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La musique de Benoît XVI

Un grand mélomane. NCR a la bonne idée de nous offrir en liens quelques-uns de ses morceaux préférés (1/2/2017)

La musique préférée du Pape émérite Benoît

Voici quelques-uns des morceaux préférés de Benoît XVI. Appréciez, et soyez émus comme Benoît lui-même l'a été à leur écoute.

R. Jared Staudt
www.ncregister.com
30 janvier 2017
Ma traduction

* * *

A une époque dominée par ce que j'appellerais l'hérésie de la laideur, les papes ont nous fait nous tourner vers la beauté. La musique émeut l'âme de manière incomparable, donnant une expression à une gamme complète d'émotions, à l'harmonie intellectuelle, et à notre désir de transcendance. C'est une expression sacramentelle de ce qui réside en nous, du plus bas au plus haut.

Le Pape émérite a un grand amour pour la musique classique, en particulier pour Mozart. François, de son côté, a exprimé son grand amour du tango, dont il dit qui'«il vient du plus profond de moi.» Il a partagé les noms de certains de ses compositeurs de tango préférés et dans un article précédent, j'ai posté quelques sélections vidéo de leurs morceaux. Cette différence de goût musical fournit une image adéquate des différences de sensibilités et de styles des deux papes: la transcendance sereine et même sublime de la musique classique versus la passion turbulente de la danse populaire.

Dans le récent livre d'entretiens du pape Benoît émérite, Dernières Conversations, il énumère quelques - uns de ses morceaux classiques préférés. Je vous indique plus bas les liens vers certains d'entre eux, mais d'abord, je veux vous donner quelques informations.

Dans une interview précédente, également avec Peter Seewald, Le Sel de la Terre , Benoît décrit le rôle de Mozart dans son enfance:

- Vous êtes un fervent admirateur de Mozart.

«Oui! Bien que nous ayons souvent déménagé dans mon enfance, la famille est toujours restée dans la zone entre l'Inn et la Salzach. Et j'ai vécu la plus grande, la plus importante et la meilleure parie de ma vie à Traunstein, qui est très fortement marquée par Salzbourg. Là, Mozart a imprégné nos âmes jusqu'au tréfonds, et il m'émeut toujours aussi intensément, parce que sa musique est si lumineuse et en même temps si profonde. Ce n'est jamais un simple divertissement. Tout le tragique de l'humanité y est contenu». (Le Sel de la Terre, Flammarion/Cerf, 2005, page 47).

Toute sa vie, Benoît a joué Mozart au piano, et il continue à le faire dans sa retraite. Au moins selon ce qu'a dit il y a deux ans Mgr Gänswein, qui reste son secrétaire: «Au cours des dernières semaines, il a repris le piano plus souvent, la plupart du temps du Mozart, mais aussi d'autres morceaux qui lui viennent à l'esprit et qu'il joue de mémoire».

Ratzinger a donné une conférence sur la beauté à Communion et Libération,"The Feeling of Things, the Contemplation of Beauty" , qui devrait être une lecture obligatoire pour quiconque. Il y décrit un moment puissant dans sa vie, en écoutant Bach:

«La rencontre avec le beau peut devenir la blessure de la flèche qui frappe le cœur et de cette manière nous ouvre les yeux, de sorte que plus tard, à partir de cette expérience, nous saisissions les critères de jugement et puissions évaluer correctement les arguments. Pour moi une expérience inoubliable a été le concert de Bach que Leonard Bernstein a dirigé à Munich après la mort soudaine de Karl Richter. J'étais assis à côté de l'évêque luthérien Hanselmann. Lorsque la dernière note de l'une des grandes cantates du Chantre de Saint- Thomas se fût triomphalement évanoui, nous nous sommes spontanément regardé, et aussi spontanément, nous nous sommes dit: «Quiconque a entendu cela, sait que la foi est véridique». Dans cette musique, une force si inouïe de réalité s'était fait percevoir que l'on savait, non plus par déduction, mais par l'impact sur nos cœurs, que cela ne pouvait pas provenir du néant, mais ne pouvait venir que de la force de la vérité qui se rendait présente dans l'inspiration du compositeur» (traduction en français J.P. Souviron, "La Messe est une fête, textes choisis de Benoît XVI et du cardinal Ratzinger", ed. Saint Augustin).

