Le cardinal Biffi dans le débat synodal (2)

Une autre digression d'un "italien cardinal", cette fois à propos de la "culture de l'homosexualité". Avec une explication de texte de la Lettre aux Romains de saint Paul

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>>> Le cardinal Biffi dans le débat synodal

 
L'idéologie de l'homosexualité - comme cela arrive souvent aux idéologies, quand elles se font agressives et arrivent à être politiquement gagnantes - devient une entrave à notre légitime autonomie de pensée: celui qui ne la partage pas risque d'être condamné à une espèce de marginalisation culturelle et sociale.
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Comment est-il possible que dans ce climat d'exaltation quasi-obsessionnelle de la Sainte Ecriture, le passage paulinien de la Lettre aux Romains (1, 21-32) ne soit jamais cité par personne?
Comment est-il possible qu'on ne se préoccupe pas un peu plus de le faire connaître aux croyants et aux non-croyants, nonobstant son évidente actualité?

On peut se demander si le cardinal Biffi pourrait encore publier ce qu'il écrit ici dans la France de 2015.
Par ailleurs, au moment où cette réflexion a été écrite (la première édition des "digressioni di un italiano cardinale" a été publié en 2007), l'idéologie du gender n'avait pas encore explosé au niveau planétaire, et le cardinal n'en parle pas ici. Mais il est clair que tout ce qui suit s'applique aussi à elle.

Les citations de l'Ecriture ne sont pas tirées du livre du cardinal, mais du site bible.catholique.org . Les traductions sont très proches.

L'idéologie de l'homosexualité.

Dodici digressioni di un italiano cardinale
Editions Cantagalli, 2011
Pages 83-87
Ma traduction
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En ce qui concerne le thème aujourd'hui émergent de l'homosexualité, la conception chrétienne nous dit qu'il faut toujours distinguer le respect dû aux personnes - qui comporte le refus de leur marginalisation sociale et politique (sauf la nature inéluctable de la réalité matrimoniale et familiale) - du refus de toute "idéologie de l'homosexualité" exaltée; refus qui est juste.
La question est sérieuse, importante, et d'une actualité brûlante. Heureusement, la Parole de Dieu nos aide à l'approfondir correctement, nous offrant un magistère contraignant pour chaque croyant, que par ailleurs aucun chercheur ne devrait ignorer sans préjugé.
Il y a à ce propos une page de la lettre aux Romains vraiment admirable par sa clarté et sa rigueur théologique (Rm 1, 18-32).

L'ENSEIGNEMENT RÉVÉLÉ
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Saint Paul commence par énoncer un principe général:

La colère de Dieu éclate du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui, par leur injustice, retiennent la vérité captive.


Mais il passe très vite à l'examen du cas spécifique de l'homosexualité. Ici, affirme-t-il, les prévaricateurs sont particulièrement condamnables, car:

ayant connu Dieu, ils ne l'ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces; mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur coeur sans intelligence s'est enveloppé de ténèbres. Se vantant d'être sages, ils sont devenus fous.


Conséquence de cet aveuglement intellectuel, une chute comportementale et théorique dans la dissolution la plus complète:

Aussi Dieu les a-t-il livrés, au milieu des convoitises de leurs coeurs, à l'impureté, en sorte qu'ils déshonorent entre eux leurs propres corp.



UNE ANALYSE IMPRESSIONNANTE
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Prévenant tout malentendu et toute lecture accommodante, l'Apôtre poursuit avec une analyse qui impressionne, formulée en des termes inhabituellement explicites:

C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions d'ignominie: leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature; de même aussi les hommes, au lieu d'user de la femme selon l'ordre de la nature, ont, dans leurs désirs, brûlé les uns pour les autres, ayant hommes avec hommes un commerce infâme, et recevant dans une mutuelle dégradation, le juste salaire de leur égarement. Et comme ils ne se sont pas souciés de bien connaître Dieu, 'Dieu les a livrés à leur sens pervers pour faire ce qui ne convient pas' (ndt: le texte cité par le cardinal Biffi énonce: Dieu les a abandonnés à leur intelligence dépravée, et ils ont commis des actions indignes).


Enfin, saint Paul s'empresse d'observer que

ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les font.


