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Les nouveaux procureurs contre Benoît XVI

Où il est question des récentes sorties de deux cardinaux très en cour, Maradiaga et Braz de Aviz (27/1/2014)

>>> Ci-contre: le cardinal Maradiaga

Voir aussi:
¤ Le cardinal Maradiaga et le théologien allemand
¤ Le cardinal Maradiaga... suite

     

Ce ne sont pas des ragots curiaux que rapporte ici Antonio Socci sur son blog Il Straniero (L'étranger), mais des faits, qui sont sous les yeux de chacun.
Il est question de l'interviewe du Cardinal Maradiaga à la presse allemande, et de son allusion perfide au "théologien allemand" Müller, une flèche adressée en réalité à Benoît XVI. "Fr Z" sur son célèbre blog nous rappelle que Maradiaga ne fait que régler des comptes avec le Pape émérite, une affaire remontant à 2011, alors qu'il était à la tête de Caritas internationalis, spectaculairement reprise en main par le Saint-Siège.

Il est aussi question de la persécution des Francescains de l'Immaculée, du fait du cardinal Joao Braz de Aviz: celui-ci, nommé à la tête de la Congrégations pour les instituts de vie consacrée en 2011, puis cardinal en 2012 par Benoît XVI (où est la gratitude?), est devenu en décembre 2013 membre de la Congrégation pour les évêques, au même moment où le "trop conservateur" cardinal Burke en était débarqué!!!

Antonio Socci commence par une précaution qui n'est peut-être pas que rhétorique: ces cardinaux, dit-il, sabotent le travail du Pape, à l'aube d'un "grand Pontificat". Mais on ne peut pas non plus nier que c'est le Pape qui les a nommés ou confirmés aux postes éminents qu'ils occupent aujourd'hui. Doit-on croire que leur influence est seulement le fruit de leur imagination, ou de la nôtre?
Dans son dernier billet, Francesco Colafemmina (www.fidesetforma.com/2014/01/23/motus-fine-velocior/) pense autrement, il appelle le cardinal Maradiaga rien moins que "papa ombra" (pape de l'ombre)...!

     

Socci

Les nouveaux inquisiteurs contre Ratzinger. L'auto-démolition de l'Eglise est de retour
Antonio Socci
"Libero"
26 janvier 2014
(www.antoniosocci.com)
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Il y a eu de grands papes dont le pontificat a été pratiquement enfoncé par les erreurs des ecclésiastiques de leur entourage. Pour le pape François aussi, ce risque existe.

On est en effet déconcertés par des épisodes, des décisions et «tirs» de certains prélats, je pense au cardinal Maradiaga et au cardinal Braz de Aviz, qui se sentent si puissants au Vatican qu'ils utilisent le bâton à la fois contre le préfet de l'ex-Saint-Office Müller, et contre les «Franciscains de l'Immaculée».

Contre Benoît
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Les cibles de leurs «coups de matraque» (évidemment assénés au nom de la miséricorde) sont ceux qui, à divers titres, sont identifiés comme des défenseurs de l'orthodoxie catholique et qui ont eu à traiter avec le pape Benoît XVI.
La véritable cible, en fait, c'est lui, «coupable» de tellement de choses, de la condamnation historique de la théologie de la libération, à la défense de la juste doctrine, et au Motu proprio sur la liturgie.

Le Cardinal Oscar Maradiaga est l'archevêque de Tegucigalpa, au Honduras, un diocèse en déclin. Mais le prélat, qui fait la tournée des plateaux médiatiques du monde entier a fait ces jours-ci beaucoup parler de lui par son interviewe à un journal allemand où - entre balivernes new age et platitudes tiers mondistes - il attaquait publiquement le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Müller, que le pape vient de nommer cardinal. Un fait retentissant, car Maradiaga est à la tête de la commission qui doit réformer la Curie.

