Benoit-et-moi 2017
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Encore une interview de 'Padre Georg'

Cette fois, c’est avec TV 2000, le 12 juin dernier. Il parle notamment des circonstances dans lesquelles il est devenu secrétaire du cardinal Ratzinger, puis du conclave (18/6/2017)

Entre son anniversaire de naissance, le 30 juillet prochain, et celui de ses 33 ans de sacerdoce qu’il a célébré récemment, Mgr Gänswein a accordé une (nouvelle) longue interview à TV 2000, la chaîne de télévision de la conférence des évêques italiens. Il ne peut pas ne pas venir le doute que cette multiplication d’interventions – que ce soit ou non par la volonté de l’intéressé– est fonctionnelle à un certain but, qui est de montrer qu’il n’y a aucune anomalie dans la démission de Benoît XVI (une théorie à laquelle j’ai personnellement de plus en plus de mal à croire, mais c’est évidemment une opinion personnelle) et surtout à quel point l’entente, voire la « complicité » des deux papes est un miracle accompli par le Saint-Esprit….
Quoi qu’il en soit, Mgr Gänswein a accepté de participer à « « BEL TEMPO SI SPERA » un talk-show matinal de TV 2000, le 12 juin dernier

L’intervention a été transcrite en espagnol sur le site Un puente de fe, et Carlota a bien la voulu traduire en français (nous avons contrôlé dans la mesure du possible sur la vo).
Nous n’insisterons pas sur la banalité des questions, et le ton de l’animatrice, qui ne fait ici que son travail. Un point positif, elle n’est pas animée de mauvaises intentions, une chose qui devrait être acquise sur une chaîne de télévision catholique officielle, mais l’expérience nous a rendus méfiants, prouvant que cette bienveillance n’est pas si évidente que cela sur les supports médiatiques équivalents, notamment en France (il me serait facile de citer des exemples)
L’interview s’ouvre par un questionnaire sur les antécédents familiaux, les jeunes années et le parcours universitaire et théologique du prélat. Je ne reproduis pas cette partie, qui reprend des éléments déjà exposés une multitude de fois. Le plus intéressant est évidemment la partie consacrée à la rencontre avec le cardinal Ratzinger, le déroulement du Conclave, et le moment de la renonciation. La sincérité du secrétaire ne fait pas de doute. Quant à la partie finale, consacrée à la relation avec François, il faut se faire une raison, elle est désormais incontournable, et nous n’avons définitivement aucun moyen de savoir dans quelle mesure elle correspond à la réalité.

Père Georg Gänswein: 33 ans au service de l’Église

PRÉSENTRATRICE: Je suis sûre que vous l’avez immédiatement reconnu. Monseigneur Georg Gänswein, Préfet de la Maison Pontificale, est venu nous rendre visite. Monseigneur, que je remercie d’avoir accepté de vous réveiller avec nous, même si vous êtes, quelqu’un qui avez l’habitude de vous lever assez tôt.
-
MGR GÄNSWEIN: Oui, un peu

... parce que le Pape Benoît, à quelle heure célèbre-t-il la messe le matin?
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Nous la célébrons toujours à sept heures et demie.

À sept heures et demie, alors vous avez eu tout le temps pour venir ici, avec nous.
Non... après il y a les actions de grâce, puis un bref petit déjeuner…et ensuite le trafic.
(…)

Monseigneur Georg, vous qui étiez prêtre depuis déjà pas mal de temps, vous avez 48 ans quand vous vous trouvez avec le Cardinal Ratzinger. Que saviez-vous de lui jusque là ? Qu’est ce qu’on vous en avait dit, alors que vous étiez séminariste, prêtre ?

