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Heureux les artisans de paix

Un exemple de manipulation médiatique, autour du dernier message de Benoît XVI pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2013 (12/6/2014)

Le 14 décembre 2012 la Salle de presse du Saint-Siège rendait public le dernier message de Benoît XVI pour la journée mondiale de la Paix, daté du 1er janvier 2013.
Le titre était HEUREUX LES ARTISANS DE PAIX, s'inspirant de la béatitude évangélique: « Heureux les artisans de paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9).


Comme d'habitude avec Benoît XVI, le texte (de 7 pages!) était si riche qu'il était impossible de le résumer en quelques lignes, au point que le directeur de l'OR, Gian Maria Vian, cette fois bien inspiré, avait parlé dans son éditorial de "petite encyclique" (voir http://www.news.va/fr/news/comme-une-petite-encyclique).

Les anti-libéraux, anti-ultralibéraux et écologistes furieux y avaient trouvé un manifeste en faveur de leurs thèses. C'est vrai qu'un paragraphe important était consacré au thème "CONSTRUIRE LE BIEN DE LA PAIX PAR UN NOUVEAU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT ET D’ÉCONOMIE".

Quant aux médias généralistes, désireux de profiter de l'occasion pour discréditer l'Eglise, et spécialement CE pape, ils avaient usé de leur technique habituelle dans ce genre de circonstances. Elle se résume en deux mots: détournement, manipulation.
Je vais essayer de me mettre dans leur tête: puisqu'on ne peut pas le résumer en quelques lignes - d'autant plus qu'on n'a nulle envie de lire un texte long et barbant auquel on ne comprend pas grand chose - on va juste faire un titre, et en "développement" (!!), un amalgame. Avec la fonction recherche du traitement de texte, rien de plus simple: on va chercher les mots-clés sur les thèmes qui nous intéressent (tous ceux contenant la syllabe "sex", plus "avortement", "mariage" - sous-entendu gay, et un ou deux autres... dont on ne trouve pas trace ici!), et le tour est joué.

Cette fois, la presse italienne avait trouvé ce qu'elle voulait (j'imagine qu'en France, Libé ou le Monde ont pu écrire à peu près la même chose). Cela donnait ce titre surréaliste sur le journal gauchiste "Il Fatto quotidiano", relai très actif des Vatileaks et employeur de Marco Politi:

LE PAPE RENCONTRE LA PROMOTRICE DE LA PEINE DE MORT POUR LES GAYS

Et, en sous titre:

BENOÎT XVI: NOCES GAYS, UNE OFFENSE.
Ratzinger attaque les unions entre homosexuels: "Une blessure à la personne humaine et à la paix". L'intervention, le lendemain du jour où il a reçu Rebecca Kadaga, présidente du parlement d'Ouganda, qui a proposé la peine de mort pour les gays.

Le texte du message papal est ici: www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/messages/peace/documents/hf_ben-xvi_mes_20121208_xlvi-world-day-peace_fr.html

En le lisant en entier, on est stupéfait par le décalage entre sa hauteur spirituelle, et son traitement par les médias!!!
C'est une nouvelle illustration de ce que disait récemment Mgr Gänswein (Benoît XVI raconté par Georg Gänswein ):

«Pour moi, au début, c'était toujours surprenant de lire sur un même discours, sur un même geste, sur le même fait, deux, trois, quatre, cinq, six journaux. Et je me disais: mais ils parlent de la même chose? »


Voici les passages (aujourd'hui, avec le recul, je les trouve encore plus courageux!) qui avaient provoqué cette fureur médiatique (surtout le §4!!). On observera que le mariage "gay" n'est pas cité, même si l'allusion est transparente. Comme l'est celle aux "principes" (ou "valeurs") non négociables, désormais pudiquement recouverts du voile de l'oubli, par la volonté-même du Pape. Et c'est leur non-respect qui "constitue une offense faite à la vérité de la personne humaine, une grave blessure infligée à la justice et à la paix" (ils n'ont même pas été fichus de reproduire correctement ce bref paragraphe!!):

     

LA BÉATITUDE ÉVANGÉLIQUE
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2.
(...) Le démantèlement de la dictature du relativisme et de l’adoption d’une morale totalement autonome qui interdit la reconnaissance de l’incontournable loi morale naturelle inscrite par Dieu dans la conscience de chaque homme est une condition nécessaire de la paix.
La paix est construction d’un vivre-ensemble en termes rationnels et moraux, s’appuyant sur un fondement dont la mesure n’est pas créée par l’homme mais par Dieu même. « Le Seigneur donne la puissance à son peuple, le Seigneur bénit son peuple dans la paix », rappelle le Psaume 29 (v.11).

