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La chanson du Pape

... Dimanche des Rameaux, Place Saint-Pierre. Eclairage de Carlota

>>> Cf.
Quand le Pape se met en scène

La chanson du Pape et le dimanche des Rameaux

(Carlota)

Je sais bien que Jésus fut accueilli, on ne peut mieux, lorsqu'il entra à Jérusalem sur son âne, et l'on a peut-être entendu quelques musiques dans le brouhaha des gens qui l'acclamaient.
Mais, mais, à la messe ce dimanche des Rameaux, j'ai aussi entendu l'évocation des disciples qui dorment malgré les consignes du Maître qui doit les réveiller plusieurs fois, un Maître qui sait ce qui va lui arriver. J'ai bien entendu aussi l'évocation de Judas, l’ami de toujours avec qui l’on dialoguait pourtant, et l’affaire de son baiser puis de son suicide (lui au moins a été capable de remords), le récit de la comparution devant Pilate qui essaie de faire ce qu'il peut, de la condamnation des prêtres et de la foule... Bref des lectures particulièrement poignantes quand on les écoute bien et qu’on les faits siennes en pensée. Celui qui entre dans la souffrance, Il est déjà bien là aux lectures du dimanche des Rameaux, des lectures qui annoncent le début de la Passion, et non pas encore la joie de Pâques et de la Résurrection. Tout cela pour dire que la chansonnette de l’Odino (Faccia) argentin n’en paraît que plus décalée, avec une musique qui n'a pas dû demander beaucoup d'efforts à celui qui l'a composée, et des paroles que je vais qualifier de gentillettes!

Je veux bien admettre, qu’il faut être tolérant et en enlevant la chansonnette de son contexte, le dimanche des Rameaux, sur la place saint Pierre, elle n’est pas si nulle que cela et elle a été composée en partant de bons sentiments (Ah, les bons sentiments !). Justement pas si nulle, tout est dit, mais encore moins transcendante pour un milliard et plus de catholiques! De la pub non confessionnelle d’un amour universel mais aussi très égocentrique, à la petite semaine, un amour version village global onusien (voir aussi l’illustration vidéo de la chanson).
J’accepte que certains vont me rétorquer qu'il faut mieux chanter cela avec le cœur que de rester aigri derrière son ordinateur, et que la critique est aisée, surtout quand on ne fait rien. Bon, c’est vrai la musique est entraînante, le chanteur a un certain charme latin auquel, midinette à mes heures, je suis encore capable de succomber, et les paroles (2) sont, malgré tout, plus sympas que celles de certains rappeurs d’un Hexagone où parlent encore de la France mais pour la « niquer » (on me dit qu’il s’agit de la part de ces rappeurs de licence poétique. Je prends donc bien note de cela).

J'espère néanmoins que les dites paroles sympas de « la chanson du Pape » François n’ont pas vraiment été composées par le Souverain Pontife. Ou alors il les a écrites vraiment sur un coin de table, et en passant en coup de vent, dans la salle à manger de la résidence Sainte Marthe, car soyons sérieux, il s'agit d'une vision simplifiée, et en plus totalement irénique et impossible du monde (même les meilleurs disciples du Christ l’ont trahi), une vision donc, qui ne fait pas honneur à l'intelligence et au cœur des catholiques, et des êtres humains en général tels que Dieu les a crées. Ces êtres, ont, malgré tout et quel que soit leur niveau de connaissances, une capacité à une spiritualité un peu supérieure à celle du texte de la chansonnette, et peuvent avoir un autre rapport à la musique, que celui qui nous est désormais imposé en tous lieux et circonstances et à nous tous, quelles que soient notre civilisation et nos traditions, via les maisons d’édition du village planétaire, et y compris dans certaines messes qui se veulent à la mode (mondaines).

