Page d'accueil | Pourquoi ce site

Le cardinal Burke trop catholique pour certains ?

Un journaliste du site américain "The Crux", furieusement "catho de gauche", s’en était pris au cardinal, après une interview de janvier dernier sur la féminisation de l'Eglise. Cela lui avait valu une réponse musclée dans le site de bord opposé "The Remnant". Traduction d’Anna

>>>: L'article de David Gibson, du 7 janvier 2015: www.cruxnow.com/church/2015/01/07/cardinal-raymond-burke-feminized-church-and-altar-girls-caused-priest-shortage/

>>> Ci-contre: La Grosse Bertha

Dans le Pape François, CRUX voit la Grosse Bertha tant attendue qui fera éclater en mille morceaux ce qui reste de la Tradition après cinquante ans de renouveau glorieux, ce qui est tellement plus important que le simple catholicisme.

Cela se passe aux Etats-Unis, mais la leçon vaut pour nous aussi : une nouvelle preuve qu'aujourd'hui, ceux qui osent, non pas critiquer le François, mais seulement défendre la doctrine de toujours prennent le risque d’être cloué au pilori médiatique par ceux qui les trouvent… trop catholiques !

L’interview accordée par le cardinal Burke à Jeanne Smits (cf. leblogdejeannesmits.blogspot.fr/2015/03/exclusif-un-entretien-inedit-avec-le...) a sans surprise déchaîné des réactions hostiles aux Etats-Unis, à la fois dans les médias catholiques libéraux (nous dirions en France cathos de gauche), et les médias laïcistes.
Parmi les premiers, le site «catholique» CRUX - la nouvelle "maison" de John Allen - où sévit un certain David Gibson, particulièrement virulent, qui a écrit une charge au vitriol contre le cardinal Burke que l’on peut lire en anglais ici: www.cruxnow.com ; elle est aussi publiée sur le site de l’hyper-progressiste National Catholic Reporter. - l'ex-"maison" de John Allen!

Ce n'était pas la première fois...
Cet article de Christopher A. Ferrara sur le site <The Remnant>, date de janvier dernier, il répond à un autre article du même Gibson à propos d'une autre interview du cardinal Burke - traduite par Anna (cf. benoit-et-moi.fr/2015-I-1/actualites/crise-de-lhomme-et-feminisation-dans-leglise). Il n’épargne pas le pontificat de François, et renvoie non sans humour les agresseurs dans les cordes.

Mais au fond, il n'y a pas de quoi s'étonner de ces critiques. Un cardinal "qui, aujourd'hui, ne subirait pas la critique manquerait à son devoir devant l'époque".
Et qu'il soit tourné en dérision par CRUX et consorts, n'est-ce pas la meilleure preuve qu'il ne se plie pas aux diktats du monde? Qu'il ne cède pas "à la télécratie et à la démoscopie les deux pouvoirs dictatoriaux d'aujourd'hui" et qu' "il ne prend pas comme paramètre le succès et l'approbation, mais la conscience, qui se mesure sur la vérité, sur la foi" (homélie de Mgr Ratzinger, alors archevêque de Munich, à l'occasion de la mort de Paul VI, cf. benoit-et-moi.fr/2013-II).

Le magazine Crux attaque le Cardinal Burke: l’émergence d’un journalisme "catholique" know nothing [(*)]

remnantnewspaper.com/web/index.php/fetzen-fliegen/item/1419-crux-magazine-and-the-rise-of-know-nothing-catholic-journalism
Chistopher Ferrara
Traduction Anna
-----


Il devient chaque jour plus évident que le Pape François essaie de faire, au niveau de l'Église universelle, ce qu'il a fait comme provincial des Jésuites en Argentine: imposer sa vision latino-américaine particulière de la Foi, qui combine la piété populaire sans dogme avec le progressisme radical, ce dernier sapant la première, comme on peut voir par les défections en masse de l'Église en Argentine et dans l'ensemble de l'Amérique Latine.

Ceci explique comment un Pape qui raconte aux gens ordinaires de se méfier des impostures du Diable, puisse au même temps affirmer que les athées, les Protestants, Juifs, Musulmans, Catholiques divorcés et "remariés" et même d'éventuelles "personnes gays", "cherchent Dieu" dans leurs respectives conditions spirituelles comme s'il n'y avait ni un Diable pour les tromper ni un Enfer pour punir leur péché. Ceci explique comment un même Pape puisse déclarer dans une homélie que "tout chrétien est appelé en toute circonstance à vivre une vie cohérente avec la foi qu'il ou elle professe", tandis qu'il affirme que les adultères publics devraient pouvoir être parrains et marraines et que leur admission à la Sainte Communion, sans renoncer à leurs relations adultères, est un sujet digne d'un débat sérieux dans l'Église - exactement le contraire de l'enseignement explicite de Jean Paul II dans une encyclique historique sur le mariage et la famille d'il y a seulement 33 ans (ndt: il s'agit en fait de l'exhortation apostolique de 1981 Familiaris Consortio).

