Benoit-et-moi 2017
Vous êtes ici: Page d'accueil » Actualité

Le Pape qu'ils attendaient (II)

Suite et fin de la traduction du chapitre I de "The political Pope". (11/5/2017)

>>> Un boulet de démolition moderniste pour l'Eglise
>>> Le Pape qu'ils attendaient (I)

Le pape qu'ils attendaient

SON MENTOR COMMUNISTE
-----
Le pape François a grandi dans l'Argentine socialiste, une expérience qui a laissé une profonde empreinte sur sa pensée. Il a dit aux journalistes latino-américains Javier Cámara et Sebastián Pfaffen que, jeune homme, il avait «lu les livres du Parti communiste que mon chef au laboratoire me donnait» et qu'«il y avait une période où j'attendais avec impatience le journal La Vanguardia, qui n'était pas autorisé à être vendu avec les autres journaux et nous était apporté par les militants socialistes».

Le «chef» auquel François se référait était Esther Ballestrino de Careaga. Il l'a décrite comme une «femme paraguayenne» et une «fervente communiste». Il la considère l'un de ses mentors les plus importants. «Je dois beaucoup à cette grande femme», a-t-il déclaré, ajoutant «elle m'a beaucoup appris sur la politique» (Il a travaillé pour elle comme assistant au laboratoire Hickethier-Bachmann de Buenos Aires).

«Elle lisait souvent des textes du Parti communiste et me les donnait à lire. J'ai donc été amené à connaître aussi cette conception très matérialiste. Je me souviens qu'elle m'a également donné une déclaration des communistes américains en défense des Rosenberg, qui avaient été condamnés à mort. Apprendre sur le communisme «à travers une personne courageuse et honnête, m'a été utile. J'ai réalisé plusieurs choses, un aspect du social que j'ai trouvé ensuite dans la doctrine sociale de l'Église». Après être entré dans la prêtrise, il s'est enorgueilli de l'avoir aidée à cacher la littérature marxiste de la famille aux autorités qui enquêtaient sur elle. Selon l'auteur James Carroll, Bergoglio a fait entrer en fraude ses livres communistes, y compris le Das Kapital de Marx, dans une «bibliothèque jésuite».

«Ballestrino elle-même 'a disparu' tragiquement, aux mains des forces de sécurité en 1977», rapporte le vaticaniste John Allen. «Près de trois décennies plus tard, lorsque ses restes ont été découverts et identifiés, Bergoglio a donné son autorisation pour qu'elle soit enterrée dans le jardin d'une église de Buenos Aires, Santa Cruz, l'endroit où elle avait été enlevée. Sa fille a demandé que sa mère et plusieurs autres femmes soient enterrées là-bas parce que «c'était le dernier endroit où elles ont été en tant que personnes libres». Bien que parfaitement au courant que Ballestrino n'était pas une catholique croyante, le futur pape y a tout de suite consenti».

Ces détails biographiques éclairent les instincts idéologiques du pape. Pourtant, de nombreux commentateurs les ont ignorés, définissant son gauchisme comme un peu confus mais fondamentalement inoffensif.

«Je dois dire que les communistes ont volé notre drapeau. Le drapeau du pauvre est chrétien», a-t-il déclaré en 2014. Un tel commentaire aurait surpris ses prédécesseurs. Ils n'ont pas vu le communisme comme une exagération bénigne. Ils l'ont vu comme une grave menace pour la liberté donnée par Dieu, puisqu'il propose que les gouvernements éliminent de larges secteurs de liberté individuelle, de propriété privée et d'entreprise afin de fabriquer l'"égalité" d'une société sans classes économiques.

Au début du XXe siècle, alors que le socialisme de Marx se propageait à travers le monde, le pape Pie XI déclara la théorie anathème. «Personne ne peut être en même temps un bon catholique et un vrai socialiste», a-t-il déclaré. A entendre le pape François parler aujourd'hui, on pourrait conclure l'inverse: on ne peut être en même temps un bon catholique et un adversaire du socialisme.

