Benoit-et-moi 2017
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Ras le Macron

Pardon pour le langage peu châtié, mais que dire d'autre? Dans l'avalanche de commentaires, quatre analyses (dont trois "transalpines") qui se complètent. Dont celle de l'ex "banquier du Vatican", E.Gotti-Tedeschi, qui connaît bien le "Système" pour l'avoir pratiqué de l'intérieur (9/5/2017)

>>> Cf. Un scénario écrit d'avance (Qui est Emmanuel Macron, 24/5/2017)

A côté de ce qu'on entend sur l'ensemble des médias français (et apparemment mondiaux), dès potron-minet et à longueur de journée, à la Pravda de soviétique mémoire, c'étaient des apprentis....

Pour commencer, une saine réaction française, celle de Christian Vanneste, exclu de feu l'UMP pour propos non conformes sur l'homosexualité. Il est l'un des représentants de cette droite de conviction qui pourrait contribuer à recomposer le paysage politique français (enfin, il me semble...).
En tout cas, ici, il a tout compris.

Hollande et Macron : du beau travail !

Dessin <Boulevard Voltaire>

Ils ont roulé les Français dans la farine. Les bobos des grandes villes et leur puissance de feu médiatique ont écrasé la France périphérique.
(...)

[Le reste est à lire ici: www.bvoltaire.fr...]

Le constat lucide et (peut-être excessivement) pessimiste de Maurizio Blondet écrit à chaud, hier:

Le parti unique de l'Europe post-nationale est né

Maurizio Blondet
8 mai 2017
Ma traduction

[Ci-dessus: Macron et Jacques Attali lors à la réunion du Bilderberg à Copenhague, Juin 2014].

C'est là qu'Attali a présenté son jeune protégé à ceux qui comptent.

Et c'est probablement là qu'a été concoctée la stratégie pour faire du petit jeune homme le candidat synthétique au silicone, puisque leur Hollande était ruiné dans les sondages et le parti dit «socialiste» devenait imprésentable aux élections.

Il devra devenir le champion du pop-futurisme, transformer les Français en nomades idéaux à la Attali: une classe de précaires qui ont acquis une certaine compétence et un anglais passable, mais manquent d'un emploi stable, d'une profession fiable, d'un vrai salaire et d'un avenir: bref, exactement ce qu'avait prédit la Boldrini [Laura Boldrini, star de la politique italienne, ndt] la même année: «Les migrants sont l'avant-garde de la mondialisation, ils nous présentent un mode de vie qui sera bientôt très répandu pour beaucoup d'entre nous, parce qu'à l'ère de la mondialisation tout bouge. Les capitaux bougent. Les marchandises bougent. Les nouvelles bougent. Les humains bougent». Ou comme le souhaite le philosophe post-hégélien matérialiste Alain Badiou, les migrants doivent nous enseigner à devenir nous-mêmes des migrants, des étrangers dans notre propre maison, pour ne pas «rester prisonniers de cette longue histoire occidentale et blanche qui tire à sa fin».

Aujourd'hui, nous voyons que la très grande majorité des Français a dit oui à ce projet. Autour Macron s'est formé, et il est très grand, «le parti unique de la mondialisation heureuse, de l'Europe post-nationale et de l' idéologie de la diversité» (Mathieu Bock-Côté), celle pour laquelle le mariage gay, l'invasion des immigrés, l'euthanasie , l'enseignement du genre dans les écoles maternelles, les mères porteuses et le changement de sexe sont Le Progrès. Un parti unique qui croit qu'une seule politique est possible (« plus d'Europe, plus de mondialisation, plus d'OTAN, plus de finance, plus d'inégalités»), et ses objectifs incontestables; qui unit les élites favorisées et le lumpen prolétariat les banlieues, non pas tant sans emploi qu'inemployables.

[Ci-dessus: Media, pensée unique pour parti unique].

Un nouveau parti, gigantesque, basé évidemment sur l'oubli: oubli allègre de l'identité nationale et de l'histoire (cela va sans dire) oublié, mais aussi amnésie à très court terme, de ce qui est arrivé il y a quelques mois: oubli que Macron a été ministre de Hollande, et en cette qualité a vendu Alstom (un fleuron national) à General Electric, et a sanctionné une loi de destruction des garanties de travail - qui lui avait été dictée par Attali - qu'en plus, de façon orwellienne, il avait appelé «Egalite des chances Économiques».

