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Benoît XVI s'adresse aux fiancés (2)

Lors de la journée mondiale des familles croates, le 5 juin 2011 à Zagreb. Et lors de la rencontre mondiale des familles à Rome en juin 2012 (14/2/2014)

>>> Benoît XVI s'adresse aux fiancés (message pour la JMJ 2007)
>>> Brûler les étapes, c'est brûler l'amour (Ancône, 11 septembre 2011)

     

Aujourd'hui, Saint-Valentin, 20000 fiancés du monde entier sont attendus au Vatican pour rencontrer François.
Je viens d'entendre sur une radio de propagande un reportage à Rome. La délégation française sera paraît-il la plus importante (environ 300) après les italiens, bien sûr.
La "reporteuse" a évidemment tendu son micro à un couple qui, entre gloussements et soupirs a admis être gêné par l'obligation de faire lit à part... mais bon, c'est juste pour un week-end, on s'en remettra. Le garçon a dit qu'il aimait beaucoup "ce pape-là", pour son ouverture et sa miséricorde. Le christianisme sans peine, en somme.
Comme les deux articles précédents l'ont déjà documenté, Benoît XVI s'est lui aussi à plusieurs reprises adressé aux fiancés, de façon plus discrète, mais aussi, bien sûr très exigente. Pas digne en tout cas de faire les manchettes, sinon pour gloser sur son rigorisme, et l'absence d'écho que ses propos rencontrent auprès des jeunes générations totalement allergiques à une morale sexuelle surannée.

Après Ancône, et la JMJ 2007, voici ses messages en Croatie, et à Milan:

     

Les 4 et 5 juin 2011, Benoît XVI était en Croatie à l'occasion de la Journée nationale des familles catholiques croates (cf. benoit-et-moi.fr/2011-II/).
Monique m'envoie cet extrait de l'homélie du 5 juin, à Zagreb (http://www.vatican.va).

Zagreb, 5 juin 2011
Aujourd’hui, grâce à Dieu, de nombreuses familles chrétiennes acquièrent toujours plus la conscience de leur vocation missionnaire et s’engagent sérieusement dans le témoignage au Christ Seigneur.
Le bienheureux Jean-Paul II a dit : « A notre époque, les familles qui collaborent activement à l’évangélisation sont de plus en plus nombreuses… Dans l’Église a mûri l’heure de la famille, qui est également l’heure de la famille missionnaire » (Angelus, 21 octobre 2001).
Dans la société d’aujourd’hui, la présence des familles chrétiennes exemplaires est plus que jamais nécessaire et urgente. Malheureusement, nous devons constater, spécialement en Europe, que se répand une sécularisation qui porte à la marginalisation de Dieu dans la vie et à une croissante désagrégation de la famille. On absolutise une liberté sans engagement pour la vérité, et on entretient comme idéal le bien-être individuel à travers la consommation des biens matériels et des expériences éphémères, négligeant la qualité des relations avec les personnes et les valeurs humaines plus profondes ; on réduit l’amour à une émotion sentimentale et à une satisfaction de pulsions instinctives, sans s’engager à construire des liens durables d’appartenance réciproque et sans ouverture à la vie.
Nous sommes appelés à contester une telle mentalité ! Auprès de la parole de l’Église, le témoignage et l’engagement des familles sont très importants, votre témoignage concret, surtout pour affirmer l’intangibilité de la vie humaine de la conception à sa fin naturelle, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives qui soutiennent les familles dans la tâche d’engendrer et d’éduquer les enfants.
Chères familles, soyez courageuses ! Ne cédez pas à la mentalité sécularisée qui propose la cohabitation comme préparatoire, ou même substitutive au mariage ! Montrez par votre témoignage de vie qu’il est possible d’aimer, comme le Christ, sans réserve, qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager pour une autre personne !
Chères familles, réjouissez-vous de la paternité et de la maternité ! L’ouverture à la vie est signe d’ouverture à l’avenir, de confiance dans l’avenir, de même que le respect de la morale naturelle libère la personne au lieu de l’humilier ! Le bien de la famille est aussi le bien de l’Église. Je voudrais rappeler tout ce que j’ai affirmé dans le passé : «L’édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l’Église, qui la soutient et la conduit avec elle… Et, réciproquement, l’Église est édifiée par les familles, 'petites Églises domestiques' » (Discours d’ouverture du Congrès ecclésial diocésain de Rome, 6 juin Insegnamenti di Benedetto XVI, I, 2005, p. 205). Prions le Seigneur pour que les familles soient toujours plus de petites Églises et que les communautés ecclésiales soient toujours plus une famille !

