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L'émerveillement de la crèche

Cadeau en cette veille de Noël: cette belle réflexion de Marcello Veneziani sur le sens de la crèche, et ceux qui par stupidité veulent éradiquer le beau symbole (24/12/2017)

La crèche qu'il évoque ici avec nostalgie, même avec ce qu'on peut imaginer de sa richesse iconographique, et peut-être de son caractère baroque (voire "kitsch"), est très éloignée de celle de la Place Saint-Pierre...

La crèche, l'émerveillement et la stupidité

Marcello Veneziani
12 décembre 2017
Ma traduction

* * *

Le jour de l'Immaculée Conception, chez moi, nous faisions la crèche et à la maison je continue la tradition. Quelques jours plus tard, nous la faisions à l'école et c'était un bon moment de tendresse communautaire, de récréation avec la maîtresse et de comparaison puérile entre les différentes petites traditions familiales.

Je voudrais dire aux idiots qui abolissent la crèche pour ne pas offenser les non-chrétiens, ce qu'ils perdent et ce qu'ils font perdre aux enfants.

La crèche, c'était la naissance d'un enfant, d'une famille, d'une communauté. C'était la chaleur en plein hiver, c'était le ciel étoilé dans le gel de décembre, c'était la lumière dans l'obscurité de la nuit. La crèche consacrait la famille, celle composée du père, de la mère et du fils, et célébrait la maison, même si elle rappelait une grotte nue, domicile provisoire.

La crèche était un exemple magique de construction sacrée, à travers le travail collectif; enfants de différentes milieux et de capacités diverses construisaient ensemble une miniature d'univers et d'humanité, une ville d'âmes et de corps, humbles et glorieux.

Et dans cette famille, ils voyaient la leur, même si c'était une famille spéciale, pauvre mais très haut placée, qui accoucha à ciel ouvert, sans sage-femme; dans ce pays qu'on appelait la ville du pain (telle est la signification de Bethléem), ils reconnaissaient la leur; dans ces visages de bergers, de vendeurs et de pèlerins, ils retrouvaient ceux de leurs connaissances.

La crèche était la manière concrète et fabuleuse de représenter l'alliance entre ciel et terre, entre hommes et animaux, entre peuples et souverains, entre Orient et Occident. Dans la crèche, nous voyions pour la première fois ensemble noirs et blancs, Arabes et Juifs, même les mages respectaient l'intégration [/la diversité] parce que l'un des trois était sombre.

Dans la crèche, nous apprenions à reconnaître et à aimer la nature, la beauté des montagnes reproduites dans le papier d'emballage déguisé et tacheté, les rivières et les étangs, même si c'étaient des miroirs dérobés à la vanité féminine, de la vraie mousse et de la fausse neige, et puis les arbres et les palmiers, le ciel étoilé et le prodige d'une étoile comète placée au-dessus d'une grotte, souvent de manière précaire.

Dans la crèche, les animaux les plus humbles acquéraient de la dignité, à commencer par l'âne et le bœuf, les premiers calorifères animés pour un Utilisateur Divin et ses saints conjoints. Et puis il y avait les canards, les moutons et les oies, des chameaux séraphiques se balançaient entre les dunes, un cochon faisait une apparition et les agneaux avaient des visages humains.

La crèche ouvrait les cœurs à l'attente, à la naissance. C'était un exemple de confiance miraculeuse en l'avenir, une communauté fondée non pas sur l'intérêt et l'exploitation mais sur un amour commun pour l'Enfant qui naît et sur une foi qui unit.

Et c'était une célébration de la nativité qui aujourd'hui plus que jamais devrait être propagée dans la société dans laquelle nous nous trouvons.

Qui pourrait offenser une représentation si douce et si inoffensive de la vie, de la religion et de la communauté?

Seuls les héritiers d'Hérode, ou ceux qui préfèrent Jésus avorté à l'Enfant Jésus, peuvent se sentir offensés par la crèche.

De quoi les musulmans devraient-ils se sentir offensés, si même l'endroit de la crèche leur est très familier et qu'il n' y a rien, mais vraiment rien contre leur religion, aussi parce que l'événement de Noël précède Mahomet de quelques siècles?

Et les enfants athées ou simplement non croyants, ou plutôt les enfants d'athées et de non-croyants, en quoi devraient-ils se sentir offensés, par un enfant qui naît, par un tribut d'amour, par le scintillement des anges avec la guitare? Plutôt que l'ange suspendu au ciel, ce qui les frappera peut-être, c'est le fil de fer par lequel ils sont suspendus, mais quel préjudice leur ferait une crèche?

Tout au plus, ce sera pour eux un beau conte de fées, mieux que le Père Noël et Halloween, ou plutôt une "narration", un mythe. Pour ceux qui croient, au contraire, la crèche est le sacré à hauteur d'homme, c'est la sainteté à la maison, la spiritualité qui devient chair, peuple et paysage, une divinité qui prend le monde dans ses bras, et le caresse.

La religion peut être âpre, résolue, elle exige des sacrifices, elle est martyre et sacrifice, elle est parfois l'alibi pour exercer violence et domination; mais pas dans la crèche, c'est un doux exemple de communauté harmonieuse, d'une béatitude domestique, et même musicale.

Puis, lorsque les lumières tout autour s'éteignaient et que seules les lumières de la crèche restaient allumées et que tout le monde avait en main une bougie et qu'une petite procession se formait, dans la salle de classe ou à la maison, pour faire naître l'Enfant, cette communauté devenait communion et vous ressentiez dans cette pièce la magie d'une nouvelle présence.

Tu descends des étoiles et amènes le ciel dans une pièce.

Et ces messieurs, idiots selon le progrès et les directives européennes, voudrait même effacer cette tradition inoffensive et artisanale. Ils enlèvent la maman de l'Enfant Jésus pour la remplacer par la mère des imbéciles qui, comme on le sait, est toujours enceinte.