Une Europe sans âme face à l'islam

L'avertissement dramatique d'un prêtre espagnol, le P. Santiago Martin: il n'y aura même pas de guerre de religion… (21/3/2017)

Le P. Martin dans sa paroisse Maria Virgen Madre à Madrid

Le Père Santiago Martín (souvent rencontré dans ces pages) commente régulièrement l’actualité sur la chaine internet magnificat.tv. Il a récemment eu des paroles particulièrement dramatiques mais aussi très réalistes en lien notamment avec la crise diplomatique de ces jours-ci impliquant la Turquie, la Hollande, et l’Allemagne; des paroles bien éloignées de celles que l’on peut entendre actuellement de la part de certains hauts prélats – et qui semblent impensables en France dans la bouche d’un simple prêtre (sauf à courir le risque d’être poursuivi pour le délit prévu par le droit français d’islamophobie et d’incitation à la haine raciale).
(Carlota)

* * *

En vo audio sur le portail Religion en Libertad.
Transcription ICI.
Traduction de Carlota

Guerre de religion en Europe

Père Santiago Martin

* * *

Pour quelqu’un qui ne vit pas en Europe, ce continent parait être ce qu’il a été auparavant. Certains penseront même encore à un ensemble de nations à large majorité chrétienne - catholique, protestante ou orthodoxe -, surtout s’ils se laissent séduire par ses merveilleuses et antiques cathédrales ou par les manifestations de foi populaire de quelques pays. La réalité, cependant, n’est pas celle-là. Malgré l’effort des derniers papes [ndr: malheureusement pas le dernier !!] pour que l’Europe revienne à ses racines chrétiennes, cela n'a pas été le cas. Le sécularisme a fortement frappé le continent, surtout dans sa zone nord-orientale. La pratique religieuse est là-bas minime et bien qu’il y ait des groupes de résistance, l’immense majorité a tourné le dos au Dieu des anciens. Pire encore, cette Europe qui a été la créatrice et a diffusé les grands principes éthiques et démocratiques, se consacre aujourd’hui à la propagation, y compris par la force des menaces économiques, d’idéologies aussi nocives que celle du genre, ou de pratiques aussi terribles que l’avortement.

L’Europe s’est transformé en un continent des droits sans devoirs, avec des droits qui n’en sont pas, comme l’avortement, et avec des devoirs qui n’existent qu’en ce qui concerne le paiement des impôts (ndr : seuls certains y sont assujettis!). Cette Europe sans âme est aussi une Europe sans enfants. Cela a inévitablement créé un vide qui a été rempli avec l’immigration. Des pays plus chanceux se sont remplis de migrants latino-américains comme l’Espagne. D’autres, la majorité, ont reçu des migrants musulmans provenant du nord de l’Afrique ou de la Turquie. Plus récemment, la guerre en Syrie ou dans des pays africains comme l’Érythrée, a aussi amené en Europe des millions de réfugiés qui traversaient et traversent la Méditerranée sur de fragiles barques ou qui s’accumulent dans les campements préparés pour eux en Grèce ou en Turquie, jusqu’à ce qu’ils réussissent à arriver à leur « el dorado », qui est l’Allemagne.

L’islam est donc déjà entré en Europe. Il l’a fait d’une façon plus ou moins pacifique, comme les peuples goths sont entrés dans l’Empire romain réclamés par les empereurs car ils n’avaient plus de soldats en nombre suffisant pour leurs légions, du fait de la faible natalité de ses habitants d’origine. Une fois en Europe, leurs chefs n’ont pas hésité à se fixer un objectif à long terme: l’islamisation du continent. Cette conquête n’a pas été pensée par sa réalisation dans un premier temps à travers les armes ou les attentats terroristes, mais par les ventres [des femmes]. La fécondité très élevée des musulmanes est en s'oppose à celle quasi nulle des ex-chrétiens, - ceux que Benoît XVI a dénommés « des païens baptisés ». C’était une question de temps et ils savent attendre. Le vide moral des sociétés occidentales européennes, ils le remplissaient avec leur foi, ils faisaient de même avec leurs enfants dans les collèges. Dans plusieurs pays les musulmans qui vont à la mosquée le vendredi sont déjà plus nombreux que les catholiques ou les protestants qui vont le dimanche à la messe . Et même des penseurs qui autrefois se sont fait marxistes abandonnant le catholicisme, se sont réfugiés par la suite dans l’islam attirés par la fermeté de ses convictions. Roger Garaudy est un exemple.

L’irruption sur la scène internationale du terrorisme islamique, irruption “en grand” avec les attaques des tours jumelles et la création du califat syro-irakien, est venue modifier les plans des partisans de l’invasion silencieuse au moyen de la natalité. Sur cette scène de forte pression religieuse radicalisée, les responsables les plus modérés ont été remplacés par d’autres beaucoup plus radicaux qui veulent déjà la conquête, car ils considèrent que le fruit est mûr pour le prendre dans les arbres. Peut-être que le meilleur exemple en est la Turquie. D’un pays pro-occidental, fruit des changements introduits par Ataturk, elle s’est transformée en un pays islamiste qui fait la course pour prendre la tête des pays les plus radicaux de la zone. Le grave problème diplomatique suscité parce que la Hollande n’a pas permis à deux de ses ministres de tenir des meetings en faveur du président turc sur son territoire, n’est rien de plus qu’une preuve que la façon dont le processus s’accélère (ndt : ce refus a sans doute aussi permis au parti libéral hollandais au pouvoir de ne pas perdre trop de sièges lors des dernières élections face au parti souverainiste montant qui dénonce depuis des années « le danger qui n’existe pas »). À côté de cela, on trouve le fait que la Cour Européenne des Droits de l’Homme a rendu une sentence par laquelle les entreprises pourront interdire aux femmes de porter le voile islamique si ces mêmes entreprises ont une politique générale contre le port ostensible de symboles religieux. Cela a encore plus mis en fureur Erdogan qui parle déjà d’une croisade chrétienne contre les musulmans. Le ministre des Affaires Étrangères turc en personne vient d’assurer que l’Europe sera très vite le théâtre d’une guerre de religions. Il se trompe complètement car pour qu’il y ait une guerre de religions il faudrait qu’il y ait deux religions qui s’affrontent. L’Europe n’est déjà plus un continent chrétien. C’est un monde sans âme, épuisé culturellement, économiquement et démographiquement, qui comme cela s’est passé pour l’Empire romain, est pris d’assaut par ceux-là même qu’il a appelés pour qu’ils l’aident. Nous n’avons pas pu [lutter] avec le sécularisme et les musulmans viendront faire le travail. Après, nous devrons reconquérir de nouveau notre terre, si ceux qui croient en un Dieu différent nous laissent vivre en paix.