Ainsi que les vérités de notre religion sont obscurcies par la confusions et les contradictions exaspérantes du culte bergoglien de la personnalité, on voit aussi monter une espèce de journalisme "catholique" Know-nothing , qui participe à cette éclipse de la Foi par la diabolisation de quiconque d'une certaine importance ose parler de choses aussi insignifiantes que la doctrine et la discipline catholique, la tradition liturgique, ou la crise de l'Eglise, lesquelles résultent justement de la corruption de la doctrine, discipline et liturgie. Des cardinaux et évêques ne sont non plus sont exempts du paradoxe de la montée de l’anti-catholicisme agressif de certains journaux catholiques mainstream, autre résultat de l'"effet François".

Le magazine CRUX illustre cette évolution avec son récent travail de démolition du Cardinal Raymond Burke. Le bon Cardinal est un des rares prélats dans le monde occidental qui défende publiquement les vérités de la Foi contre la dénonciation par le Pape François des catholiques "rigides" qui refusent de suivre le Dieu des Surprises qu'il a présenté à l'Église le jour où il a fait paraître un document censé être la relation de mi-parcours du Synode de 2014, que le Synode même n'avais jamais approuvée ni vue auparavant! Vous vous en souvenez: le document qui appelle à admettre les catholiques divorcés et "remariés" à la Sainte Communion sur la "base du cas par cas" et à "accueillir" et "valoriser" l' "orientation" des homosexuels. Surprise!

CRUX veut que tout le monde méprise le Cardinal Burke parce que il refuse de suivre la ligne du parti du Président Bergoglio, opposé à la volonté du Vicaire di Christ d'enseigner et gouverner de manière traditionnelle, et pour laquelle des publications comme CRUX n'ont pas la moindre considération.
Dans le Pape François, CRUX voit la Grosse Bertha tant attendue qui fera éclater en mille morceaux ce qui reste de la Tradition après cinquante ans de renouveau glorieux, ce qui est tellement plus important que le simple catholicisme.

L'article commence donc par remarquer que le Cardinal "qui a été un des critiques les plus ouverts de la pression du Pape François pour des réformes, trouble à nouveau les eaux (roiling: rendre l'eau trouble par agitation du fond)…".
Qu'entendent-ils par "pression pour des réformes"?
Vous savez, réforme. Tout ce que le Pape veut. Tu la fermes et tu laisses faire. Il ne faut pas qu'il y ait d'eaux troubles dans l'Église de François. L'Âge des Eaux Troubles est terminée maintenant que nous sommes enfin parvenus, comme CRUX l'imagine, à la destination envisagée par Vatican II: le havre sûr du Progrès Parfait et Perpétuel où il n'y a plus de place pour les vagues de dissidence qui de toute façon ont toujours été la prérogative exclusive des Modernistes.

Mais comment exactement le méchant Cardinal Burke trouble-t-il les eaux, cette fois?
En "affirmant que l'Église Catholique s'est trop 'féminisée'". Oui, le Cardinal a osé remarquer l'évidence dans une des percutantes interviews qu'il a données depuis que le Premier Pape Miséricordieux l'a brutalement démis et exilé dans un poste protocolaire chez les Chevaliers de Malte. Que l'Église depuis Vatican II ait subi un processus de "féminisation" dans la prêtrise et la liturgie, comme le Cardinal Burke l’a dit, est une chose que quiconque n'a pas été dans le coma pendant les derniers cinquante ans peut voir de lui-même.

CRUX est aussi profondément offusqué par l'affirmation outrageuse du Cardinal Burke que les prêtres qui molestent des jeunes garçons et des hommes sont "féminisés et confus dans leur identité sexuelle". Ne sait-il pas, le Cardinal que des "(re)chercheurs ont contesté cette affirmation, et des experts ont fait observer que l'augmentation du nombre de gays qui ont accédé à la prêtrise depuis 1980 a coïncidé avec une forte diminution des cas d'abus?"
Eh bien, si les "chercheurs" et les "experts" ont parlé - et peu importe qui sont ces gens - comment un simple Cardinal pourrait-il être pris au sérieux lorsqu'il affirme que les prêtres qui abusent sexuellement des hommes sont des hommes féminisés, confus dans leur identité sexuelle? Mais, vraiment, qui est-il, ce mec pour juger?

