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Mgr Gänswein s'explique

Angela Ambrogetti résume deux interventions récentes dans les médias allemands: à la télévision bavaroise, et dans une revue politico-culturelle. (4/1/2014)

Ecclesia semper reformanda est...

Par respect pour ce qu'il représente, et surtout QUI il représente (car j'imagine qu'il n'aurait pas pu s'exprimer ainsi sans l'accord de son patron), je m'abstiendrai de commentaires, ou d'interprétations, qui seraient très déplacés. Le titre de ce paragraphe reflète bien, il me semble, le propos de Mgr Gänswein.
A retenir, la très belle conclusion, qui résume parfaitement le pontificat:

«A un âge avancé, Benoît XVI a reçu la tâche la plus difficile au monde et un héritage pas facile. Il a consacré toute ses forces, ses capacités, ses expériences, toute sa personne au ministère pétrinien. Si l'on pense aux nombreux voyages à l'étranger, aux innombrables rencontres, à son héritage spirituel, l'oeuvre "Jésus de Nazareth", nous devons reconnaître que Benoît s'est dépensé jusqu'au bout. Ce furent huit annnées pas faciles pour le pape Benoît et huit bonnes années pour l'Eglise et les fidèles»

     
Gänswein: la réforme du pape François est l'héritage de Benoît

3 janvier 2014
Angela Ambrogetti
www.korazym.org/12025/ganswein-la-riforma-di-papa-francesco-e-leredita-di-benedetto/
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«Le Pape François ne veut pas réformer la foi, mais les fidèles».
C'est ce qu'affirme Georg Gänswein dans un long entretien tous azimuts transmis par la Bayerisches Fernsehen, la télévision bavaroise. Au cours des dernières semaines, e préfet de la Maison pontificale et secrétaire émérite du pape a été très présent dans les médias allemands. Une façon de clarifier directement dans sa patrie beaucoup des malentendus qui naissent principalement dans la presse italienne et américaine sur le pontificat de François.

L'archevêque qui a un rôle totalement inédit au Vatican et qui est le «pont» entre deux pontificats, dans l'interview à la télévision bavaroise (http://br.de/s/yiNslR ), diffusée le 1er Janvier, a clarifié comment il voit la nécessité d'une réforme de l'Église: «Il y a une belle expression Ecclesia semper reformanda est, ce qui signifie que l'Eglise doit toujours se réformer. Ce n'est pas quelque chose qui est arrivé juste hier, mais c'est une expérience qui accompagne l'Eglise depuis qu'elle existe, et qui est aussi mise en pratique. Même un arbre sain peut avoir des branches mortes qui doivent être coupées, ce qui est normal. Ce n'est pas une expérience qui est faite maintenant avec le Pape François, mais que les papes précédents ont faite. Le Pape François a dit que sur certains points, il veut un nouveau départ ou de nouveaux développements. Nous attendons de voir sur quels points il interviendra et comment. Mais je ne vois pas de révolution, et ce n'est pas une réponse au fait qu'auparavant rien de ce qui avait été décidé par le Concile Vatican II n'avait été réalisé. Même avec la meilleure volonté, je n'arrive pas à penser que l'Eglise est dans une situation si catastrophique qu'il est à présent temps de la remettre sur pied».

Gänswein a tenu à expliquer que le message du pape François est en parfaite continuité avec ce qui a été dit par ses prédécesseurs: «Le Pape François souligne souvent que nous devons sortir de nous-mêmes. L'Eglise ne vit pas seulement pour elle-même. C'est un message que le pape Benoît a lui aussi toujours prononcé. Il est clair que l'Église existe pour l'homme et pour la foi. Le Pape François ne veut pas réformer la foi, mais les fidèles. C'est une distinction importante. La substance de la foi est celle que existe avec lui, avec ses prédécesseurs, et aussi après lui. Mais il s'agit de l'importance que les fidèles vivent pleinementleur foi, et il y a différentes formes de la vivre et il faut les soutenir. Là où il y a des formes erronées, il faut aider à les corriger».

Dans les kiosques à journaux allemands, en Décembre 2013, il y a eu une autre interviewe importante que le préfet de la Maison pontificale a accordée à la revue politico-culturelle Cicéro.

Dans l'entretien avec Alexander Kissler (www.cicero.de/kolumnen/kisslers-konter ), journaliste et écrivain, Georg Gänswein parle aussi de l'affaire de l'évêque de Limburg et de quelques-uns des sujets sensibles d'actualité en Allemagne.

L'archevêque a précisé certains passages d'Evangelii gaudium sur la «conversion de la papauté» et la présence des femmes dans l'Église. «La force du Pape François - dit Gänswein - en même temps que dans sa gestualité réside certainement dans son langage imagé. Mais une image éloquente ne peut pas contenir toute la réalité. Quand on parle de renforcer la présence des femmes, beaucoup pensent à la question de la prêtrise. Mais je ne connais aucune déclaration du pape François suggèrant qu'il désire des changements à cet égard, comme aussi avant le pape Benoît». Gänswein parle également des trois concepts qui dominent la prédication du pape François la miséricorde, la pauvreté, et le diable. «J'y vois une formation de spiritualité ignatienne classique. Le Pape François est un jésuite en tout. Il fonctionne comme un fils fidèle de saint Ignace de Loyola».

Une chose est claire pour l'archevêque allemand: l'appel à démondanisation de l'Église était le testament spirituel de Benoît, comme on le voit dans le grand discours de Fribourg en 2011 (ndt: il en est question ici: benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/continuite-mondanite-de-leglise.html ).
« Chacun -dit Gänswein - a essayé de l'interpréter en fonction de ses propres intérêts. J'invite cordialement à lire attentivement le discours de Benoît à Fribourg. Nous devons simplement reconnaître que François réalise ce que Benoît a demandé». Et donc, selon le préfet «l'Eglise pauvre ne doit pas être mal comprise. La pauvreté ne signifie pas ici la misère. L'Eglise doit faire de la place pour le beau, le grand, le noble, car ils indiquent Dieu. Le Pape François a un concept spirituel, pas sociologique, de la pauvreté, qui vient de la pauvreté du Christ. Et il a aussi été profondément marqué par ses expériences comme archevêque de Buenos Aires pendant la difficile crise économique en Argentine».

Inévitable, la question sur les choix du Pape François qui pourront conditionner ses successeurs, comme celui de vivre à Sainte Marthe. « Le Pape François - répond Don Georg - ne s'est pas installé dans l'appartement papal, parce qu'il lui semblait trop grand et trop lointain. C'était sa décision personnelle. Sur ce point, je n'ai aucun commentaire. L'appartement papal est plus modeste que les habitations de nombreux curés ou évêques en Allemagne. Mais je pense que d'une certaine façon cette décision aura une incidence sur l'avenir».

Inévitable aussi, une évaluation du pontificat de Benoît XVI: «A un âge avancé, Benoît XVI a reçu la tâche la plus difficile au monde et un héritage pas facile. Il a consacré toute ses forces, ses capacités, ses expériences, toute sa personne au ministère pétrinien. Si l'on pense aux nombreux voyages à l'étranger, aux innombrables rencontres, à son héritage spirituel, l'oeuvre "Jésus de Nazareth", nous devons reconnaître que Benoît s'est dépensé jusqu'au bout. Ce furent huit annnées pas faciles pour le pape Benoît et huit bonnes années pour l'Eglise et les fidèles».