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Les chrétiens sont Charlie

... et les musulmans brûlent des églises. Une analyse d'Anna Bono, sur La Bussola (19/1/2015)

Les chrétiens sont Charlie et les musulmans brûlent des églises

Anna Bono
19.01.2015
http://www.lanuovabq.it
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Il fallait s'y attendre, après les nouvelles caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo: des imams, des politiciens et des porte-parole des mouvements islamistes ont réagi au dernier affront par des déclarations de condamnation et en demandant aux fidèles de protester publiquement après la prière du vendredi, jour de particulière dévotion pour les musulmans. A l'appel de dirigeants religieux et politiques, des masses de fidèles ont répondu en remplissant les rues et les places: hommes, femmes, beaucoup de jeunes, et même de nombreux enfants. Les manifestations populaires les plus impressionnantes se sont produites au Niger, au Pakistan, en Somalie, au Yémen, au Sénégal, au Mali, en Mauritanie, en Algérie, au Soudan et dans la République autonome d'Ingouchie. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé et continuent de le faire en brandissant des pancartes sur lesquelles est écrit, en anglais et en français, avec le même graphisme que le manifeste «Je suis Charlie»: «Je suis un musulman» et, en petit, «j'aime mon Prophète». Sur d'autres, on lit «Nous condamnons les agissements anti islamiques», dans d'autres encore «Stop Charlie», «Je suis Mohamet», «Je suis avec Mahomet», «Je suis Kouachi». Sur les affiches et les banderoles, de nombreuses phrases louant Mahomet: «Notre Prophète au paradis, vos Charlie en enfer», «N'insultez pas les prophètes de Dieu, merci», «Je n'aime pas ceux qui se moquent de ma religion», «Je suis avec Mahomet, que la paix soit avec lui»," Non à la violence, non à Charlie, paix et bien sous la direction de Mahomet», «Nous aimons et nous aimerons toujours notre Prophète»...

Il fallait s'y attendre, a-t-on dit, et on peut même comprendre: des gens qui éprouvent du ressentiment et désapprouvent en choeur ceux qui offensent leur foi. Ce qu'on ne comprend pas, même si ce n'était que trop prévisible, c'est la violence de nombreuses manifestations et les cibles auxquelles elles s'en sont prises, non seulement le magazine Charlie Hebdo, la revue incriminée, mais aussi, et plus encore ceux qui en permettent la publication, à savoir la société et les institutions occidentales, et même la religion - le christianisme - à laquelle Charlie Hebdo s'en est pris avec le même manque de respect qu'il a montré pour l'Islam.

La grande manifestation organisée à Paris , les déclarations officielles des chefs d'État et de gouvernement contre la violence meurtrière et en défense des libertés individuelles résonnent comme une preuve de complicité et pire encore aux oreilles d'un monde qui exige un châtiment exemplaire pour ceux qui ne respectent pas Dieu et désobéissent, quelle que soit la prescription violée. Le gouvernement de l'Ingouchie, qui a autorisé la manifestation organisée dans la capitale Magas avec la participation d'au moins 15 000 personnes, a justifié sa décision par la nécessité de dénoncer les pays occidentaux coupables d'un «extrémisme d'Etat» voué à dresser les uns contre les autres des personnes de religions différentes, comme le montre le fait de tolérer, sous le prétexte de défendre la liberté d'expression, des réalités comme Charlie Hebdo.

Au Pakistan et ailleurs, les manifestants ne se sont pas limités à menacer les auteurs des caricatures de Mahomet, mais ils ont brûlé les drapeaux français, américains et israéliens. Les avocats liés aux principaux partis islamistes pakistanais, Tanzeem-e-Islami et Jamaat-e-Islami, lors d'une manifestation de protestation ont mis le feu à une effigie du président français François Hollande. Paul Bhatti, leader catholique du parti All Pakistan Minorities Alliance, interrogé par l'agence de presse <AsiaNews>, a expliqué les tons anti-occidentaux très durs des protestations dans son pays et d'autres comme un effet de la propagande des islamistes qui exploitent et manipulent des personnes privées d'information (ndt: ils ne sont malheureusement pas les seuls à le faire, sauf que là, c'est violent!!!), sortes d'analphabètes qui au Pakistan représentent 50% de la population: les mouvements extrémistes - soutient Bhatti - «parviennent à capter la sympathie et le consensus de ces personnes en abusant de leur ignorance, de leur pauvreté».

Au Niger, un pays à 80% musulman , l'ignorance et la pauvreté ont détourné la colère populaire contre la minorité chrétienne. Vendredi dernier, dans la ville de Zinder, après la prière, des centaines de manifestants ont saccagé des magasins appartenant à des chrétiens. Le lendemain, la protestation a continué et s'est propagée à la capitale, Niamey, où une foule en colère s'est rassemblée près de la Grande Mosquée et, au cri de «Allah est grand», a ensuite attaqué et pillé bars, hôtels et boutiques de chrétiens. Puis ce fut le tour des édifices religieux. Six, peut-être sept églises ont été incendiées et pillées.
Le curé Jadi Zakaria déclaré à la BBC que les attaques ont commencé alors qu'il participait dans son église à une réunion avec d'autres prêtres. Informé du danger, il a couru pour alerter ses collègues de mettre les familles en sûreté et a fait de même. Quand il est revenu, il a trouvé l'église et sa maison complètement dévastées et pillées.
Pour l'instant, il y a au moins cinq victimes au Niger, dont une trouvée carbonisée dans une église catholique livrée aux flammes.
Le président Issoufou Mahamadou est l'un des chefs d'Etat africains qui ont participé à la marche contre le terrorisme à Paris le 11 Janvier, au premier rang avec d'autres dirigeants du monde.

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