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Ce moine nommé Benoît

Sur la retraite du Pape émérite, une très belle réflexion d'un diacre, sur le site www. catholic.org (2/2/2014)

Beaucoup d'observateurs, plus ou moins bienveillants, ont perçu, à différents moments de son Pontificat, que Benoît XVI était dans l'âme un moine. Quelqu'un qui est fait, en profondeur, pour la méditation, la prière, le silence (ce qui permettait parfois d'affirmer qu'il n'était pas fait pour ce monde, encore moins pour le Pontificat, ce qui est faux). Un chartreux, a-t-on dit, se référant à la stupéfiante homélie prononcée le 9 octobre 2010 à la Chartreuse de Serra San Bruno, que j'ai évoquée à de multiples reprises - encore tout récemment ici: Le silence de Jésus .
Comment ne pas penser aussi au discours prononcé au Collège des Bernardins, le 12 septembre 2008, où il enracinait dans le monachisme la culture occidentale?

Merci à Teresa, grâce à qui j'ai trouvé cette réflexion d'un diacre, sur le site www.catholic.org, sur la vie monastique dans laquelle le Pape Emérite a décidé de se retirer (mettons que le péan à François, incontournable, le rend également inattaquable...).

     

Le moine nommé Benoît dans le cloître du Vatican et le besoin d'un renouveau monastique
La vie et la spiritualité monastique, c'est le travail immergé dans la prière.
Ce moine nommé Benoît est toujours à pied d'oeuvre.
Keith Fournier
25/01/2014
http://www.catholic.org/international
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Heureusement, le nombre d'articles superficiels qui cherchent à opposer Benoît et François ont fini par s'espacer (ndt: malheureusement, ce n'est pas vrai, voir le très récent épisode Rolling Stone, et les perpétuelles comparaisons de chiffres). La plupart des gens sincères se rendent compte quel don ils sont tous deux pour l'Eglise. Quiconque me lit sait à quel point j'apprécie notre Saint-Père François, ainsi que ma conviction qu'il est un don de l'Esprit Saint, en un moment lourd dans l'histoire de l'Église.
Pourtant, je dois l'avouer, mon cœur est souvent tiré en arrière vers le pape émérite Benoît XVI. Il me manque. Il était, il est un homme si humble et si saint. Maintenant, il est un moine. Je crois que la vie monastique qu'il a désormais choisie, non seulement poursuivra son chemin vers la sainteté, mais renforcera l'Eglise toute entière et s'ajoutera au trésor théologique de l'Église.
Les moines sont eux-mêmes un trésor pour l'Église. Peu importe combien d'étude théologique formelle ils ont faite, c'est la profondeur de leur prière qui fait d'eux les meilleurs des théologiens. Il en est ainsi avec Sa Sainteté le Pape émérite Benoît XVI. Évagre le Pontique a écrit «un théologien est celui qui prie et celui qui prie est un théologien».

Hors du réservoir de la grâce, les moines/théologiens aident les fidèles dans leur poursuite de l'aspiration de chaque cœur humain - la communion et l'intimité avec Dieu qui s'est révélé dans le visage de Jésus Christ. Ce qui est nécessaire c'est de Le rencontrer, contempler la beauté et être transformé par la rencontre.

Sa Sainteté le Pape émérite Benoît XVI fait cela tous les jours. Sa prière d'intercession assiste l'Eglise d'une manière que nous ne comprendrons que dans la beauté et la lumière de l'éternité.
Mon cœur me dit que sa contemplation cachée donnera naissance à des écrits futurs, même si c'est après qu'il ait pénètrée dans la plénitude de la communion d'amour.
Je crois que son travail est loin d'être terminé. En fait, il est possible que le travail qu'il accomplit en ce moment ait des effets que nous ne pouvons tout simplement même pas encore comprendre.
La vie et la spiritualité monastiques, c'est le travail immergé dans la prière. Le moine nommé Benoît est toujours à pied d'œuvre.

Les moines sont mystiquement impliqués dans l'œuvre rédemptrice constante de Jésus-Christ, dans et par Son Église. Ils suivent une règle, un mode de vie. Dans leur travail, ou dans la prière, ils lèvent le voile sur le mystère le plus profond et nous rappellent que toute travail effectué dans le Seigneur participe à son oeuvre de rachat et est un moyen de sanctification.

Trop souvent, les gens croient à tort que les moines se retirent du monde à cause de la corruption. En fait, le moine se retire de ce monde afin de transformer ce monde par son témoignage prophétique et la puissance de sa prière. Le moine consacré est une partie essentielle du plan du Seigneur pour l'Eglise et pour le monde dans lequel elle est envoyée.

Je crois que le brillant théologien et moine nommé Benoît, de ce cloître dans les murs du Vatican, continue à écrire par la profondeur de sa prière et de sa contemplation. Je me risquerais à proposer que son meilleur écrit est peut-être encore à venir. C'est son œuvre inachevée. J'espère que son choix de la vie monastique deviendra une graine qui donnera lieu à un renouveau monastique dans le troisième millénaire chrétien du christianisme.

Les moines et le renouveau monastique semblent toujours apparaître dans l'histoire de l'Église dans des temps-charnières entre la réforme interne de l'Église et la mission externe. Nous sommes dans un moment de ce type, en ce troisième millénaire du christianisme. Nous avons besoin d'un renouveau monastique. Il n'y a rien de plus puissant que la prière, et la prière monastique est l'une des sources les plus puissantes de la grâce spirituelle.

