Conflit d'intérêt
L'affaire Charamsa aura au moins contribué à mettre en évidence ces "conflits d'intérêt" dont se rendent coupables les ecclésiastiques homosexuels, quand ils s'expriment sur le mariage et la famille, ayant tendance à confondre le "pasteur" (égaré!) et le lobbyiste". Editorial dans La Bussola
>>> Voir aussi:
¤ Comment le Pape ménage LE lobby
¤ Qui est le prêtre qui a créé le scandale ?
¤ Prêtres gays au Vatican
¤ Pressions gays sur le Synode
L'auteur, Renzo Pucetti, est un collaborateur régulier du site et d'autres publications catholiques. Médecin -spécialisé en médecine interne -, il est l'auteur de nombreuses publications scientifiques et enseigne, entre autre, la bio-éthique à l'Institut Pontifical Jean Paul II pour le mariage et la famille.
En juin dernier, dans un article déjà publié par La Bussola, sous le titre «Les "intérêts" de certains théologiens 'gay-friendly'», il écrivait:
Ici, aujourd'hui je formule une proposition: quand un personnage dont on s'attend à ce qu'il propose et défende la doctrine catholique parle au contraire contre la doctrine elle-même, et exprime plutôt ses convictions personnelles, qu'il commence donc par faire une déclaration préalable sur les éventuels 'competing interests' (intérêts concurrents), en nous faisant comprendre si nous écoutons le pasteur simplement égaré, le philosophe ou le lobbyiste. A-t-il une expérience passée ou récente de relations homosexuelles? Est-il objet de chantage? Y a-t-il autour de lui quelqu'un ayant une expérience de vécu telle qu'elle affecte émotionnellement son jugement? Il s'agit dans ce cas d'un processus mental par lequel, si un proche a une relation homosexuelle, étant donné qu'il est malgré tout une bonne personne, alors il ne peut rien y avoir de mal dans la pratique homosexuelle. C'est ce qu'a dénoncé dans un récent discours le Père Robert Barron, «l'un des meilleurs ambassadeurs de l'Eglise», selon le cardinal George, soulignant que ce genre de processus sentimental empêche jusqu'à l'accès à une discussion morale cohérente et logique.
Voilà, moi, je souhaite qu'un pasteur ou un théologien, avant d'exposer sa thèse, avant de répondre à une interview, de parler lors d'une conférence, d'écrire un texte, suive avec l'Eglise et les fidèles les mêmes standards d'honnêteté et de transparence intellectuelle requises à chacun de nous quand nous publions un article scientifique, rendant le contenu évaluable dans son intégralité. Je voudrais qu'ils considèrent attentivement le fait que la même disqualification qui frappe un auteur scientifique qui aurait menti sur tel ou tel point, les atteindrait si on découvrait qu'ils ne disent pas la vérité.
Lisant leur petit discours "Love-is-love", j'adresse donc une requête à ceux qui entrent dans le débat synodal sur la famille: déclarez vos conflits d'intérêts.
Voici comment, trois mois plus tard, il réagit au coming out du prélat plolonais:
Affaire Charamsa, le voile se déchire sur les prêtres gays
Renzo Puccetti
4/10/2015
www.lanuovabq.it
«Déclarez vos conflits d'intérêts».
Voilà ce que j'écrivais sur la Nuova-BQ à propos de religieux, quelle que soit leur dignité, auteurs de déclarations et écrits hétérodoxes dans un sens homosexualiste. J'ai dû attendre quatre mois et l'ouverture du synode ordinaire sur la famille pour avoir au moins une réponse indirecte à mon invitation. Mgr Krzysztof Olaf Charamsa fait, comme il l'a dit lui-même, son «coming out» révélant dans une interview au Corriere della Sera être «un prêtre homosexuel, heureux et fier de son identité». «Il est temps pour l'Église d'ouvrir les yeux devant les gays croyants et de comprendre que la solution qu'elle leur offre, l'abstinence totale de la vie d'amour, est inhumaine», a-t-il dit à la journaliste du Corriere.
En réalité, je ne connais aucun article du code canonique où l'Église impose à quiconque l'abstinence totale de la vie d'amour, à moins que, par un réductionnisme qui est très symptomatique de la polarisation de la pensée d'une composante significative de la population homosexuelle, il n'identifie l'amour avec le sexe.
Oui, l'Eglise d'Occident indique à tous la chasteté qui, pour les consacrés consiste dans le célibat et donc l'abstinence des rapports conjugaux. Il n'est pas surprenant que ce que les pères et les saints, depuis des millénaires, ont tenu pour un don et un appel provenant de la bouche même du Seigneur Jésus-Christ, se faire eunuques pour le royaume des cieux (*), constitue pour la culture pan-sexualiste homophile un traitement inhumain, et donc quelque chose de comparable à la torture pratiquée à Guantanamo.
Le théologien polonais a déclaré en conférence de presse «avoir consacré sa vie» à l'Église. Sans vouloir être pédant, ni ingrat envers le bien qu'il aura certainement accompli, on ne peut que souligner le fait qu'au moins à partir d'un certain point de sa vie, il a commencé à découper de sa vie sacerdotale un morceau - lui seul sait de quelle taille -, offert à quelqu'un d'autre, ce compagnon qu'il a déclaré avoir.