C'est une page du Livre inspiré, qu'aucune autorité terrestre ne peut nous contraindre à censurer. Et si nous voulons être fidèles à la parole de Dieu, nous ne pouvons pas non plus nous permettre la pusillanimité de la passer sous silence, par crainte d'apparaître non "politiquement corrects".

TROIS AFFIRMATIONS
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A bien y regarder, nous trouvons dans cet exposé un triple éclaircissement.
En premier lieu, les pratiques érotiques en question sont ouvertement condamnées. Elles sont qualifiées d'"actes ignominieux (v.27), d'"actes indignes" (28), fruits de "passions infâmes" (26).
En second leu, contre la "culture de l'homosexualité", on observe que l'aberration suprême intervient quand "ceux qui commettent de telles choses, non seulement les font, mais encore approuvent ceux qui les font" (32)
En troisième lieu, nous avons ici une formulation inattendue de la "théologie de l'histoire", que saint Paul tirait de ce qui s'était passé dans le monde grec: la diffusion de l'"idéologie de l'homosexyalité" est à la fois la preuve et la conséquence de l'exclusion de Dieu de l'attention sociale, et de l'absurde réticence à Lui donner la gloire qui Lui revient (21)
Nous pourrions dire que selon cette perspective, l'"idéologie de l'homosexualité" n'est pas seulement une faute: c'est aussi un châtiment, le châtiment infligé à une humanité qui a décidé de se passer de son Créateur, et de l'exclure de ses pensées:

[Ainsi ils ont reçu] dans une mutuelle dégradation, le juste salaire de leur égarement (27).


UNE PERSPECTIVE AUJOURD'HUI VIVANTE
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Ce que Saint Paul relevait comme étant advenu dans le monde gréco-romain, s'avère correspondre de manière prophétique à ce qui se vérifie dans la culture occidentale de ces derniers siècles: la répudiation théorisée du Créateur - jusqu'à proclamer, grotesquement, il y a quelques décennies la "mort de Dieu" - a eu comme conséquence (et preque comme punition intrinsèque) un déferlement d'une vision sexuelle aberrante, inconnue (dans son arrogance) des époques précédentes.

UN ATTENTAT À LA LIBERTÉ HUMAINE
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L'idéologie de l'homosexualité - comme cela arrive souvent aux idéologies, quand elles se font agressives et arrivent à être politiquement gagnantes - devient une entrave à notre légitime autonomie de pensée: celui qui ne la partage pas risque d'être condamné à une espèce de marginalisation culturelle et sociale.
Les attentats à la liberté de jugement commencent par le langage. Quiconque ne se résigne pas à accueillir l'"homophilie" (c'est-à-dire l'appréciation théorique des rapports homosexuels) est accusé d'"homophobie" (éthymologiquement la "peur de l'homosexualité"). Que ce soit bien clair: celui qui est rendu fort par la lumière de la Parole inspirée, et vit dans la "crainte de Dieu", n'a peur de rien, sinon de la "stupidité" contre laquelle, disait Bonhoeffer, nous sommes sans défense. Actuellement s'élève même contre nous l'accusation incroyablement arbitraire de "racisme": un vocable qui, entre autre, n'a rien à voir avec cette problématique; et qui de toute façon est entièrement étranger à notre doctrine et à notre histoire.

Le problème fondamental qui se profile est le suivant: est-il encore permis, de nos jours, d'être des dsisciples fidèles et cohérents du Christ (qui depuis des millénaires a inspiré et enrichi la civilisation occidentale toute entière), ou bien devons-nous nous préparer à une nouvelle forme de persécution, promue par les homosexuels factieux, soutenus par leurs complices idéologiques, avec le consentement de ceux qui auraient le devoir de défendre la liberté intellectuelle de tous, même les chrétiens?

UN SILENCE INJUSTIFIÉ
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Concluons par une question (ndt: aux pasteurs).
Comment est-il possible que dans ce climat d'exaltation quasi-obsessionnelle de la Sainte Ecriture, le passage paulinien de la Lettre aux Romains (1, 21-32) ne soit jamais cité par personne?
Comment est-il possible qu'on ne se préoccupe pas un peu plus de le faire connaître aux croyants et aux non-croyants, nonobstant son évidente actualité?