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Le dialogue de Jésus et la Samaritaine

Trois textes de Benoît XVI du même jour, le 24 février 2008, sont consacrés à cette page de l'évangile de Jean dont "il est impossible de rendre dans une brève explication la richesse: il faut la lire et la méditer personnellement..." (27/3/2014)

Illustrations: http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus_et_la_Samaritaine

Le 24 février 2008, troisième dimanche de Carême, Benoît XVI effectuait l'une de ses visites pastorales dans une parroisse romaine, ici celle de Santa Maria Liberatrice.
Après la messe, il adressait un discours a braccio au conseil paroissial, reprenant un passage de l'homélie qu'il venait de prononcer, où il commentait sur un registre plus familier l'évangile du jour (Jn 4, 5-42 ), le célèbre récit de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine (cf. Annexe)
Raffa a mis en ligne sur son site le reportage video.
Un peu plus tard, de retour dans son appartement pour l'Angelus dominical, il revenait sur le récit de l'évangile de Jean.

     
Extrait de l'homélie

Le symbolisme de l'eau revient avec une grande éloquence dans la célèbre page évangélique qui raconte la rencontre de Jésus avec la samaritaine à Sicar, près du puits de Jacob.
Nous saisissons immédiatement un lien entre le puits construit par le grand patriarche d'Israël pour assurer l'eau à sa famille et l'histoire du salut dans laquelle Dieu donne à l'humanité l'eau qui jaillit pour la vie éternelle.
S'il existe une soif physique indispensable pour vivre sur cette terre, existe également chez l'homme une soif spirituelle que seul Dieu peut combler. Cela transparaît clairement du dialogue entre Jésus et la femme venue puiser de l'eau au puits de Jacob.
Tout commence par la question de Jésus: "Donne-moi à boire" (cf. Jn 4, 5-7). Cela semble à première vue la requête d'un peu d'eau, sous le soleil de midi. En réalité, avec cette question, qui s'adresse qui plus est à une femme samaritaine - les relations entre les juifs et les samaritains n'étaient pas bonnes - Jésus ouvre chez son interlocutrice un chemin intérieur qui fait apparaître en elle le désir de quelque chose de plus profond.
Saint Augustin commente: "Celui qui demandait à boire, avait soif de la foi de cette femme" (In Io ev. Tract. XV, 11: PL 35, 1514). En effet, à un certain point, c'est la femme elle-même qui demande de l'eau à Jésus (cf. Jn 4, 15), manifestant ainsi que dans chaque personne il y a un besoin inné de Dieu et du salut que Lui seul peut combler. Une soif d'infini qui ne peut être étanchée que par l'eau que Jésus offre, l'eau vive de l'Esprit.
Dans quelques instants, nous écouterons ces paroles dans la préface: Jésus "demanda à la femme de Samarie de l'eau à boire, pour lui faire le grand don de la foi, et de cette foi il eut une soif si ardente qu'il alluma en elle la flamme de l'amour de Dieu".

(http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2008/documents/hf_ben-xvi_hom_20080224_sm-liberatrice_fr.html )

Discours au conseil paroissial

Je suis très content de me trouver aujourd'hui parmi vous. Malheureusement je ne parle pas le "romanesco", mais en tant que catholiques nous sommes tous un peu romains et nous portons Rome dans notre cœur, nous comprenons donc un peu le dialecte romain. Cela a été très agréable pour moi d'être salué dans votre dialecte, car l'on comprend qu'il s'agit de paroles qui viennent du cœur. Il est également beau et encourageant de voir ici représentées, à travers vous, les nombreuses activités qui se déroulent dans cette paroisse, les nombreuses réalités qui y existent: prêtres, sœurs de diverses congrégations, catéchistes, laïcs qui collaborent de différentes manières avec la paroisse. Et je vois également saint Jean Bosco vivant parmi vous qui poursuivez son œuvre, et je vois également que la Vierge libératrice, celle qui rend libres, invite à ouvrir les portes au Christ et à donner aussi la véritable liberté aux autres. Cela signifie créer l'Eglise, créer également la présence du Royaume du Christ parmi nous. Merci pour tout cela.

Aujourd'hui nous avons lu un passage de l'Evangile très actuel. La femme samaritaine dont il parle peut apparaître comme une représentante de l'homme moderne, de la vie moderne. Elle a eu cinq maris et vit avec un autre homme. Elle faisait un large usage de sa liberté, mais cependant elle ne devenait pas plus libre, elle devenait même plus vide. Mais nous voyons aussi que cette femme avait le vif désir de trouver le véritable bonheur, la véritable joie. C'est pourquoi elle était toujours inquiète et s'éloignait toujours plus du véritable bonheur.

Mais cette femme, qui vivait une vie apparemment si superficielle, également éloignée de Dieu, au moment où le Christ lui parle, révèle qu'au plus profond de son cœur elle conservait cette question sur Dieu: qui est Dieu? Où pouvons-nous le trouver? Comment pouvons-nous l'adorer? Dans cette femme, nous pouvons voir tout le reflet de notre vie d'aujourd'hui, avec tous les problèmes qui la concernent; mais nous voyons également que dans la profondeur du cœur se trouve toujours la question de Dieu et l'attente qu'Il se montre d'une autre façon.