- Là je dois vous corriger un petit peu…

Vous l’avez connu un peu avant...
-
Exact. Oui mais à 48 ans je suis devenu…

À 48 ans vous êtes devenu secrétaire [du Pape].
-
Exact. Le cardinal Ratzinger devient Pape et moi son secrétaire. Lors de mes études au séminaire, - dans mon pays on étudie la théologie dans une faculté de théologie dans une université d’État -, lors de mes études, j’ai lu presque tout de l’ex-professeur Ratzinger et ensuite du cardinal Ratzinger. Mais je ne l’avais jamais vu. La première fois que je l’ai vu c’était à Munich, peut-être en 1991-1992. J’étudiais encore à Munich, je préparai le doctorat, et là je l’ai vu de loin. À titre personnel, je l’ai vu pour la première fois quand on m’a demandé de venir à Rome pour travailler comme collaborateur à la Curie, en 1995. Il venait tous les jeudis, le matin, à 7 heures pour la messe à la chapelle du Collège Teutonique (ndt le Pontificum Collegium Germanicum à Rome, fondé en 1552 est destiné à la formation et à l'hébergement des prêtres et séminaristes de langue allemande) avec les pèlerins de langue allemande. J’ai concélébré comme les autres prêtres. Et ensuite il y avait un petit déjeuner. Nous les nouveaux nous lui avons été présentés et puis, durant le petit déjeuner, on a commencé à parler de différentes choses…cela a été le point de départ.

Qu’est ce que vous avez vu quand vous l’avez connu? Qu’est ce que vous avez reconnu en lui de ce que vous aviez étudié à travers ses livres ? Bref, était-il comme vous vous l’étiez imaginé ?
-
Un petit peu, oui, un petit peu non. Je l’avais imaginé comme un homme lucide, intelligent. Un théologien, comment le dire…, de race. Mais ce qui m’a conquis c’est sa douceur. Parce que déjà on lisait à cette époque, …les surnoms qu’il avait. Rien de cela. Tout le contraire. Un homme très doux, encore aujourd’hui...avec le temps qui passe, nous le connaissons beaucoup mieux. Très doux, mais la douceur est un instrument ou un élément qui conquiert et qui convainc.

Quelque chose qui est inné, peut-être, chez le Pape Benoît. Le cardinal Ratzinger l’a toujours été, doux. Cette culture « exagérée », cette certitude théologique qui l’a accompagné au cours des ans… C’est un homme doux.
-
Oui.

Est-ce encore le cas?
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Cela fait partie de son ADN, de sa personnalité. Mais c’est une douceur…comment le dire ? …non achetée. Une douceur personnelle innée.

Et quand il vous demande de travailler avec lui. Quelle réaction avez-vous ? C’est sûr que vous étiez déjà à la Curie. Vous commenciez à vivre la dimension du catholicisme ici en Italie, vous étiez loin de chez vous. Jusqu’à quel point cela a-t-il a été de votre part un oui immédiat ou y avez-vous réfléchi un peu ?
- J’étais venu à Rome pour collaborer au sein de la Congrégation pour le Culte Divin. Et je vivais dans ce Collège où le cardinal venait tous les jeudis. Puis après quelques mois il m’a dit : « Il y a un prêtre qui rentre en Allemagne et je veux vous offrir ce travail parce qu’il me semble que c’est pour vous ».
«Si vous pensez que je suis la personne…c’est un beau défi, et aussi une grande joie ».
Et alors je lui ai dit : « Bien… volontiers». Mais comme toujours dans la vie, il fallait faire quelques démarches, en parler aux uns et aux autres, et surtout à mon évêque, à la maison. Au bout de quatre mois … le navire est arrivé au port.

Comment ont été les années à côté de Joseph Ratzinger avant qu’il devienne Pape ? Qu’est ce que cela vous a apporté de travailler coude à coude avec lui ?
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J’ai travaillé à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de 1995 à 2003...pardon, de 1993 à 2005. 2003 c’est quand je suis devenu son secrétaire.

En 2003 donc?
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Oui. En 2003 je suis devenu le secrétaire du cardinal. Et je me rappelle très bien quand il m’a présenté à nos collaborateurs, et il a dit en faisant référence à nous: « Lui et moi, nous sommes provisoires. Il sera mon secrétaire tant que je serai Préfet ». Cela a été inoubliable. Peut-être deux mois, trois, mois, quatre mois…un semestre au maximum. Tout cela en 2003. Après, nous savons ce qui est arrivé le 2 avril 2005, Jean-Paul II meurt. Et arrive le 19 avril, quand le cardinal Ratzinger devient Benoît XVI.

