Un nouveau livre "contre" le Pape

Cette fois, il est l'oeuvre d'un canoniste américain, Phil Lawler, directeur du site <Catholic Culture> - quelqu'un qui n'est pas sédévacantiste (2/1/2018)

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Preuve que le mouvement que nous qualifierons par raccourci d'anti-François commence à devenir une lame de fond, qu'il n'est pas circonscrit à quelques méchants "passéistes" obsédés, spécialement en Italie (l'aire francophone reste pour le moment à l'écart du mouvement).
Nous avons rencontré Phil Lawler à plusieurs reprises dans ces pages (cf. https://goo.gl/6sUD33). En juin 2016, j'avais noté «qu'il essayait avec beaucoup d'honnêteté et de retenue, de faire la part des choses». On peut en tout cas l'exonérer du soupçon, disqualifiant a priori, d'être un bergogliophobe primaire.
Notons de surcroît qu'il s'oppose résolument à Antonio Socci, dont il classe (bien trop vite selon moi) les hypothèses sur la non-validité de l'élection de François au rang d'élucubration...

L'information m'a été donnée par des amis, et en faisant une recherche, j'ai trouvé cette pré-recension, issue d'une page Facebook en anglais - qui m'est inconue.

Pensez à réserver CE LIVRE SUR LE PAPE FRANÇOIS


Karl Keating (via Facebook)
23 décembre 2017
Ma traduction

* * *

Philip Lawler, le rédacteur en chef de Catholic World News, a écrit un nouveau livre à sortir le 26 février: "Lost Shepherd: How Pope Francis is Misleading His Flock". (Le berger égaré: comment François induit son troupeau en erreur)

Dans l'introduction, Lawler dit que durant plusieurs années, «j'ai fait de mon mieux pour pour apporter l'assurance - à mes lecteurs et parfois à moi-même - que malgré ses remarques quelquefois inquiétantes, François n'était pas un radical, n'éloignait pas l'Église des anciennes sources de la foi. Mais peu à peu, à contrecœur, j'en suis arrivé à la conclusion qu'il l'était».

Contrairement à certains des détracteurs les plus bruyants de ce pape, Lawler a pris son temps et lui a donné le bénéfice de tous les doutes. Le résultat, ce sont 256 pages qui présentent bien l'histoire récente, sans exagération ni "cinéma" et avec suffisamment de matière pour étayer les conclusions réticentes de Lawler.

Vers la fin de l'introduction, il dit: «Je ne pouvais plus prétendre que François ne faisait qu'offrir une interprétation nouvelle de la doctrine catholique. Non, c'était plus que cela. Il était engagé dans un effort délibéré pour changer ce que l'Église enseigne».

Lawler met en garde contre la logique de certains traditionalistes qui étaient contre François presque avant que le nouveau pape ne sorte sur le balcon pour son premier salut. «François n'est pas un anti-pape, encore moins l'Antéchrist. Le siège de Pierre n'est pas vacant, et Benoît n'est pas le 'vrai' pontife». Toutes ces notions sont absurdes, dit Lawler, et aucune d'entre elles n'aide à comprendre la réalité de la situation. En fait, elles ne font rien d'autre que rendre les choses plus obscures.

A peu près la moitié du livre concerne le développement et la signification de certains des écrits du pape François. Une large place est accordée à "Amoris Laetitia". Lawler dit que «ce n'est pas un document révolutionnaire. C'est un document subversif. François n'a pas renversé l'enseignement traditionnel de l'Église, comme beaucoup de catholiques l'espéraient ou le craignaient». Le document donne suffisamment de latitude pastorale pour que, dans la pratique, dans certains domaines, l'enseignement traditionnel de l'Église puisse être mis de côté tout en n'étant pas renié.

Pour moi, les parties les plus intéressantes du livre concernent le passé de François en Argentine, son style personnel (autoritaire, sournois, parfois même en utilisant un langage grossier), et ses machinations très "jésuites" avant et après être devenu pape. À cet égard, il est très différent de ses prédécesseurs, du moins des autres papes que j'ai connus dans ma vie.

Peut-être le plus remarquable, François était une langue venimeuse.

Sa rhétorique allait radicalement à l'encontre de ses déclarations en chaire sur la nécessité d'«accompagner» les pécheurs, de tolérer les différends et d'atteindre de nouvelles couches de population», dit Lawler. «Dans sa prédication, il malmenait ses auditeurs, dénonçant plus qu'encourageant».

Le résultat - surtout après les prêches et les discours qu'il a prononcés devant les responsables et le personnel du Vatican - a été un effondrement du moral et une crainte non dénuée de justification, d'accusations de déloyauté.

Certains membres du personnel du Vatican, y compris des membres éminents de grands dicastères, ont été congédiés sans qu'il y eût d'explication. Apparemment, les téléphones ont été mis sur écoute, les conversations ont été captées. Il en a résulté une crainte répandue de dire quoi que ce soit de critique, au risque de perdre son emploi. Il n'est donc pas surprenant d'apprendre que «le pape choisit ses associés sur la base de la loyauté personnelle plutôt que du sens théologique ou de la performance pastorale», conclut Lawler.

Je ne peux m'empêcher de penser qu'à certains égards, le pape François est un peu comme le président Trump. Chacun d'eux met davantage l'accent sur la loyauté que sur la compétence. Chacun d'eux a fait appel à de nombreux assistants et associés. Le turnover au Vatican, comme à la Maison Blanche, est élevé.

Qu'en est-il du fameux «effet François» à travers le monde? Il n'y en a pas eu, dit Lawler. Par exemple, dans l'ensemble du monde, le nombre de séminaristes a augmenté pendant des années, jusqu'en 2012. Ce nombre a diminué depuis lors. Idem pour la participation aux audiences du mercredi du pape.

Au début de son règne, François s'adressait habituellement à un auditoire qui traversait la Colonnade [du Bernin] d'un bout à l'autre de, mais quelque chose a changé. L'enthousiasme a diminué.

L'Esprit Saint a-t-il fait une gaffe au conclave? Non, comme le disait le cardinal Ratzinger en 1990: «Il faut donc comprendre le rôle de l'Esprit dans un sens beaucoup plus souple, non pas qu'il dicte le candidat pour lequel il faut voter. La seule garantie qu'il donne, c'est que la chose ne peut pas être complètement ruinée».

Mais «la chose» a été endommagée, insiste Lawler. «Les dommages causés par François ne peuvent être réparés que s'ils sont reconnus. Nier les problèmes et ignorer les différends ne fait qu'amplifier la confusion»

Quant à la pièce maîtresse du pape, Lawler dit: «Oui, il y a de beaux passages dans Amoris Laetitia. Mais dans l'ensemble, ce n'est pas un document d'enseignement parce que, comme le dit l'adage, ce qui est bon n'est pas nouveau, et ce qui est nouveau n'est pas bon». Cela dit: «Le pape François n'a pas enseigné d'hérésie, mais la confusion qu'il a suscitée a déstabilisé l'Église universelle».

Lawler pense qu'il faudra du temps pour que l'Église retrouve son équilibre. On espère que non. On espère un successeur capable de redresser le Barque de Pierre rapidement, avant que trop de passagers ne perdent espoir ou n'abandonnent le navire.

Une façon de minimiser cela est de lire le livre de Lawler et de comprendre comment un auteur consciencieux et bien introduit est arrivé aux conclusions qu'il a faites.

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