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Questions sur la communion eux divorcés remariés

Réflexions de Monique, qui prouvent que la résolution de ce problème qui constituera sans doute LE test du prochain Synode ressemble à la quadrature du cercle... (16/2/2014)

     

Quelques considérations naïves sur la question des divorcés remariés.
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Le questionnaire préalable au synode sur la famille m'a obligée à réfléchir à cette question et je ne prends la liberté d'écrire quelques lignes sur ce sujet que parce que les laïcs ont été consultés. Il va sans dire que je ne possède aucune compétence en la matière, en dehors du simple bon sens, et que je n'ai pas LA solution (laquelle appartient au Pape en dernière instance). Je suis surtout assaillie d'interrogations. Je précise aussi que je ne suis pas concernée directement par le problème et qu'il ne s'agit donc pas d'un exposé pro domo.

On entend souvent dire que si l' Eglise s'inspirait de l'Evangile, elle n'interdirait pas l'accès aux sacrements aux divorcés remariés. Cet argument, destiné à accuser l'Eglise et les Papes de dureté, ne tient pas longtemps quand on constate que c'est Jésus en personne qui considère le remariage après une répudiation comme un adultère (Mat 19, 3-9 / Marc 10, 2-12). Comment peut-on s'approcher de la communion en situation d'adultère, alors même que St Paul a enseigné qu'il était impossible de communier au Corps du Christ, en cas de péché grave, sans repentir préalable? (1 Co 11, 27-29)
Or, un prêtre ne peut accorder l'absolution à un pécheur que si ce dernier se repent sincèrement et exprime sa résolution de ne pas recommencer. Certes les rechutes peuvent survenir mais il faut au moins un désir de conversion au moment de l'absolution. C'est bien la condition qui manque aux divorcés remariés puisque, dans leur immense majorité, ils sont satisfaits de leur deuxième union et ne consentiraient jamais à y mettre fin. Si c'était à recommencer, ils referaient le même choix. Ils ne se repentent donc pas et ne peuvent donc pas recevoir l'absolution. Seule une séparation d'avec le deuxième conjoint pourrait signer la sincérité du repentir.
Mais l'Eglise ne peut pas décemment conseiller à ces personnes de se séparer du nouveau conjoint (ou concubin) - surtout s'il y a des enfants.
Un tel choix, plutôt inhumain, reviendrait à abandonner une famille, soit à AJOUTER un péché à un autre péché. Ces personnes ne pourraient recevoir l'absolution qu'après avoir commis une faute peut-être encore plus grave que la première! C'est absurde!

Comment s'en sortir?
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L'Eglise ne peut en aucun cas revenir sur l'indissolubilité du mariage pour complaire à l'opinion publique "catholique", qui prône l'accès aux sacrements sans restriction et même le remariage à l'Eglise!. Mais l'Eglise est désireuse d'accueillir des fidèles qui se sentent rejetés, (qui, même à l'heure de la mort, ne peuvent ni se confesser ni recevoir le viatique), et dont certains ont beaucoup souffert... et d'autres ont beaucoup fait souffrir.

Quel dispositif imaginer?
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Dans un premier temps on pourrait inviter les volontaires à un parcours pénitentiel de formation d'environ deux ans , avec une catéchèse approfondie sur le mariage et les autres sacrements. Ils seraient invités à participer à la messe chaque dimanche (sans communier évidemment).

Au terme de ce parcours, ne pourrait-on pas faire signer solennellement à ces personnes, devant l'évêque, une déclaration selon laquelle elles reconnaîtraient pleinement le caractère sacré du mariage et son indissolubilité mais qu'humblement, soit par la faute de leur premier conjoint, soit par leur faute, soit par la faute des deux, elles n'ont pas tenu leurs engagements. Il ne s'agirait pas d'une absolution sacramentelle mais d'une démarche de pénitence et d'humilité destinée à ce que les intéressés reconnaissent que ce sont eux qui sont en faute et non l'Eglise. En effet, quand on lit ou entend les témoignages de nombreux divorcés remariés, on perçoit souvent un esprit de revendication et même un esprit revanchard contre l'Eglise, très éloignés des dispositions d'un véritable pénitent. Ils revendiquent parfois un DROIT au Corps du Christ, comme s'il s'agissait d'un bien de consommation et non d'un DON de Dieu. Des dispositions aussi viciées ne sont guère propices à la "réconciliation" avec l'Eglise.

Ici ou là, on a parlé de traiter ces situations au cas par cas (des prélats l'ont dit). Dans la majorité des cas, le tissu des responsabilités des conjoints est inextricable et il serait aventureux pour l' Eglise de vouloir se prononcer sur la culpabilité de chacun et de moduler en fonction des résultats de l'enquête (d'ailleurs, qui la ferait?) l'accès aux sacrements comme s'il s'agissait d'une récompense.
Pourquoi refuser la réconciliation à ceux qui ont gravement failli pendant leur premier mariage mais qui se repentent? Dieu pardonne les fautes les plus graves. De grands pécheurs se convertissent. De plus, où situer la limite entre les admis et les recalés? Que d'injustices et de disparités prévisibles d'un endroit à l'autre! C'est pourquoi il serait préférable de s'en tenir à une déclaration d'ordre général n'accusant pas un conjoint plus que l'autre.

La dernière étape est excessivement problématique. Les pénitents pourraient-ils finalement accéder au sacrement de pénitence (auprès de l'évêque pour ne pas banaliser la démarche)?
Il n'est peut-être pas insurmontable de leur permettre de confesser tous les péchés (dont ils sont conscients) ayant conduit à l'échec de leur mariage sacramentel et tous les autres péchés sans rapport avec leur situation matrimoniale.

Nous venons de dire qu'ils ne peuvent pas, en principe, confesser la faute de leur remariage puisqu'ils ne la regrettent pas. Et ils ne peuvent mettre fin à cette "situation irrégulière" sans commettre un autre péché: l'abandon d'une famille, avec un traumatisme profond pour les enfants! Dans une situation sans issue comme celle-là, on ne peut s'empêcher de penser qu'il ne peut pas y avoir de pécheur totalement abandonné par l'Eglise. Si un homme tombe au fond d'un puits, le Christ vivant dans l' Eglise, ne peut se résigner à l'y laisser, s'il appelle au secours avec un coeur humble.

C'est alors que je pose une question bizarre qu'en principe je n'ai même pas le droit de poser. Je ne sais même pas si cela est concevable sur le plan théologique.
Dans ce cas particulier uniquement, l'Eglise pourrait-elle accorder une ABSOLUTION SANS REPENTIR? Je sais que c'est choquant et qu'on n'a jamais rien vu de tel!
Le repentir étant consubstantiel au sacrement de pénitence, seul le Pape (et ceux à qui il donnerait délégation) pourrait accorder au pénitent cette issue miséricordieuse.
A la suite de cette absolution, les personnes pourraient avoir accès à tous les sacrements.
Monique T.