Benoit-et-moi 2017
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François, 4 ans après (I)

Un impressionnant check-up/réquisitoire de Steve Skojec sur OnePeterFive (14/3/2017)

Partant du soir du 13 mars 2013 - dont nous rappelions hier le quatrième anniversaire, - et des sentiments d'effroi qui l'animaient au moment où il a découvert le nouveau Pape sur le Balcon de Saint-Pierre, et qui a l'époque semblaient irrationnels, mais qui depuis ont largement dépassé le stade de l'intuition, Steve Skojec dresse un tableau très sombre du Pontificat. Pour ceux qui refusent encore de voir.
Il ne s'agit pas de fantasmes complotistes. Comme d'habitude pour les articles que je traduis, tout est soigneusement documenté.
Comme c'est très long, je fais la traduction en deux parties.

Quatre ans plus tard: Réflexions sur un Pontificat sans précédent

Steve Skojec
www.onepeterfive.com
Ma traduction

* * *

Le 13 Mars 2013, j'étais assis dans mon bureau et regardai mon écran alors qu'un nouveau pape - un homme que je n'avais jamais vu avant ce moment - sortait sur la loggia de la basilique Saint-Pierre. Je n'avais jamais entendu parler de lui. Je ne savais même pas son nom. Comme la plupart des catholiques, j'avais abordé le conclave avec un sentiment d'anticipation plein d'espoir. Mais le sentiment qui m'a saisi quand j'ai vu l'homme que les cardinaux avaient élu était affreusement fort. C'était un sentiment d'effroi glacial. Tandis que je le regardai, debout là, regardant fixement la foule, j'entendis distinctement dans ma tête ces mots, spontanés: «Cet homme n'est pas un ami de la Tradition».

C'atait une phrase étrange. Curieusement formulée. Je savais, tout aussi sûrement que l'on sait que la voix de quelqu'un qui parle dans une pièce slencieuse n'est pas la sienne, que ce n'était pas ma pensée, mais une sorte d'impulsion externe. Il m'aurait été impossible de seulement risquer une telle évaluation, car je ne savais littéralement rien sur l'homme, ce cardinal argentin, Jorge Bergoglio.

Je reconnais que je fais peu de cas des menus détails du costume ou des coutumes ecclésiastiques. Je ne peux donc pas affirmer que mon sentiment était motivé par l'observation d'un écart évident par rapport aux protocoles d'une élection papale. Je n'ai pas remarqué, par exemple, qu'il avait choisi de ne pas porter la mozette papale. Je n'ai pas été contrarié par son salut inhabituel à la foule avec un «bonne soirée» au lieu de quelque chose de plus profond spirituellement. Je ne peux pas dire que je me souviens d'avoir, dans ces premiers moments, entendu qu'il était un jésuite. Pour être honnête, j'aurais très bien pu ne pas remarquer ces choses, même dans des circonstances normales, mais celles-ci n'étaient pas des circonstances normales. Mon impression de l'homme était quelque chose qui se passait à un niveau viscéral. Et le sentiment était si fort, qu'il m'a distrait de tout le reste.

Il y avait quelque chose dans son visage. Dans la façon dont il a baissé les yeux vers la foule rassemblée. Il y avait quelque chose ... qui n'allait pas, dans ses yeux. Ce que je vis - ce que je PENSAI avoir vu - était quelque chose d'autre, en regardant à travers ce masque indéchiffrable. Quelque chose de triomphant, hautain, méprisant, lorgnant enfin du haut d'une lutte longue et acharnée. C'était incroyablement étrange.

Quand je repense à la photo de ce moment-là, je peux voir qu'il n'y avait pas d'expression perceptible sur son visage. Ce que je voyais était, je crois, non pas tant quelque chose de physique, qu'une intuition spirituelle. Qui m'a frappé, au risque de paraître hyperbolique, comme une expérience surnaturelle. J'étais tellement énervé, que j'ai dû lutter contre une vague de nausée.

