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La supériorité intellectuelle de Benoît XVI

Le Pape qui nous rend fiers d'être catholiques. Reprise d'un très bel article écrit par Nicolas Bonnal au lendemain de la visite en France en septembre 2008 (14/1/2015)

Avec l'aimable autorisation de l'auteur.
L'article avait initialement été publié sur le site Liberté Politique.

     

De la supériorité intellectuelle de Benoît XVI

Nicolas Bonnal
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J’ai pleuré en lisant certains des textes de Benoît XVI en France.
L’éblouissante supériorité intellectuelle du pape ne fait plus aucun doute, et elle est bien au-dessus des limites des théologiens moyens du siècle passé. Elle est une chance inouïe pour le catholicisme que l’on voit à nouveau dynamique et conquérant. Comme au temps des dominicains ou des jésuites, les catholiques vont avoir un ascendant intellectuel sur la concurrence, si j’ose dire ; et même en des temps médiatiques imbéciles, c’est un atout fondamental. Jésus enfant ne commence-t-il pas à en remontrer aux scribes dans le Temple ?
Benoît XVI incarne la réconciliation de la raison et de la lumière divine, de ce que saint Bernard appelait le Logos.
La rage frustrée de certains doit éclater en ce moment en même temps que leur désespoir existentiel.
Car le message du pape irradie comme un phare dans la nuit obscure : en rendant hommage à l’herméneutique sacrée, il ne cherche pas à diviser juifs, musulmans, bouddhistes ou païens, il cherche à éclairer jusqu’aux athées et aux fameux agnostiques. Et il recommande même aux apprentis-sorciers de la science et de la terre profanées ce que devrait être leur voie : la recherche de Dieu, plutôt que celle du meilleur rendement ou du clone en pièces détachées.

Il me paraît important que ce pape soit un Allemand : les Allemands ont été les plus grands philosophes de l’Europe, entre autres grandes qualités, et à ce titre ils ont commis les plus grands péchés contre la foi chrétienne, sans doute après Leibnitz. Kant, Hegel, Nietzsche, Schopenhauer et bien sûr Marx, ont été des ennemis presque irréels du christianisme. Il a fallut la grande voix du paysan souabe Heidegger pour se rendre compte de l’oubli de l’Être, même s’il se refusait à se régénérer dans les eaux de son baptême.

Avec son génie germanique, mais aussi avec une clarté toute latine, presque française, Benoît XVI, fils de notre bien-aimée Bavière, terre des bières et du travail bien fait, illustre le retour aux sources intellectuelles du grand christianisme.

Car pendant très longtemps les catholiques ont été victimes d’un mépris intellectuel incroyable : on dit les « les cathos », les « ravis de la crèche », les imbéciles heureux en pensant à eux. Depuis le mal-nommé siècle des Lumières, l’infâme catholicisme est synonyme d’obscurité et de stupidité. La science et la technique marchaient avec le progrès, et l’on voit d’ailleurs où elles nous ont mené, sur le plan écologique, esthétique ou cognitif (comparons Bossuet à Angot pour voir). L’Église en échange, se voyait chargée de tous les maux, en dépit du fait qu’elle exerça le magistère durant un millénaire et demi, qu’elle inventa la musique et recouvrit la terre d’Europe d’un blanc manteau d’églises, comme disait Raoul Glaber. Mais, complexée par les succès scientifiques ou politiques du modernisme, son clergé avait peut-être fini par croire qu’elle n’était plus au niveau. Avec Benoît XVI, nous avons obtenu réparation. Il a restauré nos cerveaux. Le mens est au niveau de l’anima.

Dans son discours prononcé aux Bernardins, j’ai été surpris par l’audace impromptue de son propos : il s’est réclamé du monachisme le plus absolu, de la tradition pythagoricienne de la musique (la musique des sphères), du lien sacré entre la musique et l’architecture, qui, disait Goethe, est de la musique solidifiée. Sur ces points je renverrai le lecteur à l’œuvre sans égale du musicologue suisse Marcus Schneider. La référence du pape au chapiteau de Cluny m’a bouleversé, d’autant que l’ancien portier de la Grande-Chartreuse m’avait éclairé à ce sujet : il m’évoquait la synarchie musicale, l’ennéacorde masculin et grave, ou aigu et féminin, et les correspondances architectoniques et musicales entre le ionien et le dorique.

L’extraordinaire discours des Bernardins rend aussi un hommage appuyé aux moines, et par une subtilité dont le pape a le secret, à l’exemplaire rabbinisme traditionnel. Les moines sont à la fois manuels et intellectuels, comme saint Paul fabricant de tentes. C’est eux qui de ce fait ont pu sauver l’héritage intellectuel de l’Antiquité (Joyce, catholique apostat, a écrit des pages admirables sur le rôle missionnaire des moines irlandais durant le haut Moyen Âge) tout en créant l’architecture, la musique et même la gastronomie européenne : que de chartreuses, d’élixirs, de bières, de fromages n’ont-ils pas inventés au cours de leur épopée médiévale ! Eux, les ascètes, ont développé le goût.

Chesterton prophétisait un retour du Quichotte. Mais avec Benoît XVI, nous avons droit à un retour de saint Thomas d’Aquin. Les pères de l’Église sont revenus, studieux, pour nous éclairer. Et je ne vois pas la mitraille de l’inculture et de la dérision contemporaine l’arrêter comme cela.

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