Benoit-et-moi 2017
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Quand Jésus s'est fait diable

Le commentaire TRÈS personnel de François à un passage de la Bible, dans une homélie à Sainte Marthe. Et la stupéfaction d'Antonio Socci, qui en profite pour faire un récapitulatif (9/4/2017)

Préambule:

Extrait de l'homélie de Saint Marthe du 4 avril. François commentait à sa façon très personnelle la lecture du jour, un passage du livre des Nombres (21: 4-9)

«Mais qu'est la croix pour nous?» est la question posée par François. «Oui, elle est le signe des chrétiens, elle est le symbole des chrétiens. Ensuite la croix, a-t-il affirmé, «pour certaines personnes est un insigne d'appartenance: “Oui, je porte la croix pour faire voir que je suis chrétien”». Et «c'est bien», mais «ce n'est pas seulement un insigne, comme pour une équipe de sport, le signe distinctif d'une équipe»; mais, a dit François, «le souvenir de celui qui s'est fait péché, qui s'est fait diable, serpent, pour nous; qui s'est abaissé jusqu'à s'anéantir totalement».
(www.news.va/fr/news/messe-a-sainte-marthe-sous-le-signe-de-la-croix )

Ce commentaire "absurde" fait bondir Antonio Socci.
Ce n'est pas la première fois qu'il relève les incongruités du Pape; ici, il reprend en les complétant plusieurs articles, dont un qu'il avait écrit en juin 2016, alors que le Pape expliquait son interprétation d'un chapiteau de Vézelay où il prétendait reconnaître le Bon Samaritain Jésus dans une figure au double visage.

Bergoglio va jusqu'à affirmer dans l'église que «Jésus s'est fait diable» et tout le monde fait mine de rien

www.antoniosocci.com
6 avril 2017

Dans l'Église, beaucoup se gratte la tête parce qu'il se passe des choses jamais vues. Il y a eu des papes de toutes sortes en deux mille ans, mais il était jamais arrivé qu'un pape à l'église, dans l'homélie de la messe, prononce des phrases qui - dans la bouche de n'importe qui d'autre - seraient considérées comme des blasphèmes.
L'autre jour, par exemple, le Pape Bergoglio, à Sainte Marthe, a sorti une expression qui doit avoir glacé les auditeurs (même si ensuite, personne n'a au le courage de dire quoi que ce soit).
Commentant - de manière tout à fait absurde - le passage biblique du serpent dressé par Moïse dans le désert (Nombres 21: 4-9), il a affirmé que Jésus «s'est fait péché, s'est fait diable, serpent, pour nous».
Textuel. Mais comment peut-on dire que Jésus «s'est fait diable»? Jésus, pour la doctrine chrétienne, a pris sur lui les péchés de tous, payant pour tous comme agneau sacrificiel sans tache, de sorte que saint Paul a écrit: «Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu.» (2 Cor 5:21).

Mais dire que Jésus «s'est fait diable» est tout autre chose (de saveur gnostique). Le Fils de Dieu s'est fait homme pour racheter les hommes, il ne s'est pas fait diable pour racheter les diables, lesquels, je le rappelle, sont totalement marqués par une haine inextinguible envers Dieu (il est inimaginable pour un pape de dire une chose semblable de Jésus).

BOMBARDEMENT
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Il y a maintenant une longue série de sorties de ce type avec lesquelles Bergoglio bombarde depuis longtemps le pauvre troupeau de chrétiens de plus en plus désorienté et perdu.

À Eugenio Scalfari, il a déclaré qu' «il n'y a pas un Dieu catholique» .

Le 16 Juin 2016, ouvrant le Congrès du diocèse de Rome, dans la Basilique Saint Jean de Latran, il est venu en disant que Jésus, dans l'épisode de la femme adultère, «fait un peu l'idiot (lo scemo) (benoit-et-moi.fr/2016/actualite/nouvelles-et-inquietantes-perles-bergogliennes) . Puis il a ajouté que Jésus - toujours dans l'épisode où il a sauvé la femme de la lapidation - «a manqué envers la morale» (textuel, là encore). Enfin, il a même ajouté que Jésus n'était pas un «propre (pulito)» (on ne sait pas ce qu'il voulait dire par là).

Ajoutez à cela le «magistère des gestes» , comme le fait que pour saluer les fidèles, il ne fait jamais le signe de la croix avec la main, ou son refus obstiné de se mettre à genoux devant le tabernacle et devant Jésus Eucharistie (tandis qu'il s'agenouille dans toute une série d'autres occasions où il n'y a pas d'Eucharistie) .

On peut ajouter diverses autres sortie, en particulier sur les questions relatives à la morale, par exemple, toujours à Scalfari il a dit que «chacun de nous a sa vision du bien et aussi du mal. Nous devons l'inciter à avancer vers ce qu'il pense être le bien» (un parfait manifeste de relativisme, la fin du catholicisme) .

Mais ce qui frappe le plus, c'est la progressivité des déclarations, de plus en plus inédites, sur Jésus, culminant dans la phrase d'avant-hier («il s'est fait diable»).
Quelles explications peut-on trouver?