Qu'était-il arrivé? Müller, appelé à ce poste par Benoît XVI et confirmé par François, a répété dernièrement que le prochain synode sur la famille - tout en cherchant de nouvelles voies pastorales (déjà indiquées par Benoît XVI) - ne peut pas renverser, avec «un faux appel à la miséricorde», la loi de Dieu sur la famille homme-femme, affirmé par Jésus dans l'Evangile et toujours enseignée par l'Eglise.

Maradiaga Show
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Müller, qui avait déjà été personnellement attaqué par Hans Küng, a été liquidé par Maradiaga avec ces mots: «C'est un allemand et, en outre, un professeur de théologie allemand. Dans son esprit, il n'y a que le vrai et le faux. Cela suffit. Mais je lui réponds: mon frère, le monde n'est pas comme ça, tu dois être un peu plus "flexible"».
Des mots qui ont scandalisé beaucoup de croyants.
D'abord, parce que la référence polémique au «professeur de théologie allemand» suggère inévitablement que la cible était Benoît XVI, qui a appelé Müller à cette fonction.
Ensuite parce qu'une attaque publique entre cardinaux est tout à fait déplacée, comme si Müller était là pour soutenir sa théologie personnelle et non l'enseignement constant de l'Eglise et de tous les papes.
Enfin Maradiaga - selon qui il serait erroné de considérer la réalité en termes de vrai et de faux - oublie que Jésus-Christ dit dans l'Evangile ce commandement précis: «Dites simplement "oui" si c'est oui, "non" si c'est non. Tout ce qui est en plus vient du Malin»(Matthieu 5,37).

Maradiaga préfère-t-il ce «en plus» là a proclamation de la vérité? Sur les thèmes de la famille, qui fait l'objet d'une offensive idéologique semblable à celle marxiste des années soixante-dix, de nombreux membres du clergé sont prêts - tout comme ils l'étaient alors - à baisser leur pantalon.
Et ils le font aussi avec les sophismes de Maradiaga, qui dit que les paroles de Jésus sur le mariage sont contraignantes, oui, «mais on peut les interpréter», et aujourd'hui où il y a tellement de nouvelles situations de cohabitation, il faut «des réponses qui ne peuvent plus être fondées sur le moralisme et l'autoritarisme».
Cette phrase, à elle seule liquide tout le Magistère de l'Église; à l'évidence pour Maradiaga, Jésus lui-même était autoritaire et moraliste, en s'exprimant avec une telle clarté.
Mais que signifie demander «plus de soin pastoral que de doctrine»? Tous les grands pasteurs, de Saint Ambroise à Saint Charles, de Don Bosco à Padre Pio, ont été des paladins de la doctrine.
Maradiaga dit qu'il faut sur la famille «des réponses appropriées au monde d'aujourd'hui». Ce sont des phrases vides et allusives, qui alimentent la confusion et les doutes.
C'est la manière typique, qui sévit dans l'Église d'aujourd'hui, de soulever des questions sans donner de réponses.
À cet égard, saint Thomas d'Aquin s'exprime ainsi: «Eh bien, ceux-là sont de faux prophètes, de faux docteurs, car soulever un doute sans le résoudre, c'est presque comme le conder» (Sermon "Attendite à falsis Prophetis").
Aujourd'hui, dans l'Église, il y en a qui aux paroles de Jésus rapportées dans l'Evangile préfèrent le fameux questionnaire relatif au Synode, qui a été envoyé à tous les diocèses du monde et est présenté par certains comme une enquête, comme si la Vérité révélée pouvait être remplacée par les opinions les plus diverses.

Auto-démolition
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Cela nous ramène aux années soixante-dix, quand Paul VI, alarmé, dénonçait:
«Ainsi, la vérité chrétienne subit aujourd'hui des secousses et des crises effrayantes. Indifférents à l'enseignement du Magistère (...) certains cherchent une foi facile, vidant la foi intègrale et vraie de ces vérités, qui ne semblent pas acceptables pour l'esprit moderne, et choisissant selon leur bon plaisir quelque vérité jugée recevable; d'autres recherchent une foi nouvelle, en particulier par rapport à l'Eglise, en essayant de la conformer aux idées de la sociologie moderne et de l'histoire profane».

