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Les participants au Synode

Sandro Magister a épluché la liste, relevant les absents et les surprises, et Raffaella s'étonne de la présence indécente du cardinal Danneels (11/9/2014)

     

Avant-hier 9 septembre, la Salle de presse du Saint-Siège rendait publique la liste des participants au prochain Synode sur la famille (visnews-fr.blogspot.fr).

Marco Tosatti avait soulevé en mai dernier une question sur la possibilité de ce qu'il qualifiait de «mini-coup d'état».
Certains craignaient en effet qu'on ne cherche à limiter les chefs de dicastère - autrement dit ceux dont on attend les plus grandes réticences théologiques à la «ligne Kasper». Marco Tosatti concluait:
«On verra si le Pape François s'en tiendra, comme ses prédécesseurs, à une ligne d'équilibre, invitant des personnalité de positions différentes, ou s'il cédera à la tentation de ne convoquer que des pelotons d'enthousiastes "kasperistes"»
(benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/un-mini-coup-detat-au-synode).

Sur son blog <Settimo Cielo>, Sandro Magister a donc épluché la liste des participants, apportant une réponse (au moins fragmentaire) à la question de son confrère de La Stampa.

PRÉSENCES, ABSENCES ET SURPRISES DU SYNODE TOUT PROCHE
magister.blogautore.espresso.repubblica.it/
(ma traduction)
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Parmi les près de deux cents membres du prochain synode sur la famille, il y en a 26 qui sont nommés personnellement par le pape François, dont 14 cardinaux, et parmi eux 5 qui ont plus de 80 ans.
Il s'agit d'une innovation sans précédent. Aux Synodes de 2012 et de 2008 il n'y en avait eu qu'un seul, et seulement deux au synode de 2005.
Pour François, par conséquent, l'âge avancé n'est pas une limite.
Et ce n'est pas sans raison.
Les cinq vieillards voulus par lui au synode sont tout sauf des personnalités à la retraite. Qu'il suffise de dire que parmi eux, il y a le cardinal Walter Kasper, qui est précisément celui qui a mis le plus de dynamite dans la phase pré-synodale, avec la proposition d'abandonner l'interdiction de la communion aux catholiques divorcés qui se sont remariés civilement.
Nous savons que François penche personnellement du côté de Kasper.
Et en effet, parmi les cinq octogénaires, il n'a pas manqué de convoquer également le belge Godfried Danneels, le cardinal qui déjà au synode de 1999, avec son collègue Carlo Maria Martini, s'était exprimé en faveur de la communion aux remariés.
Mais en contrepartie de ces deux-là, il convient aussi de dire que le pape a voulu au synode deux autres cardinaux de plus de 80 ans, connus pour avoir pris des positions contraires: l'italien Elio Sgreccia et l'espagnol Fernando Sebastián Aguilar, ce dernier auteur de la préface d'un essai récent du Cardinal Gerhard Müller, Préfet de la CDF, en opposition claire avec la thèse Kasper.

Parmi les cardinaux de moins de 80 ans nommés par le pape, il y a aussi Carlo Caffara et Angelo Scola, également en désaccord avec Kasper, surtout le premier, qui est sorti à découvert à plusieurs reprises avec des arguments aguerris en défense du «non» à la communion des remariés.
Caffara avant de devenir archevêque de Bologne, a été président de l'Institut international pour le mariage et la famille fondée par Jean-Paul II à l'Université pontificale du Latran.
Curieusement, cependant, parmi les experts appelés à collaborer avec le secrétariat du synode, il n'y a pas un membre de cette institution. Un vide surprenant, s'agissant de l'organisme d'institution pontificale le plus concerné par le thème que le synode est appelé à discuter.
Tout aussi surprenante est l'absence du cardinal Camillo Ruini, qui en tant que président de la conférence des évêques d'Italie a été le protagoniste de batailles mémorables précisément sur les questions de la famille.
Autres absences inattendues, celles de deux des huit cardinaux du «conseil de la couronne» du pape: le Chilien Francisco Javier Errazuriz Ossa et l'Américain Sean P. O'Malley. De même que l'absence du cardinal archevêque de Toronto Thomas Collins, lui aussi sorti à découvert contre la thèse de Kasper.
Il était en revanche prévisible que François appelle au synode son pupille argentin, l'archevêque Víctor Manuel Fernandez, recteur de l'Université pontificale catholique de Buenos Aires.
Mais la surprise est dans le rôle que le pape lui a assigné, celui de vice-président, aux côtés du cardinal Gianfranco Ravasi, de la commission chargée de la rédaction du message final du Synode.
L'été dernier, Fernández avait été l'ami le plus intime de François dans la rédaction d'«Evangelii gaudium».