UN DESSEIN PRÉCIS
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La première qui vient à l'esprit est l'ignorance théologique. C'est vrai, le Pape Bergoglio n'est pas équipé culturellement, et il est l'une des rares personnes qui aient accédé au cardinalat, puis à la papauté sans un doctorat en théologie.
Mais pour commencer, si quelqu'un est tellement mal préparé en théologie et tellement imprudent qu'il fait des déclarations à la limite du blasphème, il serait bon qu'il n'occupe pas la plus haute charge (y compris doctrinale) de l'Église parce que ce serait comme prendre un jeune garçon, qui ne peut même conduire une voiture, pour piloter un boeing.
Ou au moins il est bon qu'il ne parle pas a braccio.
En second lieu, le manque de titres théologiques n'explique pas des déclarations aussi déconcertantes, parce qu'on peut prendre n'importe quel curé de paroisse qui a fait uniquement le séminaire (sans autres titres), et à coup sûr, il ne dira jamais des choses de ce genre. Ni même quelqu'un qui a simplement fréquenté le catéchisme .
Le fait est que Bergoglio a littéralement théorisé la «pensée incomplète» . Et quiconque continue à avoir une pensée solide est disqualifié comme doctrinaire, fondamentaliste et rigoriste.
Il l'a dit dans l'interview avec le père Spadaro (de septembre 2013, ndt), critiquant le passé savant des jésuites: «des époques (où) dans la Compagnie, on a connu une pensée fermée, rigide, plus instructive et ascétique que mystique».
Ensuite, dans Evangelii Gaudium il s'en est pris à «ceux qui rêvent une doctrine monolithique défendue par tous sans nuances» (n. 40). Et enfin, il a écrit: «Parfois, en écoutant un langage complètement orthodoxe, celui que les fidèles reçoivent, à cause du langage qu’ils utilisent et comprennent, c’est quelque chose qui ne correspond pas au véritable Évangile de Jésus Christ» (n. 41).

Aujourd'hui, nous avons le premier pape qui - au lieu d'être le gardien l'orthodoxie doctrinale - critique le «langage complètement orthodoxe».
Selon certains, il le fait pour justifier les énormités qu'il dit et veut continuer à répandre. Mais cette volonté obstinée, qui est désormais constante depuis quatre ans, suggère qu'il y a la décision systématique de déstructurer la doctrine catholique ou tout au moins de la soumettre à une telle délégitimation qu'il fait passer l'idée, dans le peuple chrétien, que chacun peut dire, penser et croire ce qu'il veut .
C'est l'empire du relativisme. Et même un cirque Barnum.

«LUTTE DRAMATIQUE AU CONCLAVE»
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Mais, peut-être, pour comprendre ce qui se passe, est-il bon de rappeler la «lutte dramatique » dans l'Eglise, dont a parlé, il y a un an, à l'Université pontificale grégorienne, Mgr Georg Gäsnwein, secrétaire de Benoît XVI, à propos du Conclave de 2005 , celui qui a conduit à l'élection du cardinal Ratzinger auquel était opposé le cardinal Bergoglio, soutenu par les progressistes (benoit-et-moi.fr/2016/benot-xvi/le-pas-historique-du-11-fevrier-2013).
Gänswein a justement évoqué le conclave d'Avril 2005 « dont Joseph Ratzinger, après l'une des plus courtes élections dans l'histoire de l'Eglise, sortit élu après seulement quatre tours de scrutin, à la suite d'une lutte dramatique entre le "Parti du sel de la terre", autour des cardinaux Lopez Trujillo, Ruini, Herranz, Rouco Varela ou Medina et le soi-disant "Groupe de Saint-Gall" autour des cardinaux Danneels, Martini, Silvestrini ou Murphy-O'Connor (...) L'élection était certainement aussi le résultat d'un affrontement, dont la clef avait pratiquement été fournie par le cardinal Ratzinger lui-même, en tant que doyen, dans l'homélie historique du 18 Avril 2005 à Saint-Pierre; et précisément là où à "une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien que comme définitif et qui n'a comme seule mesure que le 'moi' et ses désirs" il avait opposé une autre mesure: "le Fils de Dieu et vrai homme" comme "la mesure du véritable humanisme"».
Ganswein avait ajouté qu'actuellement prévaut la mentalité la mentalité à laquelle Benoît XVI s'était opposé et la «dictature du relativisme» s'exprime depuis quelque temps de manière irrésistible à travers les nombreux canaux des nouveaux moyens de communication qu'en 2005, on pouvait à peine imaginer».
Les mots qui font comprendre le drame qui se joue aujourd'hui au sein de l'Église.

AU-DELÀ DE TOUTES LES LIMITES
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L'un des plus grands philosophes catholiques vivants, Robert Spaemann, ami personnel de Benoît XVI, a tonné il y a quelque temps sur «Die Tagespost» avec un article au titre éloquent: «Dans l'Eglise aussi il y a une limite du supportable» (benoit-et-moi.fr/2016/actualite/la-limite-du-supportable).
Un autre important philosophe catholique Josef Seifert, collaborateur de Jean-Paul II et Benoît XVI, est intervenu avec des critiques très dures, qu'il a motivées ainsi: «Le pape n'est pas infaillible s'il na parle pas ex cathedra. Plusieurs papes (comme Formose et Honorius I) ont été condamnés pour hérésie. Et il est de notre devoir sacré - par amour et miséricorde pour de nombreuses âmes - de critiquer nos évêques et même notre Pape bien-aimé, s'ils dévient de la vérité, et si leurs erreurs nuisent à l'Eglise et aux âmes» .

Une situation si explosive dans l'Eglise ne s'était jamais vue.

Antonio Socci
"Libero", 6 Avril 2017