Benoît XVI, docteur de l'Eglise pour notre temps


Un dictionnaire anthologique doctrinal de Benoît XVI vient de paraître en Italie. La Bussola en publie aujourd'hui la préface, un nouvel hommage (magnifique!) signé d'un de ses collaborateurs récurrents, Stefano Fontana (15/3/2016).

>>> www.fedecultura.com/libro/dizionario-antologico-dottrinale-di-benedetto-xvi/

 

En lisant cette énumération minutieuse de l'héritage du grand pape, on réalise à quel point chaque geste, chaque décision, chaque déclaration de son successeur (hors celles préparées par les bureaux de la Curie, qu'il se limite à lire) est en opposition frontale sur tous les sujets évoqués ici; et la question revient spontanément à l'esprit, une fois de plus: pourquoi le 13 mars 2013?

Benoît XVI, un magistère à récupérer


Stefano Fontana
www.lanuovabq.it
15 mars 2016
Ma traduction

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La maison d'édition Fede & Cultura, de Vérone, publie une oeuvre vraiment considérable. Il s'agit du premier Tome du Dictionnaire anthologique doctrinal de Benoît XVI. Tout le magistère du Pape Benoît, par thème, dans l'ordre alphabétique, avec des passages de ses écrits, interventions, discours, homélies, renvoyant aux sources. La liturgie, l' œcuménisme, la paix, la relation avec le monde, la foi et la raison ..., depuis les entrées «Abandon» et «Avortement», qui ouvrent ce premier volume, jusqu'à «Liturgie» et «Louange» qui le concluent. Dans les 704 pages, on trouve «Argent», «Couples non mariés», «Communion», «Christ Roi», «Droits de l' homme», «Euthanasie»... il n'y a pas moins de 227 entrées thèmatiques dans ce premier volume.
Le magistère de Benoît XVI s'est signalé par une densité particulière de pensée, et le caractère doctrinal systématique, ainsi que par la clarté conceptuelle et expressive. Y puiser de manière simple et pratique nous permet de l'utiliser pour notre vie chrétienne, en en valorisant les mérites. C'est un trésor de sagesse apostolique à faire fructifier.

Nous publions ci-dessous la Préface de Stefano Fontana.



Le pontificat de Benoît XVI a été «lumineux», ainsi que l'a défini le cardinal Angelo Sodano, alors doyen du Collège des cardinaux, dans le discours d'adieu et de remerciement à Papa Ratzinger. Le rôle du Pontife Romain est avant tout de confirmer ses frères dans la foi et d'enseigner la vérité que le Christ a confiée aux Apôtres. Le Christ lui-même est la Vérité et l'Église vit dans cette Vie présente en elle. Mais le Christ est aussi le Logos de Dieu, et la vérité que l'Église conserve et transmet intacte dans son noyau dogmatique est vie et aussi doctrine. Il n'y a pas d'opposition dans l'Eglise entre sa doctrine et sa vie, toutes deux puisent au Christ ressuscité. Le Christ est le Rédempteur, mais Il est aussi Celui par qui toutes choses ont été faites. Pour cette raison, l'Église purifie, conserve, transmet et aussi défend la loi morale naturelle, inscrite dans la Création.

La grandeur de l'enseignement de Benoît XVI est d'avoir providentiellement maintenu ce cadre de vérité qui soutient la vie de l'Eglise, de l'avoir approfondi avec sagesse apostolique et raffinement théologique, de l'avoir défendu avec une apologétique nouvelle, argumentée, et en même temps résolue, contre les multiples attaques des nouveaux courants de la Gnose, externes et internes à l'Église.

Pendant le pontificat de Paul VI, l'Eglise était en position de résistance face aux aux attaques du monde. Avec le long pontificat de Jean-Paul II, de nombreux motifs de reprise ont été récupérés. Avec Benoît XVI, le cadre des problèmes et les voies que l'Eglise doit suivre ont été admirablement clarifiés dans leurs fondements mêmes.

Le thème de la vérité a été central dans son enseignement. Un argument central à la fois pour les relations entre foi et raison, et pour la mission elle-même qui, dans le relativisme religieux et éthique, ne trouve certes pas de raisons suffisantes pour être poursuivie avec courage. Développant le thème de la vérité, en commençant par le Christ Logos, Benoît XVI a expliqué la position unique de l'Eglise catholique par rapport au monde, a confirmé la priorité de la doctrine sur la pastorale, a récupéré et défendu la valeur de l'identité catholique en essayant d'arrêter le processus de sécularisation qui a aussi pénétré dans l'Eglise, a clarifié ses relations avec les autres religions et a confié à nouveau aux laïcs chrétiens non seulement le devoir de travailler pour la construction de la cité terrestre selon la justice , mais aussi de l'ordonner à Dieu. Ce faisant, il a définitivement précisé les fondements mêmes de la Doctrine sociale de l'Eglise, portant ainsi à son accomplissant sa relance de la part de Jean-Paul II.

Non moins importants sont ses enseignements sur le Concile Vatican II. Il a repris avec décision en mains l'ensemble de ce dossier complexe, corrigé avec clarté les interprétations erronées, rejeté l'idée qu'un présumé «esprit du Concile» prévaudrait sur ses textes, le reliant au contraire organiquement avec la tradition, bien qu'avec des discontinuités qui doivent être clarifiées de manière adéquate; il a réaffirmé que dans l'esprit des Pères conciliaires, il y avait la «centralité de Dieu» et pas l'hommage au monde. Dans ce contexte, il a eu le courage de promulguer le motu proprio 'Summorum Pontificum', qui a restauré la possibilité de célébrer la messe dans le Vetus Ordo . Il s'est agi d'un acte d'une grande importance, où se sont exprimées ses profondes réflexions sur la liturgie, qu'il entendait mener vers une «réforme de la réforme», espérant que se développerait ainsi dans l'Eglise un «nouveau mouvement liturgique». Lui-même, avec sa façon de célébrer, lui avait donné le coup d'envoi.

Puiser au Magistère de Benoît XVI - vrai Père de l'Eglise de notre temps - maintenant aussi avec l'aide de ce livre, est indispensable pour cheminer en toute sécurité dans la substance de la foi, dans la sûreté de la doctrine, dans la certitude, qui ouvre à la mission, de la vraie identité du chrétien.