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La peur, l'ennemi de la nouvelle évangélisation

Réflexions croisées autour du sondage BVA-Le Parisien, d'une question: "Les cathos sont-ils ringards?" et de la réponse du Père de la Morandais (27/2/2014).

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Synode: les medias s'invitent dans le débat (le sondage BVA)

     

En début de semaine, dans le cadre de son émission matinale, surfant avec délices sur les résultats du sondage BVA commandé par le Parisien, Jean Marc Morandini proposait sur Europe 1 un "débat" dont l'accroche était ce titre dont on appréciera la finesse: "Fait-on passer les catholiques pour des ringards?" (ici). Encore une fois, imaginons le tollé si le mot "catholiques" avait été remplacé par les fidèles d'une autre religion, désignés en plus par une apocope (puisque c'est le mot "cathos" qui est utilisé presque continuellement), mais passons: dans la casserole d'eau froide où la grenouille avait été plongée, la température a tellement monté que la pauvre bestiole est désormais presque cuite et ne réagit même plus.
En réalité, comme c'était prévisible, il n'était question que de sexe, et plus spécialement de gays (tout n'était d'ailleurs pas négatif, car parmi les cinq ou six auditeurs qui ont pu s'exprimer, deux au moins ont très bien parlé).

Morandini se veut d'emblée rassurant: les "cathos ne sont pas ringards", ce n'est qu'une mauvaise image. La preuve par le sondage: ils plébiscitent l'avortement et la communion aux divorcés remariés, sont massivement pour la prêtrise aux femmes et le mariage des prêtres, et majoritairement pour le mariage gay, en somme, ils sont modernes, et surtout... pas catholiques. Ouf!!

Parmi les participants, le Père de la Morandais, que l'on invite généralement dans ce genre de débats parce qu'on est sûr qu'il ne sortira pas des clous, tout en servant d'alibi à un prétendu pluralisme.
L'élégant abbé, qui tient à faire remarquer qu'il est docteur en théologie morale, est contre l'avortement - créditons-le de cela - et il a plutôt bien répondu sur ce point aux provocations de l'intervieweur. Mais sinon, il est pour toutes les déviances sociétales d'aujourd'hui, et donc en contradiction flagrante avec le magistère. Au point que Morandini lui a demandé: "mais pourquoi vous restez dans l'Eglise, alors?".

En principe, comme prêtre, il aurait du répondre: "Je reste parce que je crois", ou quelque chose d'approchant.

Eh bien non. Réponse de l'abbé (je cite de mémoire): "Je reste parce que ce n'est pas le moment de quitter le bateau. Si on le quitte, dans le bateau, il ne restera que des ringards, donc il faut rester, pour que des gens comme nous aident le Pape François à avancer ses réformes et à faire évoluer l'Eglise".
Merci pour les ringards estampillés tels par La Morandais. Et fermez le ban.

La meilleure réplique à cette triste profession de (non) foi d'un clerc, dont on espère sans trop y croire qu'elle reste marginale parmi ses confrères, c'est cet article d'un jeune prêtre blogueur espagnol, que Carlota a traduit.

     

Alors que les médias et même certains spécialistes catholiques très médiatiques français y compris prêtres, qui font, on n’en doute pas, partie de l’ «église de base» (cf. C'est quoi l'Eglise de base? (II) et C'est quoi l'Eglise de base? (I)), s’agitent comme d’habitude à la radio et à la télévision et se délectent des résultats des sondages transmis à Rome... d’autres se posent les bonnes questions. Par exemple un jeune prêtre du diocèse andalou de Séville, le P. Santiago González, qui donne, via son blog, son avis sur ce qui freine dans notre société post-moderne l’évangélisation. Il s’exprime sans détour…
(Carlota)

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La peur, la peur et encore la peur

…le grand ennemi de la nouvelle évangélisation.
http://infocatolica.com/?t=opinion&cod=20074

La peur de ne pas exposer avec clarté la doctrine morale de l’Église, elle est dans de nombreuses prédications et catéchèses à tous les niveaux.

Pourquoi ?
Parce qu’il y a la peur d’être catalogué comme « désuet », « traditionnaliste », « conservateur », « figé »…des adjectifs attribués par une pensée postmoderne qui manque de la plus petite idée de ce qu’est une saine Tradition et une fidélité à l’Évangile. Une pensée qui est imposée depuis les médias, les partis politiques, les institutions publique, etc. qui, incroyablement, se sont transformés en « garants » qui étudient et évaluent la prédication des ministres de l’Église Catholique, et ce qui est pire…ont obtenu qu’un nombre non négligeable de ces ministres les reconnaissent comme de légitimes évaluateurs.

La peur au point de ne pas montrer le Magistère de l’Église, à partir de sa conformité avec lui-même. C'est-à-dire qu’il ne s’agit pas de le nier mais de NE PAS LE MONTRER !...Comme s’il était vraiment connu du peuple de Dieu. Le catéchisme est là sans doute. Mais…qui rappelle aux fidèles son existence et surtout qu’il est toujours en vigueur ? Ou mieux, ne tombe-t-on dans l’erreur de ne pas le montrer avec l’excuse que tout fidèle peut y accède ? Et pourtant avec le catéchisme nous sommes en lien avec tout le magistère catholique, au moins le plus récent. La peur de rompre l’ignorance des fidèles…et la peur d’origine très diabolique: « Laissons-les dans l’ignorance pour qu’ils n’éprouvent pas de culpabilité morale » (c’est une pensée inconsciente mais RÉELLE). Terrible : le grand triomphe de Satan est d’obtenir que l’être humain se sente coupable de rien, car ainsi il n’a pas à se repentir devant Dieu.

La Peur d’inclure l’exhortation dans les homélies. La peur de remuer les consciences de ceux qui vont à la Messe et qui dans le fond souhaitent former leurs consciences dans la vérité en démasquant les mensonges. Beaucoup d’homélies (de nombreux fidèles me l’ont exprimé) sont du recuit de la Parole Proclamée, sans la moindre exhortation concrète pour la vie morale. On souhaite que chaque fidèle agisse en « conscience » mais on prive le fidèle d’une formation de sa conscience, et de cette façon, on pousse les fidèles vers un protestantisme pratique de libre interprétation de la Parole de Dieu
Ces PEURS exposées ici portent une demande URGENTE d’un nouveau « Syllabus » au niveau de l’Église Universelle. Il faut dans l’urgence un document « cadre » où soient énumérées toutes les erreurs en vigueur dans la pratique pastorale (surtout en Occident) qui procèdent du modernisme théologique et qui affectent non seulement la morale mais aussi la liturgie, l’exégèse biblique, l’eschatologie (la grande absente de la prédication) et le reste des branches de la théologie. Nous prions pour que cette urgence se fasse réelle.

La peur qui se confond avec la vertu de prudence. La peur qui s’affirme seulement à partir de la lâcheté et le péché d’omission qui naît de cette lâcheté. La peur qui parfois boit à une source pire encore : le désir inconscient de faire CARRIÈRE dans l’Église, arriver à une Charge Supérieure, Évêque, Cardinal… et de ce désir le courage apparaît comme un obstacle pour arriver à l’objectif…
Comme c’est malheureux !

La peur, la peur et encore la peur… le grand ennemi de la nouvelle évangélisation.
Je me rappelle quand j’étais encore tout petit, ces première paroles du Pontificat du Bienheureux (et bientôt saint) Jean-Paul II : « N’AYEZ PAS PEUR »… Quelle merveilleuse devise pour tous les catholiques !

P. Santiago González, prêtre.