Benoit-et-moi 2017
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Polémique

A propos d'un article injurieux me mettant en cause, paru sur un blog "catholique" (2/4/2017)

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Précision: j'ai hésité, avant de publier ce qui suit, ne souhaitant pas (entre autre) transformer un site dédié à un homme que je vénère en un ring pour me défendre contre les critiques. Mais trop, c'est trop, surtout quand aux insultes contre ma personne vient s'ajouter le mensonge, justifiant lesdites insultes par des "ignominies" que j'aurais écrites.
Je vais essayer de m'expliquer - et pardon si c'est long. Et de le faire ouvertement et franchement, en citant explicitement le blog catholique concerné.

L'article en cause est ici: plunkett.hautetfort.com

J'ai vu le visage hideux du mensonge: ce sont à peu près (je cite de mémoire) les mots de Joseph Ratzinger, pour expliquer les raisons qui l'avaient conduit en 1969 à quitter la prestigieuse université de Tubingen où il enseignait depuis 1966 à la demande de son "ami" Hans Küng.
Loin de moi évidemment l'idée de me comparer, même de loin, au grand théologien, d'autant plus que le contexte était très différent, mais c'est la phrase qui m'est venue à l'esprit en lisant hier (par hasard, car je fréquente ce site très irrégulièrement, plutôt par masochisme) un billet de Patrice de Plunkett sur son blog. Ou plutôt le commentaire à un billet où, selon son habitude lorsqu'il veut en découdre avec quelqu'un en s'abritant derrière la façade de respectabilité qu'il affecte, il donne la parole à des thuriféraires (eh oui! le "maître" François fait des émules) déchaînés qui se permettent tous les débordements derrière leur écran et leur clavier. Tellement déchaînés, mais si strictement dans la ligne de leur mentor, qu'on en vient à se demander si le blogueur lui-même n'est pas l'auteur des commentaires. En tout cas, il ne les censure pas (comme il le fait de toutes les critiques, tout en prétendant faire de son blog un espace de débat). Il ne s'en cache pas, d'ailleurs, rajoutant généralement quelques lignes signées de son nom pour en quelque sorte les valider: CERTIFIÉ CONFORME À L'ORIGINAL - LU ET APPROUVÉ!

Le billet reprenait un article paru la veille sur le site catholique suisse <cath.ch> sous le titre EL SALVADOR: "L’OPPOSITION À LA CANONISATION DE MGR ROMERO ÉTAIT POLITIQUE": il faisait état d'une interview de Mgr Paglia, en sa qualité de postulateur de la cause de béatification de Mgr Romero, à l'hebdomadaire catholique américain progressiste dirigé par les jésuites, "America"; lequel Paglia, après de nombreuses déclarations ambigües, notamment sur la famille, son domaine de compétence au sein de la Curie, s'est signalé ces derniers temps à notre attention pour des raisons... disons pudiquement, pas vraiment édifiantes (cf. Un archevêque très "border-line" (II)). Mais c'est sans rapport avec le sujet, et je n'ai pas l'intention de m'en prendre ici au postulateur pour discréditer la cause.
Je précise que je n'ai absolumlent rien contre Mgr Romero lui-même.

Toujours conformément à son habitude, le cas de Mgr Romero (et les plaintes de Paglia, qui prétend avoir reçu des "menaces"... devinez de qui!) n'est qu'un prétexte pour régler les comptes avec les "cathos ultra-conservateurs" et autres "ultra-libéraux" (notez l'utilisation du préfixe discréditant "ultra") auxquels Plunkett voue une haine qui tourne à l'obssession (je pèse mes mots). Et donc, parmi les commentaires (au moins ceux non censurés par lui, c'est-à-dire ceux écrits par les fameux thuriféraires), il y en a un qui mérite d'être cité, d'autant plus que j'y suis mentionnée:

Je passe sur les insultes (je crois comprendre qu'en plus d'appartenir à l'ultra-droite - mais bien sûr, c'est tellement commode!! -, je suis "con", et même atteinte de troubles psychiatriques), et sur les sarcasmes adressés à "un curieux site, qui met toute sorte de photos de Benoît XVI, y compris de ses anniversaires" (comme si depuis trois ans nous n'étions pas abreuvés de manifestations idolâtriques adressées à François, à travers livres, photos, films à sa gloire, et même journaux dédiés, sans que ces gens y trouvent à redire). Un "curieux site", malgré tout, et je le rappelle ici en toute modestie, qui existe maintenant depuis bientôt 11 ans et qui n'a jamais caché sa raison d'être au début, mais qui a depuis prouvé qu'il pouvait offrir aux lecteurs relativement nombreux et fidèles (n'en déplaise au zélé disciple de Plunkett) autre chose que des photos hagiographiques, que j'assume par ailleurs fièrement et totalement.
Ce qui m'a fait bondir, au-delà des attaques à ma personne, c'est le commentaire au commentaire, signé Plunkett, donc (qui ajoute son petit crachat: je ne suis pas "con" - merci quand même - mais "tordue").
Le meilleur, si j'ose dire, est pour la fin: in cauda venenum):

Le site dont vous parlez a publié il y a quelques années de véritables ignominies contre la mémoire de Mgr Romero: ignominies usinées dans les officines d'une extrême droite espagnole cacochyme...

C'est là que j'ai vu "le visage hideux du mensonge".
Je me souviens parfaitement de l'article auquel Plunkett fait allusion, sans fournir de lien (et on comprend pourquoi car on n'y trouve rien de ce qu'il annonce): ce n'est pas la première fois qu'il l'évoque.

