Benoit-et-moi 2017
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Vittorio Messori parle de Benoît XVI

Dans une interview tirée d'un livre consacré à l'interviewer de deux Papes, celui-ci évoque une rencontre récente avec le Pape émérite. Extrait cité par Aldo Maria Valli (16/12/2017)

>>> Voir aussi: Messori aussi! (8/11/2017)

Dans un article publié aujourd'hui sur son blog, Aldo Maria Valli parle d'un livre consacré à Vittorio Messori, sorti en mai dernier, intitulé "ET-ET: Ipotesi su Vittorio Messori" (le titre est une allusion à un livre écrit par Messori en 2001 "Ipotesi su Gesù"). L'auteur, Aurelio Porfiri, est un journaliste multifacettes, puisqu'il est aussi écrivain, éditeur, compositeur de musisque sacrée, directeur de choeur.
Le livre contient une interview de Messori, dont est extrait le passage qui suit, cité par Aldo Maria Valli (ma traduction).

(...) Messori a été le grand interviewer de Joseph Ratzinger (le best-seller international [tiré de son interviewe] est «Rapporto sulla fede», en français «Entretien sur la foi» de1985) et il ne pouvait manquer d'avoir une pensée sur Benoît XVI:

«Non seulement je l'ai toujours estimé comme savant, mais j'ai beaucoup aimé l'homme, le chrétien Ratzinger. Ceux qui le connaissent vraiment, pour l'avoir côtoyé de près (comme j'en ai eu la chance) savent qu'il est l'une des meilleures personnes, les plus douces, les plus compréhensives et les plus cultiveées, qui soit. En lui sont réunies la rigueur de l'orthodoxie et, en même temps, la miséricorde, la tolérance et l'ouverture. Je l'ai aussi vu récemment, dans sa retraite dans la villa des jardins du Vatican, autrefois un monastère de religieuses cloîtrées: ce fut une rencontre très belle et aussi, pour moi, émouvante, l'ayant trouvé lucide comme jamais mais très amaigri, s'appuyant sur un déambulateur même pour faire quelques pas. C'est précisément parce que je l'aimais et parce que je l'aime, que j'ai été triste quand il a été élu Pape. Pour lui aussi, c'était une surprise qu'il espérait ne pas lui arriver. Il est d'abord un savant, un professeur, quelqu'un qui écrit sur des choses théologiques. Au fond, c'est sa principale grandeur morale: il a sacrifié à l'Église sa nature, et sa vocation, qui est celle de tranquillité, des bibliothèques, du cercle des étudiants, des entretiens en tête-à-tête, des exposés savants à des congrès spécialisés. Il a toujours obéi à l'Eglise, acceptant le sacrifice, d'abord quand il a été enlevé de son université bavaroise par Paul VI pour devenir archevêque de Munich, puis quand il a été appelé par Jean-Paul II à être le préfet de l'ex-Saint Office et enfin quand il a été «obligé» à la papauté. A l'âge de soixante-dix-huit ans, alors qu'il espérait pouvoir revenir, pour le temps qui lui restait, à ses études bien-aimées».

Quant à François, Messori a décidé depuis un certain temps de garder la bouche close (il dit que ses papes étaient Jean-Paul II et Benoît XVI, et qu'«il appartient aujourd'hui à d'autres de se mesurer à d'autres pontificats»). Nous respecterons son choix, nous limitant à rappeler la perplexité qu'il a exprimée sur le "Corriere della sera" en 2013 [ne serait-ce pas 2014? cf. benoit-et-moi.fr/2014-II] et répétée trois ans plus tard, dans un entretien avec Bruno Volpe pour la Fede Quotidiana [cf. Messori aussi!], où il disait entre autres: «Ce Pape a fait un choix unilatéral pour la miséricorde et je me demande: que devrions-nous faire, arracher toutes les pages de l'Évangile dans lesquelles Jésus est sévère et même dur? .... Beaucoup de choses me laissent perplexe en ce moment et pour cette raison et par sens des responsabilités, je me tais. Certes, en tant que catholique, je suis alarmé et inquiet, mais mon choix est différent de celui d'un autre collègue et journaliste faisant autorité. Au fond, je me demande qui suis-je pour juger le Pape. Mais je suis convaincu, et je le répète, que la doctrine intéresse très peu François».