Accueil

Coming-out d'une star du football

Un forcing sans doute lié à l'ouverture prochaine des jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, en Russie (10/1/2014)

Voici par exemple ce que je lis sur le site de L'Equipe:

Retraité depuis quelques mois, l'ex-international Thomas Hitzlsperger, 31 ans, a brisé un tabou en Allemagne en devenant le premier footballeur de renom à révéler son homosexualité, dans une interview parue jeudi dans le magazine Die Zeit.
Le coming out de Thomas Hitzlsperger a été salué jeudi par la Fifa, qui espère que cette sortie médiatique de l'ancien international allemand contribuera à réduire les préjugés sur le sujet dans le monde du foot. «La Fifa et le président de la Fifa - Sepp Blatter - soutiennent la décision de Thomas Hitzlsperger d'annoncer publiquement son orientation sexuelle, a écrit la Fifa dans un communiqué. Malheureusement, les préjugés demeurent au sein du football. La Fifa est en train de travailler fort pour s'attaquer à cela et espère que les déclarations de Thomas contribueront à plus de respect et de compréhension dans le football et au-delà.»
(L'Equpe, AFP)

Les réactions des leaders mondiaux - Merckel, Cameron - ne se sont pas fait attendre (tiens, rien du "nôtre", sans doute est-il occupé ailleurs): www.midilibre.fr/2014/01/09/coming-out-thomas-hitzlsperger-brise-un-tabou-dans-le-football-allemand .

Quant à Obama, en guise de bras d'honneur à Poutine, il a choisi la tenniswoman lesbienne Billie Jean King, pour représenter les Etats-Unis à Sotchi.

L'Eglise en Allemagne n'est pas en reste, avec cette interviewe de l'aumônier des JO, le Père Thomas Nonte, qui parle d'une "stimulation pour la pastorale":

Une stimulation pour la pastorale

Le "Curé des Olympiades" de la Conférence épiscopale allemande, Thomas Nonte (ndt: je suppose qu'il s'agit de l'aumônier des athlètes allemands pour les JO) exprime son respect pour Thomas Hitzlsperger.
http://www.domradio.de
-----

«Sa manière honnête, et en même temps concrète, de s'adresser à l'opinion publique, encourage sûrement d'autres sportifs, et aussi hors du milieu sportif à devenir de plus en plus conscients de leur propre personnalité dans toutes ses dimensions, et à la prendre en considération», a-t-il affirmé à la KNA (Katholische Nachrichten Agentur).
« Le fait que Hitzlsperger ait dit qu'il avait été important pour lui de pouvoir en parler avec sa famille et avec ses amis, est une stimulation pour ceux qui accomplissent une activité pastorale, à se mettre à la disposition des personnes comme interlocuteurs fiables. Exactement dans le sens de la pastorale missionnaire que le Pape François recommande vivement».
En Allemagne, il y a déjà, dans les domaines politique, social et ecclésial, différentes tentatives pour créer une disponibilité effective pour les personnes qui désirent vivre ouvertement comme homosexuelles. Le fait, toutefois, que la déclaration du footballeur ait fait tant de bruit montre que l'homophobie trouble encore les relations humaines tant dans la société que dans le sport».
Nonte dit aussi qu'il n'est pas facile de comprendre quelles conséquences cela pourra avoir sur les prochains JO de Sotchi, et sur le débat aurtour de l'homosexualité en Russie. «Je présume que les athlètes (ndt: les deux mots, masculin et féfinin, sont utilisés dans le texte: Athleten und Athletinnen) sélectionnés se dédient corps et âmes à l'effort final de leur préparation athlétique, et laissent tout le reste de côté. Comment évoluera ensuite la situation à Sotchi, on verra.

Voici enfin réaction d'un théologien allemand, sur le site www.domradio.de .
Sans commentaire, bien sûr....

«Quelque chose de normal»

Wunibald Muller sur l'homosexualité, l'Eglise et le cas Hitzlsperger
Matthias Friebe
9 Janvier, 2014
http://www.domradio.de (ma traduction d'après la traduction en italien de www.finesettimana.org )
------

Wunibald Muller est théologien , psychologue et directeur de la Recollectio Hauses , une institution de l'abbaye bénédictine de Münsterscwarzach, qui est soutenue financièrement par différents diocèses. Ses activités s'adressent aux prêtres, religieux et collaborateurs ecclésiaux dans des situations de crise personnelle et professionnelle.
Le psychothérapeute catholique Wunibald Muller ne voit aucune contradiction entre l'homosexualité et la vocation sacerdotale - tant que le prêtre vit den célibataire. Muller parle du coming-out de l'ancien footballeur Hitzlsperger .

- Une personne admet ouvertement un aspect intime de lui-même. S'attendrait-on à ce que le coming-out d'un ancien joueur de football cause un tel émoi ?
- Pas vraiment. Je pensais, après que des maires et des ministres aient révélé leur homosexualité, que cela ne provoquerait pas une telle sensation.

