Ce qui se cache derrière "Vatileaks 2"

Les faits sont aveuglants (et en rendent plus d'un effectivement aveugle!), mais ce qui se passe en ce moment est une opération de grande envergure, parfaitement orchestrée, pour déstabiliser l'Eglise tout en "assurant" le pape Bergoglio. Voici ce que dit Maurizio Blondet (7/11/2015)

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Blondet expose d'abord méthodiquement un plan en six phases, la première étant la sortie simultanée de DEUX livres a priori sans lien entre leurs auteurs, dont l'un au moins, celui de Nuzzi, sera publié presque en même temps dans les principales langues (la version en français, sous le titre "Chemin de Croix", est annoncée pour le 11 novembre chez Flammarion, comme je l'ai appris en écoutant ce matin distraitement une interview de l'auteur par un David Abiker jubilant sur Europe 1; aux Etats-Unis, sortie le 10 novembre, titre: "Merchants in the temple"; en Allemagne le 5 novembre "Alles muss ans Licht: Das geheime Dossier über den Kreuzweg des Papstes"; en Espagne, "Viacrucis", 25 novembre; etc...): ce sont des faits indéniables, qui sont sous les yeux de chacun, mais tellement énormes qu'un reste d'attachement à la papauté et un vieux fond de scepticisme empêchent de les voir, a fortiori de les interpréter en termes de complot (quel que soit le sens que l'on donne à ce mot), voire l'interdit à certains. A ceux-là, on a envie de dire, comme Jésus au sourd-muet (Marc, 7, 31-37): Effata...

La seconde partie, brève, est l'interprétation de Blondet. Les lecteurs en feront ce qu'ils voudront, mais ils admettront, s'ils ne sont pas totalement de mauvaise foi, que "se non è vero, è ben trovato"...

«François est serein».
Forcément, Nuzzi l'aide....

Maurizio Blondet
www.maurizioblondet.it
Ma traduction


Admettant les figures méprisables, les malversations et les répugnantes actions de prélat, dans les derniers scandales du Vatican, qu'il nous soit permis ici de subodorer une mise en scène avisée. Il suffit de souligner le timing, la succession des événements provoqués, et leur coordination, qui témoignent d'une vaste opération combinée à plusieurs mains.

Phase 1 - Sont annoncés non pas un, mais deux livres sur les scandales du Vatican, rédigés de manière indépendante par deux auteurs, qui disent ne pas se connaître, et publiés par les éditeurs simultanément.

Phase 2 - Suivent les arrestations sensationnelles par la gendarmerie pontificale de deux personnages indiqués comme des «corbeaux» qui ont transmis les informations «confidentielles» aux deux journalistes, auteurs des deux livres à paraître. Le fait d'avoir donné des documents confidentiels est «le résultat d'une trahison grave de la confiance accordée par le pape»
Le cas, sans précédents modernes, des deux personnages jetés dans les cachots du Vatican (la jolie Chaouqui et "un prélat de l'Opus Dei" - clin d'œil des journaux), est évidemment un excellent 'battage' (en français dans le texte) médiatique pour les deux livres. Qui ne sont pas encore sortis, mais que tout le monde attend maintenant spasmodiquement. Dans le monde entier. Les éditeurs, prévoyants, ont déjà signés des contrats et des traductions dans 15 pays.
La Salle de Presse bergoglienne publie un étrange communiqué, comme si elle connaissait à l'avance le contenu des livres, et l'approuvait, déplorant seulement la "manière".
«Des publications de ce genre ne contribuent en aucune façon à établir la clarté et la vérité, mais plutôt à engendrer la confusion et des interprétations partielles et tendancieuses. Il faut absolument éviter l'erreur de penser que cela est un moyen d'aider la mission du pape». Parce qu’on pourrait peut-être soupçonner que l'ensemble de la manœuvre est faite pour «aider» la mission du Pape? Et quelle mission?

Phase 3 - Les deux livres ne sont toujours pas disponibles; personne ne les a encore lus, mais déjà les médias recevoir des anticipations succulentes et interviewent les auteurs. «Richesse, gaspillages et jeux de pouvoir - actrices et voyages luxueux, tailleurs et TV porno; dépenses folles par millions; ils ont volé l'argent des messes», sont quelques-uns des titres.

