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L'Europe de Benoît

Un chrétien en politique: Mario Mauro, puise son engagement dans le magistère de Benoît XVI. Reprise (11/7/2014)

     

Après la visite de Benoît XVI à Monte Cassino (cf. Benoît XVI le bénédictin), Mario Mauro, homme politique italien, membre du mouvement Communion et Libération, qui était alors vice-président du parlement européen, signait cette belle tribune dans Il Sussidiario (en France, nous dirions même "courageuse").

L'article a été écrit le 25 mai 2009, alors que deux semaines plus tard, le 7 juin, avaient lieu les précédentes élections au Parlement Européen.

     

Benoît parle de Benoît.
Mario Mauro
Il Sussidiario, 25 mai 2009
(ma traduction)
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Quatre ans après le célèbre « discours de Subiaco », lorsque le Cardinal Ratzinger d'alors avait présenté sa lectio magistralis sur l'Europe, le Saint Père a parlé à nouveau hier de Saint Benoît de Nurcie, figure exemplaire et Saint Patron de l'Europe.
Dans le monastère de Monte Cassino, le Saint Père a trouvé les symboles de l'autre « Benoît », du père du monachisme et propagateur de l'évangélisation dans notre continent, qui aujourd'hui peut représenter idéalement le rempart sur lequel notre tradition millénaire est ancrée.
« Ora et labora » disaient - et disent toujours - les bénédictins. Sur ce concept, le Saint-Père a tissé un message qui a abordé les thèmes les plus actuels.
Nul saut dans le passé, mais une réflexion lucide sur ce qui advient aujourd'hui. Il a exprimé sa solidarité envers ceux qui, plus que d'autres, paient un lourd tribut à la crise : les précaires, les chômeurs et les jeunes sans travail. Il a exhorté à créer « de nouveaux emplois, à sauvegarder les familles, durement atteintes dans les racines mêmes de leur institution ».

L'Europe ne peut trouver de stratégie pour résoudre l'urgence de l'emploi que si elle est capable de reconnaître ses racines, parce que pour créer de nouvelles possibilités d'occupation, et dépasser le contexte actuel de crise, il faut surtout lutter contre des formes d'égoïsme et chercher à défendre en premier lieu les jeunes et les familles.
Saint Benoît avec une « règle » faite de travail, de culture et de prière contribua à faire émerger l'Europe d'une période de crise profonde. Le Saint Père a mis sous nos yeux un exemple valide pour "rafraîchir" (réactualiser?) une stratégie simple mais efficace : regarder nos racines en pesant ensemble de tout notre poids pour que personne ne reste sur le carreau.
La dignité humaine, en effet, vient avant tout. C'est pour cette dignité, justement, que notre continent a été piétiné des millions de fois par les atrocités d'idéologies pour qui les institutions sont prêtes à se battre, s'en portant garantes sans jamais les maîtriser. C'est pour cette raison,en mémoire des vies que la guerre a brisées, que le Saint Père a visité un cimetière de guerre, rappellant ainsi les morts de toutes les nations et de tous les conflits.

Et tout cela n'aurait pas de rapport avec l'Europe, avec ses institutions et avec ses citoyens? La fidélité et la reconnaissance des racines chrétiennes ne pourraient pas contribuer à la construction d'une Europe unie et solidaire, fondée sur la recherche de la justice et de la paix ?
Peut-être que pour nous, habitués à vivre dans un climat dépourvu de conflits civils ou de peuples, le mot paix a acquis un sens que nous tenons désormais pour acquis.
Mais il y a un risque. Si l'Europe n'est pas capable d'une mémoire historique qui lui permette de maintenir vivantes ses traditions culturelles et religieuses, elle ne pourra pas prétendre à un futur. La myopie n'a jamais mené très loin.
L'Europe n'a été vraiment elle-même ,et profondément grande, créant des formes d'authentique civilisation et de progrès des peuples au niveau universel, qu'au moment où elle a transmis ces valeurs constitutives qui provenaient de la foi chrétienne, après les avoir fait devenir patrimoine de culture et identité de peuples.

Malheureusement, l'histoire récente nous rappelle que les institutions n'ont pas toujours été capables de reconnaître leur parcours précédent. Et il est étrange que l'Europe refuse la référence à ses racines, alors que les Etats Unis par exemple, n'ont jamais eu de problème pour se référer à Dieu.
L'Europe est née chrétienne et ce n'est que dans la mesure où elle le restera qu'elle pourra espérer conserver pleinement ses idéaux et son apport original à la construction de la civilisation contemporaine.
Pour le comprendre à fond il est nécessaire de revenir au IVème siècle lorsque, pendant la grave crise de l'Empire romain, l'Église commença à se développer, comme nouveau sujet historique, culturel et politique.
Le monastère de Monte Cassino, quatre fois détruit et quatre fois reconstruit est le symbole de cette Europe qui, tout en ayant été minée plusieurs fois à ses débuts, est debout aujourd'hui encore. Elle a supporté des guerres, elle a vu la destruction, elle a plusieurs fois été mise à genoux, mais aujourd'hui elle est solide et a été capable d'assurer à nous et à nos enfants plus de soixante ans de paix.
C'est pour ceci que nous voulons la défendre, dans le souvenir de Saint Benoît.
La visite de Benoît XVI, à la veille d'un important rendez-vous qui implique les citoyens des Vingt-sept États Membres nous incite à poursuivre sur la route tracée par les pères de notre continent et à nous battre pour que, surtout aux jeunes, soit garanti un avenir de paix et de développement.

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