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Pourquoi François ira en Albanie

Le Pape devrait se rendre en Albanie en septembre prochain. Pourquoi cette destination, pour ce premier voyage en Europe? (20/6/2014)

>> Mon ami le Pape

Dialogue interreligieux, "modèle" économique, sollicitude pour les périphéries, entrée dans l'UE, proximité envers l'importante communauté albanaise en Italie et donc discours antiraciste? Sans doute y a-t-il un peu de tout cela.

     

Propos du Pape François à l'issue de la prière d'Angélus du 15 juin (w2.vatican.va):

Je veux annoncer aujourd'hui qu'à l'invitation des évêques et des autorités civiles de l'Albanie, j'ai l'intention d'aller à Tirana, le dimanche 21 Septembre.
Avec ce court voyage, je tiens à confirmer dans la foi l'Eglise en Albanie et témoigner mes encouragements et mon amour pour un pays qui a longtemps souffert en raison des idéologies du passé.

     

«LE PAPE VA DANS LE PAYS LE PLUS MUSULMAN D'EUROPE POUR LE DIALOGUE»
Entretien avec deux catholiques italiens engagés (ndt: adultes?) sur le voyage annoncé de François en Albanie
Giacomo Galeazzi
Vatican Insider
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«François visitera l'état le plus musulman l'Europe pour relancer le dialogue inter-religieux».
Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant'Egidio, et Stefano Ceccanti, ex-président de la FUCI (
Fédération des universitaires catholiques italiens) analysent la visite du pape en Albanie, pays cher à l'Eglise catholique, car ici les croyants ont été persécutés comme dans aucun autre pays, surtout après que le dictateur Enver Hoxha, en 1967, eût proclamé l'Albanie premier État athée au monde.

«Nous ne pouvons pas savoir s'il y a d'autres raisons, au-delà de ce qu'il a dit lors de l'Angélus, pour lesquelles le pape François ira en Albanie le 21 Septembre prochain, accomplissant son premier voyage apostolique en Europe - dit l'historien Marco Impagliazzo, depuis 2003 président de la Communauté de Sant'Egidio et consultant des Dicastères du Vatican des migrants et de la culture. Mais il est certainement significatif que ce premier voyage en Europe n'ait pas pour but un grand pays catholique, mais une terre très périphérique, de peu de poids économique et politique. Encore une fois, donc, un choix de périphérie. Comme Lampedusa et les voyages en Calabre et Molise (cf. fr.radiovaticana.va

Donc, François ne va pas dans les grands centres, mais dans les Galilée du monde global, tandis que dans l'esprit de beaucoup, il serait logique qu'un grand leader comme le pape aille dans les puissants centres de décision du pouvoir, ou dans les lieux des grandes messes nationales. «Il est particulièrement important que l'Albanie soit sociologiquement à majorité musulmane. Les catholiques sont un peu plus de 10%, les chrétiens orthodoxes 20% - dit Impagliazzo. L'Albanie est l'Etat le plus musulman d'Europe, à l'exception du Kosovo, que toutefois le Saint-Siège ne reconnaît pas comme état indépendant. Le voyage pourrait être un moment important pour le dialogue interreligieux».

François n'a jamais été tendre pour le pouvoir de la finance et l'attrait de l'argent.
«Toutefois, le cas de l'Albanie représente surtout pour lui ce qu'il a dit lors de l'Angélus, c'est-à-dire un pays dans lequel tous les croyants ont souffert d'une idéologie qui voulait fermer le ciel aux hommes et fonder leur vie sur le matérialisme - dit le président de la Communauté de Sant'Egidio. Mais surtout, l'Albanie est une terre de nouveaux martyrs. Un grand nombre de chrétiens, à la fois catholiques et orthodoxes, ont souffert pour leur foi. En cette terre s'est manifesté cet œcuménisme des martyrs et du sang, dont François a déjà parlé à plusieurs reprises à la suite de Jean-Paul II. On peut imaginer que le pape rendra hommage à ces martyrs, d'une certaine façon. Il y a encore en Albanie des chrétiens qui ont échappé aux persécutions et ce serait bien si le pape pourrait les rencontrer».

