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Un concert au Vatican

Non, ce n'est pas une rétrospective, mais le récit de celui qu'a donné la journaliste-pianiste américaine Lauren Green le 15 janvier en l'honneur de Georg Ratzinger (31/1/2014)

>>> Elle a joué du piano pour Benoît et son frère

>>> Article en anglais: www.foxnews.com/opinion/2014/01/17/honor-lifetime-performing-at-vatican-for-pope-benedict-his-brother (merci à Teresa!)

L'honneur de toute une vie - jouer au Vatican pour le Pape Benoît et son frère
Lauren Green
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Le pape Benoît XVI est un homme un peu oublié, ces temps-ci. A présent, quand on parle du pape émérite, qui a bouleversé le monde quand il a démissionné au printemps dernier, c'est dans des histoires au sujet de son successeur, le pape François, qui est devenu le chouchou de la presse, en particulier en Occident.

Mais dans la Cité du Vatican cloîtrée, le pape Benoît XVI est encore très vénéré et respecté. Je le sais parce que j'ai eu le privilège d'être invitée à me produire dans un concert privé, le mercredi 15 Janvier en l'honneur du 90e anniversaire du frère de Benoît.

Les frères âgés partagent une passion pour leur foi catholique et pour la musique. Mgr Georg Ratzinger, prêtre lui aussi, est un Kapelmeister en retraite (Chef de choeur) en Allemagne.

Le concert a eu lieu au siège de Radio Vatican, qui se trouve au point le plus haut du Vatican, entouré par les jardins. Il regarde vers le bas sur la basilique Saint-Pierre et ne peut être rejoint que par une route étroite et sinueuse qui serpente sur la colline. Sur la dernière courbe avant le sommet se trouve la grotte de Notre-Dame de Lourdes. C'est un endroit pensif, de réflexion et de prière. Les touristes ne peuvent pas voir cette partie du Vatican.

De l'autre côté du siège de Radio Vatican, et un peu plus bas sur la colline se trouve la résidence Mater Ecclesiae, où le pape émérite vit maintenant. C'est une structure imposante qui semble sortir du jardin qui l'entoure. Entre ces deux bâtiments, une paire de chats se demande ce qui se passe. Tout le personnel sait que les félins appartiennent au pape Benoît XVI et les nourrit. Les chats ne semblent cependant pas informés de leur royal propriétaire.

Le concert a été organisé par le journaliste allemand Michael Hesemann, qui est un ami proche de Mgr Ratzinger. Hesemann et moi nous sommes rencontrés il y a plus d'un an à Rome lors d'une réception pour un festival international de musique. Il m'a donné son dernier livre "Mon frère le Pape" qu'il a co-écrit avec Mgr. Ratzinger. Je lui ai donné mon CD de musique pour piano solo intitulé "Classic beauty". Nous avons correspondu fréquemment. Il m'a invité à Ratisbonne l'année dernière pour le 89e anniversaire du monsignore. On a parlé alors d'organiser un concert de 90e anniversaire à Ratisbonne, où le monsignore vit encore.

Mais la tempête des prochains mois a mis en attente la pensée même de ce projet. En Février, son frère, le pape Benoît XVI a annoncé au monde qu'il démissionnerait, le premier pape à le faire en plus d'un demi millénaire. Et puis, il y a eu le conclave pour choisir son successeur.

Quand François a émergé de la loggia de Saint-Pierre, par une froide et pluvieuse soirée de Mars, il a aussi immédiatement éclipsé l'image du pape Benoît. Mais même si le pape Benoît XVI s'est retiré à l'arrière-plan il est toujours au premier plan pour ceux qui vivent au Vatican.

En Octobre, la discussion au sujet du concert a repris. Mais il devait être privé. Personne ne devait le savoir. Les artistes seraient moi-même, la seule Américaine, le violoniste Baptiste Pawlik de Dusseldorf, et le tenor Wolfgang Noeth accompagné par le pianiste Wolfgang Kraus, tous deux de Regensburg. Le concert a eu lieu dans le studio d'enregistrement de Radio Vatican. La salle était si intime que nous jouions à quinze pieds (environ 5 mètres) du monsignore et de Benoît, que beaucoup appellent encore le Saint-Père.

Il y avait une cinquantaine d'invités, en majorité personnel et clergé. Benoît est entré le premier, en hommage à son frère, l'invité d'honneur. Vêtu de la soutane et du manteau blancs du pape, avec des chaussures marron, Benoît, qui semble moins fragile qu'avant son départ à la retraite, était accompagné de son assistant de longue date, Mgr Georg Gaenswein. Tout le monde s'est levé et a applaudi. Ensuite, tous sont restés debout pendant que le monsignore entrait.

La musique classique que nous avons jouée était un mélange de sacré et de profane, y compris l'incroyablement belle Méditation de Thaïs de Jules Massenet, par le violoniste Pawlik. Pawlik s'est également joint à Noeth pour un duo de Panis Angelicus, de Cesar Franck. Noeth a également chanté une sélection d'arias. J'ai joué trois morceaux, dont le second était Sposalizio, de Franz Liszt. Il avait été spécialement choisi pour le concert. Il est inspiré par le célèbre tableau de Raphaël du même nom. C'est le mariage de la Vierge Marie et de Joseph. Des noms qui sont aussi ceux des parents des frères Ratzinger. Maintenant, les deux frères sont tout ce qui reste de leur famille.

Après le concert, Benoît et son frère semblaient tous deux très émus. Benoît est venu immédiatement vers les artistes et a remercié chacun de nous individuellement. Les photos ont été prises, et des souvenirs ont été rassemblés, qui dureront toute une vie.