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Synode: la parole aux jusqu'au-boutistes

Une interview d'Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant'Egidio. "C'est la faute de Benoît XVI" (25/10/2014)

>>> A propos de Sant'Egidio et de Riccardi, lire ici: Les néo-papistes de l'Express

Après le parrain spirituel (Paglia), c'est au tour du fondateur de s'exprimer dans les colonnes de La Stampa.
Parmi tous les propos (que chacun est libre d'interpréter selon sa sensibilité...), je relève ce lieu commun qui commence à devenir lassant:

«c'est une erreur d'interpréter les discussions du Synode sur la base des catégories de "progressistes" et "conservateurs"».

Un lieu commun, utilisé ici dans le cadre ecclésial, mais qui a son équivalent dans le domaine politique, voire culturel, sous la forme: «les distinctions entre la droite et la gauche sont dépassées (ou: n'ont aucun sens)».
Ce qui m'inspire des doutes plus que sérieux sur la sincérite de cette affirmation, c'est que dans 99,9% des cas (pas tout à fait 100%, il peut toujours y avoir une exception confimatrice!), elle sort de la bouche de gens notoirement à gauche, qui espèrent ainsi tromper leurs adversaires conservateurs, tâche d'autant plus aisée que ces derniers ont honte de leur appartenance - du reste souvent identifiée à une insulte.

     

RICCARDI: «IL FAUT CHANGER LE GOUVERNEMENT DE L'EGLISE»
Entretien avec le fondateur de la Communauté de Sant'Egidio et historien du christianisme.

«A la tête des dicastères, il faut des gens en phase avec François»
Giacomo Galeazzi
22/10/2014
vaticaninsider.lastampa.it
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«Du Synode a émergé la nécessité de réformer le gouvernement central de l'Eglise. A la tête des dicastères François doit avoir des gens en harmonie avec lui ».
Selon le professeur Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant'Egidio et historien du christianisme «c'est une erreur d'interpréter les discussions du Synode sur la base des catégories de "progressistes" et "conservateurs"». Il faut une nouvelle herméneutique du Synode».

* * *

- Où est l'erreur dans l'interprétation du Synode sur la famille?
«Il faut repartir du discours avec lequel François a conclu le Synode, se distanciant des progressistes et des conservateurs. Le pape ne veut pas revenir à un climat post-68, une polarisation entre progressistes et conservateurs, c'est pourquoi il a voulu réaffirmer qu'il est le pape, le pape s'appelle François, démentant la tentative des traditionalistes de se relier à la figure du pape émérite Benoît XVI. "

- Le pape a-t-il orienté la réflexion des Pères synodaux sur les divorcés remariés et les unions de fait?
«François n'a absolument pas eu une attitude dirigiste sur le Synode. Parmi les propositions rejetées, il y a eu aussi des extraits tirés du Catéchisme et de textes de Benoît XVI (ndt: Riccardi oublie de dire qu'il faut les replacer dans le contexte: c'étaient justement les textes qui faisaient allusion aux homosexuels, et les Pères conservateurs ont craint à juste titre qu'il ne servent de cheval de Troie des idées de leurs adversaires).
Ceux qui ont voté n'ont pas mené une bataille pour essayer de bloquer la recherche synodale et pour intimider: "Si vous touchez à ces questions, il y a des problèmes". Mais en réalité, ce qui a été rejeté, c'est l'idée même du Synode, càd le fait qu'on ait affronté ces problèmes au Synode. Mais alors, on ne comprend pas quel sens cela aurait de réunir le Synode» (ndt: ici Riccardi inverse très habilement l'accusation de ceux qui ont dit que tout avait été décidé avant).

- Il faut changer le gouvernement du Saint-Siège?
«Oui. Le gouvernement actuel de François est resté celui de Benoît XVI. Et c'est précisément dans la structure de son gouvernement que François a rencontré la plus forte résistance au changement. Sa réforme de la Curie ne peut se limiter au regroupement de certains dicastères (un maquillage digne d'un gouvernement italien). Le Pape Bergoglio a besoin de collaborateurs en harmonie avec lui. Jean XXIII aussi avait une Curie hostile au changement, c'est pourquoi il a convoqué un Concile et entamé un processus de renouveau qui a aidé à surmonter les difficultés. Paul VI, en revanche, a introduit le mandat de cinq ans pour les ministres du Vatican et depuis lors, on ne reste plus en fonction à vie, mais par décision du pape».

- Quel est un exemple de collaboration efficace avec le Pape?
«La très forte intervention du Secrétaire d'État Pietro Parolin au Consistoire consacré par le pape à la situation tragique au Moyen-Orient montre qu'il est crucial pour François d'avoir la juste personne à la juste place».

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