C'était en février 2010, et j'avais publié un article issu du portail catholique généraliste hispanophone <www.religionenlibertad.com> (sans doute conservateur, mais, en toute objectivité, modéré), dans la traduction de Carlota: benoit-et-moi.fr/2010-I.
Pour les lecteurs qui n'auraient pas envie, ou pas le temps, de lire l'article en entier, je reproduis juste ce que j'écrivais en guise de préambule, pour résumer à très gros traits le contenu de l'article:

Mgr Romero était une personnalité bonne, mais influençable, qui s'est retrouvé dramatiquement seul pour faire face à une situation de violence, et le secteur le plus progressiste du clergé salvadorien, les activistes de la "Théologie de la Libération", ont tenté de le mettre sous leur coupe, voyant en sa nomination "une conjoncture propice pour une véritable instrumentalisation de l’Église catholique au profit de la cause communiste".
(...)
L'article se termine par le récit très émouvant des dernières heures de l'évêque martyre, et de sa mort.

Voilà donc pour l'accusation (sans le moindre fondement, je mets Plunkett au défi de prouver le contraire) de "véritables ignominies envers la mémoire de Mgr Romero"! J'ignorais qu'écrire que "les activistes de la Théologie de la Libération ont tenté de le mettre sous leur coupe, voyant en sa nomination une conjoncture propice pour une véritable instrumentalisation de l’Église catholique au profit de la cause communiste" était un crime de lèse-majesté!!

Quant aux "officines d'une extrême droite espagnole cacochyme", voici les précisions de Carlota sur l'auteur du texte:

Le P. Alberto Royo Mejia dont j'avais traduit le texte sur Mgr Romero, est un prêtre diocésain, actuellement curé d'une paroisse du diocèse de Getafe, communauté de Madrid. Il est aussi docteur en droit canonique et passionné par l'Histoire de l'Eglise. Il collabore (ou collaborait) comme consultant avec la Congrégation pour les Causes des Saints.
Bref un prêtre peut-être pas gauchiste mais ni sédévacantiste, ni lefebvriste, ni furieux tradi...et qui a eu le courage de donner son opinion d'une façon sensée et argumentée, sur une affaire qui n'avait pas la limpidité d'autres cas de prêtre tués dans l'exercice de leur mission par haine de la foi. Je remarque aussi que pour la Guerre Civile espagnole, c'est bien cette condition qui est prise en considération (et si elle n'est pas avérée, il n'y a pas de béatification).

Tout ce qui est excessif est insignifiant, dit-on.
Les sites (hystériquement) pro-Bergoglio ne se grandissent pas en publiant de telles mises en cause contre ceux qui ne partagent pas leur enthousiasme. Leur nervosité ne cacherait-elle pas une sourde inquiétude?
Quant aux catholiques auto-estampillés conformes (cf. Qui sont les "bons" catholiques?), grands donneurs de leçons et dispenseurs de brevets de bien-pensance mais aussi d'anathèmes et d'excommunications, leur attitude n'est-elle pas le vivant témoignage de leurs incohérences?
Patrice de Plunkett, en particulier, ne cesse d'exhorter ses lect... pardon, ses adeptes à "faire leur examen de conscience" (un exemple très récent se trouve ICI) et à donner par leur attitude un témoignage de fidélité à l'évangile. Ne serait-ce pas en contradiction avec le fait de qualifier de "tordus" les dissidents (ceux par exemple qui refusent de se plier aux diktats du lobby du réchauffement climatique), et de publier des commentaires où ils sont traités de "cons"?

Ce sont les questions (en réalité purement rhétoriques) qui me viennent aujourd'hui à l'esprit, avec cette (triste) constatation: l'exemple vient de haut. Il suffit pour s'en convaincre de lire les homélies quotidiennes de Sainte Marthe.

* * *

Je conclus sur les sentiments de Benoît XVI (que Plunkett convoque très souvent comme témoin, on comprend pourquoi, mais il ferait bien de s'en tenir aux faits et de ne pas attribuer au Saint-Père des propos qu'ils n'a pas tenus ou des sentiments qu'il n'a pas formulés publiquement) à l'égard de Mgr Romero, et son procès en béatification - sa seule déclaration publique, à ma connaissance, sur le sujet.
C'était le 9 mai 2007, et le Saint-Père répondait aux questions des journalistes dans l'avion qui l'emmenait au Bésil (w2.vatican.va):

Question: Votre Sainteté, nous arrivons sur le territoire de l'Evêque Oscar Romero. On a beaucoup parlé de son procès en canonisation. Pouvez-vous nous dire où nous en sommes, s'il sera canonisé et comment vous considérez cette figure?

Benoît XVI: D'après les dernières informations sur le travail de la Congrégation compétente, il y a de nombreux cas en cours, je sais qu'ils progressent. S.Exc. Mgr Paglia m'a envoyé une biographie importante, qui éclaircit de nombreux points de la question. Mgr Romero a certainement été un grand témoin de la foi, un homme d'une grande vertu chrétienne, qui s'est engagé pour la paix et contre la dictature, et qui a été tué au cours de la célébration de la Messe. Il s'agit donc d'une mort véritablement "crédible", de témoignage de la foi. Le problème était qu'un camp politique voulait le prendre à tort comme porte-drapeau, comme figure emblématique. Comment mettre en lumière de façon juste sa figure, en la préservant de ces tentatives d'instrumentalisation? Tel est le problème. Nous sommes en train de l'examiner et j'attends avec confiance ce que dira à cet égard la Congrégation pour les Causes des Saints.