Phase 4 - Les médias dans un délire unanime expliquent: ce nouveau Vatileaks est un nouveau complot des «conservateurs» qui empêchent le pape de «faire des réformes». Les corrompus, voleurs d'offrandes pour la Messe et pour l'hôpital Bambino Gesù, les propriétaires d'appartements de 700 mètres carrés, sont ceux-là mêmes qui «ne veulent pas le renouveau», le «nettoyage des finances du Vatican», ce sont les escrocs qui utilisent l'IOR pour le blanchiment ... et ainsi de suite. Ce n'est pas vrai - beaucoup de ceux qui sont impliqués ont été nommés par Bergoglio à des charges dont ils ont profité, des modernistes, des carriéristes et des lèche-bottes. Mais le message qui doit passer est: voyez, la «vieille» Eglise est corrompue, la hiérarchie «conservatrice» est riche et scandaleuse, les cardinaux inspirent du dégoût, et ceux qui sont dégoûtants, ce sont ceux qui sont opposés à la «nouveauté». .. Seul le pape est propre, innovateur et honnête, et même saint ... C'est exactement le message que Bergoglio et sa junte sud-américaine veulent faire passer depuis le début.
«Les médias italiens vivent dans une bulle de papolâtrie» écrit Socci à juste titre, «ils voient Bergoglio comme le bien absolu et quiconque est en désaccord avec lui est dépeint comme un conspirateur sinistre ou un émissaire du mal».

Phase 5 - Le scandale n'indigne ni n'afflige plus que cela sa sainteté. «François est serein et sait ce qu'il faut faire ... Il continue sans incertitude sur la voie de la bonne administration».

Phase 6 - Le Nuzzi, un des auteurs des deux livres simultanés, ouvre la conférence de presse de lancement de son livre, et répéte le mot d'ordre convenu: «Je crois que ce pape va de l'avant avec des réformes et qu'il rencontre beaucoup de difficultés». C'est la thèse qu'il doit faire passer. Les «réformes», les «réformes»: communion pour les divorcés, mariage homosexuel, Eglise pauvre pour les pauvres, tout le répertoire. Si ç'avait été Bergoglio qui avait suggéré la stratégie, il n'aurait pas pu faire mieux en sa propre faveur.

Nuzzi, lors de la conférence de presse a également dit une autre chose, de but en blanc: qu'il n'avait eu «aucun contact avec le Pape»
. Et pourquoi aurait-il dû avoir un contact avec le Pape? Qui y aurait pensé? Et puis il ajoute: «Si je l'avais rencontré, je ne l'aurais certainement pas rendu public parce qu'il y aurait d'autres instrumentalisations». Et si, peut-être, le Nuzzi l'avait rencontré, le Pape? Si tout cela était un complot bien construit en faveur de François? Grâce à ces «scandales» (dont beaucoup d'anciens et déjà connus) la Junte sud-américaine peut procéder à de nouvelles purges dans la curie romaine.

* * *

Si tout cela vous semble du complotisme dénué de vraisemblance, rappelez-vous que cette papauté a la confiance de la franc-maçonnerie. Bergoglio a été élu le 13 Mars 2013. Le même jour, quelques heures plus tard, un communiqué officiel du Grand Orient était publié. Dans ce document, le Grand Maître Gustavo Raffi prévoyait avec une joie débordante: «Avec François, rien ne sera plus comme avant».

Question naïve: comment Raffi le savait-il AVANT? Avant tout le monde? Et pourquoi a-t-il salué El papa avec une déclaration officielle à l'en-tête du Grand Orient, donc pas à titre personnel, mais de la Fraternité Universelle? Anticipant en outre les motifs propagando-idéologiques que l'argentin allait mettre au centre de son action: «Le jésuite qui est proche des derniers de l'histoire a la grande opportunité de montrer au monde le visage d'une Eglise qui doit récupérer l'annonce d'un nouvelle humanité (noter la terminologie maçonnique). Bergoglio connaître la vie réelle et se souvient de la leçon de l'un de ses théologiens de référence, Romano Guardini, pour lequel on ne peut pas détacher la vérité de l'amour».

«La simple croix qu'il porte sur son habit blanc, a conclu le Grand Maître - laisse espérer qu'une Église du peuple retrouve la capacité de dialoguer avec tous les hommes de bonne volonté et avec la Maçonnerie qui, comme l'enseigne l'expérience de l'Amérique latine, travaille pour le bien et le progrès de l'humanité, ayant comme références Bolivar, Allende et José Martí, pour n'en nommer que quelques-uns».

Certains des personnages laïcissimes qui ont sorti le nouveau scandale du Vatican ont des airs et des paroles de Maçons. Quand la franc-maçonnerie décide qu'il est temps «d'aider le pape», elle peut bien organiser le concert papolâtre si voyant des médias. Qu'ensuite cette grosse caisse sème dégoût, nausée et effroi parmi les fidèles, tant mieux.