Notre activité est réellement l'attente; nous répondons à l'attente de ceux qui attendent la lumière du Seigneur, et en donnant la réponse à cette attente nous aussi nous grandissons dans la foi et pouvons comprendre que cette foi est l'eau qui étanchera notre soif.

C'est en ce sens que je veux vous encourager à aller de l'avant dans votre engagement pastoral et missionnaire, avec votre dynamisme pour aider les personnes d'aujourd'hui à trouver la véritable liberté et la véritable joie. Tous, comme cette femme de l'Evangile, sont en marche pour être totalement libres, pour trouver la pleine liberté et pour trouver en elle la joie totale; mais ils se retrouvent souvent sur la mauvaise route. Puissent-ils, grâce à la lumière du Seigneur et à notre coopération avec le Seigneur, découvrir que la véritable liberté vient de la rencontre avec la Vérité qui est l'amour et la joie.

Aujourd'hui, deux phrases m'ont particulièrement touché. La première est celle de votre curé: "Nous avons plus d'avenir que de passé". C'est la vérité de notre Eglise, elle a toujours plus d'avenir que de passé. Et c'est pourquoi nous allons de l'avant avec courage.

L'autre phrase qui m'a touché se trouve dans le discours du représentant du conseil pastoral: "La véritable sainteté est d'être joyeux". La sainteté se manifeste à travers la joie. De la rencontre avec le Christ naît la joie. Et cela veut être mon souhait pour vous tous, que naisse toujours à nouveau cette joie qu'apporte la connaissance du Christ et avec elle un dynamisme renouvelé quand vous l'annoncez à vos frères. Merci de tout ce que vous faites.

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2008/february/documents/hf_ben-xvi_spe_20080224_sm-liberatrice_fr.html

L'homélie d'Angélus

En ce troisième Dimanche de Carême, la liturgie nous propose cette année un des textes les plus beaux et profonds de la Bible : le dialogue entre Jésus et la Samaritaine (cfr Jn 4.5-42).
Saint Augustin, duquel je suis en train de parler largement dans les Catéchèses du mercredi, était à juste titre fasciné par ce récit, et il en fit un commentaire mémorable.
Il est impossible de rendre dans une brève explication la richesse de cette page de l'évangile : il faut la lire et la méditer personnellement, en s'identifiant à cette femme qui, un jour comme tant d'autres, alla puiser l'eau du puits et y trouva Jésus, assis à côté, « fatigué du voyage », dans la chaleur du midi. « Donne-moi à boire », lui dit Jésus, en la laissant toute étonnée : il était en effet absolument inhabituel qu'un juif adressait la parole à une femme samaritaine, et en plus méconnue. Mais l'étonnement de la femme était voué à augmenter : Jésus parla d'une « eau vive » capable d'étancher la soif et de devenir en elle « source d'eau qui jaillit pour la vie éternelle » ; il démontra en outre connaître sa vie personnelle ; il révéla que l'heure d'adorer l'unique véritable Dieu dans l'esprit et la vérité était maintenant arrivée ; et finalement il lui confia - chose très rare - être le Messie.

Tout cela à partir de l'expérience réelle et sensible de la soif. Le thème de la soif traverse tout l'Évangile de Jean : de la rencontre avec la Samaritaine, à la grande prophétie lors de la fête des Cabanes (Jn 7.37-38), jusqu'à la Croix, lorsque Jésus, avant de mourir, dit pour réaliser les Écritures : « J'ai soif » (Jn 19.28). La soif du Christ est une porte d'accès au mystère de Dieu, qui s'est laissé assoiffer pour nous désaltérer, comme il s'est fait pauvre pour nous enrichir (cfr 2 Cor 8.9). Oui, Dieu a soif de notre foi et de notre Amour. Comme un père bon et miséricordieux, il désire pour nous tout le bien possible et ce bien c'est Lui-même. La femme de Samarie, en revanche, représente l'insatisfaction existentielle de celui qui n'a pas trouvé ce qu'il cherche : elle a eu « cinq maris » et maintenant elle vit avec un autre homme ; ses allers-retours au puits pour prendre de l'eau exprime une vie répétitive et résignée. Tout cela cependant changea pour elle ce jour-là, grâce à sa conversation avec le Seigneur Jésus, qui la bouleversa au point de la pousser à laisser la cruche d'eau et à courir pour dire aux gens du village : « venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-ce point le Christ ? » (Jn 4.28-29).

Chers frères et sœurs, nous aussi, ouvrons notre cœur à l'écoute confiante de la Parole de Dieu pour rencontrer, comme la Samaritaine, Jésus qui nous révèle son Amour et dit : le Messie, ton Sauveur « c'est moi, qui te parle » (Jn 4.26). Que Marie nous obtienne ce don, elle première et parfaite disciple du Verbe fait chair.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana

Annexe
L'évangile de la Samaritaine (Jean, ch4)

05 Il arrive donc à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph.
06 Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.
07 Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
08 – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.
09 La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
10 Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
11 Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ?
12 Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
13 Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ;
14 mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
15 La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
16 Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
17 La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari :
18 des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. »
19 La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !...
20 Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
21 Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.
22 Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
23 Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
24 Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
25 La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
26 Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »
27 À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
28 La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :
29 « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »

(http://www.aelf.org/)