Risque de schisme

Autour d'une conférence du Père Santiago Martin datant de mai 2014, deux mois après le Consistoire des cardinaux sur la famille et la "proposition Kasper" sur les divorcés remariés.

 

En mai 2014, le père Santiago Martin, un bon et courageux prêtre espagnol, fondateur des Franciscains de Marie et curé de la paroisse Maria Virgen Madre à Madrid (un hôte récurrent de ces pages grâce à Carlota, cf. http://tinyurl.com/o2wtjk3 ) donnait une conférence qui avait fait un certain bruit dans la blogosphère hispanique, car elle s'ouvrait sur ces mots dramatiques:

Je veux affronter dans cette méditation une question qui me préoccupe extraordinairement. Elle me préoccupe à un tel point que je crois qu’est potentiellemnt en jeu, comme jamais en deux mille ans, le futur de l’Église. Je vois à l’horizon la possibilité réelle d’un schisme aux graves conséquences.


Carlota avait traduit une partie de la conférence, et le compte-rendu d'Infocatolica ici: benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/amour-verite-et-misericorde-la-vraie.html .

Justement hier, le site Chiesa e post Concilio a mis en ligne la video de la conférence, sous-titrée en italien, attirant un certain nombre de commentaires fort intéressants des lecteurs du site.
En voici quelques-uns. Ils peuvent paraître pessimistes, mais ils sont réalistes, même si la sagesse populaire affirme que "le pire n'est jamais certain".

Commentaires

Luisa

J'aimerais savoir.
Qui fera schisme ? Qui sera considéré comme schismatique?
S'agira-t-il de ceux qui suivront Jorge Bergoglio, s'il décide de trahir la parole du Christ, la pliant aux désirs du monde? Et nous pouvons être sûrs que s'il le fait, cela se passera à sa façon, confirmant la doctrine en paroles, mais l'emberlificotant, la rendant vaine, enveloppant sa solution dans un manteau de douce miséricorde.
Ou bien de ceux qui en conscience ne peuvent pas suivre Jorge Bergoglio et décident de rester fidèle au Seigneur, à Sa Parole, à l'enseignement de l'Eglise restée fidèle à la vérité révélée?
Mais là où est Pierre, il y a l'Eglise, à moins de considèrer que Bergoglio n'est pas le successeur de Pierre, et ce n'est pas mon cas, que devons-nous en déduire?
Que le pape lui-même serait schismatique, fondant une nouvelle église conforme à ses idées, l'église de François, une église qui n'aurait rien de sacré? Hypothèse irréaliste, à mon avis, même si je peux le penser.
Ou alors, considérera-t-on comme schismatiques ceux qui restent fidèle à la Parole du Christ, sans doute une minorité, au moins en Occident?
A mon avis, c'est la réalité à laquelle nous risquons d'être confrontés.
Et où iront-ils?
(...) Ce serait bien si les prêtres s'exprimaient, ici et ailleurs, décrivant leur état d'âme et les perspectives qu'ils entrevoient pour leur ministère.
Ils devront faire preuve de courage parce que dans cette église de la miséricorde, ceux qui rappellent la loi du Seigneur, sa vérité, sont menacés de rétorsion, mais il y a trop de loups dans le troupeau, y compris ceux déguisés en agneaux, les plus dangereux sont au milieu et devant le troupeau, nous avons besoin de prêtres saints et courageux.

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Rr

Bergoglio ne se prononcera JAMAIS OUVERTEMENT: ce n'est pas dans son caractère (...). Il laissera faire les différentes conférences épiscopales, qui à leur tour laisseront faire les différents évêques. Il se créera de nombreuses petites "sectes catholiques". Les lefebvristes, les "Ecclesia Dei", les conservateurs (messe en langue vernaculaire, mais pas de communion pour les divorcés, ni de "mariages" homo), les modernistes, les plus moderniste ... Rappellez-vous le protestantisme, Luther était encore en vie qu'il y avait déjà au moins trois sectes.
Les églises se videront, elles seront vendues, peut-être aux musulmans, ou démolies. Les églises catholiques et protestantes s'uniront, par mesure d'économie. D'autres, ayant une valeur artistique, seront transformés en musées, comme Sainte-Sophie à Istanbul.
Les pseudo-catholiques deviendront athées, agnostiques, païens.
Il y aura des tremblements de terre, des inondations, des ouragans, et tout le monde dira que c'est le changement climatique, le réchauffement climatique, que c'est la faute de l'homme, détruisons l'homme et sauvons la Terre ...
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Francesco