L'attaque de CRUX contre le Cardinal Burke ne mérite pas une analyse sérieuse. Elle sert juste d'exemple de cette curieuse nouvelle attitude «Je-ne-sais-pas» (Know-nothingism) interne à l'Église visant à susciter la crainte et la répugnance des catholiques simplement parce qu’ ils sont catholiques par opposition aux suiveurs aveugles du Super Pape aimé des médias, alias Le Grand Réformateur. Il suffit de relever l'ignoble dernier paragraphe de l’article:

"Burke, un liturgiste traditionnel et un conservateur doctrinal, connu pour s'habiller en des soies recherchées et des vêtements de dentelles pour célébrer la Messe, a aussi déclaré que "les hommes doivent s'habiller et agir comme des hommes d'une façon respectueuse d'eux-mêmes, des femmes et des enfants".


L'auteur de ce coup, un certain David Gibson, est assez sordide pour lancer la méchante remarque que le Cardinal Burke peut difficilement se plaindre de la féminisation de l'Église alors qu'il s'habille en vêtements de soie et dentelle - les mêmes vêtements portés par des papes canonisés et des prêtres, y compris le Saint Padre Pio. Avec une ironie exquise, Gibson justifie l'affirmation du Cardinal Burke recourant à la tactique rhétorique de l'homme efféminé. Les organes progressistes comme CRUX considèrent comme leur mission de ridiculiser et marginaliser le Cardinal, ainsi que tout autre catholique traditionnel, par tous les moyens nécessaires parce que dans l'Âge Glorieux de François il ne doit pas y avoir de tolérance pour quiconque est "un traditionnel de la liturgie et un conservateur doctrinal".

Bref, selon CRUX, sous le règne du Grand Réformateur, les seules personnes qui ne sont pas bienvenues dans l'Eglise catholique aujourd'hui sont les catholiques orthodoxes. En moins de deux ans de François la situation est bel et bien parvenue à ce niveau d'absurde. Comme François lui-même le suggère presque quotidiennement, avec toute la délicatesse de quelqu'un qui frappe sur une grosse caisse avec un maillet en bois, les Catholiques déterminés à garder une solide orthodoxie et orthopraxie sont en réalité les Pharisiens contemporains et des "légalistes" dont la "présumée solidité de doctrine ou discipline conduit … à un élitisme narcissique et autoritaire…" Ces "rigoristes", a affirmé François il y a quelques jours, sont des "narcissiques religieux" avec des "cœurs endurcis…qui se barricadent derrière les lois et les règles, comme dans une prison, pour se sentir en sécurité et suivre ces règles à la lettre…"

"Hou… !" (interjection de huée), siffle CRUX, et, à la suite du Président, il jette l'opprobre sur ces exécrables non-personnes, y compris le Cardinal Burke.
En dénigrant "le Cardinal Burke et ses mécontentements", écrit John Allen sur le même site, François, ayant rencontré de la "résistance" de la part de ces prétentieux conservateurs doctrinaux et liturgiques - c.à.d. les catholiques - "est en train de couper une ou deux têtes afin de rappeler aux gens qui est aux commandes". Après tout, comme un autre Président l'a un jour dit à propos de comment on traite avec la "résistance", pour faire une omelette il faut casser des oeufs.

Je laisse les lecteurs avec cette image de Son Excellence Mvé Engone, Évêque du Diocèse de Libreville au Gabon, un prélat assez viril pour pouvoir porter "des vêtements en soie recherchée et dentelle" parce que il reconnaît que le saint sacerdoce, comme la papauté, ne concerne pas celui qui porte l'office mais le divin Roi qu'il représente, et que la liturgie solennelle concerne la régalité du Royaume des Cieux, et non le vulgaire populisme et la mondanité qui affligent la prêtrise dans l'Église d'Aujourd'hui, dont le vêtement est une aube en polyester.

Note (importante)

Le titre fait probablement référence à un mouvement politique américain violemment anti-catholique du milieu du XIXe siècle, le Know Nothing, ou nativisme.
Ce mouvement s'étant tout d'abord structuré sous la forme d'une société secrète, les membres de cette dernière répondaient invariablement « Je ne sais rien » (« I Know Nothing ») quand ils étaient interrogés sur son existence.
Le mouvement était né de l'opposition de la bourgeoisie et des classes moyennes protestantes à l'immigration massive d'européens catholiques (principalement originaires d'Irlande et d'Allemagne méridionale), la communauté catholique étant jugée soumise à son clergé et perçue, par conséquent, comme le cheval de Troie d'une politique pontificale contraire aux idéaux libéraux et démocratiques des États-Unis..

Cf. fr.wikipedia.org/wiki/Know_Nothing

  Benoit et moi, tous droits réservés