Racontez-moi ce moment monseigneur Gänswein. Le moment où le décompte, disons-le comme cela, entre guillemets, virtuel des votes…bref, où Joseph Ratzinger est devenu Pape. Racontez-moi ? Au fond de vous, qu’est ce qui arrive –indépendamment du fait que vous ne saviez pas si vous resteriez ou non avec lui?... Quelle est votre réaction?
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D’abord je dois dire que le cardinal Ratzinger, était le doyen du Collège des Cardinaux et qu’il avait le droit d’amener avec lui un ecclésiastique. Et il m’a choisi. J’étais présent là-bas, pas dans la Chapelle Sixtine, parce qu’il n’y a que les cardinaux qui y sont présent. Nous étions à l’extérieur. Dans la Salle Royale (Sala Regia). Et nous avons entendu des applaudissements. On pouvait comprendre sans être trop imaginatif que quelque chose était arrivée, quelque chose de décisif. Après le dernier cardinal nommé est sorti, le cardinal-diacre (ndt cardinal de la Curie qui assiste le pape et n’a pas de diocèse, mais une église de Rome, il existe une vingtaine de diaconies romaines). Je me le rappelle parfaitement, le cardinal Nicora et il a dit : « nous avons élu le Pape ». Sans dire qui c’était…Il a fermé la porte…Et nous attendions, attendions, attendions…le Pape qui devait changer de vêtement et puis, aussi, accepter. Après un certain temps, la porte s’est ouverte. Les cardinaux se tenaient alignés jusqu’à une personne qui était sous le Jugement Dernier de Michel Ange. Une petite chaise, un homme blanc, tout blanc. Du bas jusqu’aux cheveux. Et j’ai tout de suite compris.

C’était lui?
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Oui. Je l’ai tout de suite compris. Finalement j’ai aussi pu m’approcher car les cardinaux avaient promis obéissance et respect. C’est aussi ce j’ai fait et cela a été un moment…

Vous avez été émus, au point de pleurer…quel a été votre réaction ?
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Cela a été comme un tsunami. Je ne sais pas si j’avais froid ou chaud. Oui froid et chaud.

Cette image de tsunami est très belle...aussi de votre part. Vous qui étiez habitué à l’appeler Éminence, à ce moment-là, vous l’appelez Sainteté ?...
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Oui ...je ne sais pas si je lui ai dit à ce moment-là. Mais ce que je lui ai dit…Oui...je me le rappelle bien. Je lui ai dit Saint-Père. Oui, Saint Père, « je vous promets ma pleine disponibilité in vita et morte ». Dans les dernières minutes, quand les dernières cardinaux étaient devant mois…tu dois dire quelque chose, si possible sensée…c’est ce dont je me rappelle.

In vita et morte pour un secrétaire, parce que vous êtes choisi pour rester à ses côtés dans ce rôle particulier, disons-le ainsi. Qu’est ce que cela signifie? Pour un prêtre, pour un homme qui a dit oui à un Pape pour être à ses côtés in vita et morte. Qu’étiez-vous disposé à faire pour le Pape ? Cela nous devons l’ajouter plus tard avec une autre connotation
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Oui. À ce moment-là personne ne sait ce que la vie va lui apporter. Cela vaut pour tout le monde. Pour nous tous ici présents. Disponibilité veut dire accepter une charge, accepter un défi, donner tout ce que tu as. Le bon Dieu m’a donné des dons, des choses que je peux faire, mais aussi des choses qui sont un peu pesantes pour moi. Avec cela, tu dois faire ce qui te revient. Et puis ...on commence. On ne peut pas aller dans une école, pour le dire de cette façon, pour apprendre comme on devient secrétaire du Pape. Ce que j’avais fait pendant deux ans comme secrétaire du cardinal m’aidait beaucoup. Et vivre à Sainte Marthe en ces années-là m’aidait beaucoup.