Je suis d'accord avec RR. Il est probable que tout cela arrivera, pas tout de suite, un peu à la fois. Plus qu'un schisme, cela conduira à la désintégration progressive du catholicisme dans de nombreux courants, sectes, chapelles. Comme les anglicans, qui, dans leur hypocrisie obtuse ont l'église haute, celle basse, celle large, celle pro-homosexuels, celle pro-femmes prêtres, celle pseudo-traditionaliste (la TAC, qui a repoussé l'offre de Benoît XVI de rejoindre l'Église catholique), etc ... Un peu pour tous les goûts, ainsi tout le monde est content pour son compte et la papauté deviendra une figure symbolique et charismatique sans lien avec l'Evangile et la volonté du Christ.
Je suis convaincu que le Synode dira non au changement, mais je suis tout aussi convaincu que ce sera Bergoglio, dans son exhortation post-synodale, qui ouvrira la voie à ceux qui veulent le changement. Ainsi, chaque diocèse, selon les idées de son évêque, fera ce qu'il veut dans sa maison. Dans cent ans, s'il n'arrive pas quelque chose d'inattendu, l'Église catholique sera transformée en une Babel sans dogme et sans doctrine, où la seule chose qui sera pratiquée, le seul dogme, sera un vague humanisme de solidarité envers les pauvres, les nécessiteux , les immigrants, et ainsi de suite: une solidarité politiquement correcte, sans contenu et sans doctrine.

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Silente

Je partage ces prévisions pessimistes. Je suis également convaincu que le Synode, "inspiré" par Bergoglio, ne s'exprimera pas avec clarté et simplicité. Non seulement parce que ce n'est pas dans le modus operandi de Bergoglio, qui préfère les allusions, les suggestions ambiguës, les phrases vides et dépourvues de sens, mais ayant un impact médiatique élevé, mais surtout parce que la révolution moderniste, dans l'Église, avance à petits pas, prudemment, dissimulant, comme toutes les sectes anti-chrétiennes, le vrai point d'arrivée. Il y aura des déclarations solennelles de fidélité à la doctrine, avec grand gaspillage de citations bibliques inspirées, tandis que, dans la "pratique pastorale", à travers des ambiguïtés diversement interprétées, toutes les possibilités s'ouvriront: depuis l'admission à la sainte communion des divorcés, des gays et des cohabitants jusqu'à l'acceptation de facto des "mariages" entre homosexuels. Cela continuera avec l'aberration, qui est contre la logique avant même d'être contre la théologie, de la distinction entre la doctrine et la "pastorale" (concept par ailleurs inconnu à l'apologétique et à la prédication chrétienne).
Il y aura un flot d'expressions, qui, sur des cas spécifiques ont déjà écorché nos oreilles et nos esprits, comme "miséricorde", "compréhension", "charité", "partage", "parcours pénitentiel", "accueil", "église prophétique", et ainsi de suite.
Le point crucial concernera, comme on l'a vu, l'"après". Comment va réagir cette partie de l'Eglise, même pas nécessairement "traditionaliste", restée fidèle malgré tout, au moins sur ces questions, à l'enseignement dogmatique immuable? Il est difficile et prématuré de répondre maintenant. Mais certes le risque d'un schisme se rapproche, un schisme qui, s'il devait se produire, hypothétiquement et très improbablement du fait des fidèles de la Doctrine, n'en serait pas un par définition (mais je n'ose même pas y penser). Et tout cela grâce aux "ouvertures" modernistes et anti-doctrinales de Bergoglio et de Kasper.