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Les chrétiens de Mossoul


PROPOS DU PAPE AUJOURD'HUI, À L'ISSUE DE LA PRIÈRE D'ANGÉLUS:
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"Chers frères et soeurs, j’ai appris avec préoccupation les nouvelles qui arrivent des communautés chrétiennes de Mossoul (Irak) et d’autres régions du Moyen Orient, où, dès le début du christianisme, elles ont vécu avec leurs concitoyens, offrant une contribution significative au bien de la société. Aujourd’hui, ils sont persécutés, ils sont chassés, ils doivent quitter leurs maisons sans la possibilité de rien emporter. J’assure ces familles et ces personnes de ma proximité et de ma prière constante.
Chers frères et sœurs si persécutés, je sais combien vous souffrez, je sais que vous êtes dépouillés de tout ; je suis avec vous dans la confiance en celui qui a vaincu le mal".
(Zenit)

Monique m'écrit:

Je suis bouleversée par les témoignages des chrétiens de Mossoul, mais en dehors de la prière, on ne voit pas ce qu'on peut faire.
Seule une intervention armée (mais de qui?) pourrait déloger ces brigands qui iraient de toute façon sévir ailleurs, à moins d'une guerre totale contre eux. Les Occidentaux interviennent bien pour du pétrole ou pour mettre au pouvoir un tyran islamiste mais il ne lèveront pas le petit doigt pour sauver des chrétiens. Ces derniers ne font de mal à personne, ils ne terrorisent personne, ils ne font de chantage sur personne.
Je suis sidérée par le courage de ces frères d'Orient. A notre connaissance, aucun n'abjure. Ce sont de véritables martyrs! (1)

La prière du Pape me semble faible, mais ce n'est pas un reproche, car l'affaire est complexe. Il exclut l'usage de la force pour sauver ces chrétiens. Cependant, je ne crois pas que la Tradition de l'Eglise interdise la légitime défense (2). Avec ce principe d'abstention, on n'aurait jamais combattu Hitler!

Devant la fureur de l'islamisme conquérant, le Pape se trouve désarmé.
Il est désarmé moralement puisqu'il croit, comme les Pères du concile, à la bonté intrinsèque de l'Islam: cf. le communiqué du Saint-Siège pour la fin du Ramadan (3), et bien sûr Nostra aetate §3 (4).

Quand on refuse d'identifier un adversaire on le renforce et c'est comme si on se couchait à ses pieds.
Comme Pie XII face au nazisme, le Pape pense devoir se taire ou édulcorer ses paroles sous peine de représailles encore pires envers les chrétiens.
On peut parler d'un semi-silence de François.

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Notes

(1) On lira un témoignage particulièrement bouleversant ici.

(2) Catéchisme de l'Eglise Catholique:

§ 2308 Chacun des citoyens et des gouvernants est tenu d’œuvrer pour éviter les guerres.
Aussi longtemps cependant " que le risque de guerre subsistera, qu’il n’y aura pas d’autorité internationale compétente et disposant de forces suffisantes, on ne saurait dénier aux gouvernements, une fois épuisées toutes les possibilités de règlement pacifiques, le droit de légitime défense " (GS 79, § 4).

§ 2309 Il faut considérer avec rigueur les strictes conditions d’une légitime défense par la force militaire. La gravité d’une telle décision la soumet à des conditions rigoureuses de légitimité morale. Il faut à la fois :
– Que le dommage infligé par l’agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain.
– Que tous les autres moyens d’y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces.
– Que soient réunies les conditions sérieuses de succès.
– Que l’emploi des armes n’entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. La puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourdement dans l’appréciation de cette condition.
Ce sont les éléments traditionnels énumérés dans la doctrine dite de la " guerre juste ".

(3) Voir à ce sujet le billet d'Yves Daoudal.

(4) Nostra Aetate:

§3. LA RELIGION MUSULMANE
L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne.
Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté.

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