Vous étiez déjà en confiance avec les lieux, avec le poste…
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Surtout avec les collègues qui travaillaient à la Secrétairerie d’État parce qu’ils devinrent pour ainsi dire, l’équipe qui travaillait avec et pour le Pape.

Comment ont été les années durant lesquelles vous avez été aux côtés de Benoît XVI de 2005 à 2013 ? Vous avez dit au début en parlant du sacerdoce...lumières, ombres. Des moments très beaux et des moments de mauvais temps. Qu’a vécu Georg Gäswein au cours de ces années-là?
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J’ai cherché à faire ce que je pensais que devait faire un secrétaire, c’est à dire une aide pour le Pape. Je veux dire que le Pape est le successeur de Pierre, le Vicaire du Christ. Et doit avoir quelqu’un à ses côtés pour l’aider, comme cela se passe avec d’autres personnes. Mon rôle est - comment dire -, un lien au monde, entre lui et les autres. Une fois j’ai dit que ce devrait être comme une vitre. Le soleil doit pouvoir passer, le soleil est d’autant plus lumineux qu’on voit moins la vitre. Ce qui veut dire que plus la vitre est claire, moins elle gêne. Et si la vitre n’est pas propre, n’est pas claire, alors…cela ne se fait pas bien.

Pensez-vous qu’il y a quelque chose que vous n’avez pas réussi à mener à bien ? Quelque chose que vous auriez du faire et que vous n’avez pas fait ?
- Toutes les choses qui n’ont pas été bien ont été apportées au confessional. Cela, je ne le dis pas ici, que ce soit clair. J’ai toujours cherché à faire selon ma conscience. De toutes mes forces. J’ai cherché à le faire, je sais bien que je ne suis pas arrivé à faire des choses. De ma faute aussi, par faiblesse humaine. Mais cela je dois me l’avouer à moi-même.
Monseigneur Gänswein, nous en venons au 11 février 2013. Nous travaillons avec des images, c’est pour cela que les spectateurs chez eux revivent avec nous ces images qui ont fait l’histoire.
J’étais à Castel Gandolfo. Je m’en souviens. Et je vous ai vu en ce 28 février. Je vous ai vu très ému, très ému si je puis me permettre l’expression. Vous me corrigez si je me trompe. Et je vous voyais aux côtés du Pape, un Pape qui semblait marcher vers le paradis [ce n’est pas totalement audible]. Qui était plein de lumière. Qui avait une sérénité, peut-être un peu surnaturelle.
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Vous avez exprimé ces moments presque comme ils ont été. C’est certain. J’étais en miettes. Ces jours-là, surtout du 11 au 28. Le 11, l’annonce à la fin du consistoire, et ensuite le 28. Le voyage du Palais Apostolique à Rome, au Vatican, à destination de Castel Gandolfo...ont été des jours difficiles pour moi, durs mais aussi pour cela inoubliables.

Qu’est ce qui vous faisait le plus souffrir ? Le fait de vous en aller, le fait que le Pape Benoît n’avait pas été compris dans son choix ? Ou quelle autre chose ?
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Comme c’est souvent le cas dans la vie, il n’y avait pas qu’un seul motif. C’était tout un bouquet de motif. Certainement s’y trouvait le moment inattendu de la renonciation. Le fait de la renonciation. Et puis aussi les jours qui ont précédé la renonciation, après, le jour même de la renonciation. C’étaient des moments qui coûtaient…et ils me coûtaient beaucoup à moi. J’ai cherché à résister mais finalement, en descendant dans l’ascenseur, je me suis vraiment effondré. J’ai justement dit ...au Pape Benoît, à ce moment-là: « Cher Pape, comment arrivez-vous à être si grave, si convaincant…comment dire ? Si détendu ».

Presque détaché...
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Oui.

Avez-vous vécu la renonciation comme un échec personnel?
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Non. Non, ça jamais. Quand j’ai essayé...