En ce qui concerne la crise financière, les Albanais ne se sentent pas victimes du capitalisme, mais plutôt du communisme, en raison de leur histoire récente.
«En Albanie, il y a peu critique envers le système occidental libéral, le capital financier, l'économie libérale sans règles, certaines politiques économiques en Amérique du Nord, et c'est une réaction à 45 ans de communisme nationaliste et autarcique pur et dur qui a contraint la population à une égalité qui était juste une égalité dans la pauvreté, dans le manque de liberté- dit Impagliazzo.
Toutefois, l'Albanie est un occident très sui generis, et il en tiendra compte: aujourd'hui, les albanais sont près d'un demi-million en Italie. En quelques années, ils se sont rapidement intégrés après les premières approches difficiles. Leur intégration est désormais une réalité après de nombreux discours criés et erronés sur «l'invasion». François peut leur parler quand il veut, à Rome ou en Italie».

Par ailleurs l'Albanie est un pays dont beaucoup ont émigré au cours des vingt dernières années, et François pourrait profiter de sa visite pour relever le vide laissé par au moins un quart de la population qui est allé travailler ailleurs en Europe et soutient aujourd'hui dans une large mesure le pays, avec les envois de fonds.

Selon le constitutionaliste Stefano Ceccanti, ancien président des étudiants catholiques de la FUCI, les principaux aspects du voyage à Tirana sont deux:
«L'aspect religieux représente une sorte de reconnaissance à un pays où les catholiques, les orthodoxes et les musulmans vivent très bien ensemble, et même avec un grand nombre de mariages mixtes. L'aspect politique, par lequel la visite renforce la légitimité du pays comme un état normal qui, justement pour cette raison, peut enfin atteindre le statut de pays candidat à l'adhésion à l'UE».

Selon Ceccanti «avec sa visite en Albanie, plus qu'une troisième voie abstraite entre le communisme et le capitalisme, François indique le chemin d'un modèle renouvelé d'économie sociale de marché, dans lequel la politique, sous forme d'État, ne prétend pas toute-puissance, mais dans le même temps ne se résigne pas à ratifier les inégalités, et bien sûr, ce sera plus facile en se rapprochant de l'UE, puis en s'y intégrant». Du reste, dit Ceccanti, «les banlieues italiennes au cours des dernières années, sont peupléesde nombreux Albanais, y compris bon nombre de nos étudiants de l'univerdité de la Sapienza»

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Note

Nous ne savons donc pas vraiment pourquoi le Pape effectue là-bas son premier voyage dans le continent européen.
On peut y voir (comme je l'ai fait hier, peut-être à tort) l'intention de redimensionner l'Europe.
Ou bien, comme ce lecteur, qui m'écrit:

Au contraire, c'est d'une portée symbolique étonnante ! le pape va en Albanie pour son premier voyage en Europe pour nous montrer vers quoi l'Europe se dirige... si elle ne se réveille pas dans ses racines ...
Il a choisi le pays où l'athéisme fut religion d'état, avec les persécutions que l'on sait, comme le relativisme l'est aujourd'hui pour nous , et il nous montre sans discours comment l'Europe sera au mieux avec un Islam majoritaire.
Il commence par le plus pauvre des états, patrie d'origine d'une des plus grandes saintes du XXeme siècle [note de moi: Mère Teresa, dont il n'est pas question de contester l'oeuvre admirable de charité, mais qui n'a pas cherché à évangéliser les non-croyants, autrement que par son témoignage... ], qui est partie elle encore plus loin aux périphéries de la Charité, là où le Christ se manifeste vraiment...
Il est jésuite le Pape Francois.