Que pourrais-je vous dire, si ça leur plaît ainsi ... et pas seulement aux Français, mais aux Européens. Je suis certain d'une chose: le totalitarisme qui commence et serrera ses vis sur nos cous et nos chevilles, nous condamnera à des amendes pour opinions incorrectes (sanctionnées comme fake news), nous jettera dans les guerres neocons, nous réduira à plus de misère - ce régime oligarchique basé sur des aberrations civiles et morales, mortuaires et sexuelles, est si contraire à la nature, au bon sens et à la grâce, qu'il en est insoutenable. Comme le marxisme-léninisme stalinien, il implosera à cause de ses contradictions, après avoir opprimé et forcé à vivre dans le mensonge. Je veux espèrer qu'il durera moins que l'autre Goulag - parce que c'est incroyable ce qu'endurèrent alors les sujets , et la passivité, la stupidité et la lâcheté des masses en Europe aujourd'hui me semblent plus profonde que cela.

Vaincu, le camp opposé, celui qu'ils appellent «populiste», souverainiste, a un problème de leadership. En France comme en Italie et dans d'autres pays, c'est cette lacune qui peut prolonger l'oppression. Mais nous aurons le temps d'y penser: cinq ans d'oppression, peut-être dix, sont devant nous.

D'utiles précisions de Robi Ronza, pas dupe, lui non plus (La Bussola):

Macron, le vieux habillé de neuf

Robi Ronza
www.lanuovabq.it
8 mai 2017
Ma traduction

L'«Hymne à la joie» de Beethoven est le symbole musical non seulement de l'Union européenne, mais aussi, et avant cela, de la franc-maçonnerie (voir par exemple le site de la franc-maçonnerie italienne de rite écossais).

Que donc dans la soirée de dimanche dernier il ait accompagné l'entrée en scène devant le Louvre du président français nouvellement élu Emmanuel Macron est très significatif. Mais l'événement en tant que tel, mérite d'être examiné avec attention. Non sans difficultés, et au prix de dépenses non négligeables, un lieu de cette importance, la place de Paris devant palais du Louvre, a pu être réservée, préparée et installée, avec scène, système d'amplication et spectacle de son et lumière. La réalisation professionnelle de l'événement, soignée dans les moindres détails, était également évidente: de la distribution à la foule des partisans agitant des milliers de drapeaux identiques et de format bien choisi, à la succession des différentes phases de l'apparition de Macron, d'abord marchant seul à travers la place, puis seul sur la scène, puis rejoint par sa femme et sa famille; enfin par une petite foule de « peuple » choisis avec soin.

Le discours Macron a été presque uniquement un grand exercice de rhétorique. Les rares passages de contenu spécifique ne sont certainement pas dûs au hasard: «L’Europe et le monde attendent que nous défendions partout l’esprit des Lumières» a entre autre crié à la foule le nouveeu président, «Ils attendent que partout nous défendions les libertés, que nous protégions les opprimés. Ils attendent que nous portions une nouvelle espérance, un nouvel humanisme (...)».
Il est très douteux que le monde entier retenait mon souffle en attendant la montée à Paris de ce nouveau soleil de l'avenir. Avec sa raison fermée au mystère, insensible à l'expérience et hostile à l'histoire, les Lumières sont aujourd'hui davantage un obstacle qu'une aide dans les relations entre l'Occident et le reste du monde. Cependant, il reste symptomatique que Macron le croie, ou au moins veuille faire croire.

Tout cela donne une bonne idée de la vision du monde qui caractérise la nouvelle présidence française. Et aussi de la quantité et la qualité des ressources économiques et culturelles qui ont été investies pour transformer en un nouveau visage rassurant et innocent celui qui jusqu'à il y a quelques mois était l'un des principaux ministres du gouvernement raté de François Hollande. Compte tenu des capacités de l'ordre établi français, l'avalanche médiatique pilotée dont Fillon a été submergé apparaît clairement. Qu'il avait pris sa femme comme son assistante parlementaire, choix inopportun, mais pas illégal en France, n'était un secret pour aucun des proverbiaux «initiés». Néanmoins, la question a été soudainement transformée de "coup" en bombe médiatique, que de son côté Fillon n'a pas pu désamorcer. Ainsi a été emporté un candidat gagnant qui était vraiment du centre, mais ... avait l'inconvénient d'être catholique [Ndt: bof...! toutefois, il est vraisemblable qu'il soit apparu effectivement TROP catholique à certains]; et c'est ainsi que le passage s'est ouvert à Macron, faux centriste, en réalité construit sur mesure, pour récupérer avant tout, sinon uniquement, le vote des électeurs socialistes fuyant leur parti. «Laïc» Macron et «laïque» Le Pen - avec cette dernière, sur les grandes questions de la vie et la famille les choses ne seraient pas allées mieux, mais c'est une maigre consolation.

