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Un scenario bien huilé

Alessandro Gnocchi revisite à sa manière grinçante la stratégie papale à travers les derniers développements des dubia sur Amori Laetiia, et les interventions des cardinaux Müller et Burke (18/11/2017)

Il le fait dans une nouvelle rubrique hebdomadaire sur le site <Riscossa Cristiana>, qui a pris la suite de "Fuori moda" (démodé), son courrier des lecteurs des années précédentes, mais qui est plus "resserrée", et qui s'appelle désormais "Trenta righe [trente lignes] fuori moda".

Il est, répétons-le, grinçant, amer, sans illusion, et sévère, sans doute trop envers les deux cardinaux mis en cause, auxquels il prête un rôle qui n'est sans doute pas dans leur intention et que de toute façon ils tiennent à leur insu; bref, on peut le trouver excessif, mais personne ne peut mettre en doute sa foi, la droiture de ses convictions, encore moins nier que son analyse contient - à la lumière des faits - beaucoup de lucidité ... et une grande part de vérité.

Désormais, l'intrigue de "Casa Bergoglio" est consolidée,
mais le conservateur courtois boit tout ce qui passe sur TV-Eglise 2.0

Alessandro Gnocchi
www.riscossacristiana.it
15 novembre 2017
Ma traduction

* * *

A Casa Bergoglio, tout se déroule selon un scénario. Chaque interprète joue sa partition avec compétence et professionnalisme, spécialement ceux auxquels le destin a attibué le rôle odieux de l'opposant. Dans le dernier épisode, le Cardinal Müller avait écrit une introduction savante à la laudatio d'"Amoris Laetitia" signée par Buttiglione, expliquant que les doctrines enseignées par le maître de maison «peuvent et doivent être lues» en continuité avec le Magistère de toujours et la Révélation. Puis, il a donné une interview, avec des éléments de soutien tirés de l'introduction en question, dans laquelle il a réitéré son opposition à toutes les erreurs morales possibles et imaginables.

Le conservateur naïf et courtois qui boit tout ce qui passe sur Télé-Eglise 2.0, l'a pris pour un auto-correctio dubitative et s'est senti rasséréné. Mais, comme d'habitude, il n'a rien compris. En fait, le Préfet émérite pour une Congrégation de la Doctrine de la Foi encore plus émérite que lui, dit que ce qui va à l'encontre de Dieu peut et doit être lu en harmonie avec l'enseignement de Dieu. Plutôt qu'une récupération des positions, il semble que ce soit la marche arrière du conducteur de char qui, avec son Panzer, veut être sûr d'avoir réduit en bouillie tout ce qui était en dessous.

Même l'épisode en cours voit l'opposition à l'œuvre, car une histoire digne de ce nom a besoin d'un antagoniste qui serve le protagoniste. Cette fois, le rôle revient au Cardinal Burke qui, dans une interview publiée simultanément sur La Nuova Bussola Quotidiana, Settimo Cielo et le National Catholic Register [et en français, sur l'Homme Nouveau], tente de comprendre ce qui est arrivé aux douloureux Dubia sur "Amoris Laetitia" un an après leur publication. Et il dit:

«La préoccupation était plutôt et est toujours de déterminer avec précision ce que le Pape veut enseigner comme Successeur de Pierre. Ainsi, nos questions ne sont soulevées que parce que nous reconnaissons le ministère pétrinien que le Pape a reçu du Seigneur dans le but de confirmer ses frères dans la foi. Le Magistère est un don de Dieu à l’Église pour apporter la clarté sur des points qui concernent le dépôt de la foi. Par leur nature même, des affirmations qui manquent de cette clarté ne sauraient être qualifiées d’expression du Magistère».

Au contraire tout est clair, à partir du fait que le destinataire a fourré les Dubia au fond d'un tiroir de la cuisine de Sainte Marthe où même la soeur la plus diligente ne les trouvera pas. Il n'existe aucun malentendu sur ce que Bergoglio voulait, veut et voudra «enseigner comme Successeur de Pierre». S'il y a encore quelqu'un qui ne le comprend pas, il faudra lui faire un dessin. A moins qu'il n'ait très bien compris et que le rôle assigné par le scenario lui suffise, compte tenu des sorties sur la nature schismatique de la Fraternité saint Pie X avec lesquelles s'est distingué le Préfet émérite de la Signature apostolique, à un certain moment démis par Bergoglio et récemment nommé par Bergoglio parmi les membres juges de la même Signature apostolique.

Désormais, l'intrigue de la Casa Bergoglio est consolidée et il devient facile de deviner ce que seront les prochaines escarmouches et comment elles se résoudront. Aujourd'hui, par exemple, le cardinal Müller se dit préoccupé par les conséquences qu'aura le motu proprio "Magnum Principium" par lequel le "Beatissimo Padre" domande aux Conférences épiscopales d'établir la formule de la messe selon les langues locales.

Très bien, dit le conservateur courtois, à présent, c'est lui qui s'en occupe et le Cardinal Sarah arrive en renfort. Mais dans l'esprit des diaboliques storyteller, après les faibles soubresauts des faibles opposants sur les variantes locales hérétiques et hérétisantes de la Nouvelle Messe, il y a déjà une toute-Nouvelle Messe bonne pour tous, des protestants aux athées, à l'exception des vrais catholiques. Et le Cardinal Müller expliquera que même celle-là «peut et doit être lue» dans la continuité du Magistère et de la Révélation parce qu'elle porte la signature du successeur de Pierre. Mais, pendant ce temps, il continuera à "tonnoter" [Gnocchi utilise un néologisme dépréciateur de tuonare (i.e. tonner): 'tuonicchiare') sur les traductions d'une messe désormais dépassée. Pour la joie de l'habituel conservateur courtois et surtout du maître de maison qui, grâce à la complaisance des opposants, aura réussi à gérer le mécontentement en le canalisant institutionnellement, bien au chaud dans les palais sacrés.

Et que le conservateur courtois ne se berce pas de l'illusion qu'en cas d'extrême nécessité, ces opposantss se mettront à improviser. Ce qu'ils font avec un Bergoglio, ils le feront aussi avec un Bergoglissimo.