Benoit-et-moi 2017
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Une lettre au Pape

Une de plus? Non. Ecrite par un théologien capucin connu, Thomas Weinandy, elle dit des choses simples et immédiatement perceptibles, et pourrait être signée par n'importe quel fidèle troublé par le cours du Pontificat (2/11/2017).

Le Père Thomas Weinandy, OFM, membre de la Commission Théologique Internationale depuis 2014

La lettre a été écrite le 31 juillet dernier, et n'ayant à ce jour, comme toutes les autres, pas reçu de réponse ("posez vos questions", récite pourtant le titre du dernier ouvrage hagiographique du P. Spadaro), l'auteur a décidé de la rendre publique.
Pour lui assurer une diffusion maximale et surtout exempte d'esprit partisan, il l'a confiée à l'irremplaçable (mais clairement "engagé") site de Sandro Magister, et aussi à celui, tout aussi engagé mais dans le camp progressiste, le site américain <Crux>, dont le directeur est John Allen.

>>> La lettre (et le commentaire de Magister) sur Settimo Cielo, dans la traduction de <Diakonos>.
>>> Et en vo sur Crux. (*)

* * *

(*) Dernière nouvelle, lue sur
Crux à l'instant:
Le même jour où un ex-dirigeant du Comité épiscopal [américain] pour la Doctrine et membre actuel de la Commission Théologique Internationale du Vatican rendait publique une lettre critique qu'il a écrite au Pape François, l'accusant de semer la "confusion chronique", les évêques américains annonçaient que le père capucin Thomas Weinandy avait démissionné en tant que conseiller du Comité pour la Doctrine.

Extraits


¤ Votre Sainteté, une confusion chronique semble marquer votre pontificat.

¤ La principale source de préoccupation concerne votre façon d’enseigner. Dans Amoris laetitia, vos orientations semblent parfois intentionnellement ambigües, et invitent ainsi à la fois à une interprétation traditionnelle de l’enseignement catholique sur le mariage et le divorce comme à une autre interprétation qui impliquerait, elle, un changement de ce même enseignement.

¤ Vous semblez censurer et même vous moquer de ceux qui interprètent le chapitre 8 d’Amoris laetitia en accord avec la tradition de l’Eglise en les traitant de pharisiens jeteurs de pierres qui incarneraient un rigorisme impitoyable. Ce genre de calomnie est étranger à la nature du ministère pétrinien. Certains de vos conseillers semblent se livrer de façon regrettable à des actions similaires. Un tel comportement donne l’impression que vos thèses ne sont pas en mesure de résister à l’examen théologique et ne peuvent donc être soutenues que par des arguments « ad hominem ».

¤ Les fidèles catholiques ne peuvent qu’être décontenancés par votre choix de certains évêques, des hommes qui semblent non seulement ouverts à ceux qui défendent des thèses contraires à la foi chrétienne mais qui les soutiennent et même les défendent. Ce qui scandalise les croyants, ce n’est pas seulement le fait que vous ayez nommé de tels hommes pasteurs de l’Eglise mais également que vous restiez muet face à leur enseignement et à leurs pratiques pastorales.

¤ Vous avez souvent parlé d’un besoin de transparence au sein de l’Eglise. Vous avez souvent encouragé, particulièrement au cours des deux derniers synodes, chaque personne et en particulier les évêques, à exprimer sa pensée sans avoir peur de ce que le pape pourrait penser. Mais avez-vous remarqué que la majorité des évêques à travers le monde sont étonnamment silencieux ? Comment cela se fait-il ? Les évêques apprennent vite et ce que beaucoup ont appris de votre pontificat ce n’est pas que vous êtes ouvert à la critique mais bien que vous ne l’admettez pas. De nombreux évêques se taisent par loyauté pour vous et ils n’expriment pas – à tout le moins en public ; en privé c’est une autre histoire – les inquiétudes que soulève votre pontificat. Ils sont nombreux à craindre que, s’ils disent ce qu’ils pensent, ils seront marginalisés ou pire.

¤ Je me suis souvent demandé : « Pourquoi Jésus laisse-t-il tout cela se produire ? ». La seule réponse qui me vient à l’esprit c’est que Jésus veut montrer combien la foi de tant de personnes dans l’Eglise est faible, même parmi trop de ses évêques. Paradoxalement, votre pontificat a donné à ceux qui soutiennent des thèses pastorales et théologiques nuisibles la permission et l'audace (dans la vo en anglais: the license and confidence) de sortir au grand jour et d’exposer leur noirceur (darkness) qu’ils dissimulaient jusqu’ici.

(Traduction <diakonos>)