Et pour finir, l'analyse inédite d'un initié, Ettore Gotti Tedeschi: selon lui, le vote des français reflète la peur de s'opposer frontalement au système - lequel, redoutant l'échec, tente une nouvelle tactique (ce qu'il appelle la "deuxième vitesse") dans sa marche forcée vers un monde global.

Espoir ou peur? Les deux leçons de la France

Ettore Gotti-Tedeschi
www.lanuovabq.it
8 mai 2017
Ma traduction

Le tweet de notre premier ministre Gentiloni [cf. Des camps de concentration en Italie? (suite)] - «Vive le président Macron. Un espoir se profile en Europe» - m'a rappelé la phrase d'ouverture du Manifeste communiste (1848): «Un spectre se profile en Europe: le spectre du communisme ... ».

Bien sûr, j'espère que Gentiloni a raison, que ce qui se profile en Europe, c'est l'espoir, pas la peur. Mais le mien (d'espoir) est également lié à l'espoir que les partis politiques italiens qui ont à coeur l'avenir de notre pays aient compris la leçon française. À mon avis , cette leçon est double.

Première leçon: Les citoyens des pays européens qui n'ont pas eu un rôle stratégique au cours des décennies récentes, et à cause de cela se sentent faibles, ont peur. Ils ont perdu beaucoup de certitudes; résignés, ils ne font plus confiance aux prophètes qui promettent des solutions. Ils ont compris qu'il n'y aura pas de solutions, si elles sont opposées à ce pouvoir qui a guidé le projet de mondialisation. Ce pouvoir, bien qu'il semble avoir échoué, est trop fort et arrogant et commence à faire peur.

On a compris qu'un conflit avec lui pourrait nous faire beaucoup de tort, et cela nous fait peur. On a également compris que le pouvoir du monde global ne cédera jamais les rênes (il pourra tout au plus s'adapter s'il voit que les temps ne sont pas mûrs). L'électorat a compris que si la victoire allait à un parti non aligné avec le [pouvoir] global, il subirait des rétorsions, il s'est convaincu qu'un pays européen ne peut pas avoir le «monde» contre lui. Il s'en est convaincu aussi en observant ce qui se passe aux États-Unis après les cent premiers jours du nouveau président. Et ils l'ont dit avec leur vote de dimanche.

Deuxième leçon: à ce stade, la proposition de rupture radicale et d'opposition dure entre le global et le local ne semble pas en mesure de gagner; aujourd'hui, c'est le compromis qui semble l'emporter. Et c'est l'homme qui représente le compromis qui est gagnant. Macron ne changera pas grand chose. Il adaptera beaucoup aux nombreuses réactions dites «populistes», qui ont fait comprendre que le temps n'était pas encore venu de globaliser tout de suite, de manière interventionniste et centralisée, en imposant à l'homme une pensée nihiliste globale et un comportement qui sépare foi / oeuvres sans références à des valeurs communes (sinon l'écologie).

J'ai l'impression que Macron personnifie la deuxième vitesse avec laquelle le pouvoir s'impose, quand la première vitesse tombe en panne. La première vitesse de la tentative du pouvoir global a créé des tensions et des peurs, dans la pratique, elle a effrayé. Ainsi, la deuxième vitesse reconsidère et révise le projet, le redimensionne, l'adapte, le rend plus digeste dans l'immédiat, mais il le prépare à l'accélération au moment opportun. Je crois que notre monde a perdu la sagesse nécessaire pour comprendre les causes de ce qui se passe et se limite à comprendre les effets, et c'est pour cela qu'il en a peur. Et les propositions politiques sont toutes centrées sur les effets plutôt que les causes, et pour cette raison, ne gagnent pas une crédibilité suffisante.