- Quel sens a alors ce tohu-bohu médiatique: perçoit-on de l'homophobie dans la société ?
- Évidemment, au moins subtile. Parce que, par exemple, après qu'un ministre des affaires étrangères ou un maire en exercice (Berli) aient fait leur coming out, on peut penser que c'est une chose à laquelle les gens réagissent plus calmement. Mais il y a évidemment toujours une homophobie subtile. L'homophobie signifie par exemple que les gens ont une peur irrationnelle d'entrer en contact avec leurs propres pulsions homosexuelles. Ou bien qu'ils voient la famille mise en danger. Ou bien, dans le contexte théologique: la conviction que l'homosexualité n'est pas en harmonie avec l'ordre de la création. Donc, il y a toujours ces réserves subtiles. Par exemple, à propos du carnaval, quand on fait des blagues sur le ministre homosexuel des Affaires étrangères, c'est aussi un peu limite. Là, on comprend déjà que beaucoup de gens pensent encore à l'homosexualité de façon stupide et primitive .

- N'est-ce pas parce qu'il s'agissait d'un joueur de football, que cela a soulevé un tel écho ?
- Bien sûr, justement parce qu'un footballeur célèbre est très idéalisé et il est difficile de mettre en relation l'homosexualité avec une personne ainsi idéalisée . D'autant plus si c'est un sportif: en lui se concentre tout ce que l'on attribue à la masculinité, chose que, souvent, on ne réussit pas à concilier avec l'homosexualité .

- Après les JMJ au Brésil l'été dernier, le pape François avait dit: « Si une personne est gay, et cherche le Seigneur et a de la bonne volonté, qui suis-je pour juger?». Qu'est-ce que cela signifie pour la théologie et de la doctrine de l'Eglise ?
- Cela signifie que toujours, même envers les homosexuels, avant tout, on doit voir la personne, et que l'on ne doit pas réduire la personne homosexuelle à son homosexualité. Tout en sachant bien sûr que l'homosexualité représente une partie importante de sa vie. Cela signifie par exemple que l'Eglise s'exprime très fortement en faveur de la relation de respect et d'amitié avec les homosexuels Et qu'à une personne homosexuelle devrait être offertes respect et amitié exactement comme à une personne hétérosexuelle .
Voilà ce que cela signifie essentiellement. Ce qui pourrait bien sûr conduire à certaines conséquences, mais naturellement, je ne sais pas si l'Eglise en arrivera là .

- La déclaration du Pape François durant la conférence de presse dans l'avion avait déjà provoqué un certain émoi dans les médias. Mais alors, il est possible pour un prêtre qui vit dans le célibat d'admettre son homosexualité ?
- En effet , il devrait être possible qu'un prêtre qui vit dans le célibat puisse dire que son orientation sexuelle est l'homosexualité (!!!). En effet, l'Eglise elle-même distingue entre l'orientation homosexuelle et le comportement homosexuel et dit que l'orientation homosexuelle elle-même est objectivement désordonnée, mais que que c'est au fond quelque chose qui ne devrait pas être caché.
Je pense qu'il serait bon que les prêtres puissent admettre avec naturel, plus ouvertement que ce n'est le cas en ce moment, qu'ils ont une orientation homosexuelle et vivent dans le célibat. Ce qui est possible pour ceux qui sont hétérosexuels et prêtres.

- Mais pourquoi les prêtres ne le font-ils pas, selon vous ?
- Parce que naturellement, aujourd'hui comme par le passé, ils ont peur. Le problème de l'homophobie, aussi dans l'Eglise est très fort. Ils ont peur que les gens ne les traitent comme des personnes de seconde zone, ils ont peur d'être rejetés. Peur qu'une partie importante d'eux-mêmes puissent porter d'autres personnes à avoir une attitude de réserve .

- Vous vous êtes longuement occupés de ce sujet. Déjà quand vous étiez étudiant, vous avez traité de l'homosexualité dans l'Église. Comment vivez-vous ce débat au cours des dernières années? Quelque chose a-t-il changé? Le pape arrive à en parler lors d'une conférence de presse ...
- Clairement, il a utilisé le mot «gay» , ce qui signifie que déjà en soi-même, il est plus ouvert sur le sujet de l'homosexualité .
Je pense que cela va de pair avec le fait que, dans l'Église, on peut en discuter plus ouvertement. Dans ce cas, les homosexuels peuvent eux aussi s'ouvrir davantage. Cela peut également conduire au fait qu'un nombre croissant de prêtres homosexuels aient le courage d'admettre leur homosexualité et n'aient plus cette peur qu'il y avait avant et qui les empêchait d'admettre une partie importante d'eux.

- Pensez-vous donc que ce débat va se poursuivre et que l'agitation médiatique ne sera pas retombée dans les deux semaines ?
- L'agitation médiatique passera, mais le débat se poursuivra. Espérons que cela conduira à considérer l'homosexualité comme quelque chose de naturel, dont nous ne devrions pas nous inquiéter plus que cela. Plus on réussira à parler de l'homosexualité de manière normale, moins on la considérera comme un gros problème .