«L'inégalité est la racine de tout le mal», a déclaré le pape François sur son compte Twitter en 2014. On peut imaginer Karl Marx lancer ces mots à brûle-pourpoint, mais aucun des prédécesseurs de François n'aurait fait une déclaration aussi scandaleuse. Selon la théologie catholique traditionnelle, la racine de tout mal ne provient pas de l'inégalité, mais du refus de Satan d'accepter l'inégalité. Par envie de la supériorité de Dieu, Satan s'est révolté. Il ne pouvait pas supporter son statut inférieur.

Il a été en effet le premier révolutionnaire, c'est pourquoi l'agitateur socialiste Saul Alinsky - un mentor de Barack Obama et d'Hillary Clinton (qui a fait sa thèse à Wellesley sur sa pensée) - a placé une 'reconnaissance' à Satan dans son livre, "Rules for Radicals". Alinsky l'a vu comme le premier champion des démunis.

Si le satiriste catholique anglais du XXe siècle Evelyn Waugh était encore vivant aujourd'hui, il trouverait les flirts politiques radicaux de gauche du pape François trop horriblement burlesques, même pour une fiction. Un satiriste comme Waugh aurait-il imaginé qu'un pape recevrait avec satisfaction d'un despote latino-américain le «cadeau» d'un crucifix façonné sous la forme d'un marteau et d'une faucille marxistes? Cette scène surréaliste s'est produite pendant la visite du pape Francis en Bolivie en juillet 2015.

Evo Morales, le fièrement marxiste président de Bolivie, a offert au pontife cette image sacrilège de Jésus-Christ. Morales a décrit le cadeau comme une copie d'un crucifix imaginé par un prêtre défunt, le père Luís Espinal, qui appartenait à l'ordre jésuite (comme le pape François) et avait consacré sa vie à fondre marxisme et religion. Le pape François avait honoré la mémoire d'Espinal à son arrivée en Bolivie.

Si Jean-Paul II ou le pape Benoît XVI avaient vu une croix aussi saugrenue, ils l'auraient brisée sur leurs genoux. Pas le pape François. Il a accepté chaleureusement la croix en forme de marteau et faucille, en disant à la presse de l'avion de retour à Rome que «je comprends ce travail» et que «pour moi ce n'était pas une offense». Après la visite, Morales s'est extasié: «Je sens que j'ai un pape. Je n'ai pas ressenti cela avant».

Sous François, la papauté est devenue un collage de ces images politisées: rencontres papales amicales avec des voyous communistes comme les frères Castro, une messe papale célébée sous l'ombre d'une fresque murale du meurtrier en masse Che Guevara, à La Havane, audiences papales accordées à un flux régulier de théoriciens marxistes et de célébrités anticapitalistes tels que Leonardo DiCaprio, «selfies», tout en tenant un T-shirt anti-gaz de schiste, messe d'amnistie célébrée à la frontière entre le Mexique et l'Amérique, succession de sermons, de discours et d'écrits qui déchirent le capitalisme et vantent l'augmentation du contrôle gouvernemental sur la propriété et les affaires privées.

En poussant la papauté dans une direction aussi «progressiste», Francis est devenu un chouchou de la gauche globale. Son programme de promotion de la politique de gauche tout en minimisant et sapant la doctrine sur la foi et la morale l'a transformé en équivalent ecclésiastique de Barack Obama. «Le pape François est un cadeau du ciel», a dit l'universitaire radical Cornel West à [la revue] Rolling Stone. «J'adore ce qu'il est, en termes de ce qu'il dit, et de l'impact de ses paroles sur les forces progressistes du monde entier».

Le pape François, comme les libéraux l'ont déjà dit de Barack Obama, est «celui qu'ils attendaient». Le monde témoigne de rien de moins qu'une révolution libérale dans l'Église catholique - une révolution qui encourage les ennemis de l'Église et aliéne ses amis.

fin