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Le Docteur Folamour au Vatican

Paul R. Ehrlich, "prophète de malheur", partisan du contrôle démographique et de l'avortement, et auteur dans les années 60 de prévisions délirantes, invité à faire un exposé lors d'un Congrés au Vatican (16/1/2017)

L'incroyable information est apparemment issue du site LifeSiteNews, le 13 janvier (il y a même une pétition pour demander l'annulation de l'invitation) et a été reprise par différents sites italiens, dont celui d'Aldo Maria Valli, que je suis particulièrement en ce moment - comme cela n'a sans doute pas échappé à mes lecteurs!
Occasion, au passage, pour "aligner" le réchauffement climatique (qui a décidément du plomb dans l'aile ces jours-ci, météo glaciae oblige, mais rassurez-vous, chers lecteurs, c'est juste le temps que les désinformateurs professionnels reprennent leurs esprits, et trouvent des arguments pour imputer les températures sibériennes annoncées... au réchauffement de la planète!]

Le Docteur Folamour au Vatican

Aldo Maria Valli
www.aldomariavalli.it
14 janvier 2017
Ma traduction

* * *

Vous avez en tête le prototype du savant fou, type le Docteur Folamour du film de Stanley Kubrick «Docteur Folamour ou : comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe» (Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb). Eh bien, parfois la réalité se charge d'aller bien au-delà de la fiction.

C'est le cas du Professeur Paul R. Ehrlich, entomologiste américain à l'Université de Stanford, devenu célèbre après la publication d'un livre, intitulé «La bombe démographique» (The Population Bomb, en français "La bombe P"), dans lequel, sur la base de calculs précis, il faisait une prédiction catastrophiste: dans la décennie de 1973 à 1983, au moins un quart du genre humain serait mort de faim.

Pour éviter un tel massacre, Ehrlich écrivit qu'il serait nécessaire de prendre des mesures draconiennes, à commencer par l'imposition par la loi, sans regarder aux droits individuels, du contrôle des naissances obligatoire et indiscriminé. Et comment administrer la substance nécessaire pour prévenir les naissances? Simple: en introduisant des stérilisants dans l'eau potable et dans les aliments courants.

Bien entendu, les prévisions du professeur, comme ceux de tous les catastrophistes, se sont avérées parties en fumée. Toutefois, cela ne l'a pas empêché de continuer à soutenir ses thèse et à indiquer des solutions. L'une des caractéristiques des catastrophiistes invétérés est en effet de ne pas tenir compte de la réalité pour ce qu'elle est, mais seulement comme un prétexte pour soutenir leurs idées sans fondement.

Peut-être certains se souviendront-ils du pari d'Ehrlich avec Julian Simon, un économiste qui ne se laissa jamais influencer par l'idéologie écologiste et néo-malthusiennes. En 1980, convaincu que le monde, en dépit de l'augmentation de la population, améliorerait la disponibilité des ressources grâce au développement des connaissances, à la technologie et à la mondialisation tant honnie, Simon, opposé au contrôle des naissances et surtout à l'imposition de l'avortement de masse, défia son collègue bien plus célèbre: «Choisissez cinq matières premières et je parie que dans dix ans elles coûternont non pas plus mais moins qu'aujourd'hui»

C'étaient les années où les catastrophistes pontifiaient et où le tristement célèbre Club de Rome faisait rage avec sa thèse sur les limites du développement et la nécessité de réduire les bouches à nourrir. Ehrlich, sûr de gagner le pari, choisit donc cinq métaux: le cuivre, le chrome, le nickel, l'étain et le tungstène, et commenta avec assurance: «Moi et mes collègues John P. Holdren et John Harte acceptons ensemble l'offre stupéfiante de Simon avant que d'autres gens avides ne s'associent»

Avec la présomption typique des idéologues, Ehrlich pensait gagner facilement. Au contraire, comme l'avait prévu Simon, les prix allèrent dans une direction opposée et Ehrilich se retrouva à devoir payer plus de cinq cents dollars. Ce qui, en tout cas, ne l'a jamais poussé à faire une auto-critique.

Pourquoi rappeler ces événements d'aujourd'hui?

Parce que du 27 Février au 1er Mars prochains, à la Casina Pio IV, au Vatican, à l'initiative de deux académies pontificales, celle des sciences et celle des sciences sociales, un colloque international se tiendra sur le thème «Extinction biologique. Comment sauver l'environnement naturel dont nous dépendons», et parmi les orateurs invités à apporter leur contribution autorisée, qui y aura-t-il? Lui, l'ineffable professeur Ehrlich. Et quel est le thème qui lui sera confié? «Comment sauver le monde naturel».