Ordonné prêtre le 28 Juin 1997, à son interlocutrice qui lui demandait comment il avait pu recevoir les ordres en dépit de son homosexualité, il a déclaré que l'exclusion des prêtres homosexuels est une «règle introduite en 2005 quand j'étais déjà prêtre, et elle s'applique seulement aux nouvelles ordinations».
La référence est à 'l'Instruction de la Congrégation pour l'Education catholique sur les critères de discernement vocationnel au sujet des personnes présentant des tendances homosexuelles en vue de leur admission au séminaire et aux Ordres sacrés' (ndt: que j'ai évoquée hier, cf. Prêtres gays au Vatican).
Il s'agit effectivement d'un document du 4 Novembre 2005 approuvée par le Pape Benoît XVI, qui toutefois ne faisait que confirmer et développer les indications de l'Exhortation apostolique Pastores Dabo Vobis du 25 Mars 1992, dans laquelle le Pape Saint Jean-Paul II appelait de façon répétée à la vérification de la maturité affective du candidat au sacerdoce: «l'éducation à l'amour responsable et la maturité affective de la personne sont absolument nécessaires pour celui qui, comme le prêtre, est appelé au célibat, c'est-à-dire à offrir, avec la grâce de l'Esprit et par la libre réponse de sa volonté, la totalité de son amour et de sa sollicitude à Jésus-Christ et à l'Eglise».
Cette règle était parfaitement en vigueur lorsque Mgr Charamsa a prononcé ses vœux solennels et reçu le sacerdoce, l'enseignement moral de l'Église n'a pas changé après son ordination; alors, son attirance pour le même sexe avait-elle été déclarée au directeur du séminaire et à l'évêque? L'enseignement de l'Église sur le célibat et l'homosexualité avait-il été compris et accepté? Y a-t-il eu une contradiction dans ce que Mgr Charamsa conçoit comme sa «nature», ou bien, malgré qu'il affirme aujourd'hui avoir toujours connu sa propre orientation, y a-t-il eu sous-estimation, dissimulation, omission?
Aujourd'hui, le théologien gay formule la requête de subvertir la doctrine, faisant valoir qu'«un couple de lesbiennes ou d'homosexuels devrait povoir dire à son Eglise: "nous nous aimons selon notre nature"».
Il s'agit là de la position même exprimée par le cardinal Kasper dont la conduite de Mgr Charamsa est en quelque sorte le développement appliqué.
Le cardinal allemand a encore déclaré incidemment au Corriere della Sera qu'on «naît gay». Je ne peux qu'être stupéfait face à une telle omniscience. L'ensemble de la communauté scientifique mondiale, après des décennies de recherche et des tonnes de publications, ne sait pas encore attribuer une cause à l'attirance sexuelle pour les personnes du même sexe, mais Charamsa et Kasper affirment péremptoirement qu'il s'agit d'une condition naturelle. La catégorie de nature est pourtant susceptible d'une interprétation déformée comme celle de la réduire à une simple dimension biologique, sans tenir compte de ce qui appartient à la rationalité de la nature humaine et à la capacité d'échapper aux instincts.
Et c'est précisément l'interprétation de l'homosexualité comme fait inné et immuable qui est démentie par les preuves scientifiques indiquant au contraire un faible taux de concordance dans l'orientation sexuelle de jumeaux homozygotes (signe que l'orientation homosexuelle n'est pas gouvernée par les chromosomes) et de l'importante fluctuation spontanée de l'orientation sexuelle détectée durant les cinq années d'observation du groupe d'étude de la Cornell University chez plus de douze mille jeunes adultes appartenant au National Longitudinal Survey of Adolescent Health.
Mgr Charamsa a défini l'ex- Saint-Office comme «le cœur de l'homophobie de l'Église catholique, une homophobie exacerbée et paranoïaque». Cette position ne surprend pas non plus. Pour les gays, pour les militants homosexualistes (pas pour les personnes homosexuelles, catégorie sociologique beaucoup plus large et variée), tout ce qui s'oppose à l'approbation complète et à l'égalisation des relations homosexuelles et hétérosexuelles est de l'homophobie. Si donc l'Écriture, la Tradition et le Magistère condamnent les actes homosexuels, pour le gay catholique qui tient comme un dogme de foi que "gay égale beau et bon", il doit y avoir une erreur dans l'exégèse, dans la pensée des pères et des saints, dans l'enseignement des papes et dans les messages provenant du ciel reconnus comme authentiques par l'Eglise. Tout dans l'erreur, sauf lui, le gay croyant qui, comme l'avait prédit Paul Bourget, incapable de vivre comme il croit, a décidé de croire comme il vit.
Les mots du Père Lombardi annonçant le licenciement du théologien polonais des diverses charges qu'il occupe actuellement, ne devraient pas être reçus comme des représailles, mais plutôt comme l'acceptation franche du libre arbitre de chaque personne, y compris celle de croire en ce qu'elle (ladite personne?) enseigne comme Mater et Magistra autrement dit de croire en ce qu'on pense.
Indépendamment des temps et des modes de communication choisis, je tiens malgré tout à adresser à Mgr Charamsa mes remerciements personnels pour avoir révélé son conflit d'intérêts. Maintenant, je formule le voeu que ceux qui partagent son état ne continuent pas à trahir l'Eglise.