Le monachisme au premier millénaire nous a donné la fontaine de la sagesse théologique qui inspire encore l'Eglise. Ainsi, ceux qui sont allés dans le désert sont devenus les grands Professeurs, les Pères, les confesseurs et les prophètes. Leur prière et leur témoignage ont gardé l'Eglise dans l'étreinte divine afin qu'elle puisse poursuivre efficacement la mission rédemptrice du Seigneur.

Dans le deuxième millénaire, leur travail et leur témoignage ont continué. Malheureusement, l'Eglise a été déchirée en deux avec le premier schisme, Orient et Occident. En Orient, les moines ont continué à être une ressource, pour cette théologie qui apportait le ciel à la terre et la terre au ciel. De leurs rangs, les grands Évêques de l'Église ont été choisis et l'Église a été constamment renouvelée.
En Occident, les grands monastères d'Europe sont devenu le cœur battant de l'émergence de la chrétienté. L'extraordinaire intellect exposé dans la tradition théologique émergente née dans les monastères a permis à l'Eglise d'affronter d'immenses défis, de les accueillir sans crainte, de lutter pour la foi et d'offrir les affirmations de la Vérité incarnée.
A présent, Sa Sainteté le Pape émérite Benoît XVI nous donne un témoignage prophétique de la vie monastique, en plein Vatican, dans ce troisième millénaire chrétien. Son enseignement sur les moines au cours de son pontificat nous donne un aperçu de la façon dont il voit la vocation qu'il a choisie. Par exemple, dans un discours prononcé en 2007 (ndt: à Heiligenkreuz, lors de son pélerinage en Autriche), il a parlé de la vie monastique comme un don pour toute l'Église.
Il a dit à un groupe de moines en Autriche (ici):
«Tout comme une liturgie qui oublie de regarder vers Dieu vit, en tant que telle, ses derniers moments, de même, une théologie qui ne respire plus dans l'espace de la foi, cesse d'être théologie; elle finit par se réduire à une série de disciplines plus ou moins reliées entre elles. Là où l'on pratique en revanche une "théologie à genoux", comme le demandait Hans Urs von Balthasar, elle sera féconde pour l'Eglise...».

Le moine nommé Benoît XVI exerce son don de théologie à genoux. Quelle intéressante tournure de l'histoire de l'Église que le Pape soit devenu un moine! Nous avons vu beaucoup de précédents de moines devenus papes. Peut-être n'avons nous pas encore reçu les plus grands dons théologiques du Pape extraordinaire qui a choisi de devenir moine.

Les moines sont une graine de grand renouveau de l'Église catholique. Ce n'est pas un hasard si le dernier Pape a pris le nom de Benoît quand il a dit oui à l'invitation à servir comme successeur de Pierre. Il venait de rentrer d'un séjour à Subiaco, la grotte où saint Benoît a passé trois ans dans la prière.
Dans une audience générale du 29 Avril 2008, il a qualifié saint Benoît de Patron de son pontificat. C'est pourquoi je suis convaincu que ce n'est pas par hasard s'il a demandé à garder le nom de Benoît quand il a volontairement quitté son service sur la Chaire de Pierre. Il vit une vocation monastique en plein cœur du Vatican. Combien adaptée. Combien prophétique. Tellement belle.

Au cours de ses années de service sur la Chaire de Pierre, le pape émérite Benoît a régulièrement parlé des moines et de leur contribution essentielle à l'Eglise. Dans ce discours prononcé en 2007, il se concentrait sur la vie monastique comme un don nécessaire pour toute l'Eglise. A présent, il est une partie du don.

Comme un «revert» vers l'Eglise, quelqu'un qui est revenu après avoir erré au loin alors qu'il était un très jeune homme, j'ai passé 21 mois dans un monastère bénédictin peu après être rentré à la maison. Là, j'ai commencé ce qui est devenu un parcours d'une vie de prière et j'ai retrouvé ma faim constante pour la théologie à genoux.
J'ai aussi commencé ce qui est devenu une étude permanente des premiers Pères de l'Église. J'ai appris auprès d'un moine merveilleux, durant ces années. Il fut le premier de plusieurs moines qui ont marqué ma vie avec leur don de sainte présence, rendant le Christ tellement palpable par leur vie intérieure - celle qui déborde dans une humanité véritablement transfigurée.
De mes rencontres avec les moines, vivant immergés dans leur unique et vitale vocation, j'ai appris que peu importe la quantité d'études théologiques formelles qu'ils ont faites, c'est la profondeur de leur prière qui fait d'eux les meilleurs des théologiens. Il devrait en être de même avec tous les théologiens - on ne peut pas donner ce qu'on n'a pas.

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Les Moines sont des graines prophétiques du Royaume. Ils ont toujours été là quand nous en avions le plus besoin. Nous en avons besoin de beaucoup, beaucoup plus. Nous avons besoin d'un renouveau monastique. Seigneur, envoie-nous des moines pour le renouveau et la réforme de ton Église.
Merci pour le moine nommé Benoît qui est désormais cloîtré à l'intérieur du Vatican et garde l'Eglise avec sa prière.