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Benoît XVI à Frascati

C'était il y a deux ans, le 15 juillet 2012 (16/7/2014)

Le 15 juillet 2012, Benoît XVI célébrait la messe dans la ville la plus peuplée des Castelli Romani, toute proche de Castelgandolfo.
Cette très belle photo, trouvée sur le site de Teresa, m'a remis cette visite en mémoire.

J'écrivais à l'époque:

Un geste doublement significatif, puisque Tarcisio Bertone en est le cardinal-évêque suburbicaire depuis le 10 mai 2008; et que l'évêque en titre, Mgr Raffaello Martinelli, nommé par Benoît XVI en 2009 (dont il a reçu "l'imposition des mains" le 12 septembre 2009), a travaillé pendant 23 ans à la CDF, sous la direction du cardinal Ratzinger.

On trouvera ici (benoit-et-moi.fr/2012(III)/la-voix-du-pape/15-juillet-frescati-homelie-du-saint-pere.php ) d'autres photos, et l'homélie du Saint-Père, dont j'extrais quelques passages:

Homélie du Saint-Père

Dans l'Evangile de ce dimanche, Jésus prend l'initiative d'envoyer des douze apôtres en mission (cf. Mc 6,7 à 13). En fait, le terme «apôtres» signifie littéralement «envoyés». Leur vocation s'est pleinement réalisée, après la résurrection du Christ par le don de l'Esprit Saint à la Pentecôte. Cependant, il est très important que dès le départ Jésus veuille associer les Douze à son action: c'est une sorte de «stage» (d'apprentissage) en vue de la grande responsabilité qui les attend. Le fait que Jésus appelle quelques disciples à travailler directement à sa mission, exprime un aspect de son amour: qu'Il ne dédaigne pas l'aide que d'autres hommes peuvent apporter à son oeuvre; il connaît leurs limites, leurs faiblesses, mais ne les méprise pas, et même, il leur confère la dignité d'être ses envoyés. Jésus les envoie deux par deux et leur donne des instructions, que l'évangéliste résume en quelques phrases. La première concerne l'esprit de détachement: les apôtres ne doivent pas être attachés à l'argent et au bien-être. Jésus, ensuite avertit ses disciples qu'ils ne recevront pas toujours un accueil favorable: à certains moments, ils pourront être rejetés, et parfois même être persécutés. Mais cela ne devrait pas les impressionner: ils doivent parler au nom de Jésus et rêcher le Royaume de Dieu, sans se soucier du succès. Succès. Le succès, ils le laissent à Dieu

La première lecture proclamée nous présente la même perspective, en nous montrant que les messagers de Dieu ne sont souvent pas bien reçus. C'est le cas du prophète Amos, envoyé par Dieu pour prophétiser dans le sanctuaire de Béthel, un sanctuaire du royaume d'Israël (cf. Am 7,12 à 15). Amos prêche avec une grande énergie contre les injustices, dénonçant surtout les abus des rois et des notables, abus qui offensent le Seigneur, et rendent vains les actes de culte. Alors Amatsia, prêtre de Béthel, ordonne à Amos d'abandonner. Il répond que ce n'est pas lui qui a choisi cette mission, mais le Seigneur qui a fait de lui un prophète et l'a envoyé là, dans le royaume d'Israël. Par conséquent, qu'il soit accepté ou rejeté, il continuera à prophétiser, à prêcher ce que Dieu dit et non pas ce que les gens veulent entendre. Et cela reste le mandat de l'Eglise: elle ne prêche pas ce que veulent s'entendre dire les puissants. Son critère est la vérité et la justice, même si c'est contre les applaudissements et contre la puissance humaine.

De même, dans l'Evangile, Jésus avertit les Douze qu'il se peut que dans certains endroits ils soient rejetés. Dans ce cas, ils devront aller ailleurs, après avoir fait devant des gens le geste de secouer la poussière sous leurs pieds, un signe qui exprime le détachement de deux manières: détachement moral - comme de dire: l'annonce vous a été donnée , c'est vous qui la refusez - et détachement matériel - nous n'avons voulu et nous ne voulions rien pour nous (cf. Mc 6,11).
L'autre indication très importante du passage de l'Evangile est que les Douze ne peuvent pas se contenter de prêcher la conversion: la prédication doit être accompagnée, selon les instructions et l'exemple de Jésus, par la guérison des malades. Le soin des malades, corporel et spirituel. Il parle de la guérison concrète des maladies, il parle aussi de chasser les démons c'est-à-dire purifier l'esprit humain, nettoyer, nettoyer les yeux de l'âme qui sont brouillés par les idéologies et ne peuvent donc pas voir Dieu, ne peuvent pas voir la vérité et la justice. Cette double guérison physique et spirituelle est toujours le mandat des disciples du Christ. Ainsi, la mission apostolique doit toujours inclure les deux aspects de prédication de la Parole de Dieu et de manifestation de sa bonté avec des actes de charité, de service et de dévouement.