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Nous avons parlé à plusieurs reprises dans ces pages de la mémorable "fête des témoignages" dans le parc de Bresso, le 2 juin 2012, à l'occasion de la rencontre mondiale des familles.
Voici la réponse de Benoît XVI à la seconde question, celle d'un couple de fiancés venant de Madagascar, qui lui demandait:
Mais parlant du mariage, Sainteté, il y a une parole qui plus que toute autre nous attire et en même temps nous fait peur : le « pour toujours »…

Milan, 2 juin 2012
Chers amis, merci pour ce témoignage. Ma prière vous accompagne sur ce chemin des fiançailles et j’espère que vous pourrez créer, avec les valeurs de l’Évangile, une famille « pour toujours ».
Vous avez indiqué divers types de mariage : nous connaissons le « mariage coutumier » de l’Afrique et le mariage occidental.
En Europe aussi, pour dire la vérité, jusqu’au dix-neuvième siècle, il y avait un autre modèle de mariage dominant, comme maintenant : souvent le mariage était en réalité un contrat entre clans, où on cherchait à conserver le clan, à ouvrir l’avenir, à défendre les propriétés et cetera. On cherchait l’un pour l’autre de la part du clan, espérant qu’ils soient adaptés l’un à l’autre. C’était ainsi en partie aussi dans nos pays. Je me souviens que dans un petit village, où je suis allé à l’école, c’était encore en grande partie ainsi.
Mais ensuite, depuis le dix-neuvième siècle, suit l’émancipation de l’individu, la liberté de la personne, et le mariage n’est plus basé sur la volonté des autres, mais sur le choix personnel ; le fait d’être amoureux précède, puis ce sont les fiançailles et ensuite le mariage. Dans ce temps-là tous étaient convaincus que c’était l’unique modèle juste et que l’amour en soi garantissait le « toujours », parce que l’amour est absolu, il veut tout et donc aussi la totalité du temps : il est « pour toujours ».
Malheureusement, la réalité n’était pas ainsi : on voit qu’être amoureux c’est beau, mais que ce n’est pas toujours perpétuel, comme est le sentiment : il ne demeure pas pour toujours.
Donc, on voit que le passage du fait d’être amoureux aux fiançailles et ensuite au mariage exige diverses décisions, expériences intérieures. Comme je l’ai dit, ce sentiment de l’amour est beau, mais il doit être purifié, il doit prendre un chemin de discernement, c’est-à-dire que la raison et la volonté doivent aussi intervenir ; raison, sentiment et volonté doivent s’unir.
Dans le Rite du Mariage, l'Église ne dit pas « Es-tu amoureux ? » mais « Veux-tu », « Es-tu décidé ». C’est-à-dire : le fait d’être amoureux doit devenir un véritable amour impliquant la volonté et la raison sur un chemin, qui est celui des fiançailles, de purification, de plus grande profondeur, si bien que réellement tout l’homme, avec toutes ses capacités, avec le discernement de la raison, la force de la volonté, dit : « Oui, celle-ci est ma vie ».
Je pense souvent aux noces de Cana. Le premier vin est très beau : c’est le fait d’être amoureux. Mais il ne dure pas jusqu’à la fin : un second vin doit venir, c’est-à-dire doit fermenter et grandir, mûrir. Un amour définitif qui devienne réellement « second vin » est plus beau, meilleur que le premier vin. Et ceci nous devons le chercher. Et ici il est important que le moi ne soit pas isolé, le moi et le toi, mais que soient aussi impliqués la communauté de la paroisse, l’Église, les amis. Ceci, toute la juste personnalisation, la communion de vie avec les autres, avec les familles qui s’appuient l’une sur l’autre, est très important et seulement ainsi, dans cette implication de la communauté, des amis, de l’Église, de la foi, de Dieu lui-même, grandit un vin qui est pour toujours. Avec tous mes vœux !

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