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LES ARTISANS DE PAIX SONT CEUX QUI AIMENT, DÉFENDENT ET PROMEUVENT LA VIE DANS SON INTÉGRALITÉ
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4. Le chemin de réalisation du bien commun et de la paix est avant tout le respect pour la vie humaine, considérée dans la variété de ses aspects, à commencer par sa conception, dans son développement, et jusqu’à son terme naturel. Les vrais artisans de paix sont alors ceux qui aiment, défendent et promeuvent la vie humaine en toutes ses dimensions : personnelle, communautaire et transcendante. La vie en plénitude est le sommet de la paix. Qui veut la paix ne peut tolérer des atteintes ou des crimes contre la vie.

Ceux qui n’apprécient pas suffisamment la valeur de la vie humaine et, par conséquent, soutiennent la libéralisation de l’avortement par exemple, ne se rendent peut-être pas compte que de cette façon ils proposent la recherche d’une paix illusoire. La fuite des responsabilités qui avilit la personne humaine et, encore davantage, le meurtre d’un être sans défense et innocent, ne pourront jamais produire ni bonheur ni paix. Comment peut-on penser en effet construire la paix, le développement intégral des peuples ou la sauvegarde même de l’environnement sans que soit défendu le droit des plus faibles à la vie, à commencer par les enfants à naître ? Toute atteinte à la vie, en particulier à son origine, provoque inévitablement des dégâts irréparables pour le développement, pour la paix, pour l’environnement. Il n’est pas juste non plus de codifier de manière sournoise de faux droits ou des abus qui, fondés sur une vision réductrice et relativiste de l’être humain et sur l’utilisation habile d’expressions ambiguës destinées à favoriser un prétendu droit à l’avortement et à l’euthanasie, menacent le droit fondamental à la vie.

La structure naturelle du mariage doit être aussi reconnue et promue, c’est-à-dire l’union entre un homme et une femme, face aux tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes radicalement différentes d’union qui, en réalité, la dénaturent et contribuent à la déstabiliser, éclipsant son caractère particulier et son rôle social irremplaçable.

Ces principes ne sont pas des vérités de foi ; ils ne sont pas non plus seulement une conséquence du droit à la liberté religieuse. Ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même, identifiables par la raison, et donc communs à toute l’humanité. L’action de l’Église en faveur de leur promotion ne revêt donc pas un caractère confessionnel mais s’adresse à toutes les personnes, quelle que soit leur appartenance religieuse. Cette action est d’autant plus nécessaire que ces principes sont niés ou mal compris, car cela constitue une offense faite à la vérité de la personne humaine, une grave blessure infligée à la justice et à la paix.

C’est pourquoi la reconnaissance par les ordonnancements juridiques et par l’administration de la justice du droit à l’usage du principe d’objection de conscience face à des lois et à des mesures gouvernementales portant atteintes à la dignité humaine, comme l’avortement et l’euthanasie, est aussi une importante contribution à la paix.

Parmi les droits fondamentaux, concernant aussi la vie pacifique des peuples, il y a également celui des particuliers et des communautés à la liberté religieuse. En ce moment de l’histoire, il devient de plus en plus important qu’un tel droit soit promu non seulement du point de vue négatif, comme liberté face à – par exemple des obligations ou des restrictions relatives à la liberté de choisir sa propre religion –, mais aussi du point de vue positif, en ses différentes articulations, comme liberté de : par exemple de témoigner de sa propre religion, d’annoncer et de communiquer ses enseignements ; d’accomplir des activités éducatives, de bienfaisance et d’assistance qui permettent d’appliquer les préceptes religieux ; d’exister et d’agir en tant qu’organismes sociaux, structurés selon les principes doctrinaux et les fins institutionnelles qui leur sont propres. Malheureusement, même dans les pays de vieille tradition chrétienne, se multiplient les épisodes d’intolérance religieuse, en particulier contre le christianisme et contre ceux qui revêtent simplement les signes distinctifs de leur propre religion.

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ÉDUCATION POUR UNE CULTURE DE PAIX : LE RÔLE DE LA FAMILLE ET DES INSTITUTIONS
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6. Je désire rappeler avec force que les nombreux artisans de paix sont appelés à cultiver la passion pour le bien commun de la famille et pour la justice sociale, ainsi que l’engagement en faveur d’une éducation sociale valable.

Personne ne peut ignorer ou sous-évaluer le rôle décisif de la famille, cellule de base de la société du point de vue démographique, éthique, pédagogique, économique et politique. Elle a une vocation naturelle à promouvoir la vie : elle accompagne les personnes dans leur croissance et les incite au développement mutuel par l’entraide réciproque. La famille chrétienne, tout particulièrement, porte en elle le projet embryonnaire de l’éducation des personnes à la mesure de l’amour divin. La famille est un des sujets sociaux indispensables à la réalisation d’une culture de la paix. Il faut protéger le droit des parents et leur rôle premier dans l’éducation des enfants, tout d’abord dans le domaine moral et religieux. Dans la famille, naissent et grandissent les artisans de paix, les futurs promoteurs d’une culture de la vie et de l’amour.

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