Je lis dans la description de la chanson mis en ligne sur youtube que les paroles sont de Jorge Bergoglio et Odino Faccia ; que "Pour que Tous soient Un" est le nouvel "hymne pour la Paix", qu’il sera édité en espagnol, portugais, italien et anglais, et que la chanson est déjà disponible dans tous les magasins et plateformes internet.
Ce serait le pape lui même qui aurait chargé Odino du travail de composition, d'interprétation et de diffusion de la chanson. Odino travaille en effet depuis des années pour différentes causes humanitaires et a été élu en 2009 comme "Voix pour la paix dans le monde" par 23 Organismes Internationaux (le prix lui a été remis par Adolfo Perez Esquivel, argentin lui aussi, né en 1931, prix Nobel de la paix 1980, pour son engagement pour les Droits de L'Homme. Voir ICI la personnalité de ce prix Nobel qui est loin d’être neutre, on est vraiment dans le médiatiquement correct).
Odino est aussi Ambassadeur de la Paix pour l'Unesco, il parraine divers projets pour la Paix dans différents pays et actuellement il s'oriente vers l'inclusion (?!) sociale à partir de la musique, en étant à la tête du "Réseau des Artistes pour la Paix" (encore un machin onusien via l’Unesco).

La chanson mixée à Miami et masterisée à Milan était bien prévue d'être inaugurée sur la place St Pierre le 29 mars et cela avait été annoncé notamment en Argentine au préalable comme le montre un article daté du 27 mars qui parle déjà de la chanson du pape (2).

Notes complémentaires de Carlota

(1) Dimanche des Rameaux, voilà comment le Père Santiago Martín évoque cette journée si particulière (original www.religionenlibertad.com/)

Dimanche des Rameaux : c’est moi le traître.
Étant à table en train de manger, Jésus dit : Je vous assure que l’un de vous va me livrer : l’un de ceux qui est en train de manger avec moi. Eux, consternés, commencèrent à lui demander les uns après les autres : Serais-ce moi ? Il répondit : L’un des douze, celui qui mange dans la même assiette que moi ». (Mc 14, 18-20).

La Semaine Sainte s’ouvre avec le Dimanche des Rameaux, et dans cette fête si joyeuse, s’insère déjà la future tragédie. Les mêmes qui un jour ont applaudi quand le Seigneur est entré à Jérusalem sont ceux qui se taisent quelques jours plus tard, ou en allant plus loin encore, changent la signification de leurs cris pour demander qu’on le crucifie après avoir peu de temps avant crié l’hymne de bienvenue du Hosanna. C’est ainsi que cela s’est passé et que cela continue à se passer. Les amis des heures du succès disparaissent ou même se transforment en ennemis quand arrivent les mauvais moments.

C’est pour cela que nous devons vivre la Semaine Sainte selon une clef (de lecture) personnelle, en essayant de nous introduire dans chacun des personnages qui interviennent pour découvrir nos similitudes avec eux. Parce qu’il y a des moments dans la vie où nous sommes le Christ innocent et crucifié, tandis qu’il y en a d’autres, les plus nombreux, où nous somme Judas le traître ou Pierre celui qui nie connaître le Seigneur. Il ne manque pas non plus, heureusement, des instants où nous nous transformons en (Simon le) Cyrénéen qui aide celui qui est écrasé sous le poids de sa croix. Découvrons, donc, notre participation à la Passion du Seigneur et que notre amour croisse en Lui, et notre désir de lui éviter tout type de souffrance. Ce que nous obtiendrons dans la mesure où nous nous rendrons compte que le Christ a souffert et est mort pour nous, pour chacun de nous, car ce sont nos trahisons et nos péchés qui l’ont amené au Calvaire.

(2) La chanson dite du Pape:

Ce message est de lumière et d'espérance
Lumière qui traverse l'obscurité.
Ne laisse jamais le passé déterminer ta vie
Regarde toujours devant
L'avenir est dans ta tête, dans tes mains, et dans ton cœur.
Pour que tous soient un
Les murs n'existent plus
Seulement la valeur de la rencontre
Qui est le pont vers la paix.
Pour que tous soient un ?
L’unité est le chemin
Une alliance toujours ouverte à l'amour et à la vérité
Quand tu te trouves face à la douleur
Tu dois faire ce que le cœur demande
Parce que les gestes les plus authentiques
Sont seulement ceux qui viennent
L'avenir est dans ta tête, dans tes mains, et dans ton cœur…

Bref peut-être beaucoup de bruit pour rien, comme pour beaucoup de choses actuellement, une marque de fabrique du moment du chargé de com’ du Vatican ou de l’Église, avec un léger manque de timing (et de jugement) pour faire résonner la chanson à la mode au bon lieu et au bon moment ?

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