Maintenant, les organisations du Vatican sont bien entendu libres d'organiser les colloques qu'ils veulent, et d'y inviter qui ils veulent, mais il est difficile de ne pas se poser une question: avec tous les scientifiques qui existent, est-il vraiment nécessaire d'offrir un forum à quelqu'un comme Ehrlich, qui non seulement s'est pas le défenseur de l'avortement de masse, s'est complètement trompé dans ses prévisions catastrophiques? Que peut avoir à enseigner ce Docteur Folamour selon lequel d'ici l'an deux mille, l'Angleterre aurait pratiquement cessé d'exister, à moins d'intervenir avec des politiques massives à base d'avortement et de stérilisation de masse?

Aujourd'hui, en l'an de grâce 2017, la communauté scientifique mondiale a démenti toutes les prédictions les plus sombres des catastrophistes. Dans le monde, certes, il y a encore des gens qui souffrent de la faim, et pourtant la planète, en dépit de l'augmentation de la population, n'a jamais nourri autant de gens et la qualité de vie ne s'est jamais autant améliorée. Si aujourd'hui encore un milliard de personnes souffrent de la faim, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de ressources, mais parce qu'il y a trop de gâchis Le problème n'est pas d'empêcher les gens d'avoir des enfants, mais de leur garantir des niveaux convenables dans le domaine de la santé et de l'éducation.

Commentant le choix du Vatican, le président du Population Research Institute, Steven Mosher, journaliste et chercheur américain opposé aux politiques d'avortement, a dit: «Les opinions d'Ehrlich sur les taux d'extinction biologique sont exagérées autant que ses prédictions relatives à uneexplosion démographique, prévisions ayant toutes échoué. Pour quelle raison le Vatican doit offrir une scène à ce prophète de malheur laïc est au-delà de ma compréhension. Il y a beaucoup de scientifiques catholiques, dont les opinions fondées sur des faits, méritent d'être valorisées par l'Eglise. Quel sera la prochaine étape? Inviter Raul Castro à parler de droits de l'homme?».

La thèse au cœur de la conférence du Vatican sera que les changements climatiques mondiaux mettent en danger la «biodiversité», dont quarante pour cent seront détruits «d'ici la fin de ce siècle". Vaincu par les faits en ce qui concerne la croissance de la population mondiale, le catastrophisme revient à l'attaque en changeant de cheval: de la bombe démographique à celle climatique, et se lance à nouveau dans les prévisions. C'est une question de «justice sociale» et de «moralité», disent les organisateurs du congrès en présentant les travux, mais aussi de «survie». Et comme à l'origine du changement climatique, il y a l'homme, voilà de retour la sempiternelle thèse: éliminons l'homme, réduisons sa présence sur la terre et nous résoudrons tous les problèmes.

Récemment (voir l'article «Biophysical limits, women’s rights and the climate encyclical» publié dans «Nature Climate Change» [en accès payant ici, ndt]) Ehrlich et son ami Harte, commentant l'encyclique de François «Laudato si'» (cf. www.researchgate.net) ont soutenu que «le pape a lancé un appel fort à agir sur les changements climatiques, mais il ne réussit pas à affronter les liens complexes entre le développement et la croissance démographique».
Et alors? Eh bien, ce qu'a fait François reste «un délire dépourvu de sens» tant qu'on ne met pas la main sur le contrôle démographique. «C'est d'une clarté cristalline», écrit Ehrlich. «Il n'y a personne s'intéressant à l'état de la planète et à l'état de l' économie mondiale qui peut éviter de traiter la population. C'est l'éléphant dans la pièce».

Au bel âge de quatre-vingt-cinq ans, Ehrlich, a perdu son pelage, mais pas ses habitudes, et il continue de pontifier, comme il l'a fait avec son livre de 1969. La chose étonnante est que maintenant, il va pontifier pour le pape. Et sur l'invitation du Vatican.

Aldo Maria Valli

A noter: le site Corrispondenza Romana, qui consacre lui aussi un article à la nouvelle, commente:

(...) Les précédents sont tout aussi inquiétants: en 2015, Margaret Archer (à son propos, voir ICI), présidente de l'Académie pontificale des sciences sociales, a vivement critiqué le Centre for Family and Human Rights Institute, sigle pro-vie des États-Unis, «coupable» de suivre de près les activités menées par l'Organisation des Nations Unies. Et aussi: le chancelier de l'Académie pontificale des Sciences, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, a été accusé par des milieux pro-vie d'approuver de manière plutôt explicite et sans réserve les objectifs de l'ONU, y compris l'avortement et le contrôle de la population. L'an dernier c'est justement Mgr Sorondo qui a invité le candidat démocrate aux présidentielles US, Bernie Sanders, partisan convaincu de l'avortement, à l'occasion d'une conférence sur «L'ordre social».
Des faits face auxquels on reste perplexe: qu'est-ce qui se passe au Vatican?