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Péril en la demeure

En ce moment, François semble faire le forcing sur la famille. Par son attitude, il a libéré des forces, dont il réalise peut-être qu'il lui sera difficile de les contrôler. Une réflexion de Monique T.

Y a-t-il péril en la demeure?

Monique T.
9 mai 2015
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Du 10 décembre 2014 au 6 mai 2015 inclus, le Pape François a consacré 16 catéchèses du mercredi au thème de la famille et ce n'est pas fini.
Lors de son voyage aux Philippines, il n'a pas manqué de marteler les convictions de l'Eglise sur la famille. Il reprend ce thème à chaque occasion (visites en Italie, visites ad limina etc...).
S'il est logique d'aborder ce thème entre deux synodes sur la famille, on peut se demander ce que signifie une telle insistance. On dirait que le Pape craint de n'être pas entendu... ou d'être accusé de ne pas défendre la famille comme il se doit.
Pourquoi éprouve-t-il le besoin de dire et de redire ce que tout catholique est censé savoir?
Le Pape est forcément mieux informé que nous et on peut se demander s'il ne reçoit pas du monde entier des échos inquiétants sur l'état de l'opinion et sur la pratique des évêques, des prêtres et des laïcs qui ont déversé tous leurs desiderata dans les fameux questionnaires pré-synodaux. En donnant aux fidèles l'illusion qu'ils pouvaient révolutionner l'Eglise, le Pape a ouvert des vannes qu'il ne sait plus comment refermer... d'où cet état de semi-panique à la tête de l'Eglise, à l'approche du synode ordinaire, qui devra bien être suivi de décisions papales forcément frustrantes pour certains groupes de fidèles.

Sandro Magister nous rapporte (ICI) l'état d'esprit de la conférence des évêques d'Allemagne et du "peuple de Dieu".

Le Cardinal Marx fait remarquer qu'on ne peut pas attendre le synode d'octobre 2015 pour définir la pratique pastorale. En espaçant les deux synodes d'un an, on a pris un gros risque concernant l'impatience des fidèles. Il était écrit d'avance qu'entre les deux synodes une sorte de défoulement et de surenchère allait se produire sans que le Pape puisse intervenir puisqu'il s'est donné pour règle de ne statuer qu'APRES la fin du synode de 2015. On entend donc toutes sortes d'aberrations (qui ne sont corrigées par aucune autorité en dehors du peu entendu Cardinal Müller) qu'un an auparavant personne n'aurait oser proférer, car tout à fait contraires aux enseignements du Catéchisme de l'Eglise catholique.
On se demande s'il ne faudra pas jeter les pages du Catéchisme consacrées aux sacrements et à la vie morale, étant donné que la doctrine de l'Eglise échappe des mains d'apprentis sorciers qui ne savent plus comment sauver la situation.
Tout part dans tous les sens, tout "s'effiloche" (!!!). Voici ce que dit S. Magister:

Dans presque tous les diocèses d'Allemagne, on donne déjà l'absolution sacramentelle et la communion eucharistique aux divorcés remariés.
(...)
[Les évêques] souhaitent également que les seconds mariages civils soient, eux aussi, bénis à l'église, que la communion eucharistique soit aussi donnée aux conjoints non catholiques, et que la valeur des relations homosexuelles et des unions entre personnes du même sexe soit reconnue.
(chiesa.espresso.repubblica.it)

Ce qui fait dire au Cardinal Müller qu'il s'agit d'"un magistère à côté du Magistère": "idée profondément anticatholique" (ibid).

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Voici quelques petites remarques.

> C'est le Pape, dans EVANGELII GAUDIUM, qui a émis l'idée de conférer une certaine autorité doctrinale aux conférences épiscopales. Jusqu'à présent, il n'a publié aucun document officiel dans ce sens mais des évêques ont saisi au vol cette opportunité.
> C'est le Pape, qui depuis un avion, a évoqué l'idée de s'inspirer de la pratique orthodoxe en matière de remariage. Même remarque que ci-dessus.
> Que veut dire absolution sacramentelle? On absout les péchés ayant conduit au divorce ou le remariage-adultère sans repentir ou les deux?
Comment qualifier cette miséricorde sans vérité, pour le deuxième cas?
Il ne s'agit plus seulement d'"accueillir" les personnes homosexuelles mais de reconnaître la pratique de l'homosexualité comme licite! C'est une chose que les évêques africains n'accepteront jamais.

Que pourra faire le Pape, après le synode, pour rattraper la situation?
L'Allemagne n'est pas le seul pays atteint si l'on en croit les rapports envoyés par les diocèses français.

Voici ce que dit le Cardinal Sarah (Dieu ou rien/Fayard):

"Pendant que des chrétiens meurent pour leur foi et leur fidélité à Jésus, en Occident, des hommes d'Eglise cherchent à réduire au minimum les exigences de l'Evangile."

Le Pape François va devoir fermer plusieurs vannes qu'il a ouvertes inconsidérément. On dirait qu'il met les bouchées doubles, dans une certaine fébrilité, pour rassurer les inquiets et préparer la suite. Il est à la croisée des chemins, en première ligne face à une dissidence qui peut bouleverser son pontificat et toute l'Eglise.

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