Page d'accueil | Pourquoi ce site

Les vingt ans d' Evangelium vitæ

Le 25 mai 1995, il y a donc tout juste vingt ans, était publiée Evangelium vitæ, l’encyclique de Jean-Paul II «sur la valeur et l'inviolabilité de la vie humaine». Bilan, par Riccardo Cascioli, sur la Bussola

>>> Ci-contre: illustration sur "La Bussola"
>>> L'encyclique: w2.vatican.va

L’Evangile de la vie, vingt ans de trahison

Riccardo Cascioli
http://www.lanuovabq.it/it/articoli-il-vangelo-della-vita-venti-anni-di-tradimenti-12182.htm
Traduction de Anna
----

Oubliée, on ne peut pas dire qu'elle le soit: de nombreuses occasions de prière et de réflexion en ont été promues ces dernier jours, dont a dernière hier soir à la Basilique de Sainte Marie Majeure à Rome. Et pourtant, relisant les très fortes paroles de l'encyclique Evangelium Vitae, signée par Saint Jean-Paul II il y a exactement 20 ans, le 25 mars 1995, on en retire l'impression d'une disproportion entre ce à quoi cette encyclique appelle et ce qui en est effectivement résulté en ces deux décennies.

Ainsi que l'a rappelé Avvenire ces derniers jours, Saint Jean-Paul II attribuait à cette encyclique une importance capitale, il souhaitait qu'elle fût, pour la fin du XXème siècle, ce que Rerum Novarum de Léon XIII avait représenté pour la fin du XIXème siècle. C'est pourquoi elle commençait ainsi: "L'Évangile de la Vie se tient au cœur du message de Jésus".
Jean-Paul II alertait que les menaces contre la sacralité de la vie allaient se multipliant de manière considérable: "Aux fléaux anciens et douloureux de la misère, de la faim, des maladies endémiques, de la violence et des guerres, il s'en ajoute d'autres, dont les modalités sont nouvelles et les dimensions inquiétantes", lit-on dans l'encyclique: contraception, avortement, euthanasie, suicide volontaire, mutilations, tortures, génocides, sont les nombreux noms que prend l'atteinte à la dignité de la vie. A cause de l'importance que Jean-Paul II attribuait à cette encyclique, son élaboration fut longue, rappelle encore Avvenire, au moins quatre ans.

Le Pape avait une forte conscience de ce qui était à l'œuvre dans le monde: l'élaboration d'Evangelium Vitae commença lorsqu'il lui devint clair ce qui se passait aux Nations Unies, où allait démarrer le cycle des grandes conférences internationales, entamées en 1992 avec celle de Rio de Janeiro sur l'environnement, et qui atteignirent leur apogée avec la conférence du Caire sur la population et le développement en septembre 1994, pour se terminer en 1996 avec la conférence de Rome sur l'alimentation.
De ce cycle de conférences dériva le concept de "développement durable" dont relevait aussi celui des "les droits sexuels et reproductifs", véritable plateforme du lancement du le droit fondamental à l'avortement. Dans la totale inconscience du monde, qui croit que les problèmes importants sont de toute façon autres, ce cycle de conférences a changé profondément notre société, provoquant et accélérant des transformations dans le sens de la "culture de mort", selon la définition que lui donna Saint Jean Paul II.

Depuis les conférences préparatoires, qui s'étaient tenues des années avant le déroulement effectif des sommets, l'orientation que les Pays occidentaux allaient imprimer était toutefois déjà évidente. Il suffit de se rappeler que, à la veille de la Conférence du Caire, le président de l'époque Bill Clinton avait fait parvenir à tous les chefs d'état et de gouvernement une lettre par laquelle il faisait savoir que le contrôle des naissances - véritable objectif du Caire - était une priorité de la politique étrangère des Etats-Unis.
Saint Jean-Paul II avait compris que un combat décisif pour toute l'humanité allait se jouer et Evangelium Vitae reflète cette conscience, qu'il explicitera quelques années plus tard en 1997, lors de la Rencontre mondiale des familles de Rio de Janeiro:

"Autour de la famille et de la vie a lieu aujourd'hui la lutte fondamentale de la dignité de l'homme…Les ténèbres qui enveloppent la conception même de l'homme… Les ennemis de Dieu, plutôt que d'attaquer de front l'Auteur de la Création, préfèrent le frapper dans ses œuvres. L'homme est le sommet, la pointe de ses œuvres visibles…Et la famille est l'endroit privilégié pour faire grandir les potentialités personnelles et sociales que l'homme porte inscrites en son être".

Nous faisons aujourd'hui l'expérience de combien Saint Jean-Paul II avait su voir loin: l'attaque à la vie et à la famille est devenue un matraquage, et de plus en plus à découvert. C'est donc dans la perspective de cette confrontation historique entre Dieu et le Malin que cette encyclique doit être comprise. On peut ainsi mesurer dans sa juste dimension la "trahison" de la catholicité, qui ne s'est que très peu mobilisée. Certes, quelques œuvres en sont nées: il suffit de rappeler en Italie l'Association "Difendere la Vita con Maria", née à la demande du Pape afin qu'une "grande prière pour la vie traverse le monde entier", et qui s'est chargée en ces années de l'enterrement des enfants non nés, œuvre méritoire de piété. Ainsi que les Centres d'aide à la Vie ont également eu une nouvelle impulsion. Dans leur ensemble toutefois, ces œuvres ne sont rien par rapport à la tâche à laquelle Saint Jean-Paul II avait appelé l'Église universelle.

Malgré l'évidence de l'attaque à la vie en des formes de plus en plus affinées et obsédantes, et en dépit de la prophétie qui y est contenue, après vingt ans, le magistère d’Evangelium Vitae continue d'être ignoré et trahi. Le vingtième anniversaire de sa publication est lui-même célébré dans un ton mineur. On peut au moins espérer que, face aux désastres évidents que la "culture de la mort" est en train de provoquer, s'engage cette mobilisation que Jean-Paul II avait invoquée il y a déjà vingt ans.



  Benoit et moi, tous droits réservés