me porte et me berce et qui remplit tout l'espace, qui ne me torture pas mais me calme, me console et me délivre, est devenue tout à fait chrétienne : cette expérience permet à l'homme de prier tout simplement dans un contexte marial et dans la lumière du Christ et d'intérioriser le contenu de cette prière, en se laissant aspirer par là parole, au-delà de toute démarche intellectuelle.
Je [prie le rosaire] tout simplement, exactement comme mes parents ont prié. Ils aimaient tous deux cette prière. Et, plus ils avançaient en âge, plus ils l'aimaient. En vieillissant, moins on devient capable de grands efforts intellectuels plus on a besoin alors de se réfugier dans la prière de l'Église. Voilà : je prie comme ils ont prié.

J'ai pensé à cela hier, en lisant sur Zenit ces propos de François lors de sa méditation matinale à Sainte Marthe, le 8 octobre:

«‘Le premier devoir dans la vie c'est la prière’. Mais pas la prière de parole, comme les perroquets. La prière du cœur : regarder le Seigneur, écouter le Seigneur, demander au Seigneur... ».

A quel "genre" doit-on rattacher la récitation du chapelet?