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Synode: tout ne se jouera pas en octobre

En fait, il faudra attendre l'exhortation post-synodale du Pape, rappelle le site Rorate Caeli (9/9/2014)

     

Le dernier billet de Sandro Magister, intitulé COMMUNION AUX REMARIÉS. LE OUI "IN PECTORE" DE FRANÇOIS, commence par ce résumé:

Le pape a voulu que le débat ait lieu.
Il ne dit pas dans quel camp il se situe, entre les partisans et les opposants, mais il semble beaucoup plus proche des premiers que des seconds. Un théologien australien explique pourquoi.

Voici la partie la plus intéressante:

On peut donc se poser la question : jusqu’à quel point est-il justifié de ranger François dans le camp des novateurs, en ce qui concerne la question de l’accès des divorcés remariés à la communion ? Et si cette convergence existe, est-elle seulement occasionnelle ou de fond ?
Une réponse à cette question est donnée par un théologien (...) australien, Paul-Anthony McGavin, 70 ans, prêtre du diocèse de Canberra et Goulburn, assistant ecclésiastique à l'Université de Canberra.
McGavin penche en faveur d’un changement et il ne dissimule pas le fait qu’il est en accord avec les opinions de Kasper. Mais ce n’est pas de cela qu’il est question dans son essai. Celui-ci est plutôt consacré à montrer l’affinité existant entre les propositions d’innovation et la "méthodologie" de François, méthodologie qui rejette tout "système fermé", aussi bien en matière pastorale que dans le domaine de la doctrine.
À en croire McGavin, Ratzinger lui-même avait une méthodologie tout aussi "ouverte". Et, dans la partie initiale de son essai, il développe abondamment le thème de cette affinité entre les deux derniers papes. À tel point que, lorsqu’on le lit, on est conduit à penser que François s’apprête à réaliser ce que Benoît XVI était lui aussi prêt à faire.

Ma première réaction, à la lecture de ce passage, a été l'indignation. J'ai cru voir une exit stratégy , à la fois des modernistes furieux et des partisans de la continuité au cas où les résultats du Synode laisseraient au contraire penser clairement à une rupture.
Ils nous diront: «Benoît XVI allait le faire» (on croit déjà les entendre).
Et comme Benoît XVI a promis obéissance à son successeur, il ne pourra pas démentir.

Ceci dit, il ne faut peut-être pas attendre tant de choses que cela du prochain Synode.
Cet article du site Rorate Caeli, dont l'auteur a noté lui aussi l'incongruité des propos du théologien australien, rappelle que ce qui est important, c'est l'exhortation post-synodale du pape, qui ne tiendra pas forcément compte des orientations données par les Père, et qu'il ne faut donc rien attendre de définitif avant 2017 (rappelons que c'est l'échéance prévue par François lui-même pour le terme de son exercice du ministère pétrinien...).

LE PAPE EST-IL POUR LA COMMUNION AUX DIVORCÉS "REMARIÉs" ?
Rorate Caeli,
9 septembre

(...) Au moins, cette position «in pectore» du pape est ce que Sandro Magister présente ce lundi sur son site Chiesa.

Une chose à garder à l'esprit, cependant, c'est que le Synode lui-même pourrait ne pas être aussi «dramatique» que beaucoup l'attendent - bien au contraire, il pourrait être tout à fait terne. Mais les grandes décisions papales n'ont pas à être reliées à la teneur des discussions ou même aux propositiones (les grandes lignes convenues entre les Pères synodaux); elles sont présentées par le pape lui-même dans son Exhortation Apostolique.

Deux exemples: d'abord, dans une perversion hideuse de la vérité (prévisible), le Père PA McGavin, cité par Magister, dit qu'au cas où il ouvrirait la possibilité de communion aux hommes et aux femmes dans l'affichage public d'un péché mortel constant, le pape François ne ferait en réalité qu'exprimer la méthodologie la plus profonde de Joseph Ratzinger ...

Eh bien, ce serait certainement une surprise pour le pape émérite, qui n'était pas un laquais aux ordres d'un «Jean-Paul II dépassé» comme beaucoup semblent le penser, mais qui a eu l'occasion d'affronter lui-même la question dans son Exhortation Apostolique de 2007, faisant suite au Synode de 2005 sur l'Eucharistie. Ce n'était pas dans les sombres jours d'avant 1962 (le Concile), c'était tout simplement il y a 7 ans (ce qui montre une fois de plus combien les pervertisseurs de la vérité, comme le cardinal Kasper, ne se reposent jamais jusqu'à ce qu'ils aient soumis toutes choses, y compris l'Écriture sainte, à leurs idées). Le pape Benoît a suivi les propositions du Synode, mais il suivi aussi sa propre position permanente - qui n'était pas la sienne, mais l'inévitable conclusion du Seigneur qui ne peut jamais être modifiée par aucune puissance sur terre:

Le Synode des Évêques a confirmé la pratique de l'Église, fondée sur la Sainte Écriture (cf. Mc 10, 2-12), de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l'union d'amour entre le Christ et l'Église, qui est signifiée et mise en œuvre dans l'Eucharistie. (Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis, www.vatican.va, , §29)

Un deuxième exemple a été donné par le pape François lui-même, dans son premier document personnel majeur, Evangelii Gaudium, qui, rappelons-le, est lui-même une Exhortation apostolique liée au Synode 2011 sur la «nouvelle évangélisation» (un projet bénédictin qui s'est écroulé avec sa démission - un autre exemple étant son «Année de la foi»). L'exhortation était un méli-mélo des idées du pape, mais, alors qu'il cite souvent les décisions du Synode, il s'agit d'un pur document Bergoglien, pas de l'expression des décisions du Synode de 2011.

C'est juste pour faire comprendre que, quelles que soient les décisions du Synode de 2014 (qui pourraient être loin d'être apocalyptiques), tout viendra de l'esprit de François, tel qu'exprimé dans son exhortation post-synodale.
Si sa décision est déjà prise, l'ensemble du Synode est juste un coûteux exercice de futilité.
Ce n'est pas le Synode 2014 (ou 2015) qui est déterminant, mais l'Exhortation apostolique post-synodale de François.

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