Accueil

Les thèses du Cardinal Kasper

Quelques remarques de Monique T. (24/10/2014)

     

Les thèses du cardinal Kasper

(Monique T.)
-----

Nous ne savons pas si les thèses du Cardinal Kasper retiendront l'attention du synode 2015. C'est probable, étant donné que le synode 2014 a laissé la question des divorcés-remariés en suspens.
Examinons quelques interrogations soulevées par ses thèses (1).
*

Chacun sait que les divorcés-remariés ne peuvent pas se confesser.
A moins de s'engager dans une vie de continence complète (cf. exhortation apostolique Familiaris consortio, 1981) pouvant leur ouvrir les portes du sacrement de la réconciliation et du sacrement de l'Eucharistie, ils ne peuvent, à la rigueur, prétendre qu'à une absolution...sans repentir... étant donné qu'ils n'entendent modifier en rien leur vie entachée par le péché d'adultère (le mot même employé par le Christ).
Une absolution sacramentelle sans repentir est précisément ce que préconise le Cardinal pour les divorcés remariés, sans le dire explicitement.
C'est une chose qui n'a jamais existé dans l'Eglise et dont on ne sait pas si elle est concevable théologiquement, même pour des motifs de miséricorde, face à une situation douloureuse qui ne leur permet pas de renoncer «sans ajouter d'autres fautes» (2), aux engagements pris dans le cadre du nouveau mariage civil. Il est vrai que l'Eglise ne saurait inciter ces fidèles à abandonner leur nouvelle famille, surtout s'il y a des enfants! Un abandon remplacerait l'adultère. Ce ne serait pas un chemin de sainteté!
Le Cardinal pose cinq exigences à celui qui désirerait accéder aux sacrements, en disant clairement que le sacrement de pénitence devrait précéder la communion. Peu de gens ont relevé ce point. Le Cardinal pense que les divorcés-remariés doivent se confesser avant de pouvoir communier.
Beaucoup de gens qui ont perdu le sens du sacré (dont une multitude de fidèles laïcs peu conscients des enjeux), pensent que l'Eucharistie est un dû, un objet de revendication, auquel ont droit tous (ou presque tous) les divorcés-remariés (et même tous ceux qui vivent dans des situations irrégulières y compris les homosexuels) sans conditions et sans absolution sacramentelle. Ce n'est pas la position du Cardinal Kasper, qui ne doit pas être caricaturée, même s'il n'approfondit pas la question jusqu'au bout: ce qui est étrange chez un théologien éminemment apprécié par le Pape.
En effet, qui dit péché reconnu (ici, l'adultère), dit aveu. Quels péchés avoueraient en confession les divorcés-remariés désireux de conversion (c'est à dire en fait une très petite minorité!)? Les éventuels péchés ayant conduit au divorce (pour lesquels un repentir sincère peut ouvrir la voie au pardon)? La trahison du premier conjoint concrétisée par un remariage civil (ou un concubinage) qu'on ne veut pas dissoudre? Les deux? Avouer sa trahison sans rien changer à sa vie équivaut à un aveu sans repentir.

Le Cardinal ne nous dit pas si le prêtre pourrait, malgré tout, prononcer une absolution sacramentelle valide pardonnant l'adultère.
Walter Kasper dit d'une façon imprécise: «s'il se repent de son échec dans son premier mariage» (3). Est-ce suffisant?
D'ailleurs certains divorcés sont parfaitement innocents, si c'est le conjoint qui a provoqué l'échec. Et on ne se repent pas d'un échec mais d'un péché: ce n'est pas pareil. Le Cardinal ne parle pas de l'aveu de l'adultère, qui est bien le noeud du problème!

Comment y voir clair?
Pour Walter Kasper, les divorcés-remariés ne semblent pas pouvoir communier sans absolution préalable. Mais ce qu'il propose est en fait une absolution sans repentir... que seul le PAPE pourrait valider! S'il ne peut en être ainsi, on ne voit pas comment on pourrait modifier le statu quo consigné dans Familiaris consortio.

Pour terminer, je reproduis une méditation du Cardinal Ratzinger (Colisée, Chemin de Croix 2005) qui devrait nous guérir de la désinvolture avec laquelle nous communions et de la légèreté avec laquelle nous envisageons la question des divorcés-remariés:

La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le coeur.

* * *

(1) On pourra lire à ce sujet l'article de Sandro Magister «Kasper change le paradigme, Bergoglio applaudit» (cf. chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350729?fr=y).
(2) Cf. le livre de Walter Kasper: «L'évangile de la famille», éd. Cerf, septembre 2014
(3) ibid.

  © benoit-et-moi, tous droits réservés