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Marre de l'option pour les pauvres

Encore un excellent papier du Père Jorge González Guadalix, " notre " curé madrilène, qui charge version Don Camillo " toute soutane dehors", à partir d'un cas concret qui l'a énervé. Traduction de Carlota (4/7/2014)

UN PEU MARRE DE L’OPTION POUR LES PAUVRES
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Je découvre avec surprise et douleur avec quelle facilité on manipule et utilise d’une manière contraire les pauvres jusqu’à les transformer en arme. Nous le savons depuis très longtemps : le moindre progressiste (ndt on pourrait même traduire par gauchiste) sans repère et déjanté, la seule chose qu’il sache te dire c’est qu’il faut être avec les pauvres et les pauvres par ci et les pauvres par là.

Pour lui, que tu lui parles de prière, de sacrements, de morale, de liturgie, d’écriture sainte…c’est du pareil au même. Quoique tu dises, ce sera du baratin, parce que ce qui est important ici, c’est être avec les pauvres. En plus ce truc des pauvres a un avantage énorme, et c’est qu’il exempte d’étudier, de prier, de penser… Il t’exempte, eh oui, c’est curieux, jusque dans les réunions mêmes et les planifications de Caritas . Rien n’est valable, rien ne sert, rien n’a de sens, si ce n’est être avec les pauvres….selon le sens particulier qu’une telle chose peut avoir pour chacun, un sens qui est parfois assez plaisant.

Eh bien, ne croyez rien de cela. Rien de l’option des pauvres, rien de laisser sa vie au profit des faibles, rien de s’immoler pour le déshérité. Rien de rien. Mais alors rien de rien.

Hier est arrivé devant moi un petit couple provenant d’une paroisse assez éloignée, demandant le bureau de Caritas, parce qu’ils se trouvaient dans une mauvaise passe. Je leur ai dit de s’adresser à leur paroisse, une paroisse que je connais, avec l’option pour les pauvres, maison accueil du Vatican et curé inséré dans le social. Mais ils me disent que le Caritas de là-bas ne fonctionne plus jusqu’en septembre. Mince alors. J’ai demandé et on me l’a confirmé. Plus encore. C’est qu’en août la paroisse FERME, oui, elle ferme littéralement, quinze à vingt jours et il n’y a pas non plus de messes parce que le curé s’en va en vacances.

Je continue. Parce que je me rappelle l’été dernier que Caritas nous avait demandé une aide alimentaire pour des familles qui vivent à pas moins de six ou sept stations de métro de la paroisse parce que dans leurs paroisses respectives durant deux mois, on ne pouvait offrir ce service.

C’est ainsi que je me consacre moi aussi aux pauvres.

Pas de bureau, pas d’aliments, pas de projets, rien, et la paroisse fermée deux ou trois semaines en été.

Et c’est qu’on peut, vous verrez, en avoir assez de supporter certaines choses. Par exemple, que les chapelles d’adoration perpétuelle c’est une spiritualité désincarnée, que moins de « Très Saint » et plus de « Être avec les pauvres », que l’adoration est préconciliaire et que soigner la liturgie c’est une bêtise et une perte de temps parce ce qu’il faut faire c’est être avec les pauvres.

Mais être avec les pauvres c’est autre chose. C’est avoir le bureau ouvert TOUS LES JOURS au cas où quelqu’un a besoin de pain, de conseil, de consolation ou d’espoir. C’est pouvoir offrir une réponse au frère dans le besoin que l’on soit en janvier, en mars, en juin ou le 15 août. C’est célébrer la messe pour deux petites vieilles qui jamais ne pourront quitter leur maison en été parce que leur pension ne les mène à rien.

Encore hier un laïc d’une paroisse “très engagée” dans le social. Que les horaires oppriment, les structures tuent, les programmes appauvrissent, et qu’avoir des projets concrets dans les paroisses, éloigne de la réalité. Parfait. Mais que s’ils peuvent nous envoyer des gens à l’économat (ndt pour récupérer des denrées) même s’ils ne sont pas du coin, ils savent bien qu’il faut être disponibles…

Bref, l’option pour les pauvres, finalement, pour beaucoup, c’est ne rien faire, critiquer celui qui fait quelque chose, et en plus lui refiler le problème. En plus en souriant d’un air supérieur devant la chapelle de l’adoration perpétuelle….on sait bien que c’est une chose du passé (*).

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Note de traduction

(*) Évidemment le Père J. G. G. ne prétend pas être meilleur que les autres, il essaie simplement d’être un curé de paroisse et d’être logique. Il s’occupe évidemment des pauvres. Mais son l’église est ouverte pour la prière et le recueillement à tout moment. Il a réussi à organiser, comme dans le temps, une adoration perpétuelle où des paroissiens, anonymes, sans bruit et sans esbroufes, se relaient jour et nuit pour prier, c’est important pour eux aussi. L’Eglise n’est pas une ONG parmi d’autres ONG. Elle est l’Église.

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