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Saint Jean-Baptiste décanonisé!

Un conte "moral" hilarant pour illustrer le "nouveau" concept de miséricorde sorti du Synode. Trouvé sur un site portugais, et traduit par Carlota (1/11/2014)

     

J’ai découvert un texte très amusant (enfin il faut parfois mieux rire des choses que d’en pleurer) mit en ligne par un prêtre portugais le 18.10.2014 dans la rubrique opinion accueilli sur le site portugais OBSERVADOR.
En vo ici: observador.pt/opiniao/escandalo-ceu-joao-baptista-descanonizado/ .
(Carlota)

SCANDALE AU CIEL: JEAN BAPTISTE DÉCANONISÉ!

Par le P. Gonçalo Portocarrero de Almada
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Suite à un bug informatique avec le Ministère de la Justice, j’ai reçu sur mon ordinateur, en provenance de la Cour Suprême de justice du Ciel, une copie du procès de décanonisation de Saint Jean Baptiste qui a été intenté par des catholiques qui se sont faits représenter par leur avocat.
L'avocat met en avant que le dit Jean, fils de Zacharie et d’Elisabeth a été élevé aux autels d’une façon précipitée car à la lumière de la miséricorde pastorale récemment découverte par lesdits fidèles, sa sainteté est très douteuse.
La vérité est que la dite mère dudit Jean, Elisabeth était la cousine de Marie et donc que le fils de cette dernière était un parent proche du Baptiste, ce qu’il l’accuse d’un favoritisme dans sa canonisation et que son procès en canonisation ne tient pas au niveau des archives de la congrégation pour les causes des saints. L’avocat craint aussi que le présumé saint ait bénéficié d’une manière illicite du soutien de deux de ses disciples, André et Jean qui ont ensuite suivi le Christ (trafic d’influence). D’autre part on ne lui reconnaît aucun miracle confirmé scientifiquement et canoniquement qui soit du à son intercession. Il met en avant les faits d’avoir vécu dans les dunes, s’être couvert de peaux de bêtes (peut-être des espèces protégées), avoir mangé des sauterelles (qui depuis les plaies d’Egypte sont en voie d’extinction) et s’être nourri de miel sauvage (produit non autorisé par l’ASAE, - [autorité de sécurité alimentaire et économique de l’administration portugaise]), ce qui l’accuse de comportements anti-écologiques et, en conséquence, ce qui mérite de graves censures sociales et ecclésiales.

Néanmoins, la principale plainte contre le dit Baptiste concerne son absence de sens pastoral et son manque de miséricorde envers le roi Hérode Antipas qu’il a accusé de vivre dans adultère avec sa nièce, Herodiade, femme de son frère Philippe et mère de Salomé. Bien que cette vie maritale ait été prouvée en acte, il est absolument lamentable qu’au lieu d’accueillir miséricordieusement le sympathique Hérode, Jean l’ait condamné moralement, en encourant ainsi la sainte colère d’Hérodiade.

En effet dans une perspective plus inclusive et graduelle, il aurait du s’abstenir de tels emportements moralistes, tout comme il aurait dû participer miséricordieusement au banquet de noce d’Hérode Antipas, selon la célèbre thèse qui affirme qu’aucun invité à un dîner ne doit refuser d’y manger. Même si les exégètes discutent encore sur ce principe théologo-gastronomique, très en vogue dans certains journaux, si c’était déjà gravé dans les Tables de la Loi données par Dieu à Moïse, ou si cela découle d’un sermon de Saint Augustin, ou si cela se trouve dans la Somme Théologique [de Saint Thomas d’Aquin], personne ne doute que c’est un principe de la foi divine et catholique.

D'autre part, l'union d’Hérode avec sa belle-sœur était, indiscutablement, une relation aimante et compte tenu que la charité est la principale vertu chrétienne, ce qui doit prévaloir, c’est l'attitude pastorale de valoriser cet amour, en tenant aussi compte du bien de la jeune et belle Salomé, qui autant aimée de sa mère que de son tendre compagnon avait reçu comme danseuse une éducation artistique accomplie et qui devait aussi être stimulée.

En fin de compte la façon brutale avec laquelle Jean avait l’habitude de s’adresser aux autorités ecclésiastiques, comme aux pharisiens et aux docteurs de la loi, ne coïncide pas avec le style pastoral postconciliaire, lequel, au lieu faire appel à la conversion, ou juger, interdire ou condamner des actes objectivement contraires à la doctrine chrétienne, accueille, bénit et loue toutes les attitudes de tous êtres humains.

A cause de tout cela et plus encore de ce qui reste à dire, les plaignants comprennent que le jugement ne peut-être autre que la décanonisation de Jean Baptiste, avec leur exemption de la charge financière du coût du procès, sans possibilité de recours ni d’appel, excepté au Tribunal du Jugement Dernier.
En marge de l’affaire Jean Baptiste, il est aussi conseillé vivement que soit révisé le procès (de canonisation) d’un certain Thomas More qui s’est opposé au divorce d’Henri VIII (d’Angleterre) et qui, à cause de cela, a été exécuté, comme étant suspect d’attitudes contraires à la miséricorde.
Est également recommandée l’ouverture du procès de canonisation d’Hérode Antipas , de Salomé et d’Hérodiade, comme saints patrons de l’amour libre, ainsi que celui d’Henri VIII, victime du fondamentalisme catholique.

Signé : l'avocat du diable, avocat et représentant des catholiques plaignants (*).

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(*) Ce texte humoristique n’a pas la prétention de nier la pratique de la miséricorde pour tous les hommes et à plus forte raison pour les fidèles chrétiens, quelles que soient les circonstances personnelles et familiales, mais veut seulement rappeler que la charité a de l’estime pour la justice et qu’il n’y a pas de pire injustice que de traiter tout le monde de la même façon. L’accueil miséricordieux de tous les chrétiens, sans exception, s’il doit être exercé ne peut pas l'être au détriment de la vérité morale objective, ni de l’intention de convertir, une conversion qui est proposée par l’Eglise à tous, comme une demande nécessaire au salut.
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Note complémentaire

(1) Le P. Gonçalo Portocarrero de Almada est né en 1958. Il a été ordonné prêtre en 1986. Il est licencié en droit de l’université cumplutense de Madrid et par la suite il est devenu docteur en philosophie de l’université pontificale Sainte Croix de Rome. Il participe fréquemment à des émissions audio et tv. Il a fait récemment l’objet d’entretiens avec une journaliste, parus dans le livre «Auto-de-Fé - A Igreja na Inquisição da Opinião Pública» (L’église dans l’inquisition de l’opinion publique) .


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