J'ai fait allusion à ces choses des mois plus tard, quand j'ai commencé, après avoir essayé de toutes mes forces d'accorder à François le bénéfice du doute, à écrire sur la raison pour laquelle son pontificat était déjà plein de signes avant-coureurs. J'ai été ridiculisé par certains, à l'époque, comme si c'était juste un fantasme que j'avais évoqué. Mais j'ai depuis entendu parler d'une multitude d'autres personnes qui avaient eu la même, étrange, première réaction inattendue. A partir de ce premier moment, même si je me suis efforcé d'écarter ces impressions pour faire prévaloir la raison, J'AI SU, comme beaucoup d'autres catholiques, ce que j'en suis venu à considérer comme un signe de la grâce. Un avertissement de Dieu: ce serait une papauté aux terribles conséquences.

Quatre ans plus tard, je me trouve confirmé dans cette connaissance. Non pas à travers la persistance d'un sentiment, mais une prépondérance de preuves. Si 2016 a été le point de basculement, 2017 est l'année où le barrage a sauté. Amoris Laetitia a élevé les enjeux de la bataille pour l'âme de l'Église à un niveau tel que même les ultramontains purs et durs - en tout cas ceux qui sont honnêtes - sont maintenant forcés d'admettre que nous sommes confrontés à aa problème sérieux. S'il y a quelque chose d'aussi important qu'une exhortation apostolique sans doute hérétique qui assiège les sacrements pour déclencher l'alarme, il y a aussi eu d'innombrables exemples moins bien médiatisés d'hétérodoxie depuis cette nuit fatidique d'il y a quatre ans, qui devraient enlever tout doute sur la gravité de la crise. Nos tentatives pour documenter ces choses ici, bien qu'incomplètes, engendreraient des centaines de pages. Il est hors de la portée d'un seul article de tenter un résumé complet des moments inquiétants de ces quatre dernières années, mais nous allons essayer ici d'attirer l'attention du lecteur sur quelque-uns des ces événements les plus mémorables. A dire vrai, il aurait dû être au-delà des capacités humaines de produire autant de confusion et de distorsion dans un si court laps de temps. Et peut-être que c'est le cas. Le diable, après tout, n'est pas une créature de force brutale, mais un maître de subtilité et de séduction, trop heureux de faire usage d'instruments dociles.

Quelle que soit la provenance de cette insurrection au cœur même - et à la tête - de l'Eglise, nous nous trouvons dans un moment vertigineux. Pour ceux qui restent sceptiques, il n'y a probablement aucune accumulation de preuves qui pourrait y changer quelque chose. Des chemins transversaux ont été pris. Des lignes de combat tracées. La phase initiale de l'engagement est achevée.

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L'ESCALADE D'UN AGENDA
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L'un des moments les plus importants de révélation du pontificat de François s'est produit lors d'une interview d'un ami proche et ghostwriter du pape, Mgr Victor Manuel Fernández, en mai 2015 (benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/une-declaration-de-guerre):

«Le pape va lentement parce qu'il veut être sûr que les changements affectent en profondeur. La lenteur est nécessaire pour leur efficacité. Il sait qu'il y en a certains qui espèrent qu'avec le prochain pape, tout reviendra en arrière. Si on va lentement, il est plus difficile de revenir en arrière.»

L'intervieweur poursuit en lui demandant si cela n'aide pas ses adversaires de savoir que François dit que son pontificat serait peut-être court. Fernández répond:

« Le Pape aura ses raisons, parce qu'il se connaît bien. Il a sans doute un objectif que nous ne comprenons pas encore. Il faut savoir qu'il vise à des réformes irréversibles. Si un jour, il avait l'intuition qu'il lui reste peu de temps, et qu'il n'en a pas assez pour faire ce que l'Esprit lui demande, vous pouvez être sûr qu'il accélérera».

Ces commentaires, faits il y a près de deux ans, donnaient un premier aperçu de la stratégie qui a conduit l'agenda jusqu'ici. «La réforme qui est irréversible» est elle-même un thème qui a été répété par d'autres proches collaborateurs du pape. Le cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga a utilisé ces mêmes mots en Janvier 2015. Ils nous ont dit leurs intentions. Beaucoup ont tout simplement été réticents à croire qu'ils pensent ce qu'ils disent. Ce que cette «réforme irréversible» s'est avérée être n'est rien d'autre qu'une distorsion doctrinale grave et intentionnelle, une approche hérétique de la compréhension catholique du péché et des sacrements, la décomposition des structures, règles, limites et institutions existantes, et une confusion qui produit des métastases dans le corps mystique du Christ avec des conséquences éternelles pour les âmes.