Vous avez examiné l’idée...
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J’ai essayé … comment le dire?… je ne veux pas dire de « le freiner ». Mais je lui ai dit: « Saint Père, raisonnons un peu » etc., etc.…Finalement j’ai compris qu’il n’était pas là pour raisonner mais pour communiquer une décision déjà prise. Et quand il a pris une décision, la douceur est beaucoup plus forte que l’acier.

Très belle définition, que nous fait comprendre aussi que lorsque vous expliquez que c’est une décision prise en pleine conscience, avec l’Esprit Saint qui a travaillé tellement bien qu’il vous a donné tout ce qu’il y a eu après.
Après nous avons eu le Pape François, qui a été une autre grande surprise pour tous. Cela a été aussi une surprise pour tous. Cela a été aussi une surprise pour vous? D’abord quand vous devenez Préfet de la Maison Pontificale...vous êtes-vous demandé: « vu que je suis encore avec le Pape Benoît, il est sûr de me vouloir »? Quelle a été l’invitation à rester ? Comment est-elle arrivée ?
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D’abord je dois dire que, comme on le sait, le Pape Benoît m’a nommé le 7 décembre, le jour de la Saint Ambroise, Préfet de la Maison Pontificale. Et puis à l’Épiphanie 2013, il m’a nommé Évêque…Bien…
Alors...une charge de Préfet est une fonction ad quinquennium, pour cinq ans. Le Pape Benoît renonce, le 13 mars le Collège des Cardinaux élit le cardinal de Buenos Aires, le Pape François. Et tout d’abord, quand je le félicite…lui il voulait savoir s’il pouvait appeler à ce moment-même le Pape Benoît. Il était encore dans la Chapelle Sixtine. Inoubliable. Il le fait, mais quand nous avons appelé, personne n’a répondu. Ils étaient tous en train de regarder la télévision.

Physiquement ils ne l’ont pas trouvé…
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Exactement. Du temps a passé et il a parlé après. Cela a été aussi beau quand le Pape François, de nuit, s’est présenté à la Loggia et a demande de prier pour son prédécesseur. Cela a été un acte inoubliable. On voit bien la spiritualité de cet homme, du nouveau Pape. Puis les jours ont passé, le pontificat commence et évidemment, toujours quand un Pape meurt, tous les Préfets « meurent ». Toujours le nouveau Pape continue pendant un certain temps avec les Préfets, mais ensuite, il doit chercher son équipe, c’est normal, n’est ce pas ? Et il m’a dit : « Si vous voulez, moi je veux que vous continuiez ».

Et vous?
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Je lui ai dit: "bien volontiers".

Vous n’avez pas eu d’hésitations. Vous passez l’après-midi avec Benoît XVI, le matin avec le Pape François. Vous avez réussi à comprendre qu’il faut mettre côte à côte vos obligations...le poids de votre rôle. Vous n’avez pas eu d’hésitation ? Vous avez dit je le fais…
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L’hésitation est venue un peu plus tard,… d’abord parce que le Pape me demande... il a dit: « je veux que tu continues ». Et je lui ai dit que certainement je le ferais. Le Pape m’a choisi et le Pape François m’a prolongé. Je le fais parce que c’est aussi un signe de confiance. C’est clair, je le fais.
Et puis évidemment, l’autre chose c’est d’être secrétaire du Pape émérite et Préfet de la Maison Pontificale du Pape régnant, ce sont deux réalités qu’il faut mettre l’une à côté de l’autre. Sont-elles compatibles ou sont-elles incompatibles ? On peut faire des observations théoriques et ensuite la vie te fait comprendre si tu as bien ou mal fait. Au début j’ai dû chercher si je le faisais de cette façon ou d’une autre. La vie m’a beaucoup appris. D’autres fois j’ai commis des erreurs mais en chemin j’ai vu que si je fais cela avec sincérité, avec clarté et avec un cœur pur, cela fonctionne.

C’est ainsi...
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C’est ainsi jusqu’à maintenant.

