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Benoît XVI, le Pape amoureux du latin

Le Pape savant a été sur la scène internationale le plus infatigable défenseur de la langue de Cicéron.

>>> A lire sur le sujet le superbe billet de l'ami Nicolas Bonnal sur le site Boulevard Voltaire hier: www.bvoltaire.fr/nicolasbonnal/pourquoi-il-faut-se-remettre-seneque-et-aussi-au-latin (occasion de découvrir le site très riche site qu'il indique en lien: remacle.org)

Il semble donc urgent de soutenir l’engagement pour une majeure connaissance et un usage plus compétent de la langue latine, aussi bien dans le domaine ecclésial que dans le monde plus vaste de la culture. Pour donner du relief et un écho à cet effort, apparaissent plus que jamais opportunes l’adoption de méthodes didactiques adaptées aux nouvelles conditions et la promotion d’un réseau de relations entre institutions académiques et entre chercheurs, afin de mettre en valeur le riche et multiple patrimoine de la civilisation latine.

(Motu Proprio "Latina Lingua", 10/11/2012)

On assiste actuellement en France à une levée de bouclier "transversale" (ou, selon la formule consacrée "dépassant les clivages gauche-droite"... encore que la seconde n'ait guère eu l'opportunité de faire entendre sa voix, et que la première trouve là, à travers les habituels porte-parole "républicains", l'occasion de se donner le beau rôle à peu de frais) contre la réforme du collège 2016, portée par le gouvernement socialiste à travers sa ministre le l'éducation, la catastrophique autant que sectaire Najat Vallaud-Belkacem. Il n'y a pas lieu de s'étonner: l'idéologie socialiste rejette rageusement tout ce qui évoque une quelconque élite - dans le sens où elle entend ce mot, évidemment.
Quoi qu'il en soit, de nombreuses personnalités dénoncent "la mort programmée du latin".
Non sans raison, qu'on en juge:

Dans la réforme du collège pour 2016 présentée vendredi (10 avril) pour avis au Conseil supérieur de l'éducation, le latin et le grec ne sont plus des options. Ces matières sont en quelque sorte rétrogradées en enseignements dits "de complément", pris sur les heures de cours en demi-groupes. Les langues anciennes pourraient aussi se retrouver dans la case d’un hypothétique enseignement pratique interdisciplinaire de civilisations. Dans les deux cas, le choix sera laissé au bon vouloir des chefs d’établissements (www.franceinfo.fr).

C'est l'occasion de souligner une chose que j'expérimente presque quotidiennement: il est rare que l'actualité ne renvoie pas, directement ou indirectement, à Benoît XVI, parce qu'il a écrit ou dit quelque chose sur le sujet, en particulier durant les huit années entre 2005 et 2013, où le théologien a cédé la place au pasteur et au guide moral universel.
C'est le cas encore cette fois-ci.

Formé dans les sévères écoles germaniques des années 30 et 40, Joseph Ratzinger est resté "toute sa vie reconnaissant" de la rigueur de ces leçons, au point de n'avoir jamais eu "de difficulté à étudier les sources anciennes en grec et en latin (Ma vie). Et lui-même raconte que dans les années de lycée "les classiques grecs et latins m'enthousiasmaient" (cf. “EFFETTO BENEDETTO. PAPA RATZINGER IN 40 PAROLE”, entrée "Latino").

Plus tard, le Pape savant a été sur la scène internationale, essentiellement par l'exemple des liturgies qu'il célébrait, le défenseur le plus infatigable - mais largement ignoré, comme d'habitude - de la langue dite de Cicéron (comme il l'a été de la vraie "francophonie" du reste): langue de l'Eglise par excellence, certes, mais pas seulement.
Et cela du premier jour (homélie en latin de la Missa pro Ecclesia avec les cardinaux, le 20 avril 2005) jusqu'au dernier (Declaratio de renonciation prononcée en latin le 11 février 2013)
Voici deux autres exemples, en dehors du cadre des liturgies:

1. Dans son salut final, au terme de l'Angélus du premier dimanche de Carême 2011, le Saint-Père s'adressait aux étudiants du Lycée chrétien de Veenendaal (Pays-Bas), venus avec leurs professeurs:

"Lycei Christiani Veenendaliensis discipulos discipulasque necnon magistrum libenter salutamus.
Valde laetamur eos Romam advenisse, ut in proposito linguae Latinae colendae confirmarentur. His namque sermo multum conferre potest tum ad antiquiora altius vestiganda, tum ad recentiora acrius ponderanda
".

(Je suis heureux que vous soyiez venus à Rome pour confirmer votre intention de cultiver la langue latine. En effet, cette langue peut beaucoup contribuer, à la fois à l'étude approndie de l'antiquité, et aussi à l'approfondissement de l'histoire plus récente).
(w2.vatican.va).

2. Le 10 novembre 2012, trois mois avant sa renonciation, il publiait le Motu Proprio Latina Lingua instituant la Pontificia Academia Latinatis :

Dans la culture contemporaine, on note toutefois, dans le contexte d’un affaiblissement généralisé des études humanistes, le danger d’une connaissance de plus en plus superficielle de la langue latine, et on le constate également dans le cadre des études philosophiques et théologiques des futurs prêtres.
D’autre part, justement dans notre monde, où une telle part est faite à la science et à la technologie, on constate un intérêt renouvelé pour la culture et la langue latine, pas seulement sur les continents qui ont leurs racines culturelles dans l’héritage gréco-romain.
Une telle attention apparaît d’autant plus significative qu’elle ne touche pas seulement les milieux académiques et institutionnels, mais concerne aussi des jeunes et des chercheurs provenant de nations et de traditions tout à fait différentes.
Il semble donc urgent de soutenir l’engagement pour une majeure connaissance et un usage plus compétent de la langue latine, aussi bien dans le domaine ecclésial que dans le monde plus vaste de la culture. Pour donner du relief et un écho à cet effort, apparaissent plus que jamais opportunes l’adoption de méthodes didactiques adaptées aux nouvelles conditions et la promotion d’un réseau de relations entre institutions académiques et entre chercheurs, afin de mettre en valeur le riche et multiple patrimoine de la civilisation latine.

De tels propos, expurgés le cas échéant du contenu religieux, ne mériteraient-ils pas d'être repris par les défenseurs de la latinité, qui font entendre - à juste titre - leur voix en ce moment, juste parce que les médias, qui se fichent pas mal du latin, leur donnent fugitivement la parole avant de passer à autre chose?

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