C'est pour nous un rappel puissant de l'impact spirituel de la musique, qui ne peut être négligé dans la liturgie (voir Ratzinger, L'esprit de la liturgie. Il peut être à la fois positif et négatif (le dernier n'étant que trop courant).

Le pape Benoît décrit une réaction similaire à Mozart, dans un livre collectif de témoignages à l'occasion de la commémoration du 250e anniversaire [de la naissance] du compositeur [en 2006]

«Quand dans notre paroisse de Traunstein, les jours de fête, une messe de Mozart résonnait, pour moi, petit garçon de la campagne, c'était comme si le ciel s'ouvrait. Devant, dans le sanctuaire, s'étaient formées des colonnes d'encens dans lesquelles la lumière du soleil se brisait; à l'autel l'action sacrée se déroulait et nous savions que le ciel s'ouvrait pour nous. Et alors, du chœur, résonnait une musique qui ne pouvait venir que du ciel; musique dans laquelle nous était révélée l'exultation des anges sur la beauté de Dieu. . . . Je dois dire que quelque chose de ce genre m'arrive encore en écoutant Mozart. Mozart est pure inspiration - ou tout au moins je le ressens ainsi. Chaque tonalité est juste et ne pourrait pas être différente. Le message est simplement présent. . . . La joie que Mozart nous donne, et je la ressens à nouveau dans chaque rencontre avec lui, ne tient pas à l'oubli d'une partie de la réalité; elle est l'expression d'une plus vaste perception du tout, quelque chose que je peux seulement appeler l'inspiration d'où ses compositions semblent couler naturellement».

Revenons maintenant à Dernières Conversations. Benoît aborde un point concret, qui devrait nous aider à la fois dans notre lecture de livres et dans l'appréciation de la musique. Interrogé pour savoir s'il écoute de la musique tout en écrivant, il répond: «Cela me dérangerait. Soit j'écoute de la musique, soit j'écris» (page 215). Cela me rappelle un professeur qui nous demandait de ne pas écouter de la musique tout en lisant saint Thomas pour nos devoirs. Je résistai, mais il me dit que je rendrais un mauvais service à la fois à saint Thomas et à Mozart en partageant mon attention entre eux. Cela s'est avéré être un excellent conseils et j'encouragerais les autres à le suivre: lisez en silence, et en écoutant de la musique classique, faites exactement cela.

Benoît XVI répond en outre à la question (p. 102)

- Quels sont vos morceaux préférés de Mozart?

«Il y a un quintette de clarinette que j'aime beaucoup. Et puis bien sûr la Messe du Couronnement, que j'apprécie depuis mon enfance. J'aime particulièrement le Requiem. C'est le tout premier concert où j'ai été, à Salzbourg. Et puis Une petite musique de nuit. Nous essayions de la jouer à quatre mains au piano quand nous étions enfants. Sans oublier La Fmûte enchantée. Parmi les opéras, je citerais encore Don Giovanni» .

Passons à Jean Sébastien Bach Une ou deux oeuvres préféréss?

«Ah! Bach, j'aime particulièrement la Messe en si mineur. J'en ai demandé à mon frère un nouvel enregistrement pour Noël. Et puis évidemment, la Passion selon saint Matthieu».

Voici des liens vers quelques-uns des morceaux préférés de Benoît XVI. Appréciez, et soyez émus autant que Benoît lui-même en les écoutant.

Mozart: Quintette de clarinette

Mozart: Messe de couronnement en C majeur

Bach: Messe en B mineur


Et pour finir, un cadeau:

Joseph Ratzinger au piano