     

Justement à l'occasion de cette visite, Mgr Martinelli accordait une interviewe à Zenit en italien, que j'avais traduite et que je repropose ci-dessous.

Un collaborateur de Joseph Ratzinger

- Votre Excellence, comment le diocèse de Frascati se prépare-t-il à cet événement historique?

Mgr Martinelli: La visite du Saint-Père, nous l'avons annoncée le 3 mai dernier, fête des saints Philippe et Jacques, patrons du diocèse de Frascati. J'insiste beaucoup auprès des prêtres et des fidèles, pour que nous nous préparions tous, surtout spirituellement. Il s'agit d'un événement extraordinaire, qui vient 32 ans après la visite de Jean-Paul II. D'autres brèves visites informelles ont été faites dans les années suivantes, mais qu'un pape vienne célébrer l'Eucharistie avec nous et pour nous, ce n'était pas arrivé depuis 1980.
Cet événement encourage le diocèse à s'engager en particulier sur trois aspects:
1) redécouvrir et approfondir la nature et les caractéristiques de la mission que Jésus a confiée à Pierre et à ses successeurs, roc et signe d'unité de la communauté de l'Église,
2) mieux connaître l'enseignement du Pape actuel, vu qu'il nous propose régulièrement de magnifiques réflexions, homélies, catéchèses et documents; en particulier, je demande aux fidèles de lire ses catéchèses générales du mercredi et ses Angelus synthétiques, illustratifs de l'Evangile du dimanche, parce que grâce à l'Internet, ils sont facilement accessibles à tous; alors qu'autrefois, la seule source des discours intégraux était l'« Osservatore Romano, aujourd'hui, quelques minutes après que le pape ait livré ses discours, ils sont accessibles dans nos maisons, donc cela vaut la peine de suivre ces deux rendez-vous hebdomadaires que le pape nous propose toujours avec grande compétence théologique et capacité catéchétique.
3) le troisième élément, c'est de prier sans cesse pour le Successeur de Pierre, pour que le Seigneur le soutienne dans sa mission difficile, lui donne toujours beaucoup de courage et une grande fidélité apostolique; et c'est pourquoi j'ai demandé que l'on élève à Dieu, à toutes les messes la prière que j'ai composée à l'occasion de cette visite .


- Vous connaissez Joseph Ratzinger depuis de nombreuses années; comment est née votre collaboration avec le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi?

Mgr Martinelli: J'ai donné ma collaboration au cardinal Ratzinger pendant 23 ans. J'ai été appelé à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en 1980, un an avant son arrivée. Lorsqu'en 1985, il a été nommé par le pape Jean-Paul II président de la Commission pour le nouveau Catéchisme de l'Église catholique, le cardinal. Ratzinger m'a demandé de m'occuper du secrétariat. Depuis lors, mon domaine a toujours été dans ce secteur. Ratzinger était au courant de ma formation dans le domaine de la catéchèse, grâce aussi à mon doctorat en théologie à l'Université du Latran, avec une spécialisation en pastorale catéchétique, auxquels s'ajoutent mon diplôme en pédagogie à Milan. Ainsi, Ratzinger m'a demandé de m'occuper du secrétariat pour la préparation du nouveau Catéchisme. Cela m'a permis d'avoir un accès plutôt immédiat et un contact fréquent avec lu, en tant que président de la Commission. Même quand il s'est agi de la préparation du Compendium du Catéchisme, il m'a impliqué et m'a demandé d'être rédacteur. Donc, la fréquentation a toujours été très intense. Je considère que c'est un vrai et grand don de Dieu, d'avoir pu travailler avec lui.


- Sur le plan humain et personnel quel type de personne est Joseph Ratzinger?

Mgr Martinelli: J'ai toujours pu apprécier sa grande douceur et sa grande sérénité, sa façon de traiter les problèmes avec compétence et intelligence, et sa disponibilité à écouter tout le monde. Dans le même temps, j'ai toujours admiré sa capacité de faire une synthèse de ce qu'il avait écouté et de toujours prendre les décisions qui lui revenaient par son rôle, en prenant soin du bien de l'Église et de la fidélité à la doctrine et au mystère du Christ. D'avoir pu expérimenter ces vertus de près était aussi un don de Dieu


- Plus de sept ans après son élection à la papauté, quel bilan peut-on tirer du pontificat de Benoît XVI?

Mgr Martinelli: Ce n'est certes pas à moi qu'il convient de faire un bilan de ce genre, je suis un humble évêque d'un petit diocèse, je n'ai pas l'intention de tirer de conclusions sur un thème aussi élevé! Ce que je peux dire, que je savais déjà depuis longtemps, mais dont aujourd'hui j'ai pu faire encore plus l'expérience, c'est que le pape Benoît XVI sait combiner une profondeur unique de théologie, et une extraordinaire capacité de catéchèse: il sait en effet présenter aux gens, les grands thèmes qu'il aborde d'une manière très accessible et compréhensible, d'une manière qui nous est une grande aide à nous, comme évêques, en plus des prêtres et des laïcs. De ce point de vue, il nous donne un grand témoignage et une grande aide.

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