C'est comme effacer d'un coup les pontificats de Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI pour revenir aux années soixante-dix, à l'auto-démolition de l'Eglise (ainsi que la définissait Paul VI).
Il ne s'agit pas d'un renouveau, mais du retour de l'ancien le plus catastrophique.

La honte
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Un autre épisode de l'auto-démolition de l'Église est la persécution des «Franciscains de l'Immaculée», l'une des familles religieuses les plus orthodoxes, et les plus vivantes (pleines de vocations), les plus missionnaires et les plus ascétiques.
Mais à laquelle on n'a pas pardonné la loyauté zélée à Benoît XVI, à commencer par son motu proprio sur la liturgie.
Le renversement des parties est spectaculaire. En effet, au banc des accusés, il y a des catholiques obéissants et dans le rôle du procureur le Cardinal brésilien João Braz de Aviz qui, dans une longue interviewe, a eu des mots d'éloge nostalgique pour la saison catastrophique de la théologie de la libération (TDL), se moquant pas mal des condamnations de Ratzinger et Jean-Paul II.
Braz de Aviz avoue tranquillement que - durant ces années - il était même prêt à quitter le séminaire pour ces idées sociales.
Mais il a fait une carrière. Aujourd'hui, il est à la tête de la Congrégation pour les religieux, lui qui n'est même pas religieux.
Le prélat, qui se proclame très ami de la Communauté de Sant'Egidio, a une étrange idée du dialogue qui - pour lui - vaut pour tout le monde sauf pour les catholiques fidèles au Magistère.
Quand il était archevêque de Brasilia, il a tranquillement participé,en gtangt qu'orateur, à une rencontre du «Forum Espiritual Mondial» avec l'ex-frère Leonardo Boff, leader de la TDL, Nestor Masotti, président de la Fédération Spiritiste Brésilienne, Ricardo Lindemann, président de la Société Théosophique au Brésil et Hélio Pereira Leite, Grand Maître du Grand Orient.
A peine arrivé à la tête de la Congrégation pour les Religieux, il a immédiatement commencé le dialogue avec les Congrégations religieuses féminines «vivantes» des États-Unis, qui ont donné tant de fil à retordre à Benoît XVI.
Braz a fait une sorte de critique du Saint-Siège: «nous avons recommencé à écouter ... Sans condamnation préventive».
En revanche, les «Franciscains de l'Immaculée», qui n'ont jamais causé de problèmes, n'ont jamais été appelés par lui, ni écoutés. La condamnation à leur encontre a été préventive, et elle a été lourde.
Curieux, non?
Il y a quelques jours, «Vatican Insider» titrait: «En Italie, il y a de moins en moins de religieux et de sœurs». Croyez-vous que Braz de Aviz s'en inquiéte? Pas du tout. Il pense à punir l'un des rares ordres dont les vocations sont en augmentation.

Sur le premier numéro de «Jésus» (mensuel catholique d'actualité religieuse édité par les Editions Saint-Paul) de 2014, (www.jesusonline.it/sommario-n-1-2014.html), il y a un monument à Vito Mancuso, connu pour refuser «une douzaine de dogmes» (comme l'a écrit «La Civiltà cattolica»). Mais soyez assuré que personne ne s'opposera aux pauliniens.
En revanche, les «Franciscains de l'Immaculée» sont réprimés pour avoir défendu les dogmes de l'Église.
L'auto-démolition a repris avec force.

Antonio Socci

     

Father Z...

Father Z, sur son blog, pense aussi que l'allusion au "théologien allemand" est un méchant coup de griffe à Benoît XVI lui même.
Et il donne l'explication (wdtprs.com/blog/2014/01/why-did-card-rodriguez-publicly-criticize-nay-saying-german-theology-professors):

(...) je suis de plus en plus convaincu que la remarque du cardinal Rodriguez (Maradiaga) sur les théologiens allemands est un coup à Benoît XVI en même temps qu'à l'archevêque Müller.
Peut-être même plus à Benoît qu'à Müller.
Pourquoi ferait-il cela?
Ce pourrait être une revanche pour la façon dont l'administration de Benoît XVI a puni le cardinal Rodriguez quand il était président de Caritas Internationalis.
In illo tempore, le secrétaire d'État, le Cardinal Bertone était intervenu dans la sélection / élection du secrétaire de Rodriguez (en l'occurence Lesley Ann Knight, secrétaire de la Caritas). C'était une manoeuvre pour reprendre les rênes de Caritas, à défaut d'une prise de contrôle hostile (*)

Caritas, sous la présidence du cardinal Rodriguez - dont je suis convaincu fortement qu'il a contribué à certains paragraphes sur l'économie dans Evangelii gaudium - et cette secrétaire semblait avoir trop développé la mentalité d'une ONG. Elle flirtait avec les organisations pro-avortement et pro contraception. La revue des jésuites "America" en parlait en ces termes:

Le 15 Février 2011 le Cardinal Secrétaire d'Etat, Tarcisio Bertone, a écrit aux conférences des évêques du monde entier pour leur expliquer pourquoi le Vatican n'allait pas renouveler le mandat de Lesley Ann Knight après l'assemblée générale de Caritas Internationalis en mai. Dans la lettre de trois pages, le cardinal Bertone disait que Caritas avait besoin d'une identité catholique forte. Au cours des quatre années à venir, expliquait-il, il faudrait mettre l'accent sur «l'harmonisation de la dimension théologique de Caritas Internationalis ... avec son rôle d'organisation opérant sur la scène internationale». Il faudrait pour cela, disait-il, une plus grande coopération avec les autres organismes ecclésiaux et les dicastères du Vatican concernés par les activités de CI. Le travail de Caritas, expliquait-il, doit être mieux coordonné, en coopération étroite avec le Saint-Siège, qui est spécifiquement compétent dans ce domaine».
[...]
Les membres de Caritas sont consternés. Le président de CI, le cardinal hondurien Oscar Andrés Rodríguez Maradiaga, a clairement fait savoir son "incompréhension" à la décision. ...

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Le Pape François, ne nous a-t-il pas rappelé le 2ème jour de son pontificat que l'Eglise n'est pas censée être une simple «ONG pieuse»?

(*) Cet épisode m'était sorti de la tête, car je n'avais pas pas fait le lien avec Maradiaga.
Il avait été traité de façon détaillée ici: benoit-et-moi.fr/2011-II

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Février 2011: Lesley-Ann Knight virée!
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Le Vatican a refusé à la Secrétaire Générale, Lesley Ann Knight, la possibilité de se représenter à son poste, « évoquant, (entre autres raisons), la nécessité de renforcer l'identité catholique des organisations.
Knight s'est vue refuser "le nihil obstat" requis pour les candidats à ce poste, malgré les protestations de responsables d'organisations, y compris celle du Président de Caritas, le Cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga.
Selon Caritas, dans un communiqué officiel sur ce licenciement, « Le Saint-Siège veut un changement de direction dans la manière de travailler avec Caritas et cela requiert un changement de personne : celui de la Secrétaire Générale"
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Les changements dans l'approche du Vatican en ce qui concerne l'aide internationale semblent faire partie du projet de réforme générale présentée par la récente encyclique de Benoit XVI Caritas in Veritate.
L'encyclique souligne que le développement humain et l'aide étrangère ne peuvent être séparés des exigences de la vérité : « Seule la charité, éclairée par la lumière de la raison et de la foi, permettra d'atteindre des objectifs de développement porteurs d'une valeur plus humaine et plus humanisante.», écrit Benoit XVI et il observe que les organisations d'aide internationale sont parfois impliquées dans l'avortement, la contraception, la stérilisation et l'euthanasie.
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Le CCODP, membre de l'organisation Caritas, a été sous le feu de groupes pro-vie pour avoir aidé des organisations qui soutenaient la légalisation de l'avortement, distribuaient des contraceptifs et favorisaient des pratiques homosexualistes.
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