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Panique à la Curie

Où le cardinal Vallini, dans l''Avvenire, retoque Giuseppe Rusconi pour sa "photographie de la Curie sous François". Et où Mgr Fernandez est "réhabilité" après son interview délirante au Corriere. Très intéressant article de Magister sur Settimo Cielo. Traduction Anna

Ci-dessous: le Pape et le cardinal Valli.

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Avant d'accueillir François, la CEI a fait de l'ordre dans la maison

Settimo Cielo
18 mai 2005
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Quelque chose d'inhabituel s'est produit dans l'après-midi du 18 mai, alors que les cardinaux et les évêques confluaient vers le Vatican pour l'ouverture, en présence du pape, de l'assemblée plénière de la conférence épiscopale italienne. Les journalistes qui étaient en attente se sont jetés tous ensemble non pas sur le président ou le secrétaire de la CEI, mais sur le presque inconnu cardinal Agostino Vallini, visiblement pris de surprise par ce paquet de mêlée tout à fait nouveau pour lui.

Il y avait bien une raison à tout cet intérêt journalistique.
Le jour précédent était sortie, dans l'édition dominicale du journal de la CEI "Avvenire" , une interview de Vallini qui contrastait singulièrement avec sa réserve habituelle.
Le titre de pleine page allait droit au but: "INTERVIEW AU CARDINAL AGOSTINO VALLINI. 'PAS D'ENNEMIS. FAUSSES INTERPRÉTATIONS DES JOURNALISTES. LE PAPE FRANÇOIS N'EST PAS ISOLÉ. TOUTE L'ÉGLISE L'AIME BEAUCOUP".

Que s'était-il passé pour inciter le très prudent Vallini à prendre la défense du pape, dont il est vicaire, avec tout ce fracas?
Dans l'interview il y avait un passage révélateur:

Je n'exclus pas que certaines expressions de quelque cardinal ou autre ecclésiastique aient pu se prêter à une interprétation globalement fausse de la vie de l'Église: il faudrait donc être plus prudents.
Mais de là à imaginer une lutte entre le pape et la curie, il y a loin. Je suis membre de plusieurs organismes de la curie, je participe régulièrement à des rencontres et réunions confidentielles et jamais je n'ai entendu des jugements ou appréciations tels que quelque journal voudrait accréditer.

En fait, ce n'était pas "quelque journal", mais un en particulier qui avait, quelques jours auparavant, suscité un redoutable guêpier à l'intérieur et en dehors de la curie: le mensuel allemand de politique et culture "Cicero", avec le pape François en couverture et le titre "DER KAMPF UM ROM", la bataille de Rome.
L'auteur de l’article était un excellent journaliste suisse, Giuseppe Rusconi, avec une longue expérience de vaticaniste à Rome, lequel avait aligné une série d'évaluations sur le pontife régnant, recueillies diligemment parmi des cardinaux et hauts responsables de la curie romaine, avec l'engagement, scrupuleusement respecté, de ne pas en révéler les noms en échange de la franchise des jugements exprimés par chacun d'eux.
Rusconi, qui est du Canton du Tessin, a publié la version intégrale italienne de la "cover story" de Cicero dans son blog "Rossoporpora": "Ainsi parlait la curie profonde à l'époque de François" (ndt: article traduit ici: Photo instantanée de la Curie sous François ).
Quelques heures plus tard, l’article était relancé, par rien moins que le site officieux du Vatican, Il Sismografo, revue quotidienne en toutes les langues des articles concernant l'Église et le pape, contrôlée par la Secrétairerie d'État, et lui donnait ainsi un écho mondial.

En réalité, aucun haut responsable de la curie n'a eu le moindre doute sur l’authenticité des jugements rapportés par Rusconi entre guillemets. À commencer par celui qui ouvre l‘article: "François reste avec le cœur et la tête archevêque de Buenos Aires. Ce ne serait pas grave…si ce n'était que depuis deux ans il est l'évêque de Rome et donc le pape de l'Église universelle".
Sur les évêques et cardinaux italiens planait toutefois l’assemblée plénière annuelle de la CEI, que le pape en personne avait décidé d'ouvrir, avec le style qu'on lui connaît et les inéluctables «savons» qui le dynamisent.
D'où la précaution bien naturelle et compréhensible d'arriver à l'assemblée avec la maison en ordre. C'est à dire avec une claire prise préalable de distance des critiques de haut niveau à l'actuel pontificat et une confirmation explicite de la pleine adhésion au même.

Mission accomplie donc avec l'interview au cardinal Vallini.

Et ce n'est pas tout. Quelques heures avant l'ouverture de l'assemblée, le "Servizio Informazione Religiosa" (SIR), c'est à dire l'agence en ligne de la CEI, a fait aussi tout son possible pour réhabiliter, avec de nobles questions concernant les thèmes de l'assemblée, un personnage tel que l'archevêque et théologien argentin Victor Manuel Fernández, très proche du cœur et de l'esprit du pape François, qui est toutefois tombé dans le discrédit général, à l'intérieur et en dehors de la curie, surtout après une interview abracadabrante qu’il a accordée au Corriere della Sera de dimanche 10 mai - comme expliqué en détail dans ce post de "Settimo Cielo": "Ce serait lui, le théologien de confiance du Pape?"- (cf. Une déclaration de guerre )
Il faut signaler que même ce billet, pourtant si critique à l'égard du personnage, a été aussitôt relancé par ce fidèle indicateur des pensées cachées de la curie vaticane qu'est le "Sismografo".

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