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En attendant le Synode

Lorenzo Bertocchi, sur la Bussola,se penche sur les nominations des membres élus par certaines Conférences épiscopales pour le prochain Synode sur la famille. L'archevêque de Varsovie: l'Eglise a trahi la famille (6/2/2015)

>>> Ci contre: Mgr Henryk Hoser

Le dernier billet de Sandro Magister sur son site multilingue (chiesa.espresso.repubblica.it) s'intitule ENTRE UN SYNODE ET LE SUIVANT, LA BATAILLE CONTINUE.
Le vaticaniste y dresse un tableau assez complet des "forces" en présence, remarquant que:

Les cardinaux, les évêques, les théologiens, qui veulent innover la doctrine et la pratique de l’Église à propos du mariage et de l’homosexualité sont les plus actifs. Mais, dans la première série d’élus qui vont siéger au prochain synode, les défenseurs de la tradition sont beaucoup plus nombreux.

L'article publié aujourd'hui sur la Bussola, qui résume d'une certaine façon celui de Sandro Magister, y ajoute les propos saisissants de l'archevêque de Varsovie, Mgr Henryk Hoser (né en 1942, il a une formation de médecin) qui accuse l'Eglise-institution d'avoir trahi la famille, et en particulier l'encyclique de Saint Jean Paul II Familiaris Consortio (1).

«Sur la famille, l'Église a trahi le pape Wojtyla»

Lorenzo Bertocchi
La Nuova Bussola
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Le 31 Janvier dernier, François a ratifié les nominations des membres élus par certaines Conférences épiscopales pour le prochain Synode d'Octobre. Il s'agit de 28 des 114 Conférences épiscopales du monde.
Les participants au prochain Synode ordinaire seront environ 370; en plus des élus des Conférences épiscopales, il y aura des membres de nomination papale pour environ 15% du total. Comme nous le savons le comité directeur du Synode a été confirmé, avec le seul ajout du cardinal Napier, évêque de Durban en Afrique du Sud.

En observant les nominations qui viennent d'être ratifiées, il y a plusieurs raisons de soutenir que le prochain Synode sera caractérisé par ce climat de "parrhèsia" qui a animé le Synode extraordinaire de 2014. À l'appui de cette prédiction, il y a également les récentes déclarations de certains prélats particulèrement en vue comme par exemple le cardinal allemand Marx et le Secrétaire général du Synode Baldisseri. Tous deux ont été particulièrement actifs dans la promotion de «choix pastoraux courageux» pour résoudre les problèmes des divorcés remariés, et pour l'accueil des couples homosexuels.

Beaucoup de Conférences épiscopales, avec leurs nominations, semblent,au contraire, d'aller dans une autre direction.

Tout d'abord, la patrouille africaine des membres élus se montre, une fois encore, la plus réfractaire à l'imprudente course en avant.
Les évêques du Kenya sont connus pour leurs positions en défense de la doctrine de l'Eglise et de la culture africaine, on peut dire la même chose de l'évêque du Ghana et du Burundi.
Les quatre évêques élus par la Conférence épiscopale américaine sont tous préoccupés par la promotion des positions traditionnelles de l'Eglise, il suffit de citer les noms: Mgr Kurtz, Di Nardo, Chaput, Gomez. Justement le président (de la Conférence épiscopale) Kurtz a déclaré que les évêques des États-Unis sont très prudents sur la modification des pratiques pour les divorcés remariés, et s'inquiètent en revanche de promouvoir «le lien du mariage et l'intégrité de ce lien».
Curieux que même la petite Conférence épiscopale de Nouvelle-Zélande, au lieu d'envoyer au Synode le Cardinal fraîchement nommé John Dew, ait élu Mgr Drennan qui n'est certes pas sur les positions du nouveau cardinal. Ce dernier réclame depuis longtemps un chemin miséricordieux d'accès à la communion pour les divorcés remariés. Mais il a été laissé sur la touche.
Aux Pays-Bas et en Lituanie aussi, des évêques considérés comme «conservateurs» sont nommés, tandis que les positions de l'évêque de Westminster et de certains des évêques élus par la France (2) et l'Espagne sont plus «possibilistes» pour une nouvelle pratique.

Le climat est de toute façon très chaud et les décisions que François devra prendre sur les questions les plus controversées du Synode ne seront pas du tout faciles ni évidentes.

De la Pologne arrivent comme un ouragan les déclarations faites au journal Niedziela par l'archevêque de Varsovie, Mgr Hoser.
Ce sont des mots très durs et chagrinés.
«Je vais vous dire brutalement. L'Église a trahi Jean-Paul II. Non pas l'Eglise comme l'épouse du Christ, ni l'Eglise de Notre Credo, parce que Jean-Paul II a été une voix authentique de l'Église; mais c'est la pratique pastorale qui a trahi Jean-Paul II. C'est une thèse à laquelle je souscris, parce que 40 ans de mon sacerdoce ont été consacrés au mariage et à la famille, au cours desquelles j'ai promu le thème de l'évangélisation de l'intimité conjugale. Dans de nombreux autres pays, en raison de la contestation des enseignements de l'Église, exprimés par le Bienheureux Pape Paul VI, la pastorale de la famille a été stoppée».

La trahison de Jean-Paul II, selon Mgr Henryk Hoser, se serait consommée dans la pratique pastorale, celle que justement beaucoup aimeraient modifier pour rester en ligne avec le temps. Il y a même des prélats qui considèrent comme dépassée la célèbre encyclique du pape polonais sainte, Familiaris consortio (1), car elle ne fournirait pas de réponses suffisantes à certaines nouvelles «exigences» de notre réalité sociale (divorcés remariés, couples «irréguliers» et du même sexe). L'évêque de Varsovie estime, au contraire, que les indications de cette encyclique «extraordinaire» ont été en réalité ignorées et non appliquées dans la pratique pastorale. Jean-Paul II avait demandé aux pasteurs de «partager» cet enseignement, mais les pasteurs ne l'ont pas partagé «parce qu'ils ne ont pas lu, ou ne s'en souvenaient pas».

* * *

(1) Familiaris Consortio (w2.vatican.va), les tâches de la famille chrétienne dans le monde d'aujourd'hui - Exhortation apostolique du Pape Jean-Paul II

En 1981, le Pape Jean-Paul II a adressé une exhortation apostolique à l'épiscopat, au clergé et à tous les fidèles de l'Eglise sur les tâches de la famille chrétienne dans le monde contemporain. Dans ce texte. Jean-Paul II attire l'attention sur le rôle de la famille, cellule de base de la société, et met en avant les différentes dimensions de la famille : le mariage, l'accueil des enfants, l'éducation mais aussi les droits de la famille et sa mission au sein de l'Eglise. (source)

(2) Selon Sandro Magister: "La délégation de la France apparaît plus équilibrée, le progressiste Jean-Luc Brunin, président de la commission épiscopale française pour la famille, y faisant contrepoids au cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris".



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