C’est une recherche importante aussi pour d’autres choses. C’était la meilleure attitude pour pouvoir aller de l’avant, aussi par rapport aux difficultés.Monseigneur Gänswein, parfois je me mets à votre place. Vous avez le Pape Benoît d’un côté et le Pape François de l’autre. Entre eux l’amitié, le respect, le dialogue qu’il y a entre deux hommes fait comprendre combien le monde a encore à apprendre …Quand deux personnes sont guidées par l’Esprit Saint, il n’y a rien de réellement impossible. Quelque chose qu’on pensait ne jamais pouvoir arriver (..) À vous, que vous apportent ces deux hommes maintenant ? A présent, vous êtes plus mûr, vous avez dit que vous avez plus d’années de sacerdoce que de non sacerdoce. En dehors de votre vocation, qu’est-ce qu’ils vous apportent? Qu’est-ce qu’ils vous donnent ? Qu’apprenez-vous d’eux ?

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J’ai surtout deux postes, mais j’aime ce travail...C’est un service pour deux, je répète aussi ici que je le fais de tout mon cœur, je le fais bien volontiers. Ce n’est pas facile, mais toujours, les choses qui coûtent dans la vie, non seulement pour moi mais pour tous, ne sont pas faciles. Tout a un prix, alors si tu es d’accord...tu veux payer ce prix ou tu veux faire cela. Tu dois payer ce prix. Les choses qui ne coûtent pas n’ont pas de valeur. Elles ne valent pas beaucoup. Après avoir fait cette e xpérience c’est plus facile à dire, si tu le vois au début c’est difficile...mais c’est mon expérience et je le dis avec franchise, librement. Ce sont deux personnalités différentes, non seulement l’ADN, la formation, la biographie, l’expérience, mais ici l’on voit que le Seigneur ne veut pas copier, ou ne veut pas de copies mais il veut des originaux. Bien sûr un original c’est quelqu’un qui requiert un peu de compréhension et quelquefois aussi de l’obéissance. C’est pour moi un exercice quotidien. Vivre avec le Pape émérite et travailler avec le Pape régnant. Et étant donné qu’entre les deux Papes il y a une compatibilité, une synergie qui au début n’était pas aussi claire...cela aide, cela m’aide beaucoup et me donne aussi...comment le dire...c’est aussi une certaine boussole pour ma vie. Suivre cette boussole veut dire rester sur le chemin correct.

Comment vous orientera cette boussole d’ici quelques années? Qu’est ce que vous aimeriez faire, avez-vous des rêves?
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Ce que je ferai d’ici quelques années, je ne le sais pas. Cela nous allons le laisser aux mains de la providence. Ce que je fais maintenant me comble totalement, c’est pourquoi les rêves actuellement n’arrivent pas, il n’y en a pas. Ce que je ferai d’ici quelques années, je ne le sais pas et ne veux pas le savoir.

La dernière question. Qu’avez-vous perdu, entre guillemets, par rapport à ce que vous avez donné à l’Église? En définitive, avez-vous manqué quelque chose au cours de ces années ?
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Non. J’ai perdu la conviction que tu peux proposer la vie et vivre la vie comme tu veux. Ce n’est pas possible. J’ai gagné la ferme conviction que tu dois avoir les idées claires, que tu dois maintenir tes promesses, que tu dois rester fidèle et ensuite le Seigneur te donne cela que pour Lui et selon Lui, c’est le meilleur pour toi.

Êtes-vous sûr que tout ce que vous avez voulu c’est ce que le Seigneur voulait pour vous? Cela a été le meilleur pour vous ?
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Oui.

Cela a été très beau de vous avoir ici Monseigneur Georg Gänswein. Je vous souhaite de nombreux jours de skis, finalement c’est une des passions qui vous restent. Pouvoir de nouveau jouer au tennis et surtout continuer à être ce pont merveilleux entre deux hommes que nous aimons tellement. Et portez, si vous plait, nos saluts autant au Pape Benoît qu’au Pape François.
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Merci. Je vais le faire volontiers.