     

Dans la liste des participants, un nom a particulièrement attiré l'attention (et provoqué l'amertume) de mon amie Raffaella: celui du cardinal Danneels (*).
Elle s'étonne que le Pape ait pu appeler au Synode un cardinal que les médias voulaient interdire de conclave en 2013, sous l'accusation d'avoir couvert des scandales pédophiles (**).
Elle est mieux placée que quiconque pour en parler, ayant patiemment rassemblé, au jour le jour depuis 2005 un énorme dossier (paparatzinger6blograffaella.blogspot.it/2012/07/le-decisioni-e-lesempio-di-papa) consacré à la lutte infatigable de Joseph Ratzinger/Benoît XVI contre la pédophilie dans le clergé. Personne ne peut donc dire qu'elle ne connaît pas le problème à fond:

LA NOMINATION DE DANNEELS AU SYNODE SUR LA FAMILLE ET LE SILENCE EHONTÉ DES MÉDIAS
ilblogdiraffaella.blogspot.it/2014/09/la-nomina-di-danneels-al-sinodo
(Raffaella)
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Chers amis, j'ai cherché dans les profondeurs du web, mais je n'y ai pas trouvé d'article commentant la nomination de l'ancien primat de Belgique, le cardinal Danneels, au synode sur la famille programmé le mois prochain au Vatican.
Mon intention n'est pas de lui voler dans les plumes (du reste ... qui suis-je pour juger?) mais d'analyser et dénoncer le comportement des médias.
En 2010 il a été impliqué dans le scandale de pédophilie qui avait secoué la Belgique (**) et accusé de l'avoir étouffé.
Et en 2013, à la veille du conclave, de nombreux médias ont insisté sur la nécessité d'exclure trois cardinaux électeurs. Parmi eux se trouvait également l'ancien primat de Belgique (***), qui toutefois entra au conclave, et en ressortit tout réjoui pour l'élection advenue. Et pas seulement: il a également récité une prière à la messe d'installation comme le premier des cardinaux prêtres.
Et dès ce moment, nous avons commencé à fairer quelque chose de louche dans les médias, parce que les flèches ont immédiatement cessé pour lui et un autre cardinal, candidat «journalistique» à l'exclusion quelques jours seulement avant le conclave et très actif sur Twitter.
Vous rappelez-vous les articles moralistes et les journalistes «scandalisés» à l'idée que certains cardinaux pourraient choisir le nouveau pape? Fini, tout cela ... tombé aux oubliettes.
Je pensais pourtant qu'on en serait jamais arrivé à une nommination comme celle d'hier, au moins par respect pour Benoît XVI, cible numéro un des flèches des médias.
Oui, parce que, chers amis, nous pouvons désormais le dire: le scandale de la pédophilie éclaté en 2010 dans le monde entier avait (et a) une seule cible: Joseph Ratzinger
Aujourd'hui qu'il est hors du jeu, on peut faire n'importe quelle nommination parce que personne ne la contestera, et tant pis pour les victimes qui protestaient de bonne foi.
L'argument me tient particulièrement à coeur, car ce blog a construit un dossier complet sur la lutte contre la pédophilie dans l'église par Ratzinger, cardinal et pape.
Dommage que ce travail soit devenu une réponse aux médias et pas un moyen d'aider les victimes comme Benoît l'aurait voulu.
Il est également regrettable d'avoir la preuve que le pontificat de Benoît XVI aurait eu une toute autre issue, et beaucoup moins de difficultés si les médias (et qui sait qui d'autre dans l'Église et à l'extérieur...) n'avaient pas décidé autour d'une table de lui mettre des bâtons dans les roues depuis le 19 Avril 2005.
La nomination de Danneels ... un autre point de non-retour en ce qui me concerne.
Relisons les articles que je propose ci-dessous (****) pour rappeler le climat d'une certaine période et pour vérifier comment les temps ont changé, même si rien n'a changé d'un iota dans l'Église si ce n'est une soi-disant «perception» de celle-ci, et bien sûr, le pape.
Et la question se pose: qu'est-ce qui se serait passé si un collaborateur du collaborateur du substitut d'un vicaire ami d'une connaissance du pape Benoît XVI avait seulement pensé à désigner Danneels?
R.

NDT:

(*) Nombreux articles sur mon site consacrés au cardinal Danneels (tinyurl.com/nznhky4), en particulier ses dernières provocations sur le "mariage" gay, en juin 2013, relevées par Marco Tosatti (benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/les-provocations-du-cardinal-danneels)
(**) Dossier ici: benoit-et-moi.fr/2010-II/0455009da40a50706. Voir en particulier le rôle de Danneels dans l'affaire scandaleuse de l'évêque de Bruges "Mgr" Vangheluwe, qui a recoonu avoir violé son neveu (benoit-et-moi.fr/2010-I)
(***) Voir ici (www.lalibre.be/actu/belgique/priver-danneels-de-conclave) et ici (www.7sur7.be...Le-cardinal-Danneels-avait-porte-son-choix-sur-Francois)
(****) Voir liens sur le site de Raffa.

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