On est forcé de se demander: si Satan lui-même devait concevoir un assaut de l'intérieur de l'Église, en quoi serait-il différent de ce que nous vivons aujourd'hui?

Il y a deux ans, au moment de l'interview, Mgr Fernández a parlé de la réponse favorable du public à l'agenda de François:

«Le pape remplit d'abord la place Saint-Pierre avec la foule, ensuite il commence à changer l'Eglise».

Lorsqu'on lui demande si le pape est isolé au Vatican, il répond:

«En aucun cas. Les gens sont avec lui [François], et non pas avec ses adversaires».

Mais déjà à l'époque de ces commentaires, les choses commençaient à changer. En 2015, les foules du pape avait déjà commencé à diminuer. Et tandis qu'ici en Amérique, au moins, il avait été présenté comme ayant fait bouger les lignes sur des questions comme le changement climatique, et suscité des sentiments favorables au catholicisme chez les "liberal", il n'y avait aucune preuve qu'il eût ramené des gens dans l'Église. Les Millenial, en particulier continuent à dériver, même quand ils expriment de l'affection pour l'approche de libéralisation de la doctrine par le pape. Et la vie religieuse - qui n'était déjà pas en bonne santé avant l'élection de François - semble subir des dégâts encore plus graves. Le pape lui-même a déploré l'«hémorragie» de prêtres et de religieuses dans l'Église, mais il semble complètement ignorant de son propre rôle dans leur départ - un record qui le suit depuis son Argentine natale. Comme Le P. Linus Clovis de Family Life International l'a déclaré lors d'une conférence en 2015:

«L'effet François, c'est le désarmement et la réduction au silence des évêques, prêtres et laïcs catholiques. Tenir fermement à la doctrine et à la pratique catholique semble être un acte de déloyauté envers le pape, mais acquiescer, c'est trahir l'Eglise».

Dans une tribune du New York Times en Septembre dernier, Matthew Schmitz a a été encore plus loin:

«[François] décrit les curés comme des "petits monstres" qui "jettent des pierres" sur les pauvres pécheurs. Il a donné aux 'official' de la curie un diagnostic d'"Alzheimer spirituel". Il sermonne les militants pro-vie pour leur "obsession" sur l'avortement. Il a dit que les catholiques qui mettent l'accent sur le fait d'assiser à la messe, fréquentent la confession, et disent des prières traditionnelles sont "pélagiens" - des gens qui croient, de façon hérétique, qu'ils peuvent être sauvés par leurs propres œuvres.
Ces dénonciations démoralisent les catholiques fidèles sans donner aux mécontents aucune raison de revenir. Pourquoi rejoindre une église dont les prêtres sont de petits monstres et dont les membres aiment à jeter des pierres? Lorsque le pape lui-même souligne les états spirituels inhérents à l'observance des rites, il y a peu de raisons de faire la queue au confessionnal ou de se lever pour aller à la messe».

Après des années de résistance croissante, qui s'est propagée à partir des préoccupations dispersées des rares laïcs concernés jusqu'à inclure les plus hauts échelons de l'Eglise, la situation sur le terrain est bien différente en 2017 de ce qu'elle était en 2015. François n'est plus la «bouffée d'air frais», qu'on percevait autrefois en lui. A la place, son discours imprudent dans une chaîne incessante d'interviews et de discours, agace les fidèles. Ses réprimandes constantes à ceux qui essaient simplement de vivre leur catholicisme avec dévotion, combiné avec une énergie apparemment sans limites pour l'innovation, l'auto-contradiction, et le changement, repoussent les gens qui ont essayé de lui donner une audience équitable. Même certains des commentateurs catholiques les plus patients ont enfin atteint la conclusion inévitable que cette papauté est le plus justement décrit comme «désastreuse».

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UN CHANGEMENT DE STRATÉGIE
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Avec la phase «populiste» de ce pontificat qui aujourd'hui s'estompe, il y a eu un changement subtil dans la stratégie de communication d'un Vatican qui n'est autre qu'un calcul. Les détracteurs de ce pontificat, autrefois peu nombreux, ont considérablement augmenté. Leurs efforts pour résister à ces erreurs institutionnelles, imposées comme elles l'ont été aux fidèles, sont devenus presque aussi implacables que l'agenda du pape. Le rejet d'Amoris Laetitia a inclus des réponses énergiques de l'ensemble du spectre des rangs laïcs et cléricaux de l'Église. Les dubia théologiques émis par quatre éminents cardinaux demandant où le pape se situe sur l'enseignement catholique traditionnel a été la réponse la plus autorisée, mais les censures théologiques portées contre l'exhortation par 45 théologiens, théologiens et prêtres était une réplique encore plus théologiquement punitive. Des sommités catholiques comme Josef Seifert, Jude Dougherty et Robert Spaeman ont ajouté leurs voix considérables au chœur montant. Des coups autrefois facilement balayés par l'appareil du Vatican commencent à porter - et à piquer. Des boosters du pape dans les médias, comme Andrea Tornielli, le P. Antonio Spadaro, et Austen Ivereigh ont réagi en montant sur le ring, dans l' espoir de remettre à leur place ceux qui refusent d'ignorer l'homme qui se cache derrière le rideau papal.

On peut trouver un exemple plus concret de la façon dont les choses ont tourné pour la contre-insurrection dans les affiches qui sont apparues récemment durant la nuit, à Rome. Dans The Spectator, Damian Thompson raconte la scène (cf. Vilains réacs contre gentil Pape ):

«Le premier samedi en Février, le peuple de Rome s'est réveillé pour trouver la ville couverte d'affiches représentant un pape François renfrogné. Sous étaient écrits les mots: "Ohé François, t’as mis sous tutelle des congrégations, démis des prêtres, décapité l’ordre de Malte et les Franciscains de l’Immaculée, ignoré des Cardinaux, mais où est-elle ta miséricorde?"
La référence à la miséricorde était une flèche que tout catholique pourrait comprendre. François venait de conclure son "Année de la Miséricorde", au cours de laquelle l'église avait été chargée de tendre la main aux pécheurs dans un esprit de pardon radical. Mais ce fut aussi une année où le pontife argentin a poursuivi sa politique d'écrasement de ses détracteurs avec un mépris théâtral».

[Thompson poursuit]:

«Bien que l'affaire ait fait les manchettes du monde entier, il est peu probable qu'elle ait énervé le pape. Il y a un côté 'street-fighter' péroniste chez Jorge Bergoglio. Comme ses confrères jésuites argentins ne le savent que trop bien, cela ne le dérange pas de se faire des ennemis tant qu'il est convaincu qu'il a la haute main. Les affiches véhiculent une rage impuissante: il est peu probable qu'elles portent les empreintes digitales d'ecclésiastiques de haut rang».

Mais a-t-il la haute main? Il semblerait que, tandis qu'il perd le contrôle de la narration, l'avantage lui échappe. François a tenté, peut-être avec une certtains impatience, de minimiser l'incident. Dans une récente interview à Die Zeit, il a ri - de façon peu convaincante - du spectacle, accordant même à ses accusateurs un crédit d'intelligence.

«François a dit qu'il était en paix, ajoutant: "Je peux comprendre que ma façon de traiter les choses ne plaise pas à certains, c'est totalement dans l'ordre des choses. Tout le monde peut avoir son opinion. C'est légitime et humainement enrichissant».

Quand l'intervieweur a poursuivi, demandant si les affiches étaient enrichissantes, François a répondu: "le dialecte romain des affiches était génial. Ça n'a pas été écrit par n'importe qui dans la rue, mais par une personne intelligente". L'intervieweur est intervenu: "Quelqu'un du Vatican?". À quoi François a plaisanté: "Non, j'ai dit une personne intelligente (rires)".

"De toute façon, c'était génial!" a-t-il